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Loi immigration : la France risque de perdre le juteux marché des étudiants étrangers

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  • Loi immigration : la France risque de perdre le juteux marché des étudiants étrangers

    Le texte va durcir drastiquement les conditions d’accueil des étudiants étrangers sur le territoire français. Un non-sens économique et financier.

    Par Pierre-Antoine Delhommais


    Le durcissement des conditions d'accueil des étudiants étrangers prévu dans la loi immigration, avec l'instauration d'une « caution de retour » et de « quotas pluriannuels », a suscité la colère des présidents des trois plus grandes écoles françaises de commerce (HEC Paris, Essec, ESCP). Ils ont dénoncé des mesures « menaçant gravement notre compétitivité internationale ». Avec le risque de voir la France perdre des parts sur ce marché en pleine expansion mais aussi très rentable des « étudiants en mobilité internationale ».


    De 300 000 en 1960 et 800 000 en 1975, leur nombre est passé à 2,1 millions en 2000, 3,6 millions en 2010, et il atteignait 6,3 millions en 2020 dans le monde, selon les dernières données de l'Unesco. À l'origine de cette envolée, les pays d'Asie, qui représentent désormais plus de la moitié de l'effectif mondial des étudiants internationaux. La Chine en est le premier exportateur et en compte un peu plus d'un million, devant l'Inde (508 000) et le Vietnam (137 000). Avec 833 000 étudiants étrangers inscrits dans leurs universités, les États-Unis sont, à l'inverse, le premier pays d'accueil, devant le Royaume-Uni (601 000), l'Australie (378 000), l'Allemagne (376 000) et le Canada (312 000). Pour sa part, la France en héberge 253 000.

    Un apport net de 1,3 milliard d'euros


    Le boom du « marché » de l'étudiant étranger a incité de nombreux pays à y investir massivement depuis plusieurs années. Ils se livrent une concurrence féroce pour tenter d'attirer dans leurs universités les jeunes du monde entier et développer un « business » qui, ne serait-ce qu'à travers les frais de scolarité et les dépenses de la vie courante, se révèle financièrement « juteux ».

    Pour l'année scolaire 2020-2021, une enquête menée par la National Association of Foreign Student Advisers (NAFSA) a évalué l'apport pour l'économie américaine des étudiants étrangers à 28,4 milliards de dollars et 306 000 emplois créés. En Australie, les recettes tirées de leur présence constituent désormais la troisième source de revenus extérieurs pour le pays, après les exportations de minerai de fer et celles de charbon.

    En France, l'apport net annuel des étudiants étrangers a été évalué à 1,3 milliard d'euros, les 3,7 milliards d'euros de dépenses publiques (enseignement, bourses, aides au logement, sécurité sociale) se trouvant largement compensés par les 5 milliards d'euros de recettes (dépenses d'alimentation, de logement, de loisirs, de transports, droits d'inscription, visites touristiques des proches, cotisations sociales payées par les étudiants exerçant un emploi, etc.).

    Les œillères idéologiques de la droite française


    Au-delà de cette contribution financière directe s'ajoutent des retombées économiques positives indirectes pour les pays d'accueil. À commencer par la constitution d'un stock de main-d'œuvre hautement qualifiée, avec l'espoir de pouvoir retenir, à la fin de leurs études, les meilleurs talents. Près d'un quart des étudiants chinois et indiens formés dans les universités américaines restent ainsi travailler aux États-Unis une fois leur cursus terminé pour y créer des start-up et beaucoup de richesses.


    Avec ses œillères idéologiques, la droite française refuse d'admettre par principe – par bêtise surtout – que la présence d'étudiants étrangers sur notre territoire contribue non seulement au rayonnement international de la France, comme ce fut le cas dans les siècles passés, mais aussi à sa prospérité économique future. La circulaire Guéant prise à la fin du mandat de Nicolas Sarkozy avait voulu faire baisser leur nombre en restreignant la possibilité pour eux de rester travailler en France à la fin de leurs études. Et, en novembre 2021, Xavier Bertrand, candidat à la primaire des Républicains pour la présidentielle, avait de son côté promis, s'il était élu à l'Élysée, de « réduire de moitié l'immigration des étudiants qui viennent en France ». Avec la loi qui vient d'être adoptée, son souhait a malheureusement de fortes chances d'être bientôt exaucé.
    وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر
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