Les chauffeurs sont là et les véhicules aussi, dont on a chargé l’un d’eux de carburant de réserve.
Je prends place avec l’équipe médicale. Le convoi s’ébranle en direction de Bordj Badji-Mokhtar. Sur la route qui mène à Reggane, une multitude de ksour semblent nous inviter à venir les découvrir et connaître leurs habitants dont l’hospitalité est légendaire.
Ils sont nombreux et tous sont entourés de palmeraies qui délimitent des lopins de terre où chacun cultive légumes et tabac : Tamentit, Makra, Djedid, Moulay Omar, Fenoughil, Tamenst, Ikkis, Aghil, Zaglou, ZaouIi Kounta, Bouali, In Zegmir Sali et enfin Reggane.
Tous défilent en longeant l’ancien oued de la Saoura et tous regorgent d’histoires et de secrets que détiennent les marabouts auxquels une fête annuelle appelée ziarra est consacrée. Cette ziara s’étale sur deux jours. La première journée «el-mize», la deuxième où l’on célèbre la fatha. Les soirées sont animées par le «tbal» et les troupes folkloriques où les fusils se font entendre à des kilomètres à la ronde sous un ciel limpide, criblé d’étoiles scintillantes.
La tenue de rigueur étant la gandoura et le chèche. A Reggane, nous marquons une courte pause puis sans tarder, on s’élance vers le PK 50.
Nous venons de parcourir 140 km et il nous reste encore 650 km. La route est goudronnée jusqu’au Pk50 où un contrôle militaire est établi. Les papiers sont présentés et après une brève vérification, le convoi repart. A partir du Pk50, la piste prend le relais et il faut vraiment avoir les reins solides pour tenir le coup. C’est le plat absolu. Pas d’arbres, pas de pierres. La terre et le ciel bleu qui se dessine au loin à l’horizon et l’astre solaire qui règne en maître incontestable sur cet immense désert.
Il est un peu plus de midi quand nous décidons de nous arrêter pour ménager nos «montures» (véhicules) et nous dégourdir les jambes.
Chacun trouvait quelque chose à faire. Plusieurs, armés de caméras et d’appareils photo, saisissent cette opportunité afin d’immortaliser cet instant magique.
D’autres s’affairent à préparer des sandwiches. Le bois, ramassé la veille, crépite sous les flammes et la théière gémit lentement sous les braises qu’attise un médecin. Le thé fera un bon effet.
Après s’être rassasié et avoir dégusté ce fameux thé, nous reprenons la route. Une piste ondulée qui s’étale à perte de vue où parfois le «fechfech», genre de sable fin que soulèvent les véhicules, pénètre jusqu’aux narines. Certains ayant omis de se munir de chèche le regrettent amèrement. Il faut savoir s’équiper. De temps à autre, on croise de gros camions chargés de cheptel et de denrées alimentaires.
Un long klaxon est synonyme de salut. Ici, par contre sur cette large piste, la solidarité est courante et de rigueur et on n’abandonne jamais quelqu’un en panne. A mesure que l’on s’enfonce dans cet endroit hostile et désolé, on ressent une étrange impression. Celle de nous rendre compte que notre pays est vaste et que dans cette contrée lointaine, le vide est total et le calme et la sérénité contrastent avec le tohu-bohu des villes.
Ici pas de stress. Si pour nous, ce voyage représente une véritable aventure, pour nos chauffeurs, bien aguerris et plus expérimentés, c’est une randonnée comme tant d’autres. Lorsque le vent de sable se lève, naviguer requiert une vraie connaissance du terrain. Parfois, on est obligé de s’arrêter et de patienter jusqu’à l’accalmie. Heureusement, nos chauffeurs n’ont aucune peine à s’orienter et on leur fait confiance. Après quelques heures de sable, de poussière, de secousses — tout le monde se contorsionnait, on arrive enfin au Pk 400 où des militaires, chargés de la surveillance, opèrent un deuxième contrôle. Ce qui nous permet de souffler un tant soit peu. Puis l’inévitable parcours reprend. Il reste encore 400 km à parcourir.
