Les Echos Allemagne Pierre Demoux
Le distributeur hard-discount vend des séjours de vacances à prix cassés sur la Riviera turque comme une alternative pour ne pas payer une facture énergétique démesurée cet hiver en Allemagne. L'offre fait grincer des dents en Turquie, aux prises avec une inflation galopante.
Près de 500.000 touristes allemands se rendent chaque année en hiver en Turquie et leur nombre pourrait doubler cette année. (Shutterstock)Par Pierre Demoux
Publié le 14 sept. 2022 à 07:15
L'offre de Lidl a de quoi faire réfléchir. Un séjour tout compris de vingt-deux jours sur la Riviera turque en janvier, dans un hébergement cinq étoiles. Avec transfert depuis l'aéroport et service blanchisserie inclus, et même massages et soins du visage en option. Le tout pour 599 euros. Le voyagiste BigXtra Touristik, partenaire du groupe de hard-discount, mène actuellement une campagne de promotion pour inciter les Allemands à aller passer l'hiver au chaud en Turquie, et fuir ainsi autant les frimas germaniques que les factures d'énergie qui s'annoncent salées.
« Mais cette offre suscite la controverse en Turquie, provoquant autant d'incompréhension que d'envie », rapporte le journal allemand « Handelsblatt ». « Dans un pays en proie à une inflation élevée et à des problèmes économiques, le prix ultra-compétitif du voyage Lidl est inférieur à certains loyers mensuels, sans le luxe tout compris. »
Pas de crise énergétique en Turquie
Si le pays affronte une spirale inflationniste hors de contrôle, avec une hausse des prix moyenne de 80 % en un an, il ne partage pas les mêmes préoccupations énergétiques que les Etats européens. Comme le rappelle « Handelsblatt », Ankara n'a pas adhéré aux sanctions prises par les Occidentaux contre Moscou, ce qui lui permet de continuer de recevoir du gaz russe et de ne pas craindre une rupture d'approvisionnement.
Ainsi, les hôteliers turcs sont en mesure de proposer des offres bon marché aux touristes étrangers », justifie le journal allemand face à l'irritation des internautes et médias turcs. Certains se demandent en effet si « les Allemands vont venir passer leur hiver en Turquie à moindre coût », laissant entendre qu'ils profiteraient d'une forme de « tourisme énergétique ».
Une opportunité pour le secteur touristique
« Handelsblatt » rappelle toutefois que, même très avantageuse, beaucoup de ménages allemands ne pourront se permettre de cumuler le paiement de leurs loyers ou crédit immobilier, leurs factures ordinaires (en plus de celle de l'énergie) avec un séjour de trois semaines à l'étranger. Sans compter les parents d'enfants devant aller à l'école.
Il invite aussi à envisager cette situation comme une opportunité pour le secteur touristique turc, pour qui l'hiver est habituellement la saison creuse. Deniz Ugur, le patron du voyagiste suisse Bentour, estime que jusqu'à 1 million d'Allemands pourraient visiter le pays cet hiver, environ deux fois plus que d'habitude, et appelle les hôteliers turcs à reconsidérer leur projet de fermeture hivernale afin de saisir cette occasion.
Le distributeur hard-discount vend des séjours de vacances à prix cassés sur la Riviera turque comme une alternative pour ne pas payer une facture énergétique démesurée cet hiver en Allemagne. L'offre fait grincer des dents en Turquie, aux prises avec une inflation galopante.
Près de 500.000 touristes allemands se rendent chaque année en hiver en Turquie et leur nombre pourrait doubler cette année. (Shutterstock)Par Pierre Demoux
Publié le 14 sept. 2022 à 07:15
L'offre de Lidl a de quoi faire réfléchir. Un séjour tout compris de vingt-deux jours sur la Riviera turque en janvier, dans un hébergement cinq étoiles. Avec transfert depuis l'aéroport et service blanchisserie inclus, et même massages et soins du visage en option. Le tout pour 599 euros. Le voyagiste BigXtra Touristik, partenaire du groupe de hard-discount, mène actuellement une campagne de promotion pour inciter les Allemands à aller passer l'hiver au chaud en Turquie, et fuir ainsi autant les frimas germaniques que les factures d'énergie qui s'annoncent salées.
« Mais cette offre suscite la controverse en Turquie, provoquant autant d'incompréhension que d'envie », rapporte le journal allemand « Handelsblatt ». « Dans un pays en proie à une inflation élevée et à des problèmes économiques, le prix ultra-compétitif du voyage Lidl est inférieur à certains loyers mensuels, sans le luxe tout compris. »
Pas de crise énergétique en Turquie
Si le pays affronte une spirale inflationniste hors de contrôle, avec une hausse des prix moyenne de 80 % en un an, il ne partage pas les mêmes préoccupations énergétiques que les Etats européens. Comme le rappelle « Handelsblatt », Ankara n'a pas adhéré aux sanctions prises par les Occidentaux contre Moscou, ce qui lui permet de continuer de recevoir du gaz russe et de ne pas craindre une rupture d'approvisionnement.
Ainsi, les hôteliers turcs sont en mesure de proposer des offres bon marché aux touristes étrangers », justifie le journal allemand face à l'irritation des internautes et médias turcs. Certains se demandent en effet si « les Allemands vont venir passer leur hiver en Turquie à moindre coût », laissant entendre qu'ils profiteraient d'une forme de « tourisme énergétique ».
Une opportunité pour le secteur touristique
« Handelsblatt » rappelle toutefois que, même très avantageuse, beaucoup de ménages allemands ne pourront se permettre de cumuler le paiement de leurs loyers ou crédit immobilier, leurs factures ordinaires (en plus de celle de l'énergie) avec un séjour de trois semaines à l'étranger. Sans compter les parents d'enfants devant aller à l'école.
Il invite aussi à envisager cette situation comme une opportunité pour le secteur touristique turc, pour qui l'hiver est habituellement la saison creuse. Deniz Ugur, le patron du voyagiste suisse Bentour, estime que jusqu'à 1 million d'Allemands pourraient visiter le pays cet hiver, environ deux fois plus que d'habitude, et appelle les hôteliers turcs à reconsidérer leur projet de fermeture hivernale afin de saisir cette occasion.
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