Abderrahim Aissaoui, un Algérien sans papiers de 49 ans, a secouru samedi une jeune femme victime d’une tentative de viol à la Montagne de Chelles (Seine-et-Marne).

Par Hendrik Delaire
Le 9 juin 2020 à 20h39, modifié le 9 juin 2020 à 22h07
« J'ai reçu un coup de fil de la préfecture ce mardi pour me dire que je suis convoqué ce jeudi pour recevoir une carte de séjour. C'est un rêve et en plus ça tombe le jour de mon anniversaire ! » Abderrahim Aissaoui ne s'attendait pas à ce que situation évolue aussi vite.
La préfecture a décidé ce mardi de régulariser la situation de cet Algérien de 49 ans sans papiers, qui était intervenu ce samedi pour secourir une jeune femme de 22 ans, alors qu'elle subissait une tentative de viol aggravé avec arme à la Montagne de Chelles.
Alors qu'il se baladait avec deux de ses quatre enfants, le quadragénaire, qui est hébergé par le 115 dans un hôtel de la ville, avait mis en fuite l'agresseur présumé. Il avait ensuite prévenu la police et aidé la victime jusqu'à l'arrivée des secours.
L'auteur présumé des faits avait été interpellé quelques heures plus tard. Cet homme de 22 ans a été mis en examen lundi soir pour tentative de viol avec arme, dans le cadre d'une information judiciaire, et placé en détention provisoire.
«Il le mérite vraiment»
« Pour saluer ce geste de bravoure, le préfet de Seine-et-Marne, Thierry Coudert, a décidé de lui attribuer à titre exceptionnel un titre de séjour vie privée familiale », précise la préfecture dans un communiqué. Un titre de séjour dont bénéficieront également sa femme et leurs quatre enfants âgés de 18 ans à 2 mois.
S'il est très reconnaissant de cette décision, Abderrahim reste humble sur son intervention, que la préfecture et la victime jugent héroïque. « C'est un geste que tout le monde aurait fait mais c'est tombé sur moi ! » assure ce père de famille arrivé en France en février 2019 avec un visa touristique.
« Je suis absolument ravie pour lui, il le mérite vraiment ! C'est quelqu'un de très humble. Alors qu'il m'a sauvé la vie, il m'a dit que c'était moi qui lui avais sauvé la vie. Lors de notre audition ce lundi au commissariat, il m'a dit que j'étais comme sa fille, nous nous sommes pris dans les bras et j'ai fondu en larmes. Je suis très agréablement surprise que la préfecture ait réagi si vite pour récompenser cet acte citoyen », se réjouit Mathilde (le prénom a été modifié), la victime qu'il a secourue.
«Je commencerai le travail au lendemain de l'obtention de mon permis de séjour»
Une humilité et une générosité saluée par toutes les personnes qui le côtoient, comme Jean-François Chalot, le président de l'association Droit au logement (DAL 77) située à Melun, et où Abderrahim est souvent venu aider en tant que bénévole.
« C'est quelqu'un de doux et de très serviable. Il est couturier et lors de la crise sanitaire il nous a confectionné une vingtaine de masques en tissu pour l'association. Nous avons proposé de les lui acheter mais il a refusé », témoigne le président de l'association qui avait adressé lundi un courrier au préfet pour demander la régularisation.
« Je suis issu d'une famille de couturiers en Algérie. J'ai confectionné ces masques dans l'appartement de mon frère qui m'hébergeait à Melun, de février jusqu'au 22 mai dernier. J'ai aussi aidé à conditionner des masques lorsque le Conseil départemental faisait appel à des bénévoles. Si je peux rendre service, c'est normal de le faire pour des associations qui m'ont aidé depuis déjà longtemps, comme DAL 77 ou le Samu Social », raconte Abderrahim qui se morfondait de ne plus pouvoir exercer son activité professionnelle depuis son arrivée en France.
Un travail qu'il espère reprendre dès que possible. « J'ai déjà plusieurs pistes pour travailler comme couturier à Melun. Si je peux dès le lendemain de la remise de mon titre de séjour, je commence le travail. Si le Samu social nous trouve un logement, nous l'accepterons, mais je suis prêt à laisser ma place pour une autre famille dans le besoin dès que j'aurai un salaire pour payer moi-même le loyer de mon propre appartement », assure Abderrahim, la gorge nouée par l'émotion.
