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L’Afrique, un continent à la recherche de croissance

lundi 29 novembre 2004, par Hassiba

L’Afrique est à la traîne du développement économique et social. Longtemps colonisé, le continent noir a hérité de systèmes de gouvernance qui se sont avérés incompatibles avec les aspirations des Africains.

Les politiques économiques mises en place, après les indépendances, visaient une intégration avec l’ancienne puissance coloniale et n’avaient aucune vision régionale ou continentale. A cela, il convient d’ajouter les questions de leadership, le fait que les Africains ne s’aimaient pas et le fait que le Nord ou le Sud ne se trouvait jamais sur le continent.Une prise de conscience des dirigeants africains a eu lieu et l’Union africaine est née puis le NEPAD est arrivé.

Le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) est une promesse faite par des dirigeants africains de placer leurs pays, individuellement et collectivement, sur la voie d’une croissance et d’un développement durables. Les Nations unies, pour leur part, ont exhorté les Etats membres à participer à ce qui a été défini comme « les objectifs du Millénaire » pour l’Afrique.Mais le NEPAD est considéré par ses initiateurs comme le seul cadre sur lequel les autres initiatives doivent se greffer.

Le NEPAD est bâti sur un ordre du jour, décidé par les Africains de leur propre initiative et de leur propre gré, afin de déterminer eux-mêmes leur destin.Pour sa réalisation et sa mise en œuvre, les dirigeants africains devront assumer en commun un certain nombre de responsabilités. Ils s’engagent à restaurer et maintenir la paix en consolidant les mécanismes de prévention, de gestion et de résolution des conflits aux niveaux régional et continental. Ils ont décidé de promouvoir et protéger la démocratie et les droits de l’Homme dans leurs pays et leurs régions en établissant des normes claires de responsabilité, de transparence et de démocratie directe aux niveaux local et national. C’est l’engagement pris par tous les Africains de s’engager sur la voie de la bonne gouvernance pour ensuite restaurer et maintenir la stabilité macroéconomique, en mettant au point des normes appropriées en politiques monétaires et en instaurant des cadres institutionnels adéquats pour en assurer la réalisation. Ils s’engagent aussi à lutter contre la corruption en favorisant la transparence des marchés financiers à travers l’instauration de cadres juridiques et réglementaires adéquats. Les dirigeant africains se sont engagés aussi à promouvoir le rôle des femmes dans le développement socioéconomique en renforçant leurs capacités dans les domaines de l’éducation et de la formation. Au niveau de l’économie, les Africains veulent développer les infrastructures, l’agriculture et sa diversification vers les industries agroalimentaires et les manufactures pour permettre aux marchés locaux et à l’exportation d’être plus prospères.

Mais pour réaliser les objectifs du NEPAD, les dirigeants africains envisagent des responsabilités et des obligations pour les pays développés et les institutions multilatérales. Il s’agit pour les pays riches, notamment le G8, d’apporter un soutien matériel aux mécanismes et processus de prévention, de gestion et de résolution des conflits en Afrique, ainsi qu’aux initiatives de maintien de la paix.

Les pays riches doivent « accélérer la réduction de la dette des pays pauvres très endettés, en conjonction avec les programmes les plus efficaces de lutte contre la pauvreté pour lesquels le Partenariat stratégique pour l’Afrique et le Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté constituent des bases importantes ». Il s’agit aussi pour les puissances industrielles et financières de trouver les moyens de réaliser des allégements de la dette pour les pays à revenus moyens. Au niveau des échanges commerciaux, les pays riches doivent « assurer aux produits des pays en développement l’accès aux marchés des pays développés au moyen d’initiatives bilatérales et négocier en faveur des pays d’Afrique des conditions plus équitables dans le cadre des accords multilatéraux de l’OMC ». Les pays riches étant majoritaires au niveau de la Banque mondiale et des autres institutions multilatérales de financement du développement, ils devraient, selon les dirigeants africains, faire en sorte que celles-ci augmentent leurs apports en faveur des projets cruciaux d’infrastructures économiques ainsi que leurs appuis à la participation du secteur privé. Les autres pays de la planète sont sollicités pour « appuyer les réformes à la gouvernance des institutions financières multilatérales pour qu’elles tiennent mieux compte des besoins et des préoccupations des pays d’Afrique ».

Mais comme il n’existe pas de corrompus s’il n’y a pas de corrupteurs, les pays riches doivent mettre en place des mécanismes coordonnés de lutte contre la corruption et s’engager à rendre à l’Afrique tous les gains provenant de ces pratiques. Le NEPAD est donc un vaste programme multisectoriel. La Grande-Bretagne, qui présidera le G8 et l’Union européenne, est fortement attendue par les Africains. L’initiative de Tony Blair, Premier Ministre, en faveur de l’Afrique est différemment appréciée mais le continent noir a besoin de toutes les initiatives même si, lors de la réunion d’Alger, la semaine dernière, le compter sur soi a été le mot d’ordre de l’ensemble des dirigeants.

Par Amine Echikr , La Tribune