Jean-Luc Mélenchon aime l'Histoire. Il est certain qu'il connaît le jugement de Pierre-Victurnien Vergniaud : « La Révolution est comme Saturne : elle dévore ses propres enfants. » À la lecture de « La Meute », de Charlotte Belaïch et Olivier Pérou, on songe au jugement du président de la Convention nationale. La France insoumise, qui règne sur la gauche depuis 2017, n'échappe pas à la règle de tout mouvement qui se veut révolutionnaire. Les deux journalistes pointent dans une enquête implacable, clinique et sévère, sans être à charge gratuitement, la dérive, parfois sectaire, de LFI : culte du chef, paranoïa, système de peur, menaces, purge des opposants...
« En février 1961, François Mitterrand rentre d’un voyage d’un mois en Chine avec un précepte de Mao Zedong qu’il n’oubliera pas : « Il faut régulièrement renouveler ses cadres. » La maxime a traversé les générations, expliquent les deux auteurs. Soixante ans plus tard, un collaborateur parlementaire insoumis tisse le fil, tout sourire : "Jean-Luc Mélenchon, c’est Mao. Il lance son mouvement avec des cadres qu’il finit par désavouer en disant que ce sont des traîtres." » Opposant effacé des photos, textos incendiaires, attaques sur les réseaux sociaux... La méthode est bien rodée : Clémentine Autain, Raquel Garrido, Alexis Corbière, François Ruffin, François Cocq, etc.
Zig-zag idéologique
Au-delà de cette vie de parti radicalisée - les tripatouillages et les haines recuites du RPR et du PS semblent des enfantillages -, l'ouvrage de Belaïch et Pérou dresse un portrait terrible de Jean-Luc Mélenchon. Depuis la mort de François Delapierre - l'inventeur du « bruit et la fureur » pour légitimer son caractère et ses crises de colère - et Bernard Pignerol, le leader insoumis n'a plus aucun contre-pouvoir et demande l'obéissance et la déférence totales à sa personne et à ses affidés. Ces Insoumis sont, en fait, très soumis... à Jean-Luc Mélenchon.
L'ancien sénateur est adepte du zig-zag idéologique, obsédé par la conquête du pouvoir et l'âge qui avance. La stratégie est simple : « On démarre sur le modèle sud-américain : la première candidature, c’est une surprise, ils font 10. La deuxième, ils sont à touche-touche. Et la troisième, tout le monde s’unit pour leur faire la peau et ils gagnent », explique le triple candidat à la présidentielle qui a surpris en 2012, dominé en 2017... mais échoué en 2022 à 400 000 voix du second tour.
« Le pouvoir est dans la mise en mots », a l'habitude de dire Mélenchon. Pour rattraper ce retard, notent les auteurs, il a changé son discours, rangé sa laïcité, utilisé le terme d'islamophobie qu'il abhorrait, visé les banlieues et cultivé une ambiguïté avec le Hamas. « Je n’ai jamais vu un homme des Lumières aussi éclairé que lui, il a tout trahi », souligne Éric Benzekri, ancien condisciple de Mélenchon et scénariste de Baron noir. « Il n’y a pas plus électoraliste que moi », avoue l'ancien député de Marseille, cité dans le livre.
Crainte d'être assassiné
Son « faites mieux » au soir du premier tour de 2022 était une gageure : il a 2027 en tête, convaincu que la quatrième sera la bonne. Si sa « Meute » croit toujours en lui et n'a d'yeux (Dieu ?) que pour lui - jusqu'à consulter le même médecin généraliste que lui ! -, l'équation politique semble impossible. Comment faire l'union quand on a la division comme stratégie ? Les sondages le donnent perdant même contre le Rassemblement national.
Il se rêve en Mitterrand, mais a peur de finir comme Jaurès. « Quand il s’installe dans un bistrot, il ne s’assied jamais dos à la rue. Jean-Luc Mélenchon a toujours en tête le destin funeste de Jean Jaurès, assassiné dans un café, en 1914, concluent les auteurs. Le fondateur de LFI est un homme angoissé, inquiet du temps qui passe, avec la solitude comme camarade. » La Révolution dévore aussi ses parents.
Source : paris Match -08/05/2025
« En février 1961, François Mitterrand rentre d’un voyage d’un mois en Chine avec un précepte de Mao Zedong qu’il n’oubliera pas : « Il faut régulièrement renouveler ses cadres. » La maxime a traversé les générations, expliquent les deux auteurs. Soixante ans plus tard, un collaborateur parlementaire insoumis tisse le fil, tout sourire : "Jean-Luc Mélenchon, c’est Mao. Il lance son mouvement avec des cadres qu’il finit par désavouer en disant que ce sont des traîtres." » Opposant effacé des photos, textos incendiaires, attaques sur les réseaux sociaux... La méthode est bien rodée : Clémentine Autain, Raquel Garrido, Alexis Corbière, François Ruffin, François Cocq, etc.
Zig-zag idéologique
Au-delà de cette vie de parti radicalisée - les tripatouillages et les haines recuites du RPR et du PS semblent des enfantillages -, l'ouvrage de Belaïch et Pérou dresse un portrait terrible de Jean-Luc Mélenchon. Depuis la mort de François Delapierre - l'inventeur du « bruit et la fureur » pour légitimer son caractère et ses crises de colère - et Bernard Pignerol, le leader insoumis n'a plus aucun contre-pouvoir et demande l'obéissance et la déférence totales à sa personne et à ses affidés. Ces Insoumis sont, en fait, très soumis... à Jean-Luc Mélenchon.
L'ancien sénateur est adepte du zig-zag idéologique, obsédé par la conquête du pouvoir et l'âge qui avance. La stratégie est simple : « On démarre sur le modèle sud-américain : la première candidature, c’est une surprise, ils font 10. La deuxième, ils sont à touche-touche. Et la troisième, tout le monde s’unit pour leur faire la peau et ils gagnent », explique le triple candidat à la présidentielle qui a surpris en 2012, dominé en 2017... mais échoué en 2022 à 400 000 voix du second tour.
« Le pouvoir est dans la mise en mots », a l'habitude de dire Mélenchon. Pour rattraper ce retard, notent les auteurs, il a changé son discours, rangé sa laïcité, utilisé le terme d'islamophobie qu'il abhorrait, visé les banlieues et cultivé une ambiguïté avec le Hamas. « Je n’ai jamais vu un homme des Lumières aussi éclairé que lui, il a tout trahi », souligne Éric Benzekri, ancien condisciple de Mélenchon et scénariste de Baron noir. « Il n’y a pas plus électoraliste que moi », avoue l'ancien député de Marseille, cité dans le livre.
Crainte d'être assassiné
Son « faites mieux » au soir du premier tour de 2022 était une gageure : il a 2027 en tête, convaincu que la quatrième sera la bonne. Si sa « Meute » croit toujours en lui et n'a d'yeux (Dieu ?) que pour lui - jusqu'à consulter le même médecin généraliste que lui ! -, l'équation politique semble impossible. Comment faire l'union quand on a la division comme stratégie ? Les sondages le donnent perdant même contre le Rassemblement national.
Il se rêve en Mitterrand, mais a peur de finir comme Jaurès. « Quand il s’installe dans un bistrot, il ne s’assied jamais dos à la rue. Jean-Luc Mélenchon a toujours en tête le destin funeste de Jean Jaurès, assassiné dans un café, en 1914, concluent les auteurs. Le fondateur de LFI est un homme angoissé, inquiet du temps qui passe, avec la solitude comme camarade. » La Révolution dévore aussi ses parents.
Source : paris Match -08/05/2025
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