Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Douar Cheraga (34,92 Nord - 2,03 Ouest)

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Douar Cheraga (34,92 Nord - 2,03 Ouest)

    Au douar Cheraga, les hwach (habitations) sont alignées le long d'une avenue-piste tortueuse, à deux mètres de la charTa (le "trait", frontière algéro-marocaine). A quatre mètres vers l'ouest, soit toujours à deux mètres de ladite charTa mais coté marocain, on a aussi des diar qui sont alignées en vis-à-vis. C'est donc cette avenue de quatre mètres de large qui sépare les constructions des demis-douar des deux pays. Le tout forme un ensemble urbanistique qui ne paie pas de mine mais d'allure haussmannienne et inter-national.

    Le douar transfrontalier a connu une période de grande prospérité quand il était un haut lieu de la contrebande (carburant, textiles, produits alimentaires, etc. mais pas de zetla assuraient les habitants du coin, celle-ci passant par d'autres voies).

    J'ai eu le plaisir de m'y rendre avec un proche il y a une dizaine d'années et d'y passer une petite heure. Un habitant du coté marocain nous a offert du thé à la menthe accompagné de matlou3 (pain) fait maison, de miel et de beurre. Un régal.

    Même si je n'ai pas de nouvelles l'avenue séparatrice, elles ne doivent assurément pas être bonnes. Fort possible qu'elle a été transformée en profond fossé ou qu'on a érigé en son milieu un haut mur pour éviter que chacun des deux cotés ne soit frappé par le mauvais œil de l'autre. Cette barrière infranchissable a sûrement fait le bonheur d'époux, vivant des deux bords de la frontière, séparés ainsi de leurs envahissantes belles-mères respectives. Un aspect éminemment positif de la situation, à ne pas négliger surtout.

    Les deux demis-douar ont le grand avantage de bénéficier de la couverture de la téléphonie mobile des opérateurs des deux pays.

    L'autre avantage des agissements profondément perspicaces des autorités des deux lointaines capitales, c'est qu'une épouse qui veut aller passer quelques moments avec sa mère, son père, sa fratrie et autres proches, est obligée de faire, comme le petit navire, un long voyage par terre, air, rail et autre.

    Ainsi, en partant du coté algérien, elle doit:
    1./ Se rendre à Oran (230 km à partir du douar) pour prendre l'avion vers Casablanca (à près de 850 km)
    2./ De là, aller à Oujda par n'importe quel moyen (près de 650 km)
    3./ Prendre un taxi clandestin pour visiter le demi-douar Cheraga-MA (30 km)
    4./ Y boire rapidement un verre d'eau sur le pas de porte
    5./ Refaire le chemin inverse (1560 km).

    Au total, au lieu de 4 mètres pour dire un bonjour à ses parents, emprunter à la maîtresse de la maison d'en face un oignon, faire goûter à quelques voisines un plat qu'elle vient de confectionner ou seulement échanger quelques mots avec des copines en cette terre officiellement à l'étranger et qui est portée de voix, elle aura le plaisir d'effectuer un coûteux périple de plus de 3100 km.

    Voilà un douar qui vaut le détour(!). Visitez-le pour admirer la beauté de l'incommensurable bêtise des zouj bghal.

    _____________________________________________
    Notes

    Zouj Bghal (les 2 mules) est le nom du poste frontière algéro-marocain en allant de Maghnia vers Oujda. A l'indépendance de l'Algérie, des habitants de Maghnia et d'Oujda ont suggéré de le rebaptiser Zouj Faqou (les 2 éveillés). Ils n'ont pas été entendus par les autorités des deux pays. Pour une fois, ces autorités n'ont pas fait preuve ni d'hypocrisie ni de vantardise: elles ont su qu'elles méritaient cette appellation et qu'elles la méritent toujours.

    Par ailleurs, dès juillet 1962, les routes qui contournent le poste frontière de Zouj Bghal pour passer "clandestinement" d'un pays à l'autre ont été baptisées par les habitants de la bande frontière nord: "Triq el Ouahda" (Route de l'Unité).
    "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

  • #2
    Bonjour
    Ils devraient penser a creuser des tunnels.
    Mais bon ,je présume que le bon sens du paysan a déjà trouvė une solution "locale" a ce problème créé par des gens qui n'y ont jamais mis les pieds.
    ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
    On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

    Commentaire


    • #3
      mdrrrr

      c'est rigolo mais combien triste au fond.

      Commentaire


      • #4
        Bonsoir xenon,
        Un tunnel doit être rapidement rentabilisé avant d'être découvert par les autorité et détruit par elles. S'il est réalisé, il ne peut être utilisé que pour des activités qui rapportent gros et vite. En même temps, il ne peut être emprunté que par des "risque-tout" bien entraînés, qui peuvent ramper sur des dizaines de mètres et qui peuvent tirer de lourdes charges.
        Les personnes "ordinaires" ne passent plus clandestinement qu'en cas d'extrême nécessité:
        1/ les passeurs se font payer cher (minimum 40.000 DA, chiffre à revaloriser parce qu'il date un peu),
        2/ la traversée est dangereuse: on peut se faire attraper par la gendarmerie ou les militaires des deux pays, et là, bonjour les très gros ennuis
        3/ passer la frontière est périlleux et éreintant (on m'a raconté que là où il y a une tranchée de plusieurs mètres de largeur et de profondeur, le candidat à la traversée était d'abord descendu au fond de la tranchée dans un gros couffin puis remonté pareillement de l'autre coté; et même pour arriver au point de la traversée, il faut faire plusieurs kilomètres à pied à travers champs...)
        4/ une fois arrivé à Maghnia ou Oujda, on peut aussi se faire embarquer par la police au cours d'un contrôle d'identité ou parce qu'on a été "donné" par un zélé "nationaliste".

