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Algérie - LES CHOSES DE LA VIE - Nos années 70 !

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  • Algérie - LES CHOSES DE LA VIE - Nos années 70 !

    MAÂMAR FARAH

    PUBLIÉ 08-03-2018

    Le soir d'Algérie.

    Est-ce par confort intellectuel, par ignorance ou pour mieux noyer le poisson, que certains confrères, sûrement bien intentionnés, mettent les 56 dernières années de notre histoire dans le même sac d’une dictature honnie, produit d’un système à base de pensée «unique» qu’ils veulent indivisible et invariable ! Le raccourci est tentant. Pourtant, on ne se débarrasse pas d’une époque comme on le ferait d’une chemise sale. D’un trait de plume meurtrier, on croit s’octroyer le pouvoir de juger ; mais, au bout, ce n’est qu’un lamentable exercice de style où la généralisation excessive le dispute à la légèreté du propos. L’Histoire ne s’écrit pas en abrégé. Elle n’est pas une petite histoire que l’on raconte à ses petits-enfants autour du feu. Elle est trop fière pour enlacer le zigzag des phrases sibyllines ; trop juste pour se laisser corrompre par l’oisiveté des plumes légères. L’Histoire est certes un tout, mais mettre sur un pied d’égalité l’époque lumineuse du renouveau algérien, la grande ère du rêve qui a nourri nos espoirs et nos œuvres, et le grand déclin, l’inénarrable déroute politique, sociale et culturelle qui l’a suivie, est un exercice pour le moins mortel.

    Chaque mot porté à l’honneur des braves est une insulte à la mémoire d’un peuple et de son élite qui ont créé le miracle des années 1970 ! Nous n’avions rien, la voiture était le rêve inaccessible et, souvent, les pénuries étaient notre lot quotidien. Les flics nous tabassaient pour un oui, pour un non et nos jeunes copines en minijupe se faisaient badigeonner les jambes par les agents ! Pourchassés par les hommes en bleu, nous avions galopé dans les rues de 1969, arrachant notre part du rêve de 1968… Papillons d’un printemps nouveau, nous virevoltions, remplis du bonheur de porter, en notre être profond, les idées de progrès et de justice qui traversaient l’époque comme un grand courant d’air salvateur !
    Nous étions heureux ! Comment expliquer à ces jeunes qui sont devenus des machines matérialistes (la villa, la bagnole, les voyages), que nous étions heureux sans tout cela ! Comment dire aux harragas que, sans avoir les moyens dont ils disposent aujourd’hui, nous n’avions pas besoin d’aller ailleurs pour vivre notre rêve ! Il n’y avait pas encore de visas et le billet d’avion vers Paris coûtait moins de 1 000 DA. Quant à l’autorisation de sortie, il ne faut pas exagérer, non plus. N’importe quel jeune qui pouvait passer de très bonnes vacances pour pas cher grâce à l’agence «Nedjma». Et pourtant, les voyages à l’étranger ne nous disaient rien !

    Souvent, de jeunes lecteurs m’écrivent pour me dire qu’ils ne comprennent pas comment des journalistes se permettent de dire que la période de Boumediène était la plus sombre ! Pourquoi cette réaction ? Parce que, simplement, me disent-ils, leurs parents pensent le contraire. «Mon père et ma mère me racontent qu’ils vivaient bien, mangeaient bien, achetaient revues et livres, disques et albums, sortaient souvent au restaurant, allaient au cinéma, se rendaient au dancing, voyageaient partout en Algérie. Les journalistes écrivent autre chose. Mes parents me disent que l’Algérie était belle et qu’ils étaient les plus heureux ici !»

