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L’Algérie intensifie ses relations avec la péninsule ibérique

samedi 8 janvier 2005, par Hassiba

L’Algérie semble intensifier ses relations bilatérales avec les deux pays de la péninsule ibérique. Après la visite du chef de la diplomatie espagnole, mercredi dernier, Alger s’apprête à accueillir, cette semaine, un autre membre du gouvernement du royaume d’Espagne ( le ministre de l’Industrie, du Tourisme et du Commerce) ainsi que le Premier ministre du Portugal voisin.

La préparation de la tenue des travaux de la haute commission mixte algéro-espagnole qui sera coprésidée par Abdelaziz Bouteflika et José Luis Rodriguez Zapatero, et, plus largement, le passage en revue de l’essentiel relatif au sommet euro-méditerranéen qu’abritera l’Espagne, à Barcelone vers la fin de l’année, sont les points focaux des échanges de vue entre Alger et Madrid.

Les relations entre l’Algérie et le continent européen sont intenses. Trois des principaux partenaires économiques du pays sont membres de l’Union européenne (Espagne, France et Italie). Avec les autres membres de l’UE, les relations ne manquent point d’intérêt. C’est le cas notamment avec l’autre pays de la péninsule ibérique, le Portugal en l’occurrence. C’est dans ce cadre, avait annoncé récemment l’agence de presse AAI, qu’est programmée, aujourd’hui et demain, la visite en Algérie du Premier ministre portugais, Pedro Santana Lopes. Avec son homologue algérien, Ahmed Ouyahia, il procédera notamment à la signature d’un traité d’amitié et de coopération. La visite du Premier ministre portugais suit celle effectuée par Ahmed Ouyahia à Lisbonne, en septembre dernier.

Prochainement (dans le courant du premier trimestre 2005), le président algérien est attendu au Portugal pour une visite officielle de réciprocité après celle du chef de l’Etat portugais Jorge Sampaio qui s’était rendu en Algérie il y a plus d’une année (décembre 2003). Par ailleurs, et en prévision de la rencontre au sommet prévue en février prochain à Madrid, l’Algérie et l’Espagne persévèrent à consolider leurs relations bilatérales, comme l’a souligné, mercredi dernier à Alger, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos. A cette occasion, en effet, a été mise en avant la volonté conjointe algéro-espagnole de « construire ensemble une relation structurée, stratégique et fondamentale ».En visite de travail en Algérie, la troisième du genre depuis moins d’une année (elle intervient après celles de mai et juillet 2004) s’inscrivant dans le cadre des contacts réguliers pour le renforcement de la coopération bilatérale, le chef de la diplomatie espagnole a, dans un entretien accordé à la radio algérienne, relevé que « les rapports avec l’Algérie sont des rapports exceptionnels, extraordinaires et excellents et qu’on doit continuer dans cette voie en vue de construire ensemble une relation structurée, stratégique et fondamentale ». Toujours sur les ondes de la radio nationale Chaîne III, le chef de la diplomatie espagnole a exprimé clairement l’ambition et la volonté des deux pays : « L’année 2005 s’annonce très positive avec beaucoup d’espoir. » Ainsi, concernant le volet de la coopération économique par exemple, il indique que « l’année 2005 est inscrite comme une priorité dans le plan énergétique national ».

Dès mardi prochain est attendue, à ce propos, la visite en Algérie du ministre espagnol de l’Industrie, du Tourisme et du Commerce. Une visite de travail qui devrait booster davantage les investissements espagnols dans notre pays qui se portent, de l’avis de Moratinos, de « mieux en mieux ». Sur le plan économique, Alger et Madrid entretiennent des relations relativement denses, comme en témoigne le contrat obtenu, fin 2004, par le groupe de compagnies espagnoles (Repsol YPF et Gaz Natural SDG) signataire en novembre dernier d’un contrat de 1,628 milliard d’euros, ce qui constitue une assise certaine pour l’Espagne qui inscrit l’année en cours « comme une priorité dans le plan énergétique national », selon les propos du ministre espagnol. Un méga-projet de construction d’un gazoduc qui reliera la ville de Beni Saf et d’Almeria, d’une capacité de 4 milliards de m3 par an, devrait être achevé en 2007, selon les prévisions du consortium Medgaz. L’Algérie est le fournisseur principal de l’Espagne en gaz (près de 60% de ses besoins) via le gazoduc Maghreb-Europe (GME) transitant par le Maroc (en service depuis 1996). Plus globalement, les échanges commerciaux entre l’Algérie et l’Espagne sont évalués à quelque 3,7 milliards de dollars. Interrogé par la radio algérienne sur la question du terrorisme, si sensible en Algérie et en Espagne, deux pays connaissant parfaitement ce qu’est la nocivité de ce phénomène à combattre -l’Espagne garde encore béante la plaie du 11 mars dernier-, le chef de la diplomatie espagnole estime que la coopération algéro-espagnole dans la lutte antiterroriste est « très bonne » et réitère la disponibilité de son pays à collaborer dans ce domaine. « L’Espagne, c’est aussi un pays qui a malheureusement souffert comme l’Algérie du fléau du terrorisme et on doit travailler main dans la main », a-t-il dit en rappelant la possibilité de mise en place d’une commission bilatérale d’échange des informations et renseignements. La nécessité d’une coopération internationale a été également mise en avant : « renforcer et travailler dans des enceintes internationales, que ce soit aux Nations unies, au Forum méditerranéen ou dans le cadre du processus de Barcelone ».

Concernant la question de la décolonisation du Sahara occidental, le chef de la diplomatie espagnole indique que « l’Espagne et l’Algérie ont la capacité d’influence pour assister les deux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario, à avancer vers le règlement du conflit conformément à la légalité internationale ». Cette déclaration de Moratinos est un net éclaircissement de la position officielle de l’Espagne qui, comme l’Algérie, fait référence à un règlement du conflit entre le Maroc et le Front Polisario (représentant de la RASD) dans le cadre de la légalité internationale et le plan de paix onusien.

Par Younes Hamidouche, La Tribune