Il est plus de 16 heures quand on décide de s’arrêter. Le feu est vite allumé et l’incontournable et indispensable théière surgit, signe d’une bonne remise en forme. Chacun scrute, observe, admire ce paysage qu’un silence abyssal enveloppe et en fait un endroit mythique, mystérieux, étrange. Pour ceux qui sont là pour la première fois, c’est le summum de l’émerveillement. Ces spécialistes et médecins qui ont vécu tout au nord vivent un véritable changement. De l’extrême nord à l’extrême sud.
La chaleur se fait moins sentir et nous rappelle qu’il est temps d’embarquer : juste le temps d’ajouter du carburant. Nos 4x4 s’élancent en avalant des kilomètres et des kilomètres. Se désaltérer est très important. Nous sommes sur la route depuis 8h30 et ce n’est pas encore fini.
La piste large et étendue nous marque et nous prouve que la nature est la plus forte. Le soleil commence à se consumer et un filet écarlate indique le coucher du soleil devant lequel nous demeurons contemplatifs et admiratifs. C’est la féerie de notre Sud : le phénomène est à la limite du réel. Puis soudain, c’est le goudron. Il reste encore 100 bornes à faire. Il est plus de 20 heures quand nous arrivons à destination. Enfin Bordj-Badji-Mokhtaraprès 12 heures de trajet. Complètement épuisés et avachis mais satisfaits d’avoir pris notre revanche. Le chef de daïra et le président d’APC sont là pour nous accueillir et nous souhaiter la bienvenue Nous prenons congé d’eux et rendez-vous est pris pour le dîner. Chacun se précipite pour se jeter sous l’eau, source bienfaitrice, afin de retrouver un peu de forme. Puis tout ce beau monde se retrouve pour le dîner. De temps à autre, une anecdote vient ponctuer ces bavardages et le rire se répand. La fatigue commence à se faire sentir sur les visages de l’équipée largement éprouvée par le voyage et chacun se retire pour aller retrouver son lit et dormir, dormir pour être en forme pour le lendemain.
Bordj-Badji-Mokhtar a toute une histoire. Un Français nommé Laprieur entreprit de creuser un puits. Puis un fort fut construit tout près. Ce fort sera appelé fort Laprieur.Après l’indépendance, fort Laprieur devint Bordj-Badji-Mokhtar.
Bordj-Badji-Mokhtar compte aujourd’hui entre 10 et 1 200 habitants selon les saisons. Les maisons en toub côtoient étrangement les constructions en dur peintes en rouge, couleur typique et distinctive de la région. Il y a quelques années, il n’y avait rien. Aujourd’hui, le village a changé, plusieurs routes sont goudronnées, le reste suivra, l’électricité existe et l’eau potable coule dans les robinets.
Le téléphone fixe et le réseau Mobilis permettent de sortir de l’isolement et les antennes paraboliques assurent une bonne ouverture sur le monde extérieur. Les trottoirs entièrement refaits par endroits contribuent à une bonne et meilleure organisation de la circulation. Même Nedjma pour le mobile sera présente dans les semaines ou les mois qui viennent. L’agriculture demeure cependant la grande absente et la dépendance du chef-lieu se fait rudement sentir. Le kilo de viande coûte 200 DA , en revanche la pomme de terre est à… 150 DA. Tel est le prix à payer pour cette contrée très éloignée. Les magasins d’alimentation, de confection, de quincaillerie, les restaurants fleurissent un peu partout et les cafés permettent aux jeunes de griller une cigarette sur les terrasses et de déguster un thé mousseux.
Ici, la cartouche de cigarettes est vendue à 200 DA. De quoi donner l’envie de fumer ! La tenue vestimentaire qu’arbore la population est essentiellement composée d’un bazan (genre de gandoura très large) et d’un chèche (turban). La nourriture qui prédomine est sans aucun doute la viande, le couscous, et le fameux lait de chamelle qui constitue un élément très nutritif et très savouré.
Bordj-Badji-Mokhtar est en train de s’épanouir et de sortir de sa léthargie. Le village dispose d’un petit aéroport où des fokkers assurent une liaison hebdomadaire à destination d’Adrar. Bientôt Bordj-Badji-Mokhtar sera ralliée à Alger. Un désengorgement qui apportera beaucoup à cette population dont 80% parlent uniquement le targui. Cinq écoles primaires et un CEM assurent aux apprenants une bonne éducation et nombreux sont ceux qui réussissent. D’ailleurs, le taux de réussite au BEM est parmi les meilleurs au niveau de la wilaya.
