En octobre 1983, une poignée de jeunes des Minguettes lançaient la Marche pour l’égalité et contre le racisme. Quarante ans plus tard, cinq marcheurs et marcheuses racontent leur époque et la suite.
Faïza Zerouala
PourPour beaucoup aux Minguettes, une ville dans la ville, Arbi Rezgui reste « Arbi la Marche ». Son compère Djamel Attalah, revenu il y a un an s’installer dans ce quartier de Vénissieux (Rhône), est tout autant une figure locale. Tout le monde le salue avec déférence, à la terrasse du fast-food où il est attablé en ce mois d’octobre, haut lieu de sociabilité dans le coin.
À quelques mètres, le salvateur tramway a un peu désenclavé ce quartier mais il reste tant à faire pour améliorer la vie des habitant·es des quartiers populaires, racontent de concert Djamel Attalah, Arbi Rezgui et les autres.
Il y a quarante ans, tous ont cru à la « Marche pour l’égalité et contre le racisme », dont ils sont les initiateurs, partie de Marseille le 15 octobre 1983, dans l’indifférence générale. Au contraire de l’arrivée à Paris, sous les vivats et cris de joie, dans une marée de keffiehs, le 3 décembre. Le succès est immense, plus de cent mille personnes les accueillent sur le parvis de la gare Montparnasse. Tous pensent que le chiffre a largement été sous-dimensionné.
Agrandir l’image : Illustration 1La Marche pour l’égalité et contre le racisme, à Paris, le 3 décembre 1983. © Farid L’Haoua
Une délégation de huit marcheurs est même reçue à l’Élysée par le président de l’époque François Mitterrand. La carte de séjour de dix ans, revendication ancienne de militant·es, est instaurée dans la foulée. Mais le droit de vote des personnes étrangères aux élections locales ne sera pas obtenu à cette occasion. Ni après.
Quatre décennies plus tard, Emmanuel Macron, peu suspect de sympathie appuyée à l’égard de l’antiracisme politique, rend hommage à l’initiative entrée dans la légende de la mémoire des quartiers populaires sur X (ex-Twitter).
La Marche, ses doutes, son succès, a été abondamment racontée comme ses suites. Elle a surtout été vidée de sa substance et sa portée politique par SOS Racisme et le Parti socialiste, jusqu’à ce nom rejeté par tous les marcheurs et militant·es : « la marche des Beurs ».
Un groupe de marcheurs permanents
Tout débute le 28 mars 1983 à Monmousseau, un sous-quartier des Minguettes. Plusieurs jeunes se lancent dans une grève de la faim pour obtenir une commission d’enquête sur l’action de la police dans les quartiers, le droit au logement et au travail. L'un des futurs initiateurs, Toumi Djaïdja est parmi eux, soutenu par le père Christian Delorme et le pasteur Jean Costil, futurs marcheurs, tous les deux liés à La Cimade et engagés en faveur des immigré·es. De là naît l’association SOS Avenir Minguettes présidée par Toumi Djaïdja, pour les droits des immigrés et jeunes Français.
La tension préexistante grimpe d’un cran dans la nuit du 19 au 20 juin. Toumi Djaïdja sort de chez lui un soir de ramadan, après la rupture du jeûne. Il voit un adolescent de 12, 13 ans se faire mordre par le chien d’un policier qui le poursuit. Le policier dira qu’il est pris de panique et tire une balle qui atteint le président de SOS Avenir Minguettes à l’abdomen et le blesse grièvement.
L’idée de lancer une marche devient évidente après ces mois d'action militante. Un groupe de marcheurs permanents est désigné, Toumi Djaïdja inclus. Christian Delorme et Jean Costil activent les réseaux de La Cimade pour solliciter des comités d’accueil qui les hébergeront durant les différentes étapes.
Les marcheurs prennent le départ du quartier de la Cayolle à Marseille le 15 octobre. Ils sont dix-sept. Une trentaine de personnes les soutiennent. Puis au fil des étapes, le cortège grossit. Le compteur des marcheurs permanents – dont une dizaine de marcheuses – est arrêté à trente-deux.