« Mon seul regret c'est de ne pas être parvenu à obtenir ce titre de séjour un peu plus tôt pour voir ma mère une dernière fois en Algérie. Elle était mourante et me demandait si je pouvais rentrer pour la voir une dernière fois. Mais je ne pouvais pas quitter la France au risque de ne pas pouvoir y retourner et d'y laisser mes enfants. »
LE PARISIEN

Par Hendrik Delaire
Le 9 juin 2020 à 20h39, modifié le 9 juin 2020 à 22h07
« J'ai reçu un coup de fil de la préfecture ce mardi pour me dire que je suis convoqué ce jeudi pour recevoir une carte de séjour. C'est un rêve et en plus ça tombe le jour de mon anniversaire ! » Abderrahim Aissaoui ne s'attendait pas à ce que situation évolue aussi vite.
La préfecture a décidé ce mardi de régulariser la situation de cet Algérien de 49 ans sans papiers, qui était intervenu ce samedi pour secourir une jeune femme de 22 ans, alors qu'elle subissait une tentative de viol aggravé avec arme à la Montagne de Chelles.
Alors qu'il se baladait avec deux de ses quatre enfants, le quadragénaire, qui est hébergé par le 115 dans un hôtel de la ville, avait mis en fuite l'agresseur présumé. Il avait ensuite prévenu la police et aidé la victime jusqu'à l'arrivée des secours.
L'auteur présumé des faits avait été interpellé quelques heures plus tard. Cet homme de 22 ans a été mis en examen lundi soir pour tentative de viol avec arme, dans le cadre d'une information judiciaire, et placé en détention provisoire.
«Il le mérite vraiment»
« Pour saluer ce geste de bravoure, le préfet de Seine-et-Marne, Thierry Coudert, a décidé de lui attribuer à titre exceptionnel un titre de séjour vie privée familiale », précise la préfecture dans un communiqué. Un titre de séjour dont bénéficieront également sa femme et leurs quatre enfants âgés de 18 ans à 2 mois.
S'il est très reconnaissant de cette décision, Abderrahim reste humble sur son intervention, que la préfecture et la victime jugent héroïque. « C'est un geste que tout le monde aurait fait mais c'est tombé sur moi ! » assure ce père de famille arrivé en France en février 2019 avec un visa touristique.
« Je suis absolument ravie pour lui, il le mérite vraiment ! C'est quelqu'un de très humble. Alors qu'il m'a sauvé la vie, il m'a dit que c'était moi qui lui avais sauvé la vie. Lors de notre audition ce lundi au commissariat, il m'a dit que j'étais comme sa fille, nous nous sommes pris dans les bras et j'ai fondu en larmes. Je suis très agréablement surprise que la préfecture ait réagi si vite pour récompenser cet acte citoyen », se réjouit Mathilde (le prénom a été modifié), la victime qu'il a secourue.
«Je commencerai le travail au lendemain de l'obtention de mon permis de séjour»
Une humilité et une générosité saluée par toutes les personnes qui le côtoient, comme Jean-François Chalot, le président de l'association Droit au logement (DAL 77) située à Melun, et où Abderrahim est souvent venu aider en tant que bénévole.
« C'est quelqu'un de doux et de très serviable. Il est couturier et lors de la crise sanitaire il nous a confectionné une vingtaine de masques en tissu pour l'association. Nous avons proposé de les lui acheter mais il a refusé », témoigne le président de l'association qui avait adressé lundi un courrier au préfet pour demander la régularisation.
« Je suis issu d'une famille de couturiers en Algérie. J'ai confectionné ces masques dans l'appartement de mon frère qui m'hébergeait à Melun, de février jusqu'au 22 mai dernier. J'ai aussi aidé à conditionner des masques lorsque le Conseil départemental faisait appel à des bénévoles. Si je peux rendre service, c'est normal de le faire pour des associations qui m'ont aidé depuis déjà longtemps, comme DAL 77 ou le Samu Social », raconte Abderrahim qui se morfondait de ne plus pouvoir exercer son activité professionnelle depuis son arrivée en France.
Un travail qu'il espère reprendre dès que possible. « J'ai déjà plusieurs pistes pour travailler comme couturier à Melun. Si je peux dès le lendemain de la remise de mon titre de séjour, je commence le travail. Si le Samu social nous trouve un logement, nous l'accepterons, mais je suis prêt à laisser ma place pour une autre famille dans le besoin dès que j'aurai un salaire pour payer moi-même le loyer de mon propre appartement », assure Abderrahim, la gorge nouée par l'émotion.
« Mon seul regret c'est de ne pas être parvenu à obtenir ce titre de séjour un peu plus tôt pour voir ma mère une dernière fois en Algérie. Elle était mourante et me demandait si je pouvais rentrer pour la voir une dernière fois. Mais je ne pouvais pas quitter la France au risque de ne pas pouvoir y retourner et d'y laisser mes enfants. »
LE PARISIEN
Commentaire