Annonce

Réduire
Aucune annonce.

La haine antifrançaise pour camoufler la faillite économique et politique de l'Algérie

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • La haine antifrançaise pour camoufler la faillite économique et politique de l'Algérie

    La haine antifrançaise pour camoufler la faillite économique et politique d’un pays pourtant riche de sa jeunesse comme de son pétrole et de son gaz »

    L’écrivain et journaliste canadien Christian Rioux s’est violemment attaqué au régime algérien dans sa chronique publiée ce vendredi 22 octobre dans les colonnes du quotidien québécois le Devoir, l’un des plus influents quotidiens indépendants du Québec, la province francophone du Canada.

    Dénonçant « le régime corrompu qui dirige l’Algérie depuis un demi-siècle », Christian Rioux, Journaliste au Devoir et auteur de plusieurs essais et d’un recueil de poèmes, a estimé que le régime algérien verse éternellement dans les manipulations pour instrumentaliser l’histoire coloniale et détourner l’attention de son opinion publique sur ses problèmes ou crises internes.

    L’écrivain canadien a, par ailleurs, défendu le président français Emmanuel Macron qui avait dénoncé le recours permanent du régime algérien à la « rente mémorielle » dans ses rapports complexes avec la France. « Quatre ans plus tard, il a raison de qualifier de « rente mémorielle » cette haine antifrançaise que brandit périodiquement le régime d’Alger. Rien de tel pour camoufler la faillite économique et politique d’un pays pourtant riche de sa jeunesse comme de son pétrole et de son gaz », a affirmé à ce propos Christian Rioux dans sa chronique incendiaire qui critique sévèrement le régime algérien et ses principaux hauts responsables.

    Christian Rioux déplore aussi une grande hypocrisie entretenue autour des relations algéro-françaises en rappelant quelques vérités amères. « On dit souvent que l’Algérie hante la France. C’est faux. Il y a longtemps que les Français ne s’intéressent plus à l’Algérie. Même si les historiens continueront longtemps à déterrer les horreurs de cette époque, pour l’homme de la rue, c’est une affaire classée. C’est plutôt à Alger et dans les enclaves à majorité musulmane des banlieues françaises que ce passé demeure une obsession. Or, la repentance n’a de sens que si chacun reconnaît ses torts et que l’on tourne la page. On en est loin ! », indique enfin le chroniqueur du quotidien Le Devoir.

    Soulignons enfin que Christian Rioux fut le correspondant du Devoir à Paris depuis 1995, il a aussi écrit pour L’actualité, Le Monde, Libération, La Croix, Courrier international et le journal espagnol La Vanguardia. Lauréat des prix Olivar-Asselin, Judith-Jasmin, Jules-Fournier et d’une Plume d’or (Paris), il a été boursier Nieman à l’Université Harvard et a publié Voyage à l’intérieur des petites nations (2000), Carnets d’Amérique (2005) et Les années temporaires (2002). Il a également été président de l’Académie des lumières à Paris. Christian Rioux est aussi membre associé de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l’Université du Québéc à Montréal (UQAM).

    AlgériePart

  • #2
    La vérité vient du Canada!!!
    Toutes les fleurs de l'avenir sont dans les semences d'aujourd'hui.

    Commentaire


    • #3
      C'est plutôt l'expression "la main de l'étranger" pour camoufler la faillite économique et politique. Pour cela, ce n'est pas un scoop.

      "Il y a longtemps que les Français ne s’intéressent plus à l’Algérie", c'est de l'humour. Ne pas généraliser, c'est pire qu'une obsession chez certains français qui voulaient positiver la colonisation. Ils n'ont jamais tourné la page. Leur lobby est tellement fort qu'un candidat favori aux élections présidentielles ne peut actuellement franchir jamais la ligne rouge sur la colonisation en général.


      Depuis 2005, c'est très tendu, et non le zemmourisme de Macron "haine anti française" campagne électorale destinée à l'électorat droitiste en France:


      "A l'origine de la polémique, le "rôle positif de la colonisation"

      A l'origine de la polémique sur la colonisation qui a entraîné l'annulation du voyage de Nicolas Sarkozy, l'article d'une loi du 23 février 2005 sur les rapatriés, mentionnant le "rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord", adoptée par l'UMP.

      Issu de deux amendements UMP, l'article 4 de la loi du 23 février 2005 en faveur des rapatriés et des harkis stipule que "les programmes scolaires reconnaissent en particulier le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord".

