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Ces migrants qui préfèrent le Canada aux Etats-Unis

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  • Ces migrants qui préfèrent le Canada aux Etats-Unis

    Par Alicia A. Caldwell

    Les autorités des deux pays sont confrontés à un nombre sans précédent de tentatives de franchissement de leur frontière commune



    CHAMPLAIN, Etat de New York — Par un récent après-midi enneigé, Ali Azimi, un ingénieur civil afghan de 32 ans, a demandé à un agent canadien s’il était autorisé à prendre sur un court sentier pédestre au bout de Roxham Road et à entrer au Canada.

    « Je veux être arrêté », a-t-il ensuite lancé à l’agent de la Gendarmerie royale du Canada, qui lui a répondu que son rôle n'était pas de lui dire ce qu’il devait faire. Quelques secondes plus tard, M. Azimi, suivi d’un autre ressortissant afghan, Reza Rasa, 31 ans, a traversé la frontière à pied. Ils ont ensuite été escortés jusqu'à un centre de traitement par l’agent.

    Ces deux hommes comptent parmi le nombre record de migrants qui traversent la frontière américano-canadienne — dans les deux sens — à l’heure où la répression se poursuit à la frontière sud-ouest des Etats-Unis et où les tribunaux de l’immigration américains affichent de longs délais pour statuer sur les demandes d’asile.

    Sur un tronçon isolé de la frontière, aux confins du nord-est de l’Etat de New York et le Vermont, plus de 1 500 personnes ont été interpellées alors qu’elles traversaient les bois pour passer du Canada aux Etats-Unis entre le 1er octobre, date du début de l’exercice budgétaire fédéral, et la fin janvier. Au cours des douze mois précédents, les agents frontaliers avaient procédé à 160 arrestations dans la même zone, que la police aux frontières américaine désigne sous le nom de « Swanton Sector ». Sur l’ensemble de la frontière nord des Etats-Unis, 2 227 personnes, soit presque autant que sur tout l’exercice budgétaire 2022, ont été arrêtées en train de franchir la frontière.

    ette hausse est probablement le résultat d’un durcissement des contrôles le long de la frontière américano-mexicaine. L’année dernière, l’administration Biden a étendu son recours aux lois de santé publique datant de la crise sanitaire pour expulser rapidement certains migrants avant qu’ils ne puissent demander l’asile. Washington prévoit également de modifier les critères d’admissibilité des demandeurs d’asile aux Etats-Unis.

    Si le nombre d’arrestations le long de la frontière canadienne reste modeste par rapport à celui enregistré à la frontière sud-ouest, les responsables fédéraux qui sont en poste dans cette zone assurent n’avoir jamais eu affaire à de tels chiffres auparavant.

    Près des deux tiers des migrants se dirigeant du sud arrêtés par la police à la frontière américaine dans le secteur de Swanton sont originaires du Mexique, selon les données publiées par le Service américain des douanes et de la protection des frontières. Certains se trouvaient auparavant aux Etats-Unis, tandis que d’autres sont des personnes nouvellement arrivées qui ont cherché à éviter la frontière sud-ouest, selon la police aux frontières, les forces de l’ordre locales, les avocats spécialisés dans l’immigration et les défenseurs des droits des migrants.

    Ici, à Champlain, le tronçon de 475 kilomètres le long de la frontière — qui, contrairement à celle du sud, est dépourvue de clôture — est surveillé par moins de 300 agents, qui sont débordés dès qu’il y a une augmentation des arrestations. Ils doivent également parfois secourir des frontaliers égarés. Le mois dernier, un responsable de la police aux frontières à Washington a lancé un appel aux volontaires pour prêter main-forte dans la région.

    Les migrants se dirigeant vers le sud se frayent souvent un chemin à travers les collines densément boisées, près de zones marécageuses gelées ou dans des champs recouverts de neige.

    Robert Garcia, le patron de la police aux frontières locale, a récemment tweeté une photo de ce qui ressemblait à des empreintes de pieds nus dans une épaisse couche de neige, tout en mettant en garde les migrants contre une traversée illégale dans la région.

    « Les conditions météorologiques dangereuses ne découragent pas le trafic de migrants. Ne prenez pas de risques ! », ajoutait M. Garcia dans son tweet.

    Les autorités canadiennes ont enregistré un nombre record de personnes ayant traversé la frontière entre les Etats-Unis et le Canada pour y demander l’asile.

    En 2022, près de 40 000 personnes ont passé la frontière en direction du Canada, la plupart d’entre elles empruntant un court sentier pédestre situé dans un cul-de-sac situé au nord de l’Etat de New York : Roxham Road, qui mène de Champlain au Québec. En 2021, 4 246 migrants y étaient passés.

    Roxham Road a commencé à devenir un point de passage fréquenté vers le nord en 2017, après l’annonce par l’administration Trump de mesures répressives à venir contre l’immigration illégale et de restrictions concernant les personnes pouvant prétendre à l’asile.