Pour les marcheurs, l’entreprise est audacieuse, surtout à l’époque. Des enfants d’immigrés, mais pas seulement, ont désobéi à l’injonction parentale de la discrétion pour prendre la parole et le pavé.
« Il fallait cette Marche pour désamorcer la bombe de rage qui nichait en moi »,écrira Bouzid Kara, décédé en 2016, dans son livre La Marche, les carnets d’un « marcheur » (Actes sud) paru en 1984. Il y a un avant et un après pour le jeune homme. Se mobiliser est un acte salvateur.
ujourd’hui, Farid L’Haoua a 65 ans et dirige une ludothèque à Lyon. Il fut le photographe de la Marche, en plus d’être coordinateur et porte-parole. Il parle des agressions quasi quotidiennes en direction des populations des quartiers populaires. « On voit les concordances, il y a eu 1973 (une année de vagues de meurtres visant les personnes maghrébines), 1983 et 2023 (la mort de Nahel). »
Avant de marcher, Farid L’Haoua s’implique dans son association de jeunes dans la Vienne. Il est aussi très engagé dans les différents réseaux comme ceux de l’associationCLAP de Villeurbanne, la Fédération des associations de solidarité avec tous·te·s les immigré·e·s (FASTI) ou les Zaâma d’banlieue.
Arbi Rezgui avait 19 ans en 1983, il en a presque 60 en 2023. Originaire de Villefranche-sur-Saône, il se greffe au noyau de marcheurs originels lorsque ceux-ci font étape dans sa ville. Avec son ami Hacène, il va à leur rencontre. « On pensait qu’on allait partir une semaine et rentrer. Mon pote m’a dit “tu sais quoi, on ne repart plus, on va mourir pour la cause”. »
Un racisme « pas possible » étouffe alors leur quotidien. « C’étaient des contrôles au faciès, c’était toujours nous... Les policiers mettaient le camion avec les sirènes, ils mettaient les Arabes dans le camion et passaient devant la ville pour que les gens, les Français regardent. C’était de l’humiliation. »
Dans les cafés, avant et après la Marche, on refuse de les servir. Impossible d’aller en boîte de nuit. « On avait des copains qui se décoloraient les cheveux à l’eau oxygénée pour devenir blonds », rit encore Arbi Rezgui. Djamel Attalah, du noyau originel de SOS Avenir Minguettes, complète : « Certains brandissaient leur carte d’identité française pour essayer de rentrer. »
Agrandir l’image : Illustration 2Djamel Attalah, Arbi Rezgui et Farid L’Haoua. © Photo Faïza Zerouala
Pour les femmes, la question du racisme se pose autrement, de manière plus indirecte. Marcheuse permanente, Malika Boumedienne a 19 ans quand elle part de chez elle à Annonay, contre l’avis de ses parents. Elle restera « en froid » avec eux durant quelques étapes – ils seront rassurés quand la Marche sera davantage médiatisée.
Fonctionnaire dans un hôpital, elle est revenue il y a quelques années dans sa ville d’origine, elle raconte avoir des bribes de souvenirs de son arrivée dans la Marche. La femme d’origine algérienne se souvient être tombée sur un tract : « Ça m’a interpellée et je suis allée écouter le débat au cours duquel ils ont demandé si des personnes voulaient les rejoindre. »
Le sujet la touche car dans cette famille de six enfants – trois filles, trois garçons –, elle voit ses frères être victimes de racisme. « Nous, les filles, c’est vrai qu’on ne le ressentait pas trop. Surtout quand on n’est pas trop typée, dirons-nous. »
Les rapports avec la police sont exécrables même si, à l’époque, Djamel Attalah ne l’analyse pas ainsi. Celui qui est arrivé à 6 ans en France d’Algérie pour rejoindre son père vit un « déracinement ». Il atterrit dans un bidonville du côté de Lyon avant Vénissieux.
« Le corps policier de l’époque, fin des années 70, début des années 80, était composé d’anciens appelés de la guerre d’Algérie. Peut-être qu’ils n’étaient pas encore sortis de ça. Ils n’avaient pas fait le deuil. » Et peu à peu, poursuit-il, « il y avait une espèce de violence qui s’installait entre ces jeunes désœuvrés et ces “Tontons flingueurs” ».