      Le 29 novembre, la majorité UMP a rejeté un texte socialiste visant à abroger cet article, suscitant de nombreuses réactions hostiles en Algérie et dans les DOM-TOM.

      Cet article, dénoncé par l'opposition, divise également la droite. Le ministre de l'outre-mer, François Baroin, a affirmé qu'il n'y avait pas d'"histoire officielle" en France, et il a jugé que la décision de Nicolas Sarkozy de reporter son déplacement aux Antilles était "sage".

      "SUJETTE À CAUTION"

      Il a souligné que l'article contesté n'était pas "le choix de l'UMP" mais l'initiative d'un parlementaire UMP. Cette initiative était "sujette à caution", admet-il néanmoins.

      Le ministre de l'éducation nationale, Gilles de Robien, a également évoqué, mercredi 7 décembre, la loi de février 2005 mentionnant "le rôle positif de la colonisation" pour affirmer que l'histoire devait être enseignée à l'école "en toute neutralité et toute objectivité".

      Invité de la radio RMC, il a déclaré ne pas savoir, s'il avait été parlementaire à cette date, s'il aurait voté la loi. "On ne peut nier que ponctuellement il y eut des choses positives mais, globalement je ne peux le dire", a-t-il souligné."

      Le Monde.fr 07 12 2005
      Dernière modification par panshir, 22 octobre 2021, 17h31.

      Commentaire


      • #4
        elwatan.com 2010

        "«La plupart des Français veulent tourner la page coloniale»

        En tant qu’historien mais aussi en tant que défenseur des droits de l’homme, comment interprétez-vous le projet de loi de parlementaires algériens sur la poursuite des crimes de la colonisation ? Serait-ce une réplique à la loi du 23 février 2005 ?

        Il y a probablement, de la part de ses initiateurs, une volonté de répliquer à la loi française du 23 février 2005, ainsi qu’au discours actuel des gouvernants de ce pays qui cherchent, en agitant des thèmes comme «la fierté d’être français» et «l’antirepentance», ou encore en lançant le débat sur «l’identité nationale», à flatter les secteurs de l’opinion les plus nostalgiques de la colonisation. Chacun peut pourtant comprendre qu’étant donné le souvenir que le peuple algérien a gardé de la colonisation et de la guerre, ces discours autosatisfaits sont pour lui insupportables à entendre. Mais cette proposition de loi, en Algérie, est-elle la réponse la plus appropriée ? C’est aux Algériens d’en débattre.

        Le pays est souverain, y compris dans le domaine judiciaire.

        Pour ma part, puisque je crois que les responsabilités françaises dans les politiques coloniales et dans les crimes coloniaux passés ont été partagées par de nombreux individus, dont la plupart sont morts, maintenant, je ne pense pas que le travail de vérité et de reconnaissance, qui est indispensable en France, puisse être aidé par des procédures judiciaires devant des tribunaux algériens, telles que cette proposition de loi cherche à favoriser. Ceux qui s’opposent à ce travail en France risquent, au contraire, d’en tirer argument pour le refuser.
        Par ailleurs, les Accords d’Evian, à tort ou à raison, ont exclu les poursuites, dans les deux pays, pour des faits antérieurs au cessez-le-feu. Je trouve regrettable que cela ait empêché la justice de se prononcer, même sur les cas les plus graves et les plus emblématiques. Mais ces Accords font aussi partie de l’histoire. Est-ce qu’on peut revenir sur ce point, un demi-siècle plus tard ?

        La loi du 23 février 2005 ne traduit-elle pas l’arrogance d’un Etat qui, plutôt que d’adopter la démarche qui consiste à assumer son passé colonial, souffle sur les braises et le glorifie ?

        Cela me paraît évident. La loi du 23 février 2005 était scandaleuse car elle opérait un retour en arrière complet en réhabilitant l’idéologie coloniale d’autrefois sur «les bienfaits de la colonisation». Elle témoignait aussi, à mon avis, d’une volonté de réagir et de s’opposer aux progrès réalisés en France, dans les années 1990, dans les études historiques et dans l’enseignement de ces questions. La majorité politique du moment a voulu donner satisfaction à une frange réactionnaire et vieillissante de la population. Or, cela allait à l’encontre d’un devoir élémentaire de vérité et d’un souci de cohérence par rapport aux principes que la France invoque par ailleurs. C’était intenable. Et cela a suscité de vives réactions de la part des populations qui avaient été colonisées, comme de la part de la grande majorité des historiens et des enseignants en France. D’où le fait que le président Chirac a dû reculer.

