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Inflation, déficits : l’avertissement des banques centrales

vendredi 25 mars 2005, par Hassiba

Réveil de l’inflation aux États-Unis, relâchement de la rigueur budgétaire en Europe : de part et d’autre de l’Atlantique, les banques centrales sont en alerte.

Le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet a clairement mis en garde les gouvernements européens. La BCE « exercera sa mission pour préserver la stabilité monétaire en Europe ». Manière de dire qu’elle se tient prête à relever les taux d’intérêt.

Le mouvement est déjà enclenché aux États-Unis et il a reçu le soutien inhabituel, hier, du secrétaire au Trésor John Snow. Ce dernier a appelé la Réserve fédérale à la « vigilance » en matière d’inflation, en notant que la hausse des prix en février (+ 0,4%) a atteint son rythme le plus élevé depuis quatre mois.

Depuis le discours du président de la Banque centrale américaine, mardi, les paris vont bon train pour savoir si la Fed va accélérer le resserrement de sa politique monétaire. En remontant son taux directeur pour la septième fois en huit mois, Alan Greenspan a fait référence aux « pressions sur l’inflation qui s’accentuent ». Cette allusion a entraîné de fortes tensions sur les marchés obligataires, où la hausse des rendements fonctionne comme une protection contre l’inflation.

La nouvelle poussée de fièvre des cours du brut début mars n’arrange rien. Les économistes guettent par ailleurs l’annonce des créations d’emplois en mars, en estimant qu’un chiffre supérieur à 200 000 alimentera les craintes sur l’inflation.

Le président de la Fed s’est néanmoins gardé de dramatiser en constatant que les « anticipations d’inflation » restent contenues. Cela signifie que les agents économiques ne croient pas à un réel dérapage des prix. Les économistes non plus : ils prévoient en moyenne un taux des « fed funds » de 3,75% d’ici à la fin de l’année, soit seulement 1% de plus qu’aujourd’hui.

Les risques d’inflation sont beaucoup plus lointains en Europe, même si le renchérissement du pétrole pèse aussi sur les prix. En Allemagne, la hausse des prix à l’importation a atteint 3,7% sur un an en février après 2,9% en janvier. Le rebond de 2% du prix du brent, doublé d’une baisse de 0,7% de l’euro face au dollar le mois dernier, explique cette mauvaise performance. Et s’il est vrai qu’en 2004 l’euro fort a été un rempart contre la flambée du pétrole l’exercice atteint ses limites depuis que la parité euro-dollar s’est stabilisée.

C’est plutôt la réforme du pacte de stabilité qui inquiète les banquiers centraux de ce côté-ci de l’Atlantique. « Maintenant que nous allons avoir un nouveau cadre, il est impératif que les États membres, la Commission et le Conseil (des ministres de l’UE) mettent en oeuvre le pacte de stabilité de manière rigoureuse et cohérente », a prévenu le président de la BCE en ajoutant qu’il ne pouvait pas ne pas « dissimuler ses préoccupations ». Le message est clair : la BCE est prête à brandir l’arme des taux d’intérêt.

Par M.M., wwww.lefigaro.fr}