    Est-ce faire mal à la vérité et à l’Histoire que de dire cela, de reconnaître qu’une génération, la mienne, celle qui a été nourrie à la Révolution des moudjahidine et aux idées de progrès de notre monde, a cru le rêve possible ici ? Non seulement cru, mais agi, écrit, lutté, pour que, plus jamais, l’Algérie des colons et de l’injustice ne revienne : plus jamais, l’inégalité, l’exploitation, les khammès, l’esclavage ne se reproduisent sous le règne des Algériens indépendants ?
    En mettant entre parenthèses les inestimables réalisations de ma génération, en les mélangeant aux déchets douteux qui dorment au fond du sac d’embrouille réservé par les élégantes plumes d’aujourd’hui à la «dictature», n’essaye-t-on pas de nous reprogrammer, après un formatage en bonne et due forme qui nous fera oublier ce qui a livré un sens à notre vie, cette part de rêve et d’espoir qui nous a donné envie de rester ici, de bâtir l’avenir de nos enfants et de croire que le paradis terrestre allait avoir pour nom Algérie ?

    Souvent, lorsque je rencontre des Algériens de ma génération, je ne manque pas de les écouter et c’est le bonheur qui s’installe dans ma tête, sevrée de plaisirs par le règne actuel de la médiocrité dont le symbole reste ce lot de milliardaires analphabètes, d’anciens pauvres propulsés par la grâce d’un système qui privilégie les recalés du lycée pour barrer la route aux vrais génies de l’activité économique !
    Ces retraités fatigués me racontent, à leur manière, ce qu’ils ont fait pour le pays ! Tout, pratiquement tout ! Les jeunes plumes qui, d’un trait souvent maladroit, regrettent presque la colonisation, ne savent pas ce qu’est la colonisation ! Ils ne peuvent imaginer la dure réalité vécue par nos parents et nous-mêmes ! Ils ne peuvent pas imaginer la faim, la soif, la souffrance, la maladie, la privation, le dénuement, les pieds nus, les poux, l’arriération, le désespoir, le racisme ! Ils ne peuvent imaginer qu’au lendemain de l’indépendance, les ingénieurs nationaux se comptaient sur les doigts d’une main, que l’ensemble des secteurs d’activité était dépourvu de cadres, que tous les services publics étaient abandonnés par les Français et que l’Etat n’avait que quelques milliards en caisse !

    Partir de zéro, remettre la machine en branle, assurer la continuité du service public, faire marcher les trains, les stations électriques et tout ce qui est essentiel à la vie ; toutes ces missions impossibles furent menées avec succès par les nouveaux Algériens, ces femmes et ces hommes qui vont étonner le monde par leur capacité à maîtriser le destin de leur pays. Ils bâtiront, quelques années plus tard, le «Japon» de l’Afrique, au rythme d’une industrialisation massive et intrépide dont le choix était la meilleure réponse aux sirènes de l’économie de marché. «Faites du tourisme et de l’agriculture», conseillaient les mauvais conseillers. Comme si l’Angleterre, l’Amérique, le Japon ou la Russie avaient bâti leurs économies sur l’agriculture et le tourisme ! Et encore, aux gens qui veulent nier certaines vérités, rappelons que l’Algérie des années 1970, une décennie après le départ des colons, exportait, par navires entiers – ceux de l’Ofla — oranges et agrumes vers les ports de Hambourg et ceux du nord de l’Europe.

    C’était l’agriculture socialiste, non ? Quant au tourisme, on ne vous dit pas que, malgré les choix stratégiques de Boumediène, l’Algérie avait commencé à se doter d’une infrastructure qui n’avait rien à envier à celle existant, à l’époque, en Tunisie et au Maroc. Faisant appel à des architectes de renom, le secteur public du tourisme a créé des stations de réputation mondiale qui recevaient, grosso modo, le même nombre de touristes que ceux visitant les pays limitrophes !

    C’était avant que l’on nous complexe, au point de nous ridiculiser ! Tiens, les Chinois travaillent mieux que les Algériens et, pour un chantier de pacotille, de petites entreprises égyptiennes ou turques devancent les Algériens qui sont souvent recalés ! Cependant, une lueur d’espoir éclaircit notre ciel depuis peu : dès que la crise économique a montré ses crocs, nos responsables sont revenus au «compter-sur-soi» cher à Boumediène et qui reste la seule voie menant à la véritable indépendance économique du pays. Mais cela survivra-t-il à une éventuelle embellie financière ?
    M. F.



