Comprendre l'aliénation parentale
Définition
L'aliénation parentale, c'est...
Le concept d’aliénation parentale est maintenant largement documenté et publié par des experts de nombreux pays. Cependant, il est un sujet méconnu de la population et des professionnels de tous les milieux et demeure malheureusement un sujet tabou. Pour un parent ciblé, il est impératif de s’éduquer sur le sujet afin de reprendre son pouvoir d’action et agir pour le mieux-être de son enfant et de sa relation avec lui.
L’aliénation parentale se décrit comme un phénomène dans lequel un des parents se livre à des comportements aliénants, influençant l’esprit de l’enfant afin de favoriser chez lui le rejet injustifié et la désaffection à l’égard de l’autre parent.
Les deux conditions suivantes doivent être présentes simultanément pour parler d’aliénation parentale dans une famille :
- Un des parents utilisent des comportements aliénants afin d’exclure l’autre parent de la vie de l’enfant, et cela, de façon injustifiée.
- Le processus entraîne une détérioration de la relation entre l’enfant et le parent ciblé, voire une rupture de la relation.
Il est important de comprendre que l’enfant participe au phénomène d’aliénation parentale, bien malgré-lui. En effet, l’enfant peut croire que sa relation avec le parent ciblé est nuisible pour lui et observe des gains significatifs à être plutôt en alliance avec le parent aliénant.
L'aliénation parentale, ce n'est pas...
Différentes problématiques se rapportant au phénomène d’une séparation conjugale peuvent se rapprocher ou s’apparenter à la problématique d’aliénation parentale, sans toutefois en être.
Le conflit parental
Le conflit parental est le fait que les conflits perdurent dans le temps, même après la séparation des parents. L’enfant est donc exposé aux tensions et différents de ces parents et peut se sentir déchiré entre ses deux parents. Ce conflit peut entraîner, chez l’enfant, un conflit de loyauté, soit une impression de devoir choisir un des deux parents (même s’il ne le souhaite pas), de vouloir trouver qui a raison et qui a tort et de prendre part au conflit avec l’intention de le faire diminuer.
On constate la présence du conflit loyauté chez l’enfant lorsque ce dernier :
- vit une forme de culpabilité à l’égard du conflit ou de la séparation de ses parents,
- a une façon d’agir différente avec chacun des deux parents,
- vit l’apparition de comportements intériorisés (diminution de l’estime de soi, repli sur soi, diminution de l’affirmation, sentiment de détresse psychologique),
- vit des impacts sur ses résultats scolaires,
- a un besoin immense de plaire à un ou ses deux parents et qu’il va jusqu’à utiliser le mensonge pour y arriver.
Le dénigrement est l’action, de la part d’un ou des deux parents, de salir la réputation de son ex-conjoint(e), de le discréditer, de le calomnier et de le rabaisser aux yeux de ses proches et de leur enfant. La seule présence de dénigrement ne signifie pas automatiquement la présence d’aliénation parentale, même si le dénigrement est l'une des stratégies utilisées dans le processus d’aliénation parentale.
Une crise d'adolescence
Pour un oeil non averti, l’aliénation parentale peut ressembler à une grosse crise d’adolescence lorsque l'enfant a cet âge. En apparence, on retrouve l’opposition ou le dénigrement d’un parent, cette même volonté d’afficher ses choix et son opinion vis-à-vis de l’autorité. Les similitudes s’arrêtent là.
L’inscription dans le temps, l’intensité du conflit, les rationalisations absurdes, la focalisation du conflit sur un seul parent permettent de trancher.
La déchéance parentale
L’acte de déchéance de l’autorité parentale réfère à la perte de l’autorité parentale. L’autorité parentale est l’ensemble des droits et responsabilités d’un parent envers son enfant qui permet à un parent de prendre les décisions concernant le bien-être de son enfant jusqu’à l’atteinte de sa majorité. Entre autres, il est question du consentement pour des services d’aide psychologique, le choix de l'école, le droit d’avoir la garde de son enfant, de veiller à sa sécurité, etc.
Dans certains cas, il est possible qu’un parent perde son autorité parentale si, par exemple, il y a abandon, violence extrême ou violence sexuelle à l’égard de l’enfant par le parent.
Les degrés d'aliénation
Le degré d’aliénation de l’enfant se mesure en trois stades : léger, moyen et grave, en fonction de l'accentuation des rejets du parent ciblé.
