L A NOBLESSE SPIRITUELLE DE L’ÂME
LES GENS DE L'AMOUR
Serigne Babacar MBOW
Dans son sens ésotérique, l’Amour (Mahabba) est une
épée tranchante qui coupe les cordes de la servitude et
libère l’esprit des ténèbres de l’impiété et de l’insouciance.
Ce qui signifie aussi que certaines maladies du cœur
empêchent l’esprit de regarder dans la direction de la
lumière. L’Amour, qui est cette oraison céleste dont parlent
les Envoyés de Dieu, constitue un remède impossible à
occulter ; car c’est là où réside l’Aura divine, par le moyen
duquel, la Lumière du Créateur rayonne sur la création.
Les Messagers, selon la nature intérieure et extérieure
même de leur lien avec l’Être divin, n’ont fait que se
conformer à ce qu’il leur a été ordonné ; et en tant que
tels, ils ne disposent ni d’autonomie propre, ni
d’individualité propre. Ils sont le sabre de Dieu, ils sont
« Ses pieds, Ses mains, Son odorat, Ses yeux, Son
toucher ». En tant que modèles, normes et références pour
leur Seigneur, ce qui les touche de près ou de loin constitue
un centre d’intérêt, au-dessus de tout autre, pour ceux qui
aspirent à la Vérité et à toutes les vertus et qualités
dérivées.
« L’histoire des Prophètes – dit le Coran – est remplie
d’enseignements instructifs pour les hommes doués de
sens. Le livre n’est point un récit inventé à plaisir :
il corrobore les écritures révélées avant lui, il donne
l’explication de toutes choses, il est la direction et une
preuve de la grâce divine pour les croyants. » 1
1 Coran : XII, 111.
Les messagers sont descendus en ce bas monde, frappés
du « Martaba » (rang auprès de Dieu) d’Élus de Celui qui
élève et qui est Omniscient, Omnipotent et Omniprésent.
Ils sont venus révéler tout ce qu’il y a lieu de savoir sur
l’existence de l’invisible et du visible, ainsi que sur les
moyens spirituels et humains devant servir de support à
cette connaissance. C’est dans ce rapport même qu’il faut
percevoir le « Tasawwuf » (soufisme), qui est par excellence
la disposition spirituelle en parfaite adéquation avec cette
connaissance.
Caractérisé par une somme d’états spirituels passant de
l’ivresse à la sobriété, de l’exaltation émerveillée de l’âme à
l’abandon total de soi, le soufisme, réalisé et symbolisé par
les « Gens de l’Amour », vient insuffler dans le cœur du
dévot, l’aura de la « grande intelligence ». En vertu de la
« station céleste » qu’ils occupent dans l’ordre mystérieux
du Très Mystérieux, les « Gens de l’Amour » sont l’esprit
même du Grand-Esprit, par l’entremise de qui se réalise la
volonté de Celui-ci.
Dieu fait porter aux « Gens de l’Amour » plusieurs
sortes de vêtements, dont les composantes ont la même
source, la même consistance et la même identité : Dieu.
L’amour est leur centre et leur souffle et c’est ce qui
explique la haute noblesse d’âme d’Abraham, d’Isaac,
d’Ismaël, de Joseph, de Job, de Moïse, de Jean, de Jésus et
sa sainte mère, ainsi que de tous les autres Élus de Dieu. Ils
sont tous venus avec cet Amour sublime, afin de témoigner
de la courtoise compassion que le Seigneur a accordée à
Ses créatures.
Ibn Arabi, « le fils de l’Instant divin », fut également
une source intarissable d’émulation spirituelle et tous les
dévots qui l’avaient approché voyaient rayonner à travers
son aura la lumière de Sa Majesté. Dans son fameux Traité
de l’amour, il dit entre autres belles sentences :
« L’amour spirituel réunit chez l’amant tant l’amour
du Bien-aimé, pour l’aimer, que pour soi-même, alors
que dans l’amour naturel ou physique, l’amant n’aime
que pour soi-même le Bien-aimé. »
N’aimer le Bien-aimé que pour soi-même est une
disposition évidemment immature, puisque cette
dimension de l’amour est essentiellement liée au désir, à la
passion charnelle. Bien entendu cette dimension sensuelle
de l’amour est nécessaire, mais insuffisante pour percevoir
et découvrir la beauté cachée derrière le voile divin.