        Salut Bachi,
        Des milliers de familles vivent une séparation dramatique. Il y a eu et il y a malgré tout beaucoup de mariages "mixtes" dans le coin. Ils sont nombreux ceux qui, dans les régions de Tlemcen et d'Oujda, ont des cousins, des oncles et tantes, des neveux et des nièces et même des frères et des sœurs de l'autre coté de la frontière.

        Je répète ce que j'ai déjà dit: les contrebandiers trouveront toujours le moyen pour faire passer de produits d'un pays à l'autre. Leurs "marges bénéficiaires" sont énormes ce qui leur permet d' "acheter la route" (yechriou trîq) et de mettre sur pied des réseaux d'approvisionnement, d'acheminement et de distribution. Au bout du compte, la frontière ne sera jamais vraiment fermée pour les activités criminelles et hautement lucratives mais elle est complètement étanche pour le commerce légal et les activités licites et les deux pays y ont beaucoup et doublement à perdre.
        "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

        Commentaire


        • #5
          Que les deux peuples separe's par 4 modiques metres prennent la gouvernance des lieux en leur propre main et detruisent ce mur (s il existe) fictif crees par les zoug bghal...
          le temps est a la wih'da ( l union).


          merci benam pour ce rappel... d une realite' plus qu absurde impose'e par ghal-na u bghalhum (h'acha llebghal.)


          M.
          Lu-legh-d d'aq-vayli, d-ragh d'aq-vayli, a-d'em-tegh d'aq-vayli.

          Commentaire


          • #6
            Pour info, concernant cette région au nord proche d'oujda, la population des deux cotés de la frontière constitue le même groupe : Ahl Angad (Les gens d'Angad). Angad est le nom de la plaine au nord d'Oujda. Pour différencier entre les deux sous groupes, ceux de l'Algérie s'appellent Ahl Angad chrarga càd les gens d'Angad de l'est et ceux du Maroc par Ahl Angad ghraba càd les gens d'Angad de l'ouest.

            idem pour la région autrefois berbérophone coté algérien et actuellement en cours de "darijisation" coté marocain depuis Telemcen en Algérie jusqu'à la ville marocaine de Debdou (autrefois une cité juive autonome sous la direction de leur chef Ibn Mechaal) qui constitue une ligne continue au sud d'Oujda composée de groupes qui forment une meme population ou un meme bloc zénète d'est en ouest :

            Ath Snous (Alg), Ath Bousaid (Alg), Ath ye3la (Mar), Bekhta (Mar), Zkkara (Mar), Ath Bouzeggou (Mar), Ath Fechat (Mar), Ahl Debdou (Mar). La connexion au Rif plus vers le nord se fait via les Zkkara collés aux Ath Iznassen à leurs tour collés au Rif proprement dit. Plus au nord vers la méditérannée, les Iznassen coté marocain font partie du meme groupe que les M'sirda algériens et autres d'autres groupes de la wilaya de Telmcen vers la mer. Une partie des Ath Iznassen se trouve actuellement coté algérien intégrée aux M'sirda.

            Il y'a encore moins d'un siècle, les individus de ces blocs au nord et au sud d'oujda communiquaient entre eux aisément, commerçaient, se mariaient etc...et maintenant les "bghals " des deux cotés privilégient la nationalité algérienne et marocaine pour les séparer.

            Cette frontière de m...de a scindé des blocs homogènes et des 3iyachas ou des cachiristes qui viennent de loin mais de loin et qui ne connaissent rien à la région ouvrent leurs bouches pour dégueuler leurs stupidités, leurs ignorance voire leurs haine.
            Dernière modification par democracy, 03 septembre 2019, 21h36.

            Commentaire


            • #7
              Bonsoir mmis_ttaq-vaylit et democracy
              La grande peur des tenants des pouvoirs en Algérie et au Maroc est qu'un mouvement de contestation, de révolte ou même révolutionnaire dans l'un des deux pays provoque un effet de contagion ou suscite une solidarité active dans l'autre. Sentiment qui est le même que celui de l'ancienne puissance coloniale. L'un des éléments sur lesquels s'appuient ces pouvoirs est l'union sacrée contre les dangers que représenterait le pays voisin. Tactique battue en brèche: bon nombre d'Algériens ont exprimé une sincère solidarité avec le hirak du Rif et avec le mouvement de boycott par les Marocains de certains produits et sociétés. Puis le mouvement déclenché le 22 février 2019 en Algérie a fait prendre plus nettement conscience à de larges franges des populations des deux pays que "koullina fi l'hawa sawa" ("en amour, nous sommes tous pareils" chantait Farid Al Atrache), autrement dit, les graves problèmes socio-politiques des populations des deux bords sont similaires et leur résolution se résume par le yetnahaw ga3 et ses corollaires de justice sociale, de démocratie réelle et de gouvernance au service du peuple.
              "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

              Commentaire

              Chargement...
              X