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Un "grand tabou de la Seconde Guerre mondiale", les viols commis par les soldats américains lors de la Libération

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  • Un "grand tabou de la Seconde Guerre mondiale", les viols commis par les soldats américains lors de la Libération

    À la Libération, 152 soldats américains seront jugés pour le viol de femmes françaises. Un nombre largement sous-estimé selon les spécialistes. 80 ans après les faits, Aimée Dupré brise le silence sur le viol de sa mère par des soldats américains. [Article initialement publié le 6 mai 2024]
    Pendant 80 ans, Aimée Dupré a préféré garder le silence sur le viol de sa mère en 1944. Mais elle ne veut plus se taire : le viol a été commis par deux soldats américains, un "fait de guerre".
    Le 6 juin 1944, 156.000 soldats américains, britanniques et français débarquent sur les plages de Normandie. Dans son petit village breton, à Montours (Ille-et-Vilaine), Aimée a 19 ans et comme tous ses voisins, elle se réjouit de l'arrivée de ces "libérateurs", qui annonce la fin de l'occupation allemande.
    Mais très vite, elle déchante. Le soir du 10 août, deux G.I. --le surnom donné aux soldats américains-- entrent dans la ferme familiale. "Ils étaient ivres et il leur fallait une femme", résume pudiquement à l'AFP Aimée, désormais âgée de 99 ans.
    "Pour ne rien oublier"
    D'un meuble ancien, elle tire une lettre que sa mère, Aimée Helaudais Honoré, a écrite à sa fille, "pour ne rien oublier". D'une écriture soignée, la fermière raconte d'abord comment les soldats ont tiré sur son mari, les balles trouant son béret, puis se sont dirigés, menaçants, vers sa fille.
    "Je suis sortie pour la protéger et ils m'ont emmenée dans les champs. Ils m'ont violée quatre fois chacun, en tournant", retrace-t-elle.
    Quatre-vingts ans plus tard, la voix de sa fille se brise en la lisant. "Oh, maman, tu as souffert, et moi aussi, j'y pense tous les jours", murmure-t-elle.
    "Maman s'est sacrifiée pour me protéger. Pendant qu'ils la violaient, nous attendions dans la nuit sans savoir si elle reviendrait vivante ou s'ils la fusilleraient."

    En octobre 1944, à la fin de la décisive Bataille de Normandie, les autorités militaires américaines ont jugé 152 soldats pour le viol de femmes françaises.
    Un nombre "largement sous-estimé" , affirme Mary Louise Roberts, l'une des rares historiennes à s'être penchée sur ce "grand tabou de la Seconde Guerre mondiale".
    "Beaucoup de femmes ont préféré se taire : en plus de la honte liée au viol, l'atmosphère était à la joie, à la célébration des libérateurs ", explique-t-elle.

    Pour motiver les G.I. à combattre si loin de chez eux, "l'armée leur a promis une France peuplée de femmes faciles", souligne la spécialiste américaine.
    Le journal Stars and Stripes, publié par les forces armées américaines et lu avidement par les milliers de soldats déployés en Europe, regorge ainsi de photos de Françaises embrassant les libérateurs.
    "Les Françaises sont folles des Yankees (...) voilà ce pour quoi nous nous battons", titre le journal le 9 septembre 1944.

    "La perspective du sexe motivait les soldats américains à combattre. Et c'était, notamment via la prostitution et le viol, une manière de dominer la France, dominer les hommes français qui avaient été incapables de protéger leur pays et leurs femmes face aux Allemands", explique Mme Roberts.
    "On peut estimer que des centaines, voire des milliers d'autres viols par des soldats américains n'ont pas été signalés entre 1944 et le départ des G.I. en avril 1946."

    Catherine gardera en elle "ce secret qui l'a empoisonnée toute sa vie" jusqu'à l'approche de sa mort, confie Jeannine Plassard, l'une de ses filles.
    Sur son lit d'hôpital, "elle m'a dit : j'ai été violée pendant la guerre, à la Libération. Je lui ai demandé : as-tu réussi à en parler à quelqu'un ? Elle m'a dit : en parler à quelqu'un ? Mais c'était la Libération, tout le monde était content, je n'allais pas raconter quelque chose comme ça, je n'allais pas être crue !"

    Dans son livre "O.K. Joe !", paru en 1976, l'écrivain Louis Guilloux parle de son expérience comme traducteur au sein des troupes américaines après le Débarquement.


  • #2
    Pourquoi on dit qu'une guerre est sale , c'est parce que tout ce qui est interdit par la loi , devient "autorisé" par la guerre ; le monde d'aujourd'hui est gouverné par des fous et qui n'ont jamais vécu une guerre , ils pensent qu'ils peuvent qu'ils peuvent détruire et tuer sans en subir des dommages
    Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre.
    (Paul Eluard)

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