Meurtres racistes
Pour Farid L’Haoua, la Marche, c’est aussi « le prix du sang ». Elle a fonctionné grâce aux circonstances : « On est passés comme une lettre à la poste car le meurtre de Habib Grimzi a été un choc pour la société française. »
En effet, deux meurtres racistes planent sur la Marche. Toufik Ouanes et Habib Grimzi. Le premier est un enfant de 9 ans abattu le 9 juillet 1983 par un tir de 22 long rifle tiré d’un habitant excédé par le bruit à la Courneuve en Seine-Saint-Denis. Malika Boumedienne se rappelle que cette mort l’a « révoltée » et a contribué à son engagement. Marie-Laure Mahé partage ce déclic.
Agrandir l’image : Illustration 3Marie-Laure Mahé (à gauche, écharpe rose) et Malika Boumedienne (à droite, autocollant sur la veste) lors de la Marche pour l’égalité et contre le racisme. © Photo Farid L'Haoua
Le second, un touriste algérien de 26 ans, est assassiné dans la nuit du 14 au 15 novembre 1983 par trois légionnaires qui le jettent du train entre Bordeaux et Vintimille. Cette mort survient en pleine Marche et contribue par ricochet à attirer la lumière sur l’initiative lyonnaise.
« On a pété un câble, on a failli se battre entre nous. On s’est dit qu’on allait arrêter la Marche, qu’elle était inutile »,se souvient Arbi Rezgui. Farid L’Haoua complète : « Certains voulaient vraiment passer de l’autre côté. Rentrer dans une sorte de violence », loin des idéaux défendus par Jean Costil, pasteur « pragmatique et œcuménique », et par le père Christian Delorme, un fervent militant de la non-violence, « qui avait comme référentiels Gandhi et Martin Luther King ».
« On se prend une grosse claque,poursuit Farid L’Haoua. Sur la 2, un procureur de la République qui dit “j’ai honte”, moi, je n’ai jamais revu ça de ma vie. »
Faïza Zerouala
PourPour beaucoup aux Minguettes, une ville dans la ville, Arbi Rezgui reste « Arbi la Marche ». Son compère Djamel Attalah, revenu il y a un an s’installer dans ce quartier de Vénissieux (Rhône), est tout autant une figure locale. Tout le monde le salue avec déférence, à la terrasse du fast-food où il est attablé en ce mois d’octobre, haut lieu de sociabilité dans le coin.
À quelques mètres, le salvateur tramway a un peu désenclavé ce quartier mais il reste tant à faire pour améliorer la vie des habitant·es des quartiers populaires, racontent de concert Djamel Attalah, Arbi Rezgui et les autres.
Il y a quarante ans, tous ont cru à la « Marche pour l’égalité et contre le racisme », dont ils sont les initiateurs, partie de Marseille le 15 octobre 1983, dans l’indifférence générale. Au contraire de l’arrivée à Paris, sous les vivats et cris de joie, dans une marée de keffiehs, le 3 décembre. Le succès est immense, plus de cent mille personnes les accueillent sur le parvis de la gare Montparnasse. Tous pensent que le chiffre a largement été sous-dimensionné.
Agrandir l’image : Illustration 1La Marche pour l’égalité et contre le racisme, à Paris, le 3 décembre 1983. © Farid L’Haoua
Une délégation de huit marcheurs est même reçue à l’Élysée par le président de l’époque François Mitterrand. La carte de séjour de dix ans, revendication ancienne de militant·es, est instaurée dans la foulée. Mais le droit de vote des personnes étrangères aux élections locales ne sera pas obtenu à cette occasion. Ni après.
Quatre décennies plus tard, Emmanuel Macron, peu suspect de sympathie appuyée à l’égard de l’antiracisme politique, rend hommage à l’initiative entrée dans la légende de la mémoire des quartiers populaires sur X (ex-Twitter).
La Marche, ses doutes, son succès, a été abondamment racontée comme ses suites. Elle a surtout été vidée de sa substance et sa portée politique par SOS Racisme et le Parti socialiste, jusqu’à ce nom rejeté par tous les marcheurs et militant·es : « la marche des Beurs ».