        La même logique continue avec l’annonce, le 25 septembre 2009, par le secrétaire d’Etat à la Défense et aux Anciens combattants, de la création d’une «fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie», contestée par les historiens.

        C’est l’article 3 de la loi du 23 février 2005 qui prévoyait la création d’une fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie. Le président Chirac a non seulement fait retirer, en janvier 2006, la phrase la plus controversée de l’article 4 sur «le rôle positif de la présence française outre-mer», mais il a aussi choisi, jusqu’à la fin de son mandat, de ne pas mettre en œuvre cet article 3. Son successeur a commis l’imprudence, lors de sa campagne électorale de 2007, de promettre à des lobbies nostalgiques de la colonisation dont il voulait capter les suffrages que lui, il le mettrait en œuvre. Depuis, bien qu’il sache que cette fondation risque de susciter les mêmes oppositions que la loi, bien qu’il n’ignore pas que la grande majorité des historiens lui est hostile – ce qui explique peut-être que, pendant trois ans, il ne l’ait pas créée –, il persiste dans le sens de cette promesse. La part de financement de l’Etat a même été fixée à sept millions d’euros, somme considérable quand les universités manquent de moyens, en particulier pour promouvoir les nécessaires travaux historiques croisés entre les deux pays. Les défenseurs de cette fondation, comme le député UMP président du groupe d’études parlementaires sur les rapatriés, Elie Aboud, qui avait fait parler de lui en se joignant à une manifestation devant une stèle «en l’honneur» d’assassins de l’OAS à Béziers, ou encore qui a dénoncé récemment le prochain film de Rachid Bouchareb, Hors la loi, parce qu’il serait «un véritable plaidoyer pro-FLN», affirment sans rire que cette fondation «favorisera les liens entre les deux pays»… Je crains qu’elle soit au contraire perçue par les Algériens comme une nouvelle provocation.

        N’est-ce pas là une vision erronée de l’histoire et qui hypothèque l’avenir des rapports entre la France et l’Algérie ?

        A mon avis, ce qui entrave encore, près d’un demi-siècle après la fin de la colonisation, la normalisation des relations franco-algériennes, c’est la tendance des autorités françaises à vouloir ignorer ce que j’appellerais «le contentieux historique» entre les deux pays, qui résulte des injustices et des violences de la colonisation. Or, on ne peut pas faire comme si ce passé n’avait pas existé. Cet aveuglement ne fait qu’attiser les difficultés entre les deux pays. Cela encourage aussi, en Algérie, des intrumentalisations politiques partisanes des sentiments antifrançais, qui sont contestables, mais cela alimente aussi une vraie incompréhension générale de la part de l’opinion publique algérienne qui ne supporte pas ce déni dans lequel s’enferment les autorités françaises.

        Ne serait-ce pas plutôt une reconnaissance symbolique par l’Etat français de son passé colonial et des méfaits de la colonisation qui contribuera à la cicatrisation des plaies et à l’apaisement des mémoires ? De tourner enfin une page douloureuse et ouvrir la voie à des relations mutuellement bénéfiques ?

        En effet, si on peut dire, la balle est avant tout dans le camp français. C’est bien à l’ancienne puissance coloniale de déclarer que sa conquête et sa domination étaient contradictoires avec les principes des droits de l’homme auxquels elle se référait par ailleurs. Personnellement, je ne reprends pas à mon compte le terme de «repentance», car le repentir est une posture individuelle et morale qui ne convient pas dans ce domaine. Les nouvelles générations ne sont pas responsables des choix de leurs aînés et il serait absurde de demander à ceux des Français, certes peu nombreux, qui ont combattu le colonialisme de s’excuser de l’avoir fait…

        Ce qu’il faudrait, de la part de la France, ce sont des gestes forts de reconnaissance. Cela seulement pourrait apaiser l’affrontement des mémoires et permettre de tourner la page. Et ne pourrait que favoriser l’effort de vérité par rapport à sa propre histoire qui, à mon avis, est aussi nécessaire en Algérie. C’est avant tout cette absence de reconnaissance par la France qui fait qu’on se trouve bloqué devant cette page et qu’on n’arrive pas à la dépasser.


