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  • #16
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    • #17
      Fatou Diome

      Le Ventre de l' Atlantique

      "Chez moi ? Chez l'Autre ? Être hybride, l'Afrique et l'Europe se demandent, perplexes, quel bout de moi leur appartient. Je suis l'enfant présenté au sabre de Salomon pour le juste partage. Exilée en permanence, je passe mes nuits à souder les rails qui mènent à l'identité. L'écriture est la cire chaude que je coule entre les sillons creusés par les bâtisseurs de cloisons des deux bords. Je suis cette chéloïde qui pousse là où les hommes, en traçant leurs frontières, ont blessé la terre de Dieu. Lorsque, lasses d'être plongées dans l'opaque repos nocturne, les pupilles désirent enfin les nuances du jour, le soleil se lève, inlassablement, sur des couleurs volées à la douceur de l'art pour borner le monde. Le premier qui a dit : « Celles-ci sont mes couleurs » a transformé l'arc-en-ciel en bombe atomique, et rangé les peuples en armées. Vert, jaune, rouge ? Bleu, blanc, rouge ? Des barbelés ? Évidemment ! Je préfère le mauve, cette couleur tempérée, mélange de la rouge chaleur africaine et du froid bleu européen. Qu'est-ce qui fait la beauté du mauve ? Le bleu ou le rouge ? Et puis, à quoi sert-il de s'en enquérir si le mauve vous va bien ?

      Le bleu et le rouge, les chants et les loups, je les ai dans la tête. Je les emporte partout avec moi. Où qu'on aille, il y aura toujours des chants et des loups, ce n'est pas une question de frontières.

      Je cherche mon pays là où on apprécie l'être-additionné, sans dissocier ses multiples strates. Je cherche mon pays là où s'estompe la fragmentation identitaire. Je cherche mon pays là où les bras de l'Atlantique fusionnent pour donner de l'encre mauve qui dit l'incandescence et la douceur, la brûlure d'exister et la joie de vivre. Je cherche mon territoire sur une page blanche ; un carnet, ça tient dans un sac de voyage. Alors, partout où je pose mes valises, je suis chez moi. Aucun filet ne saura empêcher les algues de l'Atlantique de voguer et de tirer leur saveur des eaux qu'elles traversent. Racler, balayer les fonds marins, tremper dans l'encre de seiche, écrire la vie sur la crête des vagues. Laissez souffler le vent qui chante mon peuple marin, l'Océan ne berce que ceux qu'il appelle, j'ignore l'amarrage. Le départ est le seul horizon offert à ceux qui cherchent les mille écrins où le destin cache les solutions de ses mille erreurs.

      Dans le rugissement des pagaies, quand la mamie-maman murmure, j'entends la mer déclamer son ode aux enfants tombés du bastingage. Partir, vivre libre et mourir, comme une algue de l'Atlantique."

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      • #18
        Un beau topic Nessy

        J'avais pensé une fois en créer un avec des extrais qu'on lirait soi mm, en audio donc

        Un livre qui m'avait touché: "Pleure Oh pays bien aimé" de l'ecrivain sud-africain Alan Paton

        « Pleure, ô pays bien-aimé, sur l’enfant qui n’est pas encore né et qui héritera de notre peur. Puisse-t-il ne pas aimer trop profondément cette terre. Puisse-t-il ne pas rire avec trop de joie lorsque l’eau coulera entre ses doigts, ne pas se taire trop gravement lorsque le couchant fera flamboyer le veld. Puisse-t-il ne pas être trop ému lorsque les oiseaux de son pays chanteront, ne pas donner trop de son cœur à une montagne, à une vallée. Car s’il donne trop, la peur lui prendra tout. »
        “Si je ne brûle pas, si tu ne brûles pas, si nous ne brûlons pas,
        comment veux-tu que les ténèbres deviennent clarté!”

        Nazim Hikmet

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        • #19
          Un autre bel extrait du mm livre:

          Je ne crains qu'une chose en mon coeur, c'est qu'un jour, quand ils se mettront à aimer, ils s'aperçoivent que nous nous sommes mis à haïr.
          “Si je ne brûle pas, si tu ne brûles pas, si nous ne brûlons pas,
          comment veux-tu que les ténèbres deviennent clarté!”

          Nazim Hikmet

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          • #20
            Mais il eut l'intime conviction que les êtres humains ne naissent pas une fois pour toutes à l'heure où leur mère leur donne le jour, mais que la vie les oblige de nouveau et bien souvent à accoucher d'eux-mêmes

            GG M...L'Amour au temps du Choléra.
            ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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            • #21
              La répudié: E. Abécassis

              Tous les mois, c'est la même chose. Je pleure. Je soupire. J'attends. Que le linge au-dessous de moi ne soit point taché de rouge. Et tous les mois, mon ventre me fait mal. Le sang s'échappe, je saigne, je prie, je pleure. Mes larmes mouillent le mur occidental. Telle une brebis abandonnée, ainsi j'erre dans les rues. Mes paupières tremblent, mes jambes vacillent, mes yeux brillent de douleur. Je regarde autour de moi, je ne vois personne pour m'aider.

              Ma mère, qui est la gardienne du mikvé, le bain rituel, a honte de ma stérilité. Chaque mois, je viens me tremper dans l'eau de pluie car, à la fin des sept jours sans tache, la femme doit s'immerger dans le mikvé à la nuit tombée, après que trois étoiles ont été visibles.

              Il me semble que j'expie quelque chose. Je souffre, je vomis, je me traîne par terre, je cogne ma tête contre les murs. Toute la journée, je reste couchée. Nathan a trouvé un nom pour les jours impurs. Il me demande quand sera finie "ma maladie". Il n'a pas pas tort. L'impureté mensuelle, c'est la maladie de la femme stérile.