Je prends place avec l’équipe médicale. Le convoi s’ébranle en direction de Bordj Badji-Mokhtar. Sur la route qui mène à Reggane, une multitude de ksour semblent nous inviter à venir les découvrir et connaître leurs habitants dont l’hospitalité est légendaire.
Ils sont nombreux et tous sont entourés de palmeraies qui délimitent des lopins de terre où chacun cultive légumes et tabac : Tamentit, Makra, Djedid, Moulay Omar, Fenoughil, Tamenst, Ikkis, Aghil, Zaglou, ZaouIi Kounta, Bouali, In Zegmir Sali et enfin Reggane.
Tous défilent en longeant l’ancien oued de la Saoura et tous regorgent d’histoires et de secrets que détiennent les marabouts auxquels une fête annuelle appelée ziarra est consacrée. Cette ziara s’étale sur deux jours. La première journée «el-mize», la deuxième où l’on célèbre la fatha. Les soirées sont animées par le «tbal» et les troupes folkloriques où les fusils se font entendre à des kilomètres à la ronde sous un ciel limpide, criblé d’étoiles scintillantes.
La tenue de rigueur étant la gandoura et le chèche. A Reggane, nous marquons une courte pause puis sans tarder, on s’élance vers le PK 50.
Nous venons de parcourir 140 km et il nous reste encore 650 km. La route est goudronnée jusqu’au Pk50 où un contrôle militaire est établi. Les papiers sont présentés et après une brève vérification, le convoi repart. A partir du Pk50, la piste prend le relais et il faut vraiment avoir les reins solides pour tenir le coup. C’est le plat absolu. Pas d’arbres, pas de pierres. La terre et le ciel bleu qui se dessine au loin à l’horizon et l’astre solaire qui règne en maître incontestable sur cet immense désert.
Il est un peu plus de midi quand nous décidons de nous arrêter pour ménager nos «montures» (véhicules) et nous dégourdir les jambes.
Chacun trouvait quelque chose à faire. Plusieurs, armés de caméras et d’appareils photo, saisissent cette opportunité afin d’immortaliser cet instant magique.
D’autres s’affairent à préparer des sandwiches. Le bois, ramassé la veille, crépite sous les flammes et la théière gémit lentement sous les braises qu’attise un médecin. Le thé fera un bon effet.
Après s’être rassasié et avoir dégusté ce fameux thé, nous reprenons la route. Une piste ondulée qui s’étale à perte de vue où parfois le «fechfech», genre de sable fin que soulèvent les véhicules, pénètre jusqu’aux narines. Certains ayant omis de se munir de chèche le regrettent amèrement. Il faut savoir s’équiper. De temps à autre, on croise de gros camions chargés de cheptel et de denrées alimentaires.
Un long klaxon est synonyme de salut. Ici, par contre sur cette large piste, la solidarité est courante et de rigueur et on n’abandonne jamais quelqu’un en panne. A mesure que l’on s’enfonce dans cet endroit hostile et désolé, on ressent une étrange impression. Celle de nous rendre compte que notre pays est vaste et que dans cette contrée lointaine, le vide est total et le calme et la sérénité contrastent avec le tohu-bohu des villes.
Ici pas de stress. Si pour nous, ce voyage représente une véritable aventure, pour nos chauffeurs, bien aguerris et plus expérimentés, c’est une randonnée comme tant d’autres. Lorsque le vent de sable se lève, naviguer requiert une vraie connaissance du terrain. Parfois, on est obligé de s’arrêter et de patienter jusqu’à l’accalmie. Heureusement, nos chauffeurs n’ont aucune peine à s’orienter et on leur fait confiance. Après quelques heures de sable, de poussière, de secousses — tout le monde se contorsionnait, on arrive enfin au Pk 400 où des militaires, chargés de la surveillance, opèrent un deuxième contrôle. Ce qui nous permet de souffler un tant soit peu. Puis l’inévitable parcours reprend. Il reste encore 400 km à parcourir.
Il est plus de 16 heures quand on décide de s’arrêter. Le feu est vite allumé et l’incontournable et indispensable théière surgit, signe d’une bonne remise en forme. Chacun scrute, observe, admire ce paysage qu’un silence abyssal enveloppe et en fait un endroit mythique, mystérieux, étrange. Pour ceux qui sont là pour la première fois, c’est le summum de l’émerveillement. Ces spécialistes et médecins qui ont vécu tout au nord vivent un véritable changement. De l’extrême nord à l’extrême sud.