        Le poids de ce passé non reconnu et non assumé marque aussi les débats de société comme celui, très controversé, sur l’identité nationale ou celui sur la place des Français d’origine maghrébine appelés abusivement «Français musulmans» comme étaient appelés leurs parents et grands-parents algériens par l’administration coloniale ?

        Bien sûr, cette question empêche aussi la société française de rejeter, conformément à ses principes, les discriminations contre ses citoyens musulmans. Ça l’empêche d’appliquer vraiment ses principes. La vieille conception coloniale, celle des deux catégories d’habitants, les citoyens et les non-citoyens, qui subsistait dans les têtes, resurgit dans les discours politiques et les pratiques administratives. On continue à désigner par leur religion les Français d’origine maghrébine, comme on désignait autrefois les indigènes. On réutilise l’expression «Français de souche» qui faisait partie du langage de l’armée coloniale. Ces conceptions n’avaient jamais disparu, mais on n’osait plus les exprimer ouvertement. Le débat sur l’identité nationale leur a donné l’occasion de réapparaître dans le langage public. Mais, en même temps, la majorité des Français l’a compris et en est venue à rejeter ce débat nauséabond qui, finalement, a été un fiasco.

        Je suis persuadé que la plupart des Français, notamment la grande majorité des plus jeunes, veulent tourner la page coloniale de notre histoire. La société française, en proie à ces deux forces contradictoires, se trouve comme à une croisée des chemins. Et je suis sûr que, tôt ou tard, elle obligera ses gouvernants à faire les gestes forts qui permettront de tirer vraiment un trait sur ce passé."

        elwatan.com 23 02 2010
        Dernière modification par panshir, 23 octobre 2021, 19h31.

        Commentaire


        • #5
          Francetvinfo.fr Elise Lambert 13 10 2020

          "Pourquoi la France a-t-elle du mal à regarder son histoire coloniale en face ?

          Emmanuel Macron a été le premier président à qualifier la colonisation de "crime contre l'humanité", plus de soixante ans après les guerres d'indépendance. Comment expliquer ces années de silence ? Entretien avec Christelle Taraud, historienne spécialiste de la colonisation.

          "Une civilisation qui choisit de fermer les yeux à ses problèmes les plus cruciaux est une civilisation atteinte." Dans son Discours sur le colonialisme en 1950, l'écrivain et homme politique martiniquais Aimé Césaire dénonçait puissamment l'idéologie colonialiste européenne et accusait ses "maîtres" d'être incapables de regarder en face et de résoudre le "problème colonial" qu'ils avaient créé. Soixante-dix ans après cet écrit, après la fin des guerres d'indépendance, l'histoire de la colonisation française et les processus de décolonisation restent partiellement connus et étudiés.

          Pourtant, les débats autour du passé colonial français se multiplient ces dernières années : appels à reconnaître les massacres et leurs victimes, restitution des œuvres d'art, déboulonnage de statues… Il faudra attendre 2017 pour qu'Emmanuel Macron soit le premier président français à qualifier la colonisation de "crime contre l'humanité" et à lancer, trois ans plus tard, une mission sur la mémoire de la colonisation et la guerre d'Algérie. Lors de son discours sur les "séparatismes", le 2 octobre dernier, il a évoqué les "traumatismes" du passé colonial, que la France n'a "toujours pas "réglés". Assiste-t-on à la fin d'un tabou ? Peut-on "réconcilier" les mémoires ? Franceinfo a interrogé Christelle Taraud, historienne spécialiste de la colonisation et des décolonisations. Elle a notamment publié Idées reçues sur la colonisation (Le Cavalier bleu, 2018).

          Franceinfo : Tout d'abord, lorsque l'on parle de colonisation puis des décolonisations, de quelle période parle-t-on ?

          Christelle Taraud : La question coloniale en Europe remonte à la période dite des "Grandes explorations" à partir du XVe siècle, lorsque les premiers empires, portugais et espagnol pour l'essentiel, ont commencé à se constituer en Afrique et en Amérique. Mais aujourd'hui, dans le débat public, les personnalités politiques, les chercheurs, se réfèrent assez rarement à ces empires, sauf lorsqu'est évoqué l'histoire de l'esclavage, puisque la traite atlantique est le produit direct de ce partage du monde.

