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L’Algérie n’attire pas suffisamment d’investisseurs

jeudi 21 décembre 2006, par Rédaction

Les obstacles à l’investissement en Algérie sont nombreux selon les experts qui déplorent le niveau élevé de la corruption, un système bancaire archaïque et la difficulté d’accès au foncier.

Alger - Algérie

Après deux ans d’existence, MCL (Maison des convertibles et literies) a réussi à se faire une bonne place sur le marché algérien. Cette PME de 50 employés est une délocalisation d’une entreprise familiale de la région lorraine en France. Basée à la zone industrielle d’Es-Senia, MCL est aussi l’une des rares délocalisations d’une entreprise étrangère en Algérie. Le parcours de cette entreprise donne un éclairage sur les difficultés des investisseurs étrangers dans notre pays. Pour la famille Benabid, tout a commencé, il y a un peu plus de trois ans, à la Foire internationale d’Alger de 2003. Après plus de quarante ans en France, le père Benabid, originaire d’El-Bayadh, décide de revenir au pays.

Dans ses bagages, des installations de ses usines en France. « On avait trois unités de fabrication en Lorraine. Nos clients étaient parmi les plus grands magasins parisiens. Mon père s’est installé en France dans les années 60. En 2003, la Chambre de commerce et d’industrie de Lorraine nous a invités pour participer à la foire d’Alger. Nous avons accepté. Cela a été concluant, parce que sur place nous avons entrepris des contacts pour investir en Algérie et rencontré notre partenaire M. Benamar. La CCI de Lorraine et la Mosquée de Paris ont convaincu mon père de revenir dans son pays natal pour y créer de l’activité industrielle », raconte Tayeb Benabid, né et grandi en France.

L’aventure algérienne commence alors pour ce binational qui s’exprime tout le temps en français. Cachés par le discours politique favorable à l’investissement et au retour des binationaux et par l’attractivité du marché algérien, les obstacles à l’investissement commencent à paraître, l’un après l’autre, et à mesure que la création de la société MCL avance ! « Avec M. Benamar, nous avons rapidement trouvé un terrain d’entente et lancé MCL à 50/50. Notre partenaire disposait d’installations à la zone industrielle d’Es-Senia », ajoute M. Benabid. La disponibilité du foncier et des fonds a évité aux deux partenaires de tomber dans le piège du foncier industriel et des banques.

Pour obtenir le registre de commerce, les nouveaux investisseurs ont dû patienter six longs mois ! Les banques n’ont pas joué le jeu. « Nous avons proposé notre projet aux banques publiques, aucune n’a voulu nous accompagner. Les banques publiques, c’est ma première déception en Algérie. Il y a eu l’attente au port pendant cinq heures lorsque j’ai ramené ma famille, mais les banques m’ont vraiment déçu », regrette M. Benabid. Mais l’Algérie est à la fois un pays difficile d’accès, mais aussi rentable pour les investisseurs. Au bout de deux ans d’activités, MCL a réussi à se faire une place dans le marché. Son chiffre d’affaires augmente chaque année et MCL envisage déjà de se développer et d’investir dans de nouveaux projets.

La délocalisation n’est pas seulement le déplacement d’usines déjà en activité dans des pays développés vers les pays émergents. D’autres formes de délocalisation existent. Exemple Rissopack. Créée en 2005, cette société mixte, basée à Rouiba, est détenue par le LPA (Laboratoire pharmaceutique algérien) et Horizon (France). Elle fabrique des coffrets de luxe pour un grand groupe français, LVMH. Un véritable exploit ou presque ! L’industrie du luxe est l’une des plus exigeantes au monde. Autre forme de délocalisation, le savoir-faire. Là aussi, l’Algérie est loin d’être le paradis des grandes firmes technologiques. Le retour au pays des cerveaux exilés se fait au compte-gouttes. « Sur le marché de l’audit et du consulting, les besoins du marché algérien sont énormes », affirme Ghelal Abdelaziz, PDG d’Algérie axe management.

Les cadres algériens basés à l’étranger hésitent à revenir investir et travailler dans leur pays d’origine. On assiste plutôt à l’accélération de la fuite des cerveaux, comme en témoigne le départ massif des cadres de Sonatrach vers les compagnies étrangères comme Qatar Gas. Le discours politique est favorable au retour des cerveaux, mais beaucoup de ceux qui ont accepté de revenir ont très vite déchanté. Pourtant, l’Algérie a tout pour attirer les délocalisations. Le prix de l’énergie, la main-d’œuvre qualifiée, les salaires algériens sont bas par rapport aux salaires pratiqués en Europe, le marché, la proximité avec l’Europe.

Synthèse de Mourad, algerie-dz.com
D’après le Quotidien d’Oran