L'amour est en vérité le Grand Principe de l’existence et
c’est en cela qu’il est identifié à la lumière des Élus de
Dieu. Ibn Arabi le chante ainsi :
« De l’amour nous sommes issus,
Selon l’amour nous sommes faits
C’est vers l’amour que nous tendons
À l’amour nous nous adonnons. » 2
2 Ibn Arabi : Traité de l'Amour.
Le voyage de l’âme dont la source de prédilection est
Dieu, relève d’un « monde » qui transcende la raison et
c’est uniquement par voie de révélation que les créatures
appréhendent et perçoivent cette subtile et mystérieuse
réalité. Dieu est à la fois l’âme et le corps. Il est tout
puisque tout est Lui. C’est Lui qui a créé l’homme et la
femme selon un dessein en conformité parfaite avec Son
désir. Il les a soumis à cette loi universelle de l’amour qui
représente la faveur suprême accordée à l’être adamique,
constituant aussi le support spirituel sans lequel les
ténèbres ne peuvent être illuminées par la lumière.
« La mère – dit Ibn Arabi – ne reproduit-elle pas
consciemment ou non tout le processus amoureux de
la création ? Elle conçoit l’enfant, fruit de l’amour, le
désire tout comme Dieu aime connaître le trésor caché
en Son essence, qu’Il veut faire connaître par amour
ainsi qu’Il le dit par la bouche de Son Prophète béni.
Et lorsque l’enfant naît, la mère n’a de cesse que de le
chérir et de le protéger en vertu d’une loi innée et
spontanée de l’amour. »
La mère est donc dépositaire d’une lumière divine et en
tant que telle, engendre en son sein l’enfant qui est, par
volonté divine, le fruit même de l’amour. Génératrice de
vie selon de mystérieuses dispositions insufflées à son être,
la femme est aussi, en plus de ses attributs spirituels et
humains, un des plus éminents « secrets » de Dieu. C’est
pour cette raison également que la nature spirituelle et
humaine de son aura lui confère une sensibilité et une
compassion d’une puissance considérable.
Quand la femme et l’homme s’attirent à l’instigation de
cette mystérieuse disposition d’amour apparentée à leur
être, ils rentrent dans un état d’ivresse intérieure par le
canal duquel leurs cœurs s’unissent en se fondant l’un dans
l’autre ; comme s’ils étaient une seule personne, une seule
âme, un seul esprit. Cette attirance réciproque, si elle est
en adéquation avec la dignité originelle, ainsi que la
noblesse spirituelle et humaine dont l’être adamique est
doté, revêt deux aspects essentiels : la dimension verticale
et la dimension horizontale.
La dimension verticale est celle apparentée au cœur, à
l’esprit et à l’âme. Elle est, par voie de conséquence,
intérieure et mystérieuse ; et à ce titre, elle relève d'une
force subtile, inaccessible à la raison. Cet amour à
caractère vertical explose à l’intérieur du cœur, comme un
feu ardent assiégeant de toutes parts les dimensions vitales
et secrètes de l’esprit et du cœur. En vertu de son caractère
ascensionnel dont l’origine est le souffle divin primordial
reçu par Adam et Ève, cet amour est assimilable à la
lumière céleste qui constitue la composante fondamentale
de l’âme adamique. Tandis que la dimension horizontale
de l’amour, elle, est apparentée aux sens extérieurs, c’est-à-
dire au corps physique. Au même titre que la première,
elle a aussi pour source et objet Dieu, d’autant que Celui-
ci en a fait la source même de reproduction et de
multiplication des créatures adamiques ainsi que de toutes
les autres créatures avec qui elles partagent ce monde.
Dieu a béni ces deux dimensions de l’amour qui sont
complémentaires et qui, idéalement, doivent rentrer en
parfaite fusion et harmonie afin que la plénitude
spirituelle, affective et sensuelle soit possible. Cette union
de l’homme et de la femme est une faveur qui se rapporte
aux deux miséricordes divines : la miséricorde
inconditionnelle qui correspond au nom divin « Ar-
Rahmân », (le Tout Miséricordieux), et la miséricorde
conditionnelle qui correspond au Nom « Ar-Rahîm » (Le
Très Miséricordieux). Selon la signification du premier
nom, « Ar-Rahmân », Il prodigue Sa Miséricorde sans
restriction ; c'est-à-dire qu’Il ouvre Sa généreuse « Main »
pour distribuer Ses grâces et Ses bienfaits à toutes Ses
créatures. Cette miséricorde qui englobe tout ce qui n’est
pas lui n’est conditionnée ni par une sollicitude
quelconque ni par une œuvre quelconque des créatures.
