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La mosquée est un élément constitutif du village kabyle. Bâtie souvent au centre du village et surmontée parfois de deux étages, de couleur blanchâtre, la mosquée (Ljama3) possède un minaret tourné vers le ciel, et parfois un dôme, on la distingue toujours par ses arcades.
La mosquée est un waqf, c'est-à-dire qu'elle n'appartient pas au village proprement dit, mais elle appartient à Dieu : elle est un peu comme "la vache des orphelins" qui ne se vend et ne s'achète pas, et dans laquelle, seul le règlement qui lui est propre qui s'applique suivant les recommandations de l'islam.
La mosquée est dirigée par un imam, qui jadis, issu souvent d'une famille maraboutique. L'imam est un "fonctionnaire" au sein du village que les gens payent parfois par des dons (l'huile d'olive, fruits, galette et pain dure, etc) ou au moyen de services (labour, défrichement, acheminement de l'eau, cueillette d'olives, etc).
Le rôle de la mosquée est central dans la vie du village kabyle. D'abord, la mosquée en tant que institution socio-religieuse gère et organise, aux côtés de tajmaï3it (l'Assemblée), la vie spirituelle, intellectuelle et sociale des villageois. En effet, c'est à travers la mosquée que le Ttufiq, règlement intérieur du village (lois islamiques) est adopté à l'unanimité par l'Assemblée du village. De plus, la mosquée forme le premier socle de scolarisation des enfants du village. À la mosquée, on apprend l'écriture, la lecture, le Coran, le droit musulman selon le rite malékite, notamment la Modawana et Sidi Khellil... les Telba (pluriel de Taleb, étudiant) les plus doués peuvent rejoindre une zaouïa, puis une université comme Zitouna en Tunisie ou al-Azhar en Égypte. Ce sont d'ailleurs ces mosquées et ses zaouïas qui ont formé les nombreux savants encyclopédistes kabyles qui ont fait rayonnés la civilisation (et beaucoup d'entre eux ont même développé de nouvelles disciplines) dans les quatre coins du monde à travers Béjaïa, notamment au 12 ème et 13 ème siècles.
La mosquée est également le lieu où se tiennent les réunions de l'Assemblée du village qui sont inaugurées toujours par l'imam. Tous ceux qui prennent la parole lors de l'Assemblée doivent impérativement, comme le veut l'usage, commencer par la formule : "Que la Bénédiction d'Allah soit sur Toi, ô Prophète".
(اللهم صلى عليك يا رسول الله)
Et l'Assemblée proclame en chœur : "Qu'Il soit béni et salué "
(صلى عليه و سلمَ).
Et à la fin de chaque prise de parole, l'intervenant termine par la formule suivante : "Si j'ai bien dit, Dieu merci; si j'ai mal dit, que Dieu me pardonne".
Et ceux qui cautionnent ce que dit l'intervenant, lui disent : " T'as bien dit", et ceux qui ne cautionnent pas, lui disent : "C'est ton avis !".
Toutefois, un point important mérite d'être expliqué ici. Il s'agit du lieu où se tiennent les réunions de l'Assemblée du village.
Une confusion est toujours présente lorsqu'on parle du lieu où se tiennent les réunions de l'Assemblée du village, et cela à cause des termes qu'on utilise. En voici l'explication :
Le mot "Ljama3" veut dire mosquée, "Tajma3t" veut dire soit la place du village, soit le comité directoire de l'Assemblée ou l'Assemblée elle-même que certains appelle "Tajmaï3it", la réunion s'appelle "Anejma3" (tous ces mots sont dérivés du mot arabe "الجامع" qui veut dire mosquée-université ou ce qui rassemble).
Alors, trois situations se présentent devant nous et qu'on a pu vérifié même de nos jours :
1. La mosquée est à la fois le lieu de prière et de réunion de l'Assemblée car elle possède deux salles : une salle de prière et une salle de réunions, exemple : le village Timarzuga dans la commune de Fréha est un exemple vivent aujourd'hui, le village Ath Wareth à Sidi Naâman également.
2. Une bâtisse adossée à la mosquée sert de salle de réunions pour les travaux de l'Assemblée, cela est dû au manque de l'espace si la mosquée est toute petite. Cette bâtisse fait partie toujours de l'enceinte de la mosquée, c'est pour ça que beaucoup de villages l'appellent "Ljamaâ" sans la distinguer avec la mosquée.
3. Une bâtisse construite en dehors de l'enceinte de la mosquée et qui est dédiée aux réunions de l'Assemblée, c'est souvent le cas des petits villages qui manquent d'espace et où l'enceinte de la mosquée se limite à la mosquée elle-même.
Photo d'un village kabyle avec une mosquee au point culmunant.
Sur la photo, on voit l'imam qui fait le douaa lors d'une assemblée du village, c'était à Béjaïa en 1961.
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