          Maintenant, lorsqu'on parle de colonisations européennes, on se réfère surtout aux empires coloniaux qui ont été bâtis à partir du début du XIXe siècle, où l'on assiste à une occupation totale des territoires – ce qui n'était pas le cas dans les phases d'expansion coloniale précédentes – et on évoque presque exclusivement les empires français et anglais, alors qu'il y a aussi eu des empires portugais, néerlandais, belge ou allemand.

          Quant à "l'ère des indépendances", elle débute, officiellement, juste après la Seconde Guerre mondiale. Pour la France, elle démarre avec la guerre d'Indochine (1946-1954) et se termine avec la guerre du Cameroun (1955-1961) et la guerre d'Algérie (1954-1962). D'autres territoires, appelés dans le langage impérialiste "des confettis d'empire", ont obtenu leur indépendance bien après. Il faudra attendre 1977 pour Djibouti, et rappelons qu'il y a eu un référendum pour l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie cette année.

          Après la fin des guerres d'indépendance, quelle a été l'attitude des dirigeants français vis-à-vis de ce passé colonial ?

          Je pourrais la résumer en une formule lapidaire : glorification de l'œuvre, déni des crimes. La politique de l'Etat a été de mettre en avant les "bienfaits" de la "mission civilisatrice" française, tout en taisant les crimes. Juste après les accords d'Evian en 1962 [qui entérinent l'indépendance de l'Algérie] et jusqu'en 1982, l'Etat fait passer deux décrets et trois lois qui empêcheront toute poursuite concernant les crimes commis durant cette guerre. Ces textes ont imposé une chape de plomb sur tout ce qui a été réalisé par l'armée française en Algérie, mais aussi le rôle et les actions de l'Organisation de l'armée secrète (OAS).

          L'attitude de l'Etat français concernant la guerre d'Algérie a été celle de la terre brûlée.
          Christelle Taraud à franceinfo

          Le début de la période dite postcoloniale se traduit également par toute une série d'assassinats de leaders indépendantistes. Je pense à Félix Moumié, grande figure de l'indépendance du Cameroun français, assassiné en 1960 à Genève, mais aussi à l'opposant marocain Mehdi Ben Barka, enlevé en plein Paris et probablement tué en région parisienne en 1965. Ou à l'affaire Maurice Audin, qui n'est toujours pas réglée. Sa veuve est morte en 2019 sans savoir où se trouve le corps de son époux et sans avoir pu lui donner une sépulture.

          Cette politique plus néocoloniale que postcoloniale a aussi perduré sous d'autres formes, comme ce que l'on a appelé la "Françafrique" : un système d'interdépendances que la France a construit vis-a-vis de ses anciennes colonies d'Afrique subsaharienne dans le but d'y maintenir son pré carré.

          Hormis la guerre d'Algérie, l'histoire des guerres et des massacres coloniaux (Sétif, Guelma et Kherrata en Algérie en 1945, Haïphong au Vietnam en 1946…) est très peu connue, tout comme l'enrôlement de peuples colonisés dans l'armée française. Comment l'expliquer ?

          Une nation a toujours plus de mal à parler des guerres ou des massacres qu'elle a commis que des choses bénéfiques qu'elle a apportées. Lors de la libération de Paris, le récit officiel est que la France continentale se libère par elle-même ; on en a exclu, de facto, tous les Français non blancs et/ou non chrétiens.

          On a pendant longtemps été incapables de se rappeler que des tirailleurs sénégalais et algériens, des goumiers marocains, des soldats indochinois, malgaches, antillais, avaient été au cœur de la libération de la France.
          Christelle Taraud à franceinfo

          Tout cela a conduit, d'une part, à un "blanchiment" de l'armée française et, d'autre part, au déni des crimes coloniaux commis par cette institution. Celui de Thiaroye [en 1944, près de Dakar, l'armée française ouvre le feu sur des tirailleurs sénégalais qui réclament le paiement de leur solde] est l'une des plus grandes hontes de notre histoire contemporaine.

          En dehors des silences pesants de l'Etat et de ses institutions, l'un des obstacles majeurs pour raconter ces événements est aussi l'accès aux archives. Concernant la guerre d'Algérie, mais aussi le génocide rwandais, il y a toujours des demandes, notamment issues de la communauté historienne, pour qu'un certain nombre de documents classés secret-défense soient rendus publics. Empêcher ou restreindre l'accès aux archives, c'est une autre façon d'être dans le déni. Pour d'autres endroits, comme le Cameroun, les sources ont été très majoritairement détruites, ce qui rend cette écriture encore plus compliquée et le rôle des témoins encore plus important qu'ailleurs.