Un groupe de marcheurs permanents
Tout débute le 28 mars 1983 à Monmousseau, un sous-quartier des Minguettes. Plusieurs jeunes se lancent dans une grève de la faim pour obtenir une commission d’enquête sur l’action de la police dans les quartiers, le droit au logement et au travail. L'un des futurs initiateurs, Toumi Djaïdja est parmi eux, soutenu par le père Christian Delorme et le pasteur Jean Costil, futurs marcheurs, tous les deux liés à La Cimade et engagés en faveur des immigré·es. De là naît l’association SOS Avenir Minguettes présidée par Toumi Djaïdja, pour les droits des immigrés et jeunes Français.
La tension préexistante grimpe d’un cran dans la nuit du 19 au 20 juin. Toumi Djaïdja sort de chez lui un soir de ramadan, après la rupture du jeûne. Il voit un adolescent de 12, 13 ans se faire mordre par le chien d’un policier qui le poursuit. Le policier dira qu’il est pris de panique et tire une balle qui atteint le président de SOS Avenir Minguettes à l’abdomen et le blesse grièvement.
L’idée de lancer une marche devient évidente après ces mois d'action militante. Un groupe de marcheurs permanents est désigné, Toumi Djaïdja inclus. Christian Delorme et Jean Costil activent les réseaux de La Cimade pour solliciter des comités d’accueil qui les hébergeront durant les différentes étapes.
Les marcheurs prennent le départ du quartier de la Cayolle à Marseille le 15 octobre. Ils sont dix-sept. Une trentaine de personnes les soutiennent. Puis au fil des étapes, le cortège grossit. Le compteur des marcheurs permanents – dont une dizaine de marcheuses – est arrêté à trente-deux.
Pour les marcheurs, l’entreprise est audacieuse, surtout à l’époque. Des enfants d’immigrés, mais pas seulement, ont désobéi à l’injonction parentale de la discrétion pour prendre la parole et le pavé.
« Il fallait cette Marche pour désamorcer la bombe de rage qui nichait en moi »,écrira Bouzid Kara, décédé en 2016, dans son livre La Marche, les carnets d’un « marcheur » (Actes sud) paru en 1984. Il y a un avant et un après pour le jeune homme. Se mobiliser est un acte salvateur.
ujourd’hui, Farid L’Haoua a 65 ans et dirige une ludothèque à Lyon. Il fut le photographe de la Marche, en plus d’être coordinateur et porte-parole. Il parle des agressions quasi quotidiennes en direction des populations des quartiers populaires. « On voit les concordances, il y a eu 1973 (une année de vagues de meurtres visant les personnes maghrébines), 1983 et 2023 (la mort de Nahel). »
Avant de marcher, Farid L’Haoua s’implique dans son association de jeunes dans la Vienne. Il est aussi très engagé dans les différents réseaux comme ceux de l’associationCLAP de Villeurbanne, la Fédération des associations de solidarité avec tous·te·s les immigré·e·s (FASTI) ou les Zaâma d’banlieue.
On avait des copains qui se décoloraient les cheveux à l’eau oxygénée pour devenir blonds.
Arbi Rezgui
Arbi Rezgui
Arbi Rezgui avait 19 ans en 1983, il en a presque 60 en 2023. Originaire de Villefranche-sur-Saône, il se greffe au noyau de marcheurs originels lorsque ceux-ci font étape dans sa ville. Avec son ami Hacène, il va à leur rencontre. « On pensait qu’on allait partir une semaine et rentrer. Mon pote m’a dit “tu sais quoi, on ne repart plus, on va mourir pour la cause”. »
Un racisme « pas possible » étouffe alors leur quotidien. « C’étaient des contrôles au faciès, c’était toujours nous... Les policiers mettaient le camion avec les sirènes, ils mettaient les Arabes dans le camion et passaient devant la ville pour que les gens, les Français regardent. C’était de l’humiliation. »
Dans les cafés, avant et après la Marche, on refuse de les servir. Impossible d’aller en boîte de nuit. « On avait des copains qui se décoloraient les cheveux à l’eau oxygénée pour devenir blonds », rit encore Arbi Rezgui. Djamel Attalah, du noyau originel de SOS Avenir Minguettes, complète : « Certains brandissaient leur carte d’identité française pour essayer de rentrer. »
Agrandir l’image : Illustration 2Djamel Attalah, Arbi Rezgui et Farid L’Haoua. © Photo Faïza Zerouala
Pour les femmes, la question du racisme se pose autrement, de manière plus indirecte. Marcheuse permanente, Malika Boumedienne a 19 ans quand elle part de chez elle à Annonay, contre l’avis de ses parents. Elle restera « en froid » avec eux durant quelques étapes – ils seront rassurés quand la Marche sera davantage médiatisée.
