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Équipements informatiques en Algérie

samedi 24 avril 2004, par nassim

La 13e édition du Salon de l’informatique, de la bureautique et de la communication (Sicom), organisée par la Safex, est dominée par une forte participation des distributeurs et grossistes venus de toute l’Algérie.

Une grande affluence a été enregistrée ce week-end, mais la majorité des visiteurs a été intéressée par les CD-Rom éducatifs, les consommables et les accessoires. Ce qui nous donne une petite idée sur un marché à fort potentiel qui s’ouvre aux partenaires étrangers. Le secteur des télécommunications s’inscrit dans le programme de relance économique. La démarche poursuivie vise à doter le pays des nouvelles technologies de l’information et de la communication, à travers un partenariat multiforme avec les plus grandes entreprises internationales dans ce domaine.

En l’absence de statistiques officielles, il est difficile de mesurer son importance. Selon des estimations des opérateurs du secteur, quelque 5000 sociétés opèrent sur le marché, et 50 000 PC sont importés par an. Chaque année, pas moins de 250 000 imprimantes sont vendues dans notre pays. La demande est importante et augmente chaque année, selon les avis recueillis sur place. L’on note un enthousiasme chez les Algériens, notamment les jeunes, à l’utilisation des nouvelles technologies. L’effort d’appropriation des NTIC est si remarquable que la tendance pourrait se généraliser davantage, pour peu que les conditions d’accès soient plus incitatives. Le coût d’accès aux nouvelles technologies pour l’Algérien moyen est en effet encore peu abordable.

Un équipement informatique standard coûte près de cinq fois le salaire mensuel moyen (50 000 DA pour un ordinateur sans les accessoires). « La société de l’information à deux vitesses risque de devenir un souci pour le secteur privé avec, d’un côté, de grandes sociétés nationales ou privées équipées de leur intranet, et, de l’autre, des PME-PMI isolées », avertit récemment un rapport rédigé par la Banque mondiale. Les experts ont souligné à diverses occasions le fait que l’outil informatique en Algérie reste cher et qu’il doit être soutenu par le gouvernement. Ils ont également souligné l’importance des taxes imposées aux particuliers à l’achat d’un ordinateur. Une importance qui est en contradiction avec les directives des hauts responsables de l’Etat qui souhaitent que l’outil informatique soit accessible. Il faut aussi mettre en place une politique fiscale appropriée et des tarifs douaniers étudiés.

Alléger les droits de douane sur les ordinateurs et les équipements de télécommunications est nécessaire pour diffuser les TIC parmi la population. Pour assurer à chaque foyer l’accès et l’utilisation d’un ordinateur, le gouvernement pourrait établir un programme spécifique qui pourrait être élaboré en collaboration avec le secteur bancaire et les employeurs. Il devrait encourager les banques à offrir des crédits au consommateur à des taux préférentiels permettant l’acquisition d’un ordinateur aux ménages. L’Algérie doit s’inspirer de deux expériences très concluantes : en 1998, le gouvernement suédois a réformé le système d’impôts pour permettre aux employés d’acheter auprès de leurs employeurs des ordinateurs exonérés d’impôts. Le résultat fut que la Suède a connu la plus forte pénétration de l’ordinateur de toute l’Europe.
En outre, la Corée a lancé une formule de subvention des ordinateurs qui a permis à un million de ménages d’acheter leur ordinateur pour moins de 900 dollars US. Ce pays, l’un des plus communicants de la planète, a décidé de passer le cap de la démonstration. Néanmoins, il faut dire que l’accès du secteur privé aux concours bancaire est limité.

Le principal frein à l’essor du marché reste, selon les exposants, le poids de l’économie informelle qui occupe une place prépondérante dans le fonctionnement de l’économie algérienne. Des cartes contrefaites d’abonnement aux chaînes de télévision et bouquets satellite sont achetées au vu et au su de tout le monde. Les versions les plus récentes de logiciels ou progiciels sont cédées pour 2 % du prix d’une version sous licence. L’arsenal juridique existe certes, mais les poursuites judiciaires sont rarissimes. Pourtant, le marché du multimedia pourrait représenter près d’un milliard de dinars par an en Algérie (estimation Banque mondiale). L’impact sur la croissance de la diffusion et de l’utilisation efficace des TIC devrait être, selon la même source, pour 2007 « similaire à celui de la plupart des pays plus avancés : 2,75 milliards de dollars pour la valeur du marché des TIC, une moyenne de dépenses par habitant de 35 dollars US et 4,1 % du PIB ».

Par Kamel Benelkadi, El Watan