          Ce manque de ressources peut-il expliquer les actes de déboulonnage de statues qu'on a pu voir dans plusieurs pays cette année ?

          C'est de l'histoire très récente, mais le déboulonnage de statues de généraux ségrégationnistes ou coloniaux [qui ont eu lieu après la mort de George Floyd, un Américain noir tué par un policier blanc] est un exemple et le résultat de ce déni du passé raciste et colonial. Pour moi, le problème, ce n'est pas d'avoir une statue du maréchal Bugeaud sur une place en France, si l'on explique qui il était et qu'on contextualise cette présence. Ce n'est pas parce qu'on fait disparaître l'objet qu'on fait disparaître l'histoire. Mais le problème, c'est toujours le récit national et la glorification de ces hommes en son sein.

          Nous pourrions nous réapproprier un espace commun, des noms de places, de rues, qui incluent une diversité de genres, d'ethnies, de confessions. Notre pays n'a pas été construit que par des hommes blancs riches et il n'est pas non plus habité aujourd'hui que par eux.
          Christelle Taraud à franceinfo

          A chaque débat sur l'histoire coloniale, une partie de la classe politique et intellectuelle dénonce ce qu'elle appelle la "repentance". Que signifie ce discours ?

          Je ne suis pas certaine que les anciens colonisés et leurs enfants demandent à la France de se repentir mais plutôt de réparer, ce qui est très différent. En réalité, derrière ce discours, en France, il y a la question du nationalisme. Le nationalisme fait la promotion d'une vision binaire : ceux qui peuvent faire partie de la nation, et les autres. On peut s'interroger : n'est-ce pas même l'un des problèmes, justement, qui empêchent de regarder notre passé colonial en face ? Quelle place veut-on donner aux descendants de l'histoire coloniale dans la nation aujourd'hui ?

          Mais ce n'est pas nouveau – dès la Révolution française, on se posait la question, quand les révolutionnaires ont exclu les femmes de la citoyenneté active – et pas spécifique à la France : tous les anciens pays colonisateurs, du Royaume-Uni à la Belgique, en passant par le Portugal, sont aujourd'hui confrontés à ces questions.

          En France, il faudra attendre les années 1990 pour que des reconnaissances officielles aient lieu…

          En 1999, une loi est en effet votée sur la reconnaissance officielle de la guerre d'Algérie, puis, en 2005, Jacques Chirac reconnaît officiellement le massacre de Madagascar [en 1947, l'armée réprime des indépendantistes malgaches, faisant entre 80 000 et 90 000 morts] et François Hollande, en 2012 à Dakar, le massacre de Thiaroye [dont le bilan est encore inconnu]. Ces reconnaissances interviennent dans un contexte particulier : les Français issus de l'immigration postcoloniale demandent avec de plus en plus d'insistance à être réintroduits dans le récit national, pas seulement dans l'histoire, mais aussi au travers des luttes contre les discriminations, comme la marche pour l'égalité et contre le racisme en 1983.

          Les enfants de harkis, de pieds-noirs, commencent aussi à poser des questions : pourquoi sommes-nous traités comme ça ? Qu'avons-nous fait ? De nombreuses communautés se mettent à interroger l'Etat français. Depuis la départementalisation de 1946, les habitants des DOM-TOM se révoltent régulièrement et demandent aussi des comptes à la France face aux inégalités et discriminations qu'ils subissent.

          Le contexte international a aussi changé. Lors de son discours à La Baule en 1990, lors de la 16e conférence des chefs d'Etat d'Afrique et de France, François Mitterrand parle de la "démocratisation de l'Afrique", marquant une transition vers la fin d'une relation très privilégiée – et inégalitaire – entre la France et son pré carré en Afrique. Et puis, au fur et à mesure, une nouvelle génération d'hommes politiques va arriver au pouvoir, qui n'a pas été formée par le modèle "françafricain" de Charles de Gaulle et Jacques Foccart [secrétaire général de l'Elysée aux affaires africaines et malgaches de 1960 à 1974]. Cela ne sera pas la fin pour autant des stéréotypes. On se souvient par exemple du discours de Nicolas Sarkozy en juillet 2007 à Dakar, où il déclare que "l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire........à suivre

          Commentaire


          • #6
            ......suite "Pourquoi la France a-t-elle du mal à regarder son histoire coloniale en face ?"