Elle témoigne simplement de la générosité et de la
Transcendance du Tout-Puissant, qui a dit :
« Invoquez Allah (Dieu) ou bien invoquez Ar-Rahmân
(le Tout Miséricordieux). Quel que soit le nom sous
lequel vous l’invoquez, les plus beaux noms lui
appartiennent. » 3
3 Coran : XVII, 110.
Tandis que la seconde miséricorde, « Ar-Rahîm », se
rapporte aux œuvres et à la sollicitude des créatures, selon
leur mérite. Ce qui est également l’expression de Son
Amour pour ceux qu’Il a créés et qui sont pauvres, faibles,
vulnérables et éphémères. Il les aime et est toujours enclin
à leur pardonner, car c’est Lui qui leur a permis d’exister
selon ce qui a convenu à Sa volonté.
Selon sa signification réelle, l’Amour entre la femme et
l’homme relève d’une disposition innée en rapport intime
avec l’Amour du Créateur pour Ses créatures. Quelle que
soit la perception qu’on puisse avoir de l’amour, son objet
est toujours divin et c’est pour cette raison qu’on doit lui
conférer la considération et l’attention qui correspondent à
son caractère sacré : la pudeur, la fidélité et la compassion
de ceux qui le partagent font partie intégrante des valeurs
cachées en son sein.
« Dieu a créé le couple d’une âme unique et à partir
de ces deux éléments, Il dessina des hommes et des
femmes nombreux. » 4
4 Coran : IV, 1.
Provenant d’une âme unique, l’homme et la femme
sont faits pour aimer s’aimer conformément à la nature
fondamentale de leur source originelle. Dans cette union
de partages, d’échanges et d’abandon réciproques, on
retrouve le concept même du « Taslîm » (soumission à
Dieu). S’aimer, c’est se soumettre l’un à l’autre dans le
respect, la dignité, la tolérance, la compassion et la fidélité.
L’islam signifie soumission confiante à Dieu. C’est aussi
dans ce rapport de confiance profonde en Ses Élus que se
réalise le « grand saut dans le vide divin », qui est
l’apanage des « Gens de l’Amour ». En vérité, c’est par le
canal de l’amour que la foi en Dieu se fortifie et se
pérennise jusqu'à accéder à la dimension de la certitude
(Yaqîn al yaqîn) qui constitue la « station » suprême de la foi
et de la connaissance. Étant l’apanage même de l’élite
spirituelle, cette suprême remise confiante en l’Être divin,
est un don de Celui qui élève qui Il veut selon des procédés
relevant de Son souverain Mystère.
LES GENS DE L'AMOUR
Serigne Babacar MBOW
Dans son sens ésotérique, l’Amour (Mahabba) est une
épée tranchante qui coupe les cordes de la servitude et
libère l’esprit des ténèbres de l’impiété et de l’insouciance.
Ce qui signifie aussi que certaines maladies du cœur
empêchent l’esprit de regarder dans la direction de la
lumière. L’Amour, qui est cette oraison céleste dont parlent
les Envoyés de Dieu, constitue un remède impossible à
occulter ; car c’est là où réside l’Aura divine, par le moyen
duquel, la Lumière du Créateur rayonne sur la création.
Les Messagers, selon la nature intérieure et extérieure
même de leur lien avec l’Être divin, n’ont fait que se
conformer à ce qu’il leur a été ordonné ; et en tant que
tels, ils ne disposent ni d’autonomie propre, ni
d’individualité propre. Ils sont le sabre de Dieu, ils sont
« Ses pieds, Ses mains, Son odorat, Ses yeux, Son
toucher ». En tant que modèles, normes et références pour
leur Seigneur, ce qui les touche de près ou de loin constitue
un centre d’intérêt, au-dessus de tout autre, pour ceux qui
aspirent à la Vérité et à toutes les vertus et qualités
dérivées.
« L’histoire des Prophètes – dit le Coran – est remplie
d’enseignements instructifs pour les hommes doués de
sens. Le livre n’est point un récit inventé à plaisir :
il corrobore les écritures révélées avant lui, il donne
l’explication de toutes choses, il est la direction et une
preuve de la grâce divine pour les croyants. » 1
1 Coran : XII, 111.
Les messagers sont descendus en ce bas monde, frappés
du « Martaba » (rang auprès de Dieu) d’Élus de Celui qui
élève et qui est Omniscient, Omnipotent et Omniprésent.
Ils sont venus révéler tout ce qu’il y a lieu de savoir sur
l’existence de l’invisible et du visible, ainsi que sur les
moyens spirituels et humains devant servir de support à
cette connaissance. C’est dans ce rapport même qu’il faut
percevoir le « Tasawwuf » (soufisme), qui est par excellence
la disposition spirituelle en parfaite adéquation avec cette
connaissance.
