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«Sir Alfred» est mort à l’aéroport de Roissy après y avoir passé 18 ans : la vie de ce SDF avait inspiré Spielberg

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  • «Sir Alfred» est mort à l’aéroport de Roissy après y avoir passé 18 ans : la vie de ce SDF avait inspiré Spielberg

    Ce réfugié politique iranien a vécu 18 ans dans le terminal 2F, après un long périple à la recherche de sa mère.

    Le Parisien



    Mehran Karimi Nasseri, ici le 12 août 2004 devant les écrans des départs de Roissy. AFP/STEPHANE DE SAKUTIN

    Le Parisien

    Par J. P. avec AFP et Frédéric Naizot Le 12 novembre 2022 à 15h22, modifié le 13 novembre 2022 à 09h15

    En 2004, à l’époque de la sortie du film « Le Terminal », il recevait les journalistes sur une banquette rouge de l’aéroport de Roissy, venus en masse du monde entier rencontrer l’homme qui avait inspiré le réalisateur américain Steven Spielberg. Mehran Karimi Nasseri - alias sir Alfred, comme il se surnommait lui-même - est décédé ce samedi au sein de ce même aéroport, où il a passé dix-huit ans de sa vie.
    Il est décédé d’une mort naturelle peu avant midi au terminal 2F, a déclaré une source aéroportuaire. Après avoir dépensé l’argent perçu pour le film, ce réfugié politique iranien était revenu depuis quelques semaines à l’aéroport, a ajouté la même source. Plusieurs milliers d’euros ont été retrouvés sur lui.

    Quand nous l’avions rencontré, il y a dix-huit ans, il se disait « flatté de voir que son expérience pouvait inspirer des films » et faisait jusqu’à six interviews quotidiennes. Il occupait ses journées à écrire « sur sa vie » dans un carnet, à étudier, à « lire la presse américaine et anglaise » ainsi que des romans.
    « Mais bon, ici, ce n’est pas une vie ! J’espère que Le Terminal va m’aider à partir aux États-Unis », espérait-il. Rêvant alors d’une « happy end en Californie… »

    Statut de réfugié en France

    Né en 1945 à Masjed Soleiman, dans la province iranienne du Khouzistan, Mehran Karimi Nasseri, avait élu domicile à Roissy, au nord de Paris, en novembre 1988, après un long périple - à la recherche de sa mère - qui l’avait mené à Londres, à Berlin ou encore Amsterdam. Chaque fois, il avait été expulsé par les autorités, faute de pouvoir présenter des papiers.

    En 1999, il avait obtenu le statut de réfugié en France et un titre de séjour. Mais, déboussolé, l’exilé avait refusé de signer ses nouveaux papiers. « Ils ne sont pas à mon nom. Je ne suis plus celui que j’ai été. Je m’appelle désormais sir Alfred Merhan et je ne suis pas iranien. Mon père était suédois et ma mère, danoise », avait-il justifié. « La folie l’a définitivement emporté », écrivait alors L’Express.
    Décidant de faire de Roissy son refuge, sir Alfred était devenu un familier du personnel de l’aéroport et une figure emblématique, faisant l’objet de nombreux reportages de télévisions et radios, françaises et étrangères, avant la consécration cinématographique. Son quotidien s’égrainait alors dans un triangle de quelques mètres carrés, entre des sandwicheries et un McDo. Des toilettes de l’aéroport faisaient office de salle de bains. Régulièrement, il apportait ses blousons et pantalons au pressing.

    « Honnête mais pas bavard »

    En 2004, un épicier nous le décrivait comme un client « honnête mais pas bavard ». « C’est un ermite, il me fait penser à un moine plongé dans un univers moderne », avait également indiqué la blanchisseuse.
    C’est Tom Hanks qui avait interprété son rôle dans « Le Terminal ». Son histoire a aussi inspiré le réalisateur français Philippe Lioret, avec « Tombés du ciel », sorti en 1994.



    En 2006, deux ans après le film de Spielberg, sir Alfred avait quitté l’aéroport pour l’hôpital, avant d’être hébergé dans un foyer Emmaüs, rapportait Libération. Il avait ensuite vécu dans un hôtel grâce à l’argent du « Terminal ».
    Sur place, à l’aéroport de Roissy, certains se souvenaient avec tristesse l’avoir vu récemment assis avec ses affaires. « Il avait l’habitude de s’installer sur son siège, toujours au même endroit, et ne bougeait plus. Devant lui, il y avait ses affaires dans son chariot. Quand ADP a mis un drap blanc autour du siège, cet après-midi, j’ai compris qu’il s’était passé quelque chose », confie ce samedi soir une employée d’une compagnie aérienne présente sur le Terminal 2F. « Je le voyais tous les jours en bas », ajoute-t-elle en évoquant le hall des arrivées du terminal où la série de quatre sièges est désormais entourée de rubalise pour qu’ils ne soient pas utilisés. « C’est une personne qui était très calme, qui ne posait aucun problème, mais qui ne parlait à personne.


    Les deux sièges où "Sir Alfred" avait l'habitude de se tenir depuis son retour à Roissy ces dernières semaines, ont été entourés de rubalise.Son collègue confirme le mutisme de « Sir Alfred ». « Les autres SDF demandent de l’aide, réclament à manger. Lui ne disait rien, ne demandait rien, pas d’argent », témoigne-t-il. « Il venait puis on ne le voyait plus, par périodes. Je l’ai vu la dernière fois il y a deux ou trois semaines. Il était toujours assis au même endroit. » Sa collègue poursuit : « Ces dernières semaines, il semblait ne plus aller très bien. Il avait un regard vide, tourné vers les baies vitrées, la bouche ouverte. » C’est certainement dans cette attitude, là où il a passé une grande parie de sa vie, qu’il a rendu son dernier souffle.



    La religion est pour ceux qui ont peur d’aller en enfer ; la spiritualité est pour ceux qui y ont déjà été. (Citation d’origine inconnue)

  • #2
    "Les deux sièges où "Sir Alfred" avait l'habitude de se tenir depuis son retour à Roissy ces dernières semaines, ont été entourés de rubalise".

    Sur la photo, il manque les fleurs surtout. ¨Paix à son âme.

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    • #3
      panshir.
      Sur la photo, il manque les fleurs surtout. ¨Paix à son âme.
      J avais vu le film, et son histoire m avait beaucoup ému. Blmoqué en zone de transit international, Sir Alfred a bénéficié pendant des années d un statut résultant d un imbroglio juridique.
      Il a été très entouré et aidé par le personnel de l aéroport qui était devenu au fil des années sa deuxième famille.
      Pour les fleurs sur le banc, je pense que la direction n a pas souhaité en faire un lieu de recueillement, on peut la comprendre. La pose de rubalise sur le banc est déjà une marque de respect.
      Aujourd'hui pareille aventure ne serait plus possible, elle m a beaucoup emu, et je souhaitais vous la faire partager.
      La religion est pour ceux qui ont peur d’aller en enfer ; la spiritualité est pour ceux qui y ont déjà été. (Citation d’origine inconnue)

      Commentaire


      • #4
        déjà croisé ce Monsieur à Roissy , toujours occupé soit a lire un livre ,soit à prendre des notes sur son petit carnet


        Qu'il repose en paix
        "N'imitez rien ni personne. Un lion qui copie un lion devient un singe." Victor Hugo

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