            ......Malgré ces avancées, en 2005, le gouvernement présente un projet de loi pour inscrire le "rôle positif" de la colonisation française dans les manuels scolaires. Pourquoi ?

            Dans le fond, l'Etat français a toujours du mal à sortir de la glorification de son "œuvre coloniale". Cette loi demandait aux historiens et enseignants de privilégier les "aspects positifs de la colonisation, en particulier en Afrique du Nord", c'est-à-dire l'Algérie, qui a été la seule colonie de peuplement de tout l'empire depuis 1848 ! Il fallait dire que l'Algérie n'était pas une colonie, mais bien la France, et qu'elle avait bénéficié d'un réel "apport civilisationnel". Ce n'est pas si étonnant car l'enseignement en France, en particulier depuis la Révolution française, structure en profondeur notre récit national.

            L'enseignement du fait colonial en France est d'ailleurs très insuffisant. Je suis sûre que si l'on demande aux Français quelles guerres coloniales ils connaissent, ils ne citeraient au mieux que l'Algérie et l'Indochine, jamais celle du Cameroun ! De la même manière, lorsqu'on parle des inégalités dans les systèmes coloniaux, du Code de l'indigénat, on les évoque comme des épiphénomènes, sans lien avec les inégalités dans nos sociétés aujourd'hui.

            Connaître la colonisation est essentiel pour comprendre la France d'aujourd'hui.
            Christelle Taraud à franceinfo

            Je crois que ce déni s'explique parce qu'il questionne les valeurs fondatrices de notre pays et nos difficultés à les appliquer. La Révolution française a inscrit dans le marbre que "tous les hommes naissent libres et égaux en droits", alors comment la France a-t-elle pu donner naissance à la colonisation ? Comment peut-on être républicain et colonialiste ? Comment peut-on expliquer le racisme systémique hier et aujourd'hui ? Ces questionnements perdurent, font mal, et c'est pourquoi il est toujours très difficile d'en parler.

            Pour "réparer" les mémoires, il faudrait commencer par réécrire les livres d'histoire ?

            Il faudrait revoir les programmes, car on ne peut plus enseigner l'histoire de la colonisation comme il y a trente, quarante ans, il faut former les enseignants du secondaire. J'en vois beaucoup qui sont démunis, qui font face à des élèves qui se demandent pourquoi l'histoire de leurs parents et grands-parents est absente des livres d'histoire.

            La France d'aujourd'hui est très différente de celle de 1789, 1848, 1962… Elle est le produit d'une recomposition démographique composite où les immigrations postcoloniales ont une place importante. Ce qui semblait très important à raconter aux Français d'hier l'est peut-être moins – ou doit l'être différemment – pour ceux d'aujourd'hui. Mais ce qui est certain, c'est que l'histoire a toujours été écrite par les dominants, et que les colonisés en ont été le plus souvent exclus.

            Il est nécessaire de penser une nouvelle histoire, sortir d'une vision européocentrée, masculine et blanche de l'histoire. Il faut redonner aux anciens pays colonisés leur place et aux peuples leur complexité.
            Christelle Taraud à franceinfo

            Certains historiens parlent de "guerre des mémoires", pour évoquer la volonté de chaque groupe (harkis, pieds-noirs, descendants d'esclaves…) d'avoir son propre récit.

            Cette "guerre des mémoires" me paraît logique, puisque notre histoire est exclusive et non pas inclusive. Mais ce dont nous avons besoin, ce n'est pas que chacun fasse son histoire, mais réussir à écrire une histoire commune ensemble. Ne pas faire une histoire des colons d'un côté, une des colonisés de l'autre, mais plutôt une histoire de la relation coloniale et postcoloniale. Ecouter les témoignages, prendre au sérieux les deux côtés, et ce, sur plusieurs générations.

            Ce que nous disent ces groupes, c'est "nous n'existons pas", "quelle est notre place ? Nous sommes des fantômes de l'histoire". Tout cela produit des douleurs individuelles et collectives terribles mais aussi des rancœurs pérennes.
            Christelle Taraud à franceinfo

            A force de ne pas parler de ces histoires, on abîme durablement les individus et la société, c'est comme un cancer qui nous ronge de l'intérieur et empêche tout avenir commun.

            L'art, la littérature, le cinéma, le théâtre peuvent-ils pallier ce manque ?