Fonctionnaire dans un hôpital, elle est revenue il y a quelques années dans sa ville d’origine, elle raconte avoir des bribes de souvenirs de son arrivée dans la Marche. La femme d’origine algérienne se souvient être tombée sur un tract : « Ça m’a interpellée et je suis allée écouter le débat au cours duquel ils ont demandé si des personnes voulaient les rejoindre. »
Le sujet la touche car dans cette famille de six enfants – trois filles, trois garçons –, elle voit ses frères être victimes de racisme. « Nous, les filles, c’est vrai qu’on ne le ressentait pas trop. Surtout quand on n’est pas trop typée, dirons-nous. »
Les rapports avec la police sont exécrables même si, à l’époque, Djamel Attalah ne l’analyse pas ainsi. Celui qui est arrivé à 6 ans en France d’Algérie pour rejoindre son père vit un « déracinement ». Il atterrit dans un bidonville du côté de Lyon avant Vénissieux.
« Le corps policier de l’époque, fin des années 70, début des années 80, était composé d’anciens appelés de la guerre d’Algérie. Peut-être qu’ils n’étaient pas encore sortis de ça. Ils n’avaient pas fait le deuil. » Et peu à peu, poursuit-il, « il y avait une espèce de violence qui s’installait entre ces jeunes désœuvrés et ces “Tontons flingueurs” ».
Meurtres racistes
Pour Farid L’Haoua, la Marche, c’est aussi « le prix du sang ». Elle a fonctionné grâce aux circonstances : « On est passés comme une lettre à la poste car le meurtre de Habib Grimzi a été un choc pour la société française. »
En effet, deux meurtres racistes planent sur la Marche. Toufik Ouanes et Habib Grimzi. Le premier est un enfant de 9 ans abattu le 9 juillet 1983 par un tir de 22 long rifle tiré d’un habitant excédé par le bruit à la Courneuve en Seine-Saint-Denis. Malika Boumedienne se rappelle que cette mort l’a « révoltée » et a contribué à son engagement. Marie-Laure Mahé partage ce déclic.
Agrandir l’image : Illustration 3Marie-Laure Mahé (à gauche, écharpe rose) et Malika Boumedienne (à droite, autocollant sur la veste) lors de la Marche pour l’égalité et contre le racisme. © Photo Farid L'Haoua
Le second, un touriste algérien de 26 ans, est assassiné dans la nuit du 14 au 15 novembre 1983 par trois légionnaires qui le jettent du train entre Bordeaux et Vintimille. Cette mort survient en pleine Marche et contribue par ricochet à attirer la lumière sur l’initiative lyonnaise.
« On a pété un câble, on a failli se battre entre nous. On s’est dit qu’on allait arrêter la Marche, qu’elle était inutile »,se souvient Arbi Rezgui. Farid L’Haoua complète : « Certains voulaient vraiment passer de l’autre côté. Rentrer dans une sorte de violence », loin des idéaux défendus par Jean Costil, pasteur « pragmatique et œcuménique », et par le père Christian Delorme, un fervent militant de la non-violence, « qui avait comme référentiels Gandhi et Martin Luther King ».
« On se prend une grosse claque,poursuit Farid L’Haoua. Sur la 2, un procureur de la République qui dit “j’ai honte”, moi, je n’ai jamais revu ça de ma vie. »
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