    En vertu d’un accord conclu en 2004 entre le Canada et les Etats-Unis, les demandeurs d’asile doivent demander la protection du premier pays dans lequel ils arrivent. Mais ce texte ne s’applique généralement pas à ceux qui traversent la frontière en dehors des points de passage autorisés, ce qui incite les migrants voyageant vers le nord à entrer au Canada par Roxham Road, plutôt que par le poste frontalier de Champlain, situé à proximité.

    A la frontière, Roxham Road est barré d’un panneau « ROUTE FERMÉE ». Deux autres pancartes, installées à l’entrée du Canada, expliquent en anglais et en français qu’il est illégal de traverser la frontière à cet endroit. Des agents surveillent trois bâtiments, construits au cours des dernières années, utilisés pour accueillir et détenir temporairement les migrants nouvellement arrivés.

    Pendant deux jours, fin février, des dizaines de personnes originaires de pays tels que le Nicaragua, le Guatemala, Haïti et l’Afghanistan se sont rendues à la frontière à Roxham Road depuis un arrêt de bus à Plattsburgh. Dans cette ville située à 40 kilomètres de la frontière, des taxis et des navettes se tenaient prêts à déposer les migrants sur Roxham Road, facturant environ 90 dollars par famille pour le trajet de trente minutes.
    MM. Azimi et Rasa racontent faire partie d’un groupe d’une douzaine de personnes qui ont quitté l’Afghanistan l’année dernière pour se rendre au Brésil, puis ont traversé l’Amérique du Sud et l’Amérique centrale jusqu’au Mexique. M. Azimi explique qu’ils ont discrètement franchi la frontière entre Tijuana et San Diego en passant par un trou dans la clôture frontalière et qu’ils se sont rendus aux agents de la police aux frontières, qui les ont ensuite relâchés.

    M. Azimi assure n’avoir jamais eu l’intention de rester aux Etats-Unis, ayant appris que le délai d’attente pour y obtenir l’asile pouvait être de plusieurs années.

    « Je pense que le Canada accepte plus facilement les réfugiés », estime-t-il.

    D’autres migrants, dont une famille guatémaltèque qui dit avoir vécu dans le Mississippi pendant environ neuf ans, indiquent trouver la vie aux Etats-Unis trop difficile et espèrent que les choses seront plus simples au Canada.

    « Obtenir des papiers américains est un parcours du combattant », déplore Marcelo Perez, 41 ans, qu’il est arrivé aux Etats-Unis depuis le Nicaragua avec un visa l’année dernière. Sa femme, Madeline Munguia, et leurs deux enfants font partie des milliers de migrants qui ont traversé la frontière en décembre à El Paso.

    Les demandeurs d’asile qui traversent la frontière via Roxham Road sont conduits à un poste frontalier voisin pour un traitement administratif plus poussé. Ceux qui sont jugés admissibles à demander l’asile sont ensuite emmenés à Montréal, où ils sont hébergés dans des refuges et des hôtels. Sur place, ils ont accès à l’aide et aux services gouvernementaux et peuvent demander un permis de travail pendant l’instruction de leur dossier.

    Au Canada, le délai de traitement d’une demande d’asile est d’environ deux ans, selon Ottawa, contre plus de quatre aux Etats-Unis.

    Les permis de travail canadiens sont traités de manière accélérée. Aux Etats-Unis, les migrants ne peuvent en demander un que plusieurs mois après avoir déposé une demande d’asile officielle.

    Le nombre record de migrants qui continuent de franchir la frontière dans les deux sens a conduit les parlementaires des deux pays à demander un renforcement de la sécurité.

    Le Premier ministre du Québec, François Legault, a demandé à Justin Trudeau de fermer le passage par Roxham Road. Dans une lettre envoyée au Premier ministre canadien le mois dernier, M. Legault a écrit que l’afflux de réfugiés menaçait de submerger les services sociaux de la province, et demandait que les autres provinces du Canada partagent le fardeau de l’hébergement et de l’assistance fournis aux demandeurs d’asile.

    M. Trudeau a répondu qu’il discuterait de cette question avec le président Biden lors d’une rencontre bilatérale entre les deux dirigeants à Ottawa, prévue en mars. Le gouvernement de M. Trudeau fait pression pour supprimer cette brèche à la frontière.

    Un porte-parole du département d’Etat américain a indiqué que l’agence ne commentait pas les discussions diplomatiques avec d’autres gouvernements. Dans un communiqué, il a ajouté que « les Etats-Unis et le Canada sont engagés dans la lutte contre l’immigration clandestine, sous toutes ses formes ».

    Les parlementaires américains ont créé un groupe de travail sur la sécurité de la frontière nord à la Chambre des représentants et ont demandé que des ressources supplémentaires soient déployées dans la région.

    — Vipal Monga a contribué à cet article

    (Traduit à partir de la version originale en anglais par Grégoire Arnould)
    وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر

  • #2
    Rien d'étonnant
    les migrants ...ni une ni deux, ils foncent toujours vers le Nord pourvu que ce soit en montant , ils kiffent les pentes .

    "N'imitez rien ni personne. Un lion qui copie un lion devient un singe." Victor Hugo

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