  • #2
    c'est de la nostalgie et rien d'autre. Se croire singulier ou pire, se penser meilleur que les suivants, c'est de la bêtise.
    ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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    • #3
      Bachi

      Bien sur que c'est nostalgique , et c'est pour ça que je l'ai posté dans la rubrique : Café du village , salon pour discuter de tout autour d'un bon café 100% .

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      • #4
        Moi je suis nostalgique des années 60 / 70 et même un peu des années 80.

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        • #5
          on a donc à peu près le même âge.

          Je suis enseignant et y a rien qui m'énerve le plus que lorsque des collègues commencent à me parler de leurs vieux élèves, ...Meilleurs, plus intelligents, plus connaissant, plus travailleurs, plus disciplinés, etc....
          voulant dire que ceux de maintenant, ca ne vaut rien grrrrrr

          La nostalgie est bien souvent un moteur de stupidité.
          ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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          • #6

            Bachi

            La nostalgie est bien souvent un moteur de stupidité.


            Cela dépend du " reflet " de la nostalgie, qu'est ce qu'elle inspire à un individu ? Reflète - elle une structure intérieure de l'individu en rapport avec ses sentiments ou bien est elle l'expression d'une réaction symptomatique à des situations vécues ... liées plus ou moins à des relations sociales extra à ce qui est de l’intériorité individuelle ?

            Pour moi , une nostalgie est directement liée aux sentiments intérieurs vécus à une époque donnée , je cite en exemple : La scolarité avec les rapports collégiaux avec les copains de classe , copains de rues et de voisinage, les filles ( Hé hé hé ) , etc...

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            • #7
              mais oui, il s'agit d'une émotion
              ca a l'air doux, innofensif mais elle peut (pas toujours) mener à l'éxagération, à la perte de nuances et c'est ce qui fait parfois un moteur de stupidité.

              Par exemple, je lis et j'entends certains Algériens parler années 60 comme du nirvana. temps oû Alger était vraiment blanche, prétendent-ils, ou tous étaient en costards et femmes en mini jupe, etc... c'est de la vraie foutaise. l'Algérie a été dans la misère crasse à ces années.
              Dernière modification par Bachi, 13 avril 2024, 22h14.
              ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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              • #8
                Je suis un peu d'accord avec toi sur certains points et à un certain degrés seulement . Tu dresses un extrême dont je ne suis pas en accord.

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                • #9
                  La nostalgie est un sentiment humain et existe pour toutes les générations plus tard les adolescents d'aujourd'hui auront la nostalgie des années 2020.

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                  • #10
                    J'ai vécu toutes ces belles années à Alger , j'ai connu la guerre avec le couvre feu, les attentats ,puis l'indépendance et ses débordements, et les années Boumédienne avec ses pénuries (nombreuses et variées ) les autorisations de sortie du territoire , monnayées par certains , la corruption commence ....pour avoir une voiture Sonacome, pour les frigo ,etc ça c'est la période Chadli , mais avec tous ces accommodements avec le réel quotidien nous étions heureux, on allait au cinéma , à la plage , on pouvait voyager si on avait les moyens et surtout on avait beaucoup d'humour car nous étions LIBRES dans notre tête ce que nous ne sommes plus maintenant
                    "Ne me parle pas beaucoup de religion, mais laisse-moi voir la religion dans tes actions. " Leon Tolstoi

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                    • #11
                      Un mot sur la nostalgie (en anglais)

                      Ancora Imparo

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                      • #12
                        Je fais une traduction rapide, juste l'essentiel. La voici :

                        La recherche montre que la nostalgie peut être très bonne pour notre humeur et nos émotions dans le présent moment en fonction de la façon dont on l'utilise.

                        Les gens vieillissent, ils sont plus enclins à la nostalgie, ils ont tendance à regarder en arrière avec une vision plus rose du passé, ce qui signifie qu'ils ont tendance à évoquer des souvenirs plus positifs, ont tendance à être plus optimistes et ont tendance à reconstruire ces souvenirs d'une manière plus positive.