Caractérisé par une somme d’états spirituels passant de
l’ivresse à la sobriété, de l’exaltation émerveillée de l’âme à
l’abandon total de soi, le soufisme, réalisé et symbolisé par
les « Gens de l’Amour », vient insuffler dans le cœur du
dévot, l’aura de la « grande intelligence ». En vertu de la
« station céleste » qu’ils occupent dans l’ordre mystérieux
du Très Mystérieux, les « Gens de l’Amour » sont l’esprit
même du Grand-Esprit, par l’entremise de qui se réalise la
volonté de Celui-ci.
Dieu fait porter aux « Gens de l’Amour » plusieurs
sortes de vêtements, dont les composantes ont la même
source, la même consistance et la même identité : Dieu.
L’amour est leur centre et leur souffle et c’est ce qui
explique la haute noblesse d’âme d’Abraham, d’Isaac,
d’Ismaël, de Joseph, de Job, de Moïse, de Jean, de Jésus et
sa sainte mère, ainsi que de tous les autres Élus de Dieu. Ils
sont tous venus avec cet Amour sublime, afin de témoigner
de la courtoise compassion que le Seigneur a accordée à
Ses créatures.
Ibn Arabi, « le fils de l’Instant divin », fut également
une source intarissable d’émulation spirituelle et tous les
dévots qui l’avaient approché voyaient rayonner à travers
son aura la lumière de Sa Majesté. Dans son fameux Traité
de l’amour, il dit entre autres belles sentences :
« L’amour spirituel réunit chez l’amant tant l’amour
du Bien-aimé, pour l’aimer, que pour soi-même, alors
que dans l’amour naturel ou physique, l’amant n’aime
que pour soi-même le Bien-aimé. »
N’aimer le Bien-aimé que pour soi-même est une
disposition évidemment immature, puisque cette
dimension de l’amour est essentiellement liée au désir, à la
passion charnelle. Bien entendu cette dimension sensuelle
de l’amour est nécessaire, mais insuffisante pour percevoir
et découvrir la beauté cachée derrière le voile divin.
L'amour est en vérité le Grand Principe de l’existence et
c’est en cela qu’il est identifié à la lumière des Élus de
Dieu. Ibn Arabi le chante ainsi :
« De l’amour nous sommes issus,
Selon l’amour nous sommes faits
C’est vers l’amour que nous tendons
À l’amour nous nous adonnons. » 2
2 Ibn Arabi : Traité de l'Amour.
Le voyage de l’âme dont la source de prédilection est
Dieu, relève d’un « monde » qui transcende la raison et
c’est uniquement par voie de révélation que les créatures
appréhendent et perçoivent cette subtile et mystérieuse
réalité. Dieu est à la fois l’âme et le corps. Il est tout
puisque tout est Lui. C’est Lui qui a créé l’homme et la
femme selon un dessein en conformité parfaite avec Son
désir. Il les a soumis à cette loi universelle de l’amour qui
représente la faveur suprême accordée à l’être adamique,
constituant aussi le support spirituel sans lequel les
ténèbres ne peuvent être illuminées par la lumière.
« La mère – dit Ibn Arabi – ne reproduit-elle pas
consciemment ou non tout le processus amoureux de
la création ? Elle conçoit l’enfant, fruit de l’amour, le
désire tout comme Dieu aime connaître le trésor caché
en Son essence, qu’Il veut faire connaître par amour
ainsi qu’Il le dit par la bouche de Son Prophète béni.
Et lorsque l’enfant naît, la mère n’a de cesse que de le
chérir et de le protéger en vertu d’une loi innée et
spontanée de l’amour. »
La mère est donc dépositaire d’une lumière divine et en
tant que telle, engendre en son sein l’enfant qui est, par
volonté divine, le fruit même de l’amour. Génératrice de
vie selon de mystérieuses dispositions insufflées à son être,
la femme est aussi, en plus de ses attributs spirituels et
humains, un des plus éminents « secrets » de Dieu. C’est
pour cette raison également que la nature spirituelle et
humaine de son aura lui confère une sensibilité et une
compassion d’une puissance considérable.
Quand la femme et l’homme s’attirent à l’instigation de
cette mystérieuse disposition d’amour apparentée à leur
être, ils rentrent dans un état d’ivresse intérieure par le
canal duquel leurs cœurs s’unissent en se fondant l’un dans
l’autre ; comme s’ils étaient une seule personne, une seule
âme, un seul esprit. Cette attirance réciproque, si elle est
en adéquation avec la dignité originelle, ainsi que la
noblesse spirituelle et humaine dont l’être adamique est
doté, revêt deux aspects essentiels : la dimension verticale
et la dimension horizontale.