            Le rôle des artistes est absolument déterminant. Ce sont des "facilitateurs", ils nous aident à "donner à voir", à sortir du récit officiel, et peut-être aussi à "cautériser" blessures et traumatismes. Le film Indigènes, de Rachid Bouchareb, sorti en 2006, a été très important car il a mis à mal ce mythe de la libération de la France orchestrée uniquement par des Français blancs. La Libération, en réalité, s'est nourrie de la relégation des soldats issus de l'Empire. Sans eux, aurions-nous pu retrouver notre liberté ?

            Ce film a également entraîné un débat sur les soldes des anciens soldats, et a conduit à une revalorisation des pensions pour eux ou leur famille. Même si elle vient bien tard et que la grande majorité des hommes qui auraient pu en bénéficier sont morts, cette revalorisation est, d'un point de vue symbolique, très importante.

            De manière générale, l'art incarne quelque chose de très puissant, c'est notre culture, ce qui nous lie. La question du lien créé par l'art est essentielle, comme le montre le débat sur la restitution par la France des œuvres d'art issues de l'Afrique. On a oublié à quel point la prédation culturelle pendant la colonisation a été terrible. L'Afrique subsaharienne a vu 90% de ses artefacts disparaître. Quand on arrache la culture, c'est l'âme qu'on emporte.

            Je trouve qu'il y a une certaine obscénité à dire que restituer des œuvres d'art conduirait à 'vider les musées français', car le vide, ce n'est pas chez nous qu'il se trouve. Et comment une nation pourrait-elle se construire sur du vide ?
            Christelle Taraud à franceinfo

            Aujourd'hui, si une Sénégalaise, un Ivoirien, une Camerounaise… souhaite accéder à des pièces artistiques provenant de son histoire, elle ou il doit se déplacer – quand c'est possible – à Paris, Londres, Washington. Nous devons faire en sorte que cela ne soit plus le cas, mais pas de façon paternaliste. La restitution des œuvres fait partie d'une nécessaire réparation.

            Au-delà des objets et de l'histoire, vous évoquez également une "décolonisation des esprits".

            La décolonisation est officiellement actée car nous avons signé des traités, mais surtout parce que des personnes se sont battues pour l'indépendance de leur pays. Rien n'a été donné, tout a été conquis ! C'est important de le rappeler. Mais est-ce que ces processus sont terminés ? Non, ils prennent des formes sournoises. La colonisation n'est plus officiellement dans les territoires, mais dans nos esprits, nous interagissons constamment avec des stéréotypes, en confortant des rapports de domination hérités de cette époque.

            Dans les relations de genre, l'exotisme colonial est toujours présent. A partir des années 1980, l'imaginaire de la "beurette" est très important dans les médias, la publicité, la télévision, le cinéma, y compris pornographique. Récemment, le débat sur les femmes asiatiques a bien montré l'uniformisation à laquelle ces dernières étaient confrontées : qu'elles soient thaïlandaises, japonaises, vietnamiennes… seule compte leur supposée propension à la "soumission". Cet imaginaire néocolonial et masculin est une force de frappe terrible que nous devons absolument déconstruire, car n'oublions jamais à quel point il est producteur de violences, physiques, psychologiques, sexuelles contre les minorités et contre les femmes.

            Lors de son discours sur les "séparatismes", Emmanuel Macon a évoqué le passé colonial de la France et ses traumatismes "toujours pas réglés". Il a également commandé une mission sur la mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie. Est-ce le début d'une nouvelle étape ?

            Depuis le discours d'Emmanuel Macron à Ouagadougou en 2017, on sent poindre une volonté de faire différemment, même si l'on tâtonne encore. Mais, selon une formule consacrée : les paroles, c'est bien, les actes, c'est mieux ! Parmi les actes possibles rapidement, il y a la création d'un musée consacré à l'histoire coloniale en France et l'intégration, dans les universités, des études postcoloniales, qui sont toujours la cible d'intenses controverses.

            Il ne s'agit en effet pas, comme certains en ont peur, de plaquer sur la France une grille de lecture états-unienne, mais de considérer les postcolonial studies comme une "boîte à outils" – à l'instar des études de genre – que l'on peut utiliser pour mieux comprendre notre histoire et la rendre plus inclusive, c'est-à-dire vraiment universelle."

            francetvinfo 13 10 2020
            Dernière modification par panshir, 22 octobre 2021, 17h48.

            Commentaire

            Chargement...
            X