Ils ont cherché la République, ils ne l'ont pas trouvée. Comment le pouvaient-ils ? Faut d'abord qu'elle existe. Qu'elle soit là, la République. Ils l'ont avalée, la joumhouria. «Ils» ne veut pas dire seulement ceux qui ont gouverné, ou ceux qui avaient en charge de mener la barque-baraque à bon port. Ils, c'est aussi nous. On a tous été complices. Tous on a goûté plus ou moins à la tarte nationale. Même ceux qui n'ont rien fait sont impliqués grâce à leur silence. C'est comme ça qu'elle a été bouffée la République. Ils l'ont d'abord divisée traf-traf et go la mangeaille. Gosses, avant de commencer le repas, on nous apprenait à dire bismillah. Ainsi soit-il. Bismllah klina. Bism les chouhada on a mangé. Bism les anciens moudjahidine, on bouffe... Résultat ? Ouine la République ? Elle est avec khabar kana...
C'est donc de bonne guerre si chacun de nous tente de se faire sa république. Y a qu'à voir ce qui se passe dans notre ville. Le «DJ» d'une entreprise parasitaire ordonne l'achat de peinture blanche et rouge. Il décide de peinturlurer les bordures de trottoir et interdire le stationnement près du pré de son père. Voilà un chef d'entreprise qui devient patron de la voirie. Il fait la loi dans sa république. Il donne le bon exemple à l'épicier d'à côté. Propriétaire des fonds, le commerçant, devant sa boutique, installe trois caisses de soda, et hop ! strictement interdit à quiconque de mettre sa voiture aux portes de sa république épicière. Le propriétaire de la grande bâtisse, construite à la sueur de son front de libération, descend les pneus accrochés sur la terrasse, en guise de protection contre le mauvais oeil, pour les mettre face aux portails de sa république et gare aux gars qui garent. Qui met un selloum, qui une korba, kiki, résultat on n'arrive plus à stationner si on n'a pas sa propre république. Car même le terrain vague est devenu république de quelques sans-république qui, grâce à la magie d'un «matrag», se sont autoproclamés gérants de la république espace public.
Bientôt à la place de RADP, République algérienne démocratique et populaire, on aura RUA, républiques uniques d'Algérie. Gérées par des mtarguia et des sacs poubelles. Ana n'gari fi dari, c'est ma république.
Par El-Guellil, Le quotidien d'Oran
C'est donc de bonne guerre si chacun de nous tente de se faire sa république. Y a qu'à voir ce qui se passe dans notre ville. Le «DJ» d'une entreprise parasitaire ordonne l'achat de peinture blanche et rouge. Il décide de peinturlurer les bordures de trottoir et interdire le stationnement près du pré de son père. Voilà un chef d'entreprise qui devient patron de la voirie. Il fait la loi dans sa république. Il donne le bon exemple à l'épicier d'à côté. Propriétaire des fonds, le commerçant, devant sa boutique, installe trois caisses de soda, et hop ! strictement interdit à quiconque de mettre sa voiture aux portes de sa république épicière. Le propriétaire de la grande bâtisse, construite à la sueur de son front de libération, descend les pneus accrochés sur la terrasse, en guise de protection contre le mauvais oeil, pour les mettre face aux portails de sa république et gare aux gars qui garent. Qui met un selloum, qui une korba, kiki, résultat on n'arrive plus à stationner si on n'a pas sa propre république. Car même le terrain vague est devenu république de quelques sans-république qui, grâce à la magie d'un «matrag», se sont autoproclamés gérants de la république espace public.
Bientôt à la place de RADP, République algérienne démocratique et populaire, on aura RUA, républiques uniques d'Algérie. Gérées par des mtarguia et des sacs poubelles. Ana n'gari fi dari, c'est ma république.
Par El-Guellil, Le quotidien d'Oran
Commentaire