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Les Franco-Algériens, enfants uniques d’une Algérie imaginaire

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  • Les Franco-Algériens, enfants uniques d’une Algérie imaginaire

    LA CHRONIQUE DE KAMEL DAOUD. Moins on vit en Algérie, plus on la fantasme. Une sublimation narcissique qui se transforme en omerta communautaire.


    "Réponds-moi : aimes-tu vraiment ton pays ? » La question est lancée, avec un rictus et un ton persifleur. Elle est adressée à l'auteur du fond du vaste auditorium d'une ville du sud de la France. Agressive, péremptoire, presque sans besoin de réponse, tant l'interlocuteur est convaincu de la trahison commise par l'auteur contre le pays natal, sacralisé dans les rêves identitaires.

    L'interrogateur est un Français d'origine algérienne. Il a vu le jour dans l'Hexagone et se trouve être père d'un adolescent, assis à ses côtés. Son propos manifeste une colère, il intervient, hésitant, au moment où, après une conférence, l'on donne la parole à la salle pour les questions. Il trépigne, tempête, retient une violence inouïe.

    Devais-je lui répondre ? Je le fis : « Je n'ai pas à vous fournir de réponse sur ce qui ne vous concerne pas. » Mais j'avais aussi une autre réaction en tête : « Vous êtes franco-algérien, vous êtes français, surtout, né dans ce pays, vivant en même temps de ses récoltes et de ses blessures, de ses générosités et de ses discriminations, marqué par une douleur mais également par une exclusivité gâteuse. Est-ce que, vous, vous aimez votre pays réel, qui est la France ? »

    La surenchère de l'appartenance


    Il est difficile de parler de l'Algérie quand on est algérien, face à beaucoup de Franco-Algériens qui n'ont jamais, ou presque, connu ce pays. Ce dernier, pour n'être plus que souvenirs et endettement parental affectif, apparaît depuis longtemps sublimé, grimé de splendeurs inexistantes rehaussées du prestige d'un contrepoids émotionnel.

    Moins on y vit, plus on l'habite dans l'imaginaire. Et, lorsque vous arrivez de ce pays pour raconter l'histoire de votre autochtonie, ceux qui vous refusent ce droit de parole, ce sont ceux qui se plaignent qu'on leur refuse le droit de prendre la parole en France !

    L'Algérien autochtone devrait rester comme un être muet, un second rôle de ce face-à-face hystérisé entre Français et Français algériens. Ceux qui ne sont plus algériens que par le souvenir des étés, des retours saisonniers des migrants, du passeport ou du football se sentent obligés de l'exprimer par la surenchère de l'appartenance. La police des émotions s'occupe des dissidents du nationalisme.

    La ségrégation par les « siens »


    L'autochtone ne peut pas faire prévaloir le droit de ses enfants à une vie après la guerre civile des années 1990-2000 ni son devoir de parole sur le fascisme religieux qui a saigné son pays, et encore moins raconter les échecs sous peine de trahir les illusions de communautés en France.

    Dans une sorte de hiérarchisation quasi coloniale du droit à la plainte et à l'expression, les Algéro-Français (pas tous) ont le souci de leur douleur, de leur histoire d'enfants rejetés et réclament le statut de l'enfant unique du pays des origines. Ceux qui viennent de l'Algérie ne doivent qu'acquiescer, jurer que ce pays est un paradis.

    À noter que cette ségrégation par les « siens » se pratique aussi dans l'autre sens. Les Franco-Algériens ne sont pas vraiment les bienvenus dans leur pays d'origine, malgré la flatterie du sang commun. Les grands drapeaux dessinés sur le dos des survêtements de sport de certains Franco-Algériens n'ont pas suffi pour les intégrer.

    On glorifie la communauté, la parenté enflammée entre Algériens, la diaspora est même saluée comme une extension du domaine du nationalisme. Pourtant, les binationaux restent interdits des hautes fonctions, frappés du verdict de traîtrise, broyés par les procès postcoloniaux en loyauté. Petits malheurs de l'identité imaginaire : on réclame que le monde nous aime, mais on refuse d'aimer le monde. On veut la France, mais pas la francité ; on veut l'Algérie, mais pas y vivre.
    وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر

  • #2
    LA CHRONIQUE DE KAMEL DAOUD.
    Ce type est déprimant .

    ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
    On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

    Commentaire


    • #3
      À noter que cette ségrégation par les « siens » se pratique aussi dans l'autre sens. Les Franco-Algériens ne sont pas vraiment les bienvenus dans leur pays d'origine, malgré la flatterie du sang commun. Les grands drapeaux dessinés sur le dos des survêtements de sport de certains Franco-Algériens n'ont pas suffi pour les intégrer.

      On glorifie la communauté, la parenté enflammée entre Algériens, la diaspora est même saluée comme une extension du domaine du nationalisme. Pourtant, les binationaux restent interdits des hautes fonctions, frappés du verdict de traîtrise, broyés par les procès postcoloniaux en loyauté. Petits malheurs de l'identité imaginaire : on réclame que le monde nous aime, mais on refuse d'aimer le monde. On veut la France, mais pas la francité ; on veut l'Algérie, mais pas y vivre.
      c'est de la malhonnêteté intellectuelle.
      Kamel Daoud s'emporte et dit n'importe quoi. Il devrait accepter plus la critique. On a le droit de ne pas aimer sa prose. On a le droit de trouver son verbe excessif. Il est bien libre d'avoir la haine ou une névrose contre son pays et les siens, il a peut-être des motifs ou un vécu qui justifient ses délires mais on n'est pas tenu d'applaudir. Il a déjà toute la droite française et l'extrême droite qui boity ses paroles et lui promet tous les prix. Il devrait s'en contenter. Je suis sûr qu'il y a énormément d'Algériens, bi ou non, qui aiment le lire malgré tout et ne lui tiennent aucune rigueur. Un écrivain ne doit jamais exiger l'unanimité. L'unanimité est triviale.
      ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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