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Algérie : une stratégie industrielle sans le patronat ?

mercredi 24 janvier 2007, par Souad

L’élaboration de la nouvelle stratégie industrielle de l’Algérie fait face à l’opposition du patronat algérien qui déplore que le gouvernement Belkhadem ne l’ait pas associé au processus.

Abdelaziz Belkhadem, Algérie.

« Nous n’avons jamais été consultés alors que nous sommes les premiers concernés en tant qu’acteurs économiques », a déploré le président de la Confédération nationale du patronat algérien, M. Mohamed Saïd Naït-Abdelaziz, lors d’une rencontre-débat tenue au siège d’El-Moudjahid. Pour sa part, le secrétaire général de la Fédération des textiles, M. Amar Takdjout, a affirmé que son organisation aurait souhaité que l’Etat associe tous les partenaires économiques et sociaux pour l’élaboration de la stratégie industrielle, comme il avait fait pour le pacte économique et social. M. Takdjout a averti, par ailleurs, que le secteur industriel va très mal. « De l’industrie agroalimentaire à l’industrie mécanique, rien ne fonctionne. Nous avons tendance à penser qu’aucune activité industrielle ne peut avoir sa place en Algérie », a-t-il regretté, ajoutant que des menuiseries ferment à l’est et à l’ouest du pays, au moment où l’Etat a entamé le vaste programme de un million de logements.

S’agissant toujours de la concertation entre le gouvernement et ses partenaires économiques et sociaux, le vice-président du Forum des chefs d’entreprise, M. Réda Hamiani, a estimé que la tripartite a toujours été « un champ médiatique qui associe les partenaires pendant une longue nuit pour un dialogue marathon », alors que les industriels veulent « une concertation sereine et permanente sur la conjoncture économique du pays ». Cet ancien ministre de la PME a estimé que l’économie algérienne traverse une mauvaise période malgré sa santé financière. « Certes, l’Algérie a engrangé 52 milliards de dollars de recettes d’exportation, mais ce résultat serein voile une réalité morose, car l’Algérie tire 98 % de ses recettes des exportations du gaz et du pétrole.

En parallèle, il y a une destruction de l’économie nationale en amont, une désindustrialisation rampante qui gagne tous les secteurs d’activités », a-t-il averti. Chiffres à l’appui, M. Hamiani a affirmé qu’en 2005, les industries manufacturières ne représentaient que 6,5 % du PIB, contre 18 % en 2002. « Ce résultat dénote le cortège des entreprises qui ferment et qui perdent leurs parts de marché au profit des entreprises étrangères qui inondent le marché algérien par leurs produits », a-t-il conclu. Evoquant la stratégie industrielle, thème de la rencontre, M. Hamiani a remis en cause les avis des organisations patronales, estimant que celles-ci devraient prendre des initiatives sans attendre que l’Etat les invite à participer à l’élaboration de stratégie. Concernant la phase transitoire que traverse le pays, M. Hamiani a jugé que l’Algérie est le seul pays au monde qui applique à la règle les consignes du libéralisme édictées par le FMI et la Banque mondiale, même quand ces consignes vont à l’encontre de ses intérêts.

Synthèse de Souad, algerie-dz.com
D’après le Jeune Indépendant