              Mais on ne peut devenir pure que parce que l'on est impure. C'est pourquoi la femme, chaque mois, s'élève en se purifiant. Quand tout est fini, je me rends au bain rituel, je me déshabille, et, aidée par ma mère Hanna, je plonge dans le bassin d'eau froide, tête comprise : c'est une naissance.

              - Toujours rien ? demande ma mère.

              - Toujours rien.

              - Cela va bientôt faire dix ans.

              - Je sais. S'il le veut, Nathan peut me répudier.
              Passi passi werrana dipassi!

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              • #22
                Le fils du pauvre, un livre qui me touche tjs, notamment ce passage

                J’étais l’unique garçon de la maisonnée. Pénétré de mon importance des l’âge de cinq ans, j’abusais bientôt de mes droits. Je devins immédiatement un tyran pour la plus petite de mes sœurs, mon aînée de deux ans.

                Je l’appelais Titi – le nom lui est resté – elle n’était pas plus grande que moi et me ressemblait autant qu’une petite sœur ressemble à son frère, c’est-à-dire qu’on pouvait la reconnaître grâce à son foulard et à sa natte de cheveux longs. Elle avait un bon naturel qui lui permettait d’essuyer mes coups d’accepter mes moqueries avec une mansuétude peu imaginable chez un enfant de son âge.

                Toutefois, on ne manqua pas de lui inculquer la croyance que sa docilité était un devoir et mon attitude un droit. Chaque fois qu’il lui arrivait de se plaindre, elle recevait une réponse invariable : « n’est-ce pas ton frère ? Quelle chance pour toi d’avoir un frère ! Que Dieu te le garde ! Ne pleure plus, va l’embrasser. »

                Grâce à ce procédé, elle avait fini par croire inséparable la formule « que Dieu te le garde » du nom de frère et il était touchant de l’entendre dire à ma mère en pleurant : -« c’est mon frère, que Dieu me le garde, qui a mangé ma part de viande » -« mon frère, que Dieu me le garde, a déchiré mon foulard ».

                Petite sœur, qui es maintenant mère de famille, ton vœu a été exaucé, Dieu t’a gardé ton mauvais frère.
                Le fils du pauvre, Mouloud Feraoun
                “Si je ne brûle pas, si tu ne brûles pas, si nous ne brûlons pas,
                comment veux-tu que les ténèbres deviennent clarté!”

                Nazim Hikmet

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                • #23
                  Oh j'l'ai lu y a pas longtemps
                  Bel extrait

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                  • #24
                    "Un concert fracassant envahit la rue. " Les pompiers ", pensai-je. Arezki n'avait pas bougé. Les voitures devaient se suivre, le hurlement s'amplifia, se prolongea sinistrement et s'arrêta sous la fenêtre. Arezki me lâcha. Je venais de comprendre. La police. Je commençai à trembler. Je n'avais pas peur mais je tremblais tout de même. Je n'arrêtais plus de trembler ; les sirènes, les freins, le bruit sec des portières et le froid, - je le sentais maintenant - le froid de la chambre."

                    Claire Etcherelli
                    Elise ou la vraie vie

                    Le film n'est pas mal non plus.


                    ...
                    « La voix de la mer parle à l'âme. Le contact de la mer est sensuel et enlace le corps dans une douce et secrète étreinte. »

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                    • #25
                      "Ego : Nom masculin. Invariable.
                      Un ego ne varie pas, ne transige pas, ne
                      s'abaisse pas, reste toujours au sommet de sa considération.
                      L'ego ne peut pas prendre la marque du pluriel.
                      Un authentique et puissant ego refuse d'être mêlé à des moi moi moi subalternes ou d'imposteurs. Un ego n'a pas d'accent sur le e.
                      Ce serait un pléonasme. Car il est dans la nature même de l'ego de mettre constamment l'accent sur lui." Bernard Pivot, "Les mots de ma vie"

                      magnifique passage...<3
                      Passi passi werrana dipassi!

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                      • #26
                        “Yossarian looked at him soberly and tried another approach. “Is Orr crazy?”

                        “He sure is,” Doc Daneeka said.

                        “Can you ground him?”

                        “I sure can. But first he has to ask me to. That’s part of the rule.”

                        “Then why doesn’t he ask you to?”

                        “Because he’s crazy,” Doc Daneeka said. “He has to be crazy to keep flying combat missions after all the close calls he’s had. Sure, I can ground Orr. But first he has to ask me to.”

                        “That’s all he has to do to be grounded?”

                        “That’s all. Let him ask me.”

                        “And then you can ground him?” Yossarian asked.

                        “No. Then I can’t ground him.”

                        “You mean there’s a catch?”

                        “Sure there’s a catch,” Doc Daneeka replied. “Catch-22. Anyone who wants to get out of combat duty isn’t really crazy.”

                        There was only one catch and that was Catch-22, which specified that a concern for one’s own safety in the face of dangers that were real and immediate was the process of a rational mind. Orr was crazy and could be grounded.

                        All he had to do was ask; and as soon as he did, he would no longer be crazy and would have to fly more missions. Orr would be crazy to fly more missions and sane if he didn’t, but if he was sane he had to fly them. If he flew them he was crazy and didn’t have to; but if he didn’t want to he was sane and had to.

                        Yossarian was moved very deeply by the absolute simplicity of this clause of Catch-22 and let out a respectful whistle.

                        “That’s some catch, that Catch-22,” he observed.

                        “It’s the best there is,” Doc Daneeka agreed.”

                        Excerpt from Catch-22 by Joseph Heller.
                        It ain't what you don't know that gets you into trouble. It's what you know for sure that just ain't so -- Attributed to Mark Twain

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