CHRONIQUE. Refus de rapatrier et de sous-traiter la migration clandestine d’un côté, mauvaise conscience de l’autre : ainsi se dessine le nouveau rapport de force entre pays du Sud et du Nord.
Occident ? C'est surtout le nucléaire, sa dissuasion, sa menace. Le Sud ? Ça sera donc la démographie et son effet secondaire, l'invasion migratoire du Nord riche et trop heureux. C'est ainsi que s'énonce, maintenant, le bras de fer du monde moderne. Vision apocalyptique, enjeux stratégiques : on appuie sur le bouton au Nord pour mettre fin au monde ; au Sud, on lance des chaloupes de migrants contre les hauts murs ébréchés des démocraties du Nord, pour le même désir de domination.
La tension actuelle entre la France et l'Algérie, par exemple, bien qu'elle se drape de « mémoire » et de légitimité intérieure des deux côtés, ne masque pas la réalité mécanique : il s'agit de migrants, d'OQTF, d'expulsions impossibles et de rapatriements refusés au nom du bras de fer et des démonstrations de force.
Le monopole occidental de la contrition
Le Sud sait maintenant qu'il a l'avantage du nombre, qu'il constitue le « flux ». Il estime que le Nord ne peut plus « tirer » dans le tas comme par le passé, laisser se noyer des milliers de personnes dans ses eaux territoriales, et qu'il va vite se flageller – ou se faire fouetter par ses élites –, contrairement aux pays qui expulsent des migrants d'Afrique subsaharienne au beau milieu de leur désert, tout en manifestant contre les massacres à Gaza dans leurs capitales. Depuis quelques décennies, on a bien progressé sur le plan de la conscience, de la culpabilité et de l'usage du remords occidental. Les ingénieurs de la culpabilisation en Occident sont devenus plus performants.
L'Occident est maintenant paralysé par sa démocratie, son histoire co-lo-niale, ses élites, la responsabilité universelle, la moralité, les lois ou l'humanisme, ainsi que par le monopole de la contrition. Il répond à la menace par ses radicaux identitaires ou ses agenouillements.
L'arme du flux migratoire en provenance du Sud et des refus de rapatriement est bien là. Prête à être actionnée. Cette semaine, en Tunisie, par exemple, des « militants » mènent campagne contre les accords signés avec l'Italie de Meloni, notamment pour « faire barrage » à la migration clandestine venant d'Afrique. Citant l'affirmation du ministre italien de l'Intérieur, qui se réjouissait de la baisse jusqu'à 80 % des arrivées de ces migrants sur son sol, ces « militants » déplorent que la Tunisie soit devenue, de ce fait, le pays d'accueil des migrants subsahariens. Ils réclament que ces accords soient rompus.
L'arme fatale du Sud
Le racisme est adouci par la rhétorique du devoir de sol. Mais on sait que, souvent, il n'y a qu'en Occident que c'est un crime. Le refus de sous-traiter la migration clandestine, de « rapatrier », devient maintenant l'arme fatale du Sud contre le Nord.
Étrange paradoxe : ce sont les pays se réclamant d'un hypernationalisme fier et non négociable, brandissant l'identité et l'appartenance comme des vertus cardinales après des guerres de décolonisation, qui refusent de reprendre leurs propres enfants en déshérence ou bien d'accueillir les « autres » encore plus miséreux – ceux-là mêmes qui « ressemblent » le plus à leurs concitoyens quittant la misère et les manques de liberté.
Tragique déni du réel aussi bien que des souffrances de la condition humaine, au nom de la condition « historique ». C'est maintenant avec la chair de ses enfants que l'on fabrique le « nucléaire des pauvres » pour menacer l'Occident.
Occident ? C'est surtout le nucléaire, sa dissuasion, sa menace. Le Sud ? Ça sera donc la démographie et son effet secondaire, l'invasion migratoire du Nord riche et trop heureux. C'est ainsi que s'énonce, maintenant, le bras de fer du monde moderne. Vision apocalyptique, enjeux stratégiques : on appuie sur le bouton au Nord pour mettre fin au monde ; au Sud, on lance des chaloupes de migrants contre les hauts murs ébréchés des démocraties du Nord, pour le même désir de domination.
La tension actuelle entre la France et l'Algérie, par exemple, bien qu'elle se drape de « mémoire » et de légitimité intérieure des deux côtés, ne masque pas la réalité mécanique : il s'agit de migrants, d'OQTF, d'expulsions impossibles et de rapatriements refusés au nom du bras de fer et des démonstrations de force.
Le monopole occidental de la contrition
Le Sud sait maintenant qu'il a l'avantage du nombre, qu'il constitue le « flux ». Il estime que le Nord ne peut plus « tirer » dans le tas comme par le passé, laisser se noyer des milliers de personnes dans ses eaux territoriales, et qu'il va vite se flageller – ou se faire fouetter par ses élites –, contrairement aux pays qui expulsent des migrants d'Afrique subsaharienne au beau milieu de leur désert, tout en manifestant contre les massacres à Gaza dans leurs capitales. Depuis quelques décennies, on a bien progressé sur le plan de la conscience, de la culpabilité et de l'usage du remords occidental. Les ingénieurs de la culpabilisation en Occident sont devenus plus performants.
L'Occident est maintenant paralysé par sa démocratie, son histoire co-lo-niale, ses élites, la responsabilité universelle, la moralité, les lois ou l'humanisme, ainsi que par le monopole de la contrition. Il répond à la menace par ses radicaux identitaires ou ses agenouillements.
L'arme du flux migratoire en provenance du Sud et des refus de rapatriement est bien là. Prête à être actionnée. Cette semaine, en Tunisie, par exemple, des « militants » mènent campagne contre les accords signés avec l'Italie de Meloni, notamment pour « faire barrage » à la migration clandestine venant d'Afrique. Citant l'affirmation du ministre italien de l'Intérieur, qui se réjouissait de la baisse jusqu'à 80 % des arrivées de ces migrants sur son sol, ces « militants » déplorent que la Tunisie soit devenue, de ce fait, le pays d'accueil des migrants subsahariens. Ils réclament que ces accords soient rompus.
L'arme fatale du Sud
Le racisme est adouci par la rhétorique du devoir de sol. Mais on sait que, souvent, il n'y a qu'en Occident que c'est un crime. Le refus de sous-traiter la migration clandestine, de « rapatrier », devient maintenant l'arme fatale du Sud contre le Nord.
Étrange paradoxe : ce sont les pays se réclamant d'un hypernationalisme fier et non négociable, brandissant l'identité et l'appartenance comme des vertus cardinales après des guerres de décolonisation, qui refusent de reprendre leurs propres enfants en déshérence ou bien d'accueillir les « autres » encore plus miséreux – ceux-là mêmes qui « ressemblent » le plus à leurs concitoyens quittant la misère et les manques de liberté.
Tragique déni du réel aussi bien que des souffrances de la condition humaine, au nom de la condition « historique ». C'est maintenant avec la chair de ses enfants que l'on fabrique le « nucléaire des pauvres » pour menacer l'Occident.
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