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Karim Oumnia, de Polytechnqiue d’Alger à PDG de Baliston

samedi 2 avril 2005, par Stanislas

Karim Oumnia est la nouvelle coqueluche du monde économique et politique, Baliston chasse sur les terres d’Adidas, Nike ou Puma.

Karim Oumnia, PDG de Baliston, est le symbole des patrons nancéiens qui gagnent. La preuve : les politiques ont déjà repéré l’équipementier sportif à l’étoile. Son ballon de football Stan 250, créé pour les 250 ans de la place Stanislas, trône sur la cheminée du bureau d’André Rossinot à l’hôtel de ville.

Dominique Strauss-Kahn a déjà visité le siège social de ce jeune patron de 37 ans. En avril, lorsque le président de la République part en voyage officiel en Algérie, Karim Oumnia est de la partie. « Je n’en reviens toujours pas. Je ne sais pas comment l’Elysée a entendu parler de moi », confie modestement le PDG. Qui en a profité pour offrir à Jacques Chirac une paire de baskets Baliston spécial pétanque. Il faut dire qu’en quelques années Baliston a réussi à se frayer un chemin à côté de Nike, Adidas ou Puma. Certes, la PME n’emploie que 60 salariés, dont 16 à Heillecourt, dans la proche banlieue nancéienne. Mais l’entreprise créée en 1994 est aujourd’hui l’équipementier officiel de deux clubs de football de Ligue 1 (Ajaccio et Istres) et deux autres de Ligue 2 (Nancy et Troyes). « Même Reebok n’a pas réussi à le faire », souligne Karim Oumnia. Des pros du cyclisme, de la boxe, du karaté ou du taekwondo ont également adopté Baliston.

Pour réussir, l’ancien membre de l’équipe de natation et de water-polo d’Algérie n’a pas misé uniquement sur le milieu sportif. Très vite, il a souhaité asseoir la notoriété de sa marque dans la rue. Avec succès. Aujourd’hui, des milliers de clients peuvent retrouver les produits imaginés à Nancy dans les boutiques branchées d’Europe, d’Amérique ou d’Asie. Cet engouement a d’ailleurs amené la PME à inaugurer son propre point de vente voilà trois mois à Los Angeles. De quoi chausser Pierce Brosnan, Will Smith ou Antonio Banderas, adeptes de Baliston.

Aujourd’hui, la PME réalise 10 millions d’euros de chiffre d’affaires, dont 70 % grâce aux produits consacrés aux sportifs et 30 % aux produits de mode. 70 % des ventes sont faites à l’export. Karim Oumnia a installé récemment une usine en Algérie. Pour baisser les prix de main-d’oeuvre, la PME familiale fait aussi fabriquer en Espagne, et même en Chine.

La chaussure la plus légère

La fabuleuse aventure lorraine de Karim Oumnia commence en 1990, lorsqu’il quitte l’Algérie pour s’inscrire à l’Ecole des mines de Nancy. Il est alors déjà diplômé de l’Ecole polytechnique d’Alger et bien sûr « passionné de sports ». Un peu par hasard, il favorise la mise au point d’une semelle particulièrement légère pour le compte d’un équipementier sportif brésilien. C’est le déclic. La réussite est au rendez-vous, les commandes affluent. Karim Oumnia décide alors de voler de ses propres ailes et crée Baliston (de « baliste », car il s’agit de partir à l’assaut des grandes marques), dont le capital est toujours détenu essentiellement par sa famille.

Fin 1998, il frappe un grand coup en lançant la chaussure de football la plus légère au monde : 240 grammes. « Pour percer, je devais apporter une innovation incontestable. » Six mois plus tard, il récidive avec la première chaussure de football féminine. Des produits originaux mais aussi très branchés, aux couleurs vives. C’est alors que Baliston se fait connaître des professionnels du sport comme de ceux de la mode. Karim Oumnia transforme des chaussures de boxe ou de taekwondo en baskets de rue. La stratégie est gagnante et le convainc de décliner la griffe en ligne de vêtements depuis un an : jeans, tee-shirts...

Prochaine étape de son développement : le transfert de son siège social à Nancy même. L’équipe d’André Rossinot lui a proposé d’emménager dans les anciens bureaux d’Alstom, symbole glorieux de l’industrie nancéienne

Source : lepoint.fr