Stade légerLes visites chez le parent ciblé sont calmes et la campagne de dénigrement sont rares ou discrètes.Stade moyenLa campagne de dénigrement s'intensifie au moment du changement de résidence parentale et les arguments sont de plus en plus nombreux et frivoles pour ne pas aller chez le parent ciblé. Mais l'enfant accepte d'être totalement coopératif une fois séparé du parent aliénant, et après une période de transition.Stade graveLes visites sont carrément impossibles chez le parent ciblé et l'enfant partage les fantasmes paranoïaques du parent aliénant. Si l'enfant reste chez le parent ciblé, il peut y être paralysé par des peurs, faire des fugues ou mettre en péril son séjour par des comportements destructeurs. Comportements
Parent aliénant
La Chaire de partenariat en prévention de la maltraitance de l’Université Laval a mis en place une trousse de soutien à l’évaluation du risque d’aliénation parentale. Sans être un outil diagnostique, l’inventaire d’indicateurs d’aliénation parentale est conçu pour aider les professionnels à rassembler leurs observations quant aux comportements aliénants des parents, de même qu’aux réactions comportementales des enfants. Le cumul d’indicateurs aide à évaluer l’ampleur du risque d’aliénation parentale.
Pour un parent ciblé, cet outil permet de faire l’inventaire de sa situation en identifiant les actions ou attitudes de l’autre parent et en connaitre l’ampleur afin de prendre action.
Enfant aliéné
Lorsque exposé aux comportements aliénants du parent, certains enfants peuvent éventuellement rejetés de façon injustifiée le parent ciblé, et c’est à ce moment que l’on dira qu’il est aliéné.
Il existe huit comportements qui sont des critères décisionnels maintenant largement utilisés pour aider à identifier l’enfant aliéné:
- l'enfant dénigre un parent;
- pour expliquer ce dénigrement, il donnera des raisons absurdes et frivoles;
- il le fait avec un manque total d'ambivalence;
- il prétend que personne ne l'a influencé, c'est le phénomène du «penseur indépendant»;
- l’enfant se présente comme le soutien, le «champion» du parent aliénant;
- il y a absence totale de culpabilité par rapport à l'exploitation ou à la «mise à mort» psychologique du parent rejeté;
- l'enfant emprunte des propos et des scénarios adultoides;
- son animosité s'étend sur l'ensemble du monde du parent rejeté : famille élargie, nationalité, filiation, etc.
Il est important de noter que, contrairement aux cas d’aliénation parentale, un enfant abusé tient malgré tout à son abuseur s’il s’agit de son parent. Les enfants sont prêts à se taire pour ne pas perdre ce lien. Ce n’est pas du tout le cas dans l’aliénation parentale. Pour ces enfants, l’absence de contact est un soulagement. En effet, le contact les met dans un conflit de loyauté extrêmement angoissant pour eux. Ils sont incapables cependant de formuler pourquoi en termes clairs et rationnels.
Conséquences
Visionner la conférence intitulée "La parole aux enfants" pour mieux comprendre les conséquences sur leur vie.
L’aliénation parentale sévère a l’effet d’un boomerang ou d’une bombe à retardement. Dans la majorité des cas, les enfants donnent l’impression d’être bien dans leur peau et équilibrés. Les symptômes n’apparaissent que bien plus tard, à l’autonomie. Ces effets à long terme, décrits par plusieurs experts, engendrent de nombreux symptômes pathologiques dont le dénominateur commun tend vers la difficulté d’établir un lien social.
Parmi les troubles, on observe :
- Des déchirures ou des clivages dans leurs relations
- Des difficultés à nouer des relations intimes
- Une faible confiance en eux
- Un déficit dans la capacité de gérer la colère ou un conflit dans leurs relations personnelles
- Des symptômes psychosomatiques et troubles du sommeil ou de l’alimentation
- Une vulnérabilité psychologique et dépendance
- Des relations conflictuelles avec les personnes détenant l’autorité
- Sentiment malsain d’avoir le droit de se mettre en colère sans prétexte valable qui mène à un clivage social en général
- De la culpabilité consciente ou non, d’avoir écarté son autre parent.
- Et enfin, être plus à risque de reproduire ce modèle, en devenant à leur tour un parent rejeté.
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