                        Il n'y a rien de mal à cela. C’est génial,

                        Je veux dire que c'est bien que nous ayons cette sorte de source de positivité dans laquelle nous pouvons puiser en vieillissant, tant que l'on construit le récit correctement et que l'on est conscient de l'incomplétude de ces souvenirs.

                        Mais cela peut parfois devenir toxique si les gens disent que mes meilleurs jours sont derrière moi, que ma vie est derrière moi et que ma vie est terrible en comparaison a ce passé.

                        Comme si s'ils oubliaient tous les défis qu'ils ont dû relever lorsqu'ils étaient plus jeunes et donc vous savez
                        la nostalgie peut se retourner et se transformer en rumination, j’appelle la rumination le jumeau maléfique de la nostalgie, et elle peut se retourner très facilement si l'on n'y prend pas garde, si on ne fait pas attention.

                        On peut le voir au niveau collectif aussi, où les gens commencent à à se dire que notre pays était si génial et notre pays maintenant est en train de sombrer … alors que notre pays a toujours eu des problèmes.

                        --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

                        J'ai utilisé un correcteur de grammaire et orthographe pour reformuler le texte, ca donne ceci:

                        Selon les études, la nostalgie peut s'avérer très bénéfique pour notre humeur et nos émotions actuelles, dépendamment de la manière dont nous décidons de la vivre.

                        Avec l'âge, les gens développent une affinité pour la nostalgie et ont tendance à se remémorer le passé sous un jour plus favorable. Cela les amène à évoquer des souvenirs principalement positifs, à afficher un optimisme accru et à réinterpréter leurs souvenirs de manière plus positive.

                        Il n'y a aucune objection à cela. C'est formidable.

                        C'est une bonne chose de pouvoir compter sur une source de positivité en vieillissant, à condition de veiller à ce que le récit soit correctement élaboré et de garder à l'esprit que ces souvenirs sont toujours incomplets.

                        Il peut arriver que cela devienne toxique si les gens suggèrent que j'ai déjà connu mes jours les plus heureux, que ma vie est désormais inférieure à ce qu'elle était auparavant et que mon présent est sombre en contraste avec mon passé.

                        Comme si, en dépit des défis qu'ils ont rencontrés dans leur jeunesse, ils faisaient mine de les avoir tous oubliés.La nostalgie peut basculer vers une rumination, que j'ai tendance à considérer comme le «jumeau maléfique» de la nostalgie; par conséquent, il est important de veiller à ce que cela ne se produise pas.

                        On observe cette tendance au niveau de la collectivité, dans la mesure où les gens sont de plus en plus nombreux à penser que notre pays était auparavant formidable, mais qu'il connaît actuellement une période de déclin, bien qu'il ait toujours eu des difficultés.
                        Dernière modification par Someday, 16 avril 2024, 00h59.
                        Ancora Imparo

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                        • #13

                          La recherche montre que la nostalgie peut être très bonne pour notre humeur et nos émotions
                          Absolument. Pour la psychée, ca vaut bien plus que n'importe quel antidépresseur.

                          C'est vrai que nous sommes tous enclins d'être de temps à autre nostalgique mais attention...faut pas v ivre dans le passsé mais dans le présent.

                          Y a quelque que je déteste chez certains nostalgiques, c'est de mépriser le présent et les gens du présent pour se valoriser à travers un passé révolu.
                          Combien de fois, j'entends des vieux fulminer contre les jeunes d'aujourd.hui, leurs valeurs, leur mode, etc... Et prétendre qu'ils étaient meilleurs et patati et patata...
                          Croire que le passé est bien meilleur c'est parce que le présent ne les satisfait pas. Bien sûr, ils n'ont plus la jeunesse, la force d'antan, l'entrain et le dynamisme...

                          Les pires, c'est quand ca touche à l'idéologie. Y a de ces ordures qui croient que l'Algérie, par exemple, était dans de meilleures conditions quand elle était sous le joug de la France.

                          Bref, la nostalgie est bien meilleure quand elle est consommée avec modération...héhéhé
                          ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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