La dimension verticale est celle apparentée au cœur, à
l’esprit et à l’âme. Elle est, par voie de conséquence,
intérieure et mystérieuse ; et à ce titre, elle relève d'une
force subtile, inaccessible à la raison. Cet amour à
caractère vertical explose à l’intérieur du cœur, comme un
feu ardent assiégeant de toutes parts les dimensions vitales
et secrètes de l’esprit et du cœur. En vertu de son caractère
ascensionnel dont l’origine est le souffle divin primordial
reçu par Adam et Ève, cet amour est assimilable à la
lumière céleste qui constitue la composante fondamentale
de l’âme adamique. Tandis que la dimension horizontale
de l’amour, elle, est apparentée aux sens extérieurs, c’est-à-
dire au corps physique. Au même titre que la première,
elle a aussi pour source et objet Dieu, d’autant que Celui-
ci en a fait la source même de reproduction et de
multiplication des créatures adamiques ainsi que de toutes
les autres créatures avec qui elles partagent ce monde.
Dieu a béni ces deux dimensions de l’amour qui sont
complémentaires et qui, idéalement, doivent rentrer en
parfaite fusion et harmonie afin que la plénitude
spirituelle, affective et sensuelle soit possible. Cette union
de l’homme et de la femme est une faveur qui se rapporte
aux deux miséricordes divines : la miséricorde
inconditionnelle qui correspond au nom divin « Ar-
Rahmân », (le Tout Miséricordieux), et la miséricorde
conditionnelle qui correspond au Nom « Ar-Rahîm » (Le
Très Miséricordieux). Selon la signification du premier
nom, « Ar-Rahmân », Il prodigue Sa Miséricorde sans
restriction ; c'est-à-dire qu’Il ouvre Sa généreuse « Main »
pour distribuer Ses grâces et Ses bienfaits à toutes Ses
créatures. Cette miséricorde qui englobe tout ce qui n’est
pas lui n’est conditionnée ni par une sollicitude
quelconque ni par une œuvre quelconque des créatures.
Elle témoigne simplement de la générosité et de la
Transcendance du Tout-Puissant, qui a dit :
« Invoquez Allah (Dieu) ou bien invoquez Ar-Rahmân
(le Tout Miséricordieux). Quel que soit le nom sous
lequel vous l’invoquez, les plus beaux noms lui
appartiennent. » 3
3 Coran : XVII, 110.
Tandis que la seconde miséricorde, « Ar-Rahîm », se
rapporte aux œuvres et à la sollicitude des créatures, selon
leur mérite. Ce qui est également l’expression de Son
Amour pour ceux qu’Il a créés et qui sont pauvres, faibles,
vulnérables et éphémères. Il les aime et est toujours enclin
à leur pardonner, car c’est Lui qui leur a permis d’exister
selon ce qui a convenu à Sa volonté.
Selon sa signification réelle, l’Amour entre la femme et
l’homme relève d’une disposition innée en rapport intime
avec l’Amour du Créateur pour Ses créatures. Quelle que
soit la perception qu’on puisse avoir de l’amour, son objet
est toujours divin et c’est pour cette raison qu’on doit lui
conférer la considération et l’attention qui correspondent à
son caractère sacré : la pudeur, la fidélité et la compassion
de ceux qui le partagent font partie intégrante des valeurs
cachées en son sein.
« Dieu a créé le couple d’une âme unique et à partir
de ces deux éléments, Il dessina des hommes et des
femmes nombreux. » 4
4 Coran : IV, 1.
Provenant d’une âme unique, l’homme et la femme
sont faits pour aimer s’aimer conformément à la nature
fondamentale de leur source originelle. Dans cette union
de partages, d’échanges et d’abandon réciproques, on
retrouve le concept même du « Taslîm » (soumission à
Dieu). S’aimer, c’est se soumettre l’un à l’autre dans le
respect, la dignité, la tolérance, la compassion et la fidélité.
L’islam signifie soumission confiante à Dieu. C’est aussi
dans ce rapport de confiance profonde en Ses Élus que se
réalise le « grand saut dans le vide divin », qui est
l’apanage des « Gens de l’Amour ». En vérité, c’est par le
canal de l’amour que la foi en Dieu se fortifie et se
pérennise jusqu'à accéder à la dimension de la certitude
(Yaqîn al yaqîn) qui constitue la « station » suprême de la foi
et de la connaissance. Étant l’apanage même de l’élite
spirituelle, cette suprême remise confiante en l’Être divin,
est un don de Celui qui élève qui Il veut selon des procédés
relevant de Son souverain Mystère.
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