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La France n'avancera pas tant qu'elle ne désignera pas l'ennemi : l'islamisme

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  • La France n'avancera pas tant qu'elle ne désignera pas l'ennemi : l'islamisme

    Publié le 16/10/2019
    Ghislain Benhessa
    Avocat, docteur en droit, auteur de L’État de droit à l'épreuve du terrorisme (L'Archipel).


    L’œuvre d’un déséquilibré, le résultat d’un repli sur soi jusqu’au passage à l’acte, le fruit d’un esprit fragile tombé dans la radicalisation. Depuis janvier 2015 et l’attentat contre Charlie Hebdo, le récit tourne en boucle. À chaque nouvelle attaque, c’est la même histoire. D’abord, une prise de distance jusqu’à la marginalisation : premier "signal faible" d’une rupture avec l’environnement social, qu’il soit scolaire, professionnel ou familial. Ensuite, la conversion à l’Islam et la découverte de sa branche radicale : pour Mickaël Harpon, l’égorgeur de la Préfecture de Paris, ce fut la fréquentation de la mosquée de Gonesse, où officiait un imam fiché S du nom d’Ahmed Hilali.

    Les choses bougent à un rythme d’escargot

    Concomitamment, le rejet des valeurs démocratiques et républicaines : discours victimaires, complotistes ou revanchards à l’égard de l’Occident, refus du contact avec les femmes, aveux publics de satisfaction à l’endroit des attentats du 11 Septembre ou du massacre de Charlie Hebdo. Étape terminale : le passage à l’acte, la bascule dans le chaos et la mort par tous les moyens – armes blanches, armes à feu, voitures béliers. Tel est le tragique et répétitif scénario, faisant du terroriste un ennemi par degré : un individu quittant pas à pas les rives de la normalité, de la raison et de la conscience autonome pour prendre in fine les armes contre son ancien monde d’appartenance.

    En somme, l’histoire d’un dérèglement social et psychique, d’une dérive graduelle jusqu’à l’adoption d’une idéologie de repli incarnée par un Islam dévoyé et mortifère. Sous ce prisme, le terrorisme islamiste n’est rien d’autre qu’une dégénérescence individuelle menée à terme, une mutation progressive de la vie vers la mort, l’aboutissement d’un cheminement vers le nihilisme. Tel a longtemps été le portrait des Français partis en Syrie grossir les rangs de Daech. Tel est aujourd’hui encore le profil de l’ennemi intérieur, à l’image de Mickaël Harpon.

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    Un tel récit achoppe toutefois sur le réel : il dit certes quelque chose des terroristes, mais strictement rien de l’islamisme. Il rend certes partiellement compte du schéma à l’œuvre, des conditions de l’enrôlement, de la fascination exercée par une idéologie, mais il reste à la fois simpliste et rassurant. Rassurant car il résume le terroriste à un rejeton déviant de notre propre système, récupéré puis corrompu par un Islam littéral donc obscurantiste. En somme, un exclu aux motivations aussi meurtrières qu’incompréhensibles et barbares. Simpliste car il se focalise essentiellement sur des figures, au mépris de l’idéologie politico-religieuse qui les sous-tend.

    Salman Rushdie a beau tirer la sonnette d’alarme face à "l’aveuglement stupide" de l’Occident, Pascal Bruckner souligner combien "le terrorisme et l’intégrisme sont des frères jumeaux qui s’épaulent et agissent par des moyens différents[1]", Boualem Sensal pointer du doigt l’inaction des gouvernements européens pour contrer l’islamisation en marche, ou Alain Finkielkaut s’inquiéter de la sécession à l’œuvre dans une multitude de quartiers, rien n’y fait. Les choses bougent à un rythme d’escargot, pour deux raisons principales.

    La première, qui crève les yeux, est évidemment la "maladie" du "dénislamisme". Soit, pour reprendre les termes d’Alexis Brézet, "cet étrange tour d’esprit qui fait toujours reconnaître un déséquilibré derrière chaque attentat perpétré sur le sol national[2]". Le procès en islamophobie a paralysé le débat public, au nom d’un seul et unique mot d’ordre : pas d’amalgame entre l’islamisme et les musulmans. Le ministre de l’Intérieur l’a une énième fois martelé devant la Commission des lois du Sénat le 10 octobre dernier : "Personne ne fait de lien entre la religion musulmane et le terrorisme, ni même entre la religion musulmane, la radicalisation et le terrorisme.".

    Toute véritable stratégie de défense repose sur un postulat fondamental : la désignation de l’ennemi

    Évidemment, pas plus qu’hier ne sommeillait en chaque Allemand un nazi en puissance, ne sommeille aujourd’hui en chaque musulman un terroriste potentiel. En revanche, à force de ne pas déduire des "Allahu akbar" lancés à la face du monde qu’il s’agit d’Islam radical, à force de brouiller le message pourtant limpide que le terrorisme nous adresse, la tétanie s’installe. C’est ce qu’a démontré avec fracas l’attaque contre la Préfecture de Paris : les dysfonctionnements dans la chaîne de commandement sont le signe d’une machine administrative paralysée, qui n’ose réagir alors même que les signes de radicalisation du meurtrier étaient connus et relayés.


    Mais une deuxième raison, plus profonde encore, explique l’impasse actuelle. Toute véritable stratégie de défense repose sur un postulat fondamental : la désignation de l’ennemi. La loi sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, l’intégration de l’état d’urgence dans le droit commun, la fermeture administrative des mosquées ou l’instauration des périmètres de sécurité, tous ces dispositifs n’ont de sens que s’ils viennent au soutien d’un objectif déterminé : la lutte contre l’Islam politique. Tant que l’ennemi ne sera pas officiellement ciblé, tant que les gouvernements successifs verseront dans l’accommodement raisonnable, toutes les lois votées – ou à venir – ne serviront à rien.

    À ne pas reconnaître l’ennemi qui se dresse devant elle, la France finira par ne combattre que des ombres

    Si ce n’est de simples guirlandes susceptibles d’orner un bilan sécuritaire. C’est pourquoi, plutôt qu’empiler les réformes législatives, il est urgent de reconnaître l’Islam politique comme ennemi substantiel dont l’objectif est de détruire la démocratie. Sinon, la France ne fera que pourchasser des radicalisés, simples avatars d’une idéologie à l’expansion galopante et à la sécession en marche. À ne pas reconnaître l’ennemi qui se dresse devant elle, la France finira par ne combattre que des ombres.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Montrer du doigt l'Arabie Saoudite, le Daech toléré? Il faut demander au cac 40.

    Tant que le business avec la racine du mal, le pétrole, le salon de l'armement, sont bien plus importants, la France n'avancera pas.

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