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Banque mondiale : Wolfowitz veut une équipe "multinationale"

mercredi 30 mars 2005, par Hassiba

Le candidat américain à la présidence de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz, a affirmé mercredi à Bruxelles qu’il voulait une équipe "véritablement multinationale" à la tête de l’institution, sans promettre publiquement de vice-présidence aux Européens.

Les dirigeants européens réunis la semaine dernière au sommet de Bruxelles étaient apparus résignés à le voir succéder à James Wolfensohn à la tête de la Banque mondiale, traditionnellement dirigée par un Américain. Mais l’UE entend lui monnayer son soutien.

"J’entends avoir une équipe dirigeante véritablement multinationale si je deviens président de la Banque", a déclaré M. Wolfowitz à l’issue d’une rencontre avec les gouverneurs européens de la Banque mondiale.

"J’ai l’intention de rechercher les meilleurs talents partout dans le monde. Il y a de grands talents ici en Europe. Il y a des gens impressionnants dans les pays en développement et j’aurai besoin de toute l’aide possible", a-t-il ajouté.

Actuel secrétaire adjoint à la Défense des Etats-Unis, M. Wolfowitz a reconnu que son parcours politique de néo-conservateur faisait de lui une "figure controversée", mais il a juré être totalement dévoué à la "noble mission" de réduire la pauvreté et lutter pour le développement dans le monde.

Les Européens se sont réunis mercredi matin à Bruxelles avec le candidat américain à la présidence de la Banque mondiale, Paul Wolfowitz, pour tester ses engagements en matière de développement et réclamer une meilleure représentation à la tête de l’institution.

La réunion, qui devait s’achever à la mi-journée, servait de dernier tour de piste avant l’adoubement attendu jeudi à Washington de M. Wolfowitz, dont la désignation par le président des Etats-Unis George W. Bush avait été fraîchement accueillie dans l’Union européenne.

Agé de 61, l’actuel secrétaire adjoint à la Défense est l’un des chefs de file du courant néo-conservateur américain. Il avait été en 2003 l’un des artisans de la guerre en Irak.

Président en exercice de l’Union, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker a clairement posé les exigences des 25 à son arrivée à la réunion mercredi.

"Nous devons nous assurer que les Européens seront mieux représentés au conseil d’administration de la banque", a-t-il déclaré à la presse.

Il a également insisté sur le fait que le futur patron de la BM devrait fonder son travail sur les "objectifs du Millénaire".

Arrêté en septembre 2000 par les dirigeants mondiaux, ce programme ambitionne de réduire de moitié la pauvreté dans le monde d’ici 2015 et de renforcer la lutte contre des maladies comme le sida et la tuberculose, ou pour l’accès de tous à l’éducation.

S’ils se sont refusés à une nouvelle confrontation avec M. Bush, avec lequel ils viennent tout juste de se réconcilier, les Européens se montrent pour le moins prudents à l’égard du profil de Paul Wolfowitz et souhaiteraient le voir secondé par un vice-président issu de leurs rangs.

La France notamment, a ainsi "deux candidats disponibles" pour un tel poste, a indiqué mardi un diplomate français à l’AFP.

Les deux hommes sont Jean-Pierre Jouyet, président du Club de Paris, qui regroupe les pays créanciers, et Jean-Pierre Landau, auteur pour le compte de Jacques Chirac d’un rapport sur la faisabilité d’une taxe internationale pour financer le développement.

Paris souhaiterait également aux côtés de M. Wolfowitz la présence d’un expert issu d’un pays en voie de développement.

Lui-même plutôt réceptif aux desiderata des Européens, Paul Wolfowitz a affirmé dimanche au Washington Post qu’il n’avait pas de problèmes à voir un poste important à la direction de la Banque mondiale revenir à un Européen. Actuellement, le Chinois Shengman Zhang est de fait le numéro deux de la BM.

Outre MM. Wolfowitz et Juncker, la rencontre de mercredi réunissait les gouverneurs européens de la Banque mondiale, pour l’essentiel des ministres des Finances ou du Développement.

Plusieurs de ces derniers manquaient toutefois à l’appel, notamment le ministre français Thierry Breton, remplacé par le directeur du Trésor Xavier Musca.

Par AFP, lefigaro.fr