La chaleur se fait moins sentir et nous rappelle qu’il est temps d’embarquer : juste le temps d’ajouter du carburant. Nos 4x4 s’élancent en avalant des kilomètres et des kilomètres. Se désaltérer est très important. Nous sommes sur la route depuis 8h30 et ce n’est pas encore fini.
La piste large et étendue nous marque et nous prouve que la nature est la plus forte. Le soleil commence à se consumer et un filet écarlate indique le coucher du soleil devant lequel nous demeurons contemplatifs et admiratifs. C’est la féerie de notre Sud : le phénomène est à la limite du réel. Puis soudain, c’est le goudron. Il reste encore 100 bornes à faire. Il est plus de 20 heures quand nous arrivons à destination. Enfin Bordj-Badji-Mokhtaraprès 12 heures de trajet. Complètement épuisés et avachis mais satisfaits d’avoir pris notre revanche. Le chef de daïra et le président d’APC sont là pour nous accueillir et nous souhaiter la bienvenue Nous prenons congé d’eux et rendez-vous est pris pour le dîner. Chacun se précipite pour se jeter sous l’eau, source bienfaitrice, afin de retrouver un peu de forme. Puis tout ce beau monde se retrouve pour le dîner. De temps à autre, une anecdote vient ponctuer ces bavardages et le rire se répand. La fatigue commence à se faire sentir sur les visages de l’équipée largement éprouvée par le voyage et chacun se retire pour aller retrouver son lit et dormir, dormir pour être en forme pour le lendemain.
Bordj-Badji-Mokhtar a toute une histoire. Un Français nommé Laprieur entreprit de creuser un puits. Puis un fort fut construit tout près. Ce fort sera appelé fort Laprieur.Après l’indépendance, fort Laprieur devint Bordj-Badji-Mokhtar.
Bordj-Badji-Mokhtar compte aujourd’hui entre 10 et 1 200 habitants selon les saisons. Les maisons en toub côtoient étrangement les constructions en dur peintes en rouge, couleur typique et distinctive de la région. Il y a quelques années, il n’y avait rien. Aujourd’hui, le village a changé, plusieurs routes sont goudronnées, le reste suivra, l’électricité existe et l’eau potable coule dans les robinets.
Le téléphone fixe et le réseau Mobilis permettent de sortir de l’isolement et les antennes paraboliques assurent une bonne ouverture sur le monde extérieur. Les trottoirs entièrement refaits par endroits contribuent à une bonne et meilleure organisation de la circulation. Même Nedjma pour le mobile sera présente dans les semaines ou les mois qui viennent. L’agriculture demeure cependant la grande absente et la dépendance du chef-lieu se fait rudement sentir. Le kilo de viande coûte 200 DA , en revanche la pomme de terre est à… 150 DA. Tel est le prix à payer pour cette contrée très éloignée. Les magasins d’alimentation, de confection, de quincaillerie, les restaurants fleurissent un peu partout et les cafés permettent aux jeunes de griller une cigarette sur les terrasses et de déguster un thé mousseux.
Ici, la cartouche de cigarettes est vendue à 200 DA. De quoi donner l’envie de fumer ! La tenue vestimentaire qu’arbore la population est essentiellement composée d’un bazan (genre de gandoura très large) et d’un chèche (turban). La nourriture qui prédomine est sans aucun doute la viande, le couscous, et le fameux lait de chamelle qui constitue un élément très nutritif et très savouré.
Bordj-Badji-Mokhtar est en train de s’épanouir et de sortir de sa léthargie. Le village dispose d’un petit aéroport où des fokkers assurent une liaison hebdomadaire à destination d’Adrar. Bientôt Bordj-Badji-Mokhtar sera ralliée à Alger. Un désengorgement qui apportera beaucoup à cette population dont 80% parlent uniquement le targui. Cinq écoles primaires et un CEM assurent aux apprenants une bonne éducation et nombreux sont ceux qui réussissent. D’ailleurs, le taux de réussite au BEM est parmi les meilleurs au niveau de la wilaya.
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