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L’Algérie plus riche que jamais

mardi 5 avril 2005, par nassim

Selon les experts, la progression des cours portera les réserves de l’Algérie à environ 58 milliards de dollars d’ici la fin de l’année.

La stabilisation des prix du pétrole au-dessus de la barre des 40 dollars constitue une manne considérable pour l’Algérie qui a enregistré, à la fin janvier dernier, 44 milliards de dollars de réserves de change. Une information rapportée par l’Agence algérienne d’information (AAI) qui cite une « source de la Banque d’Algérie ».

D’autres sources sûres font état d’une manne estimée à plus de 50 milliards de dollars à la fin du mois de mars dernier. Selon les experts, la progression des cours portera les réserves de la Banque d’Algérie à des niveaux record, soit environ 58 milliards de dollars d’ici la fin de l’année en cours, si le prix moyen du baril est de seulement 30 dollars durant 2005. Cette tendance à l’accumulation des réserves de change vient d’être confirmée par le Fonds monétaire international (FMI) qui estime que les avoirs en devises de la Banque d’Algérie atteindront près de 95 milliards de dollars d’ici avril 2009. Une évolution considérable, favorisée par la tendance à la hausse des prix du brut, qui ont atteint, hier, sur les principaux marchés internationaux, un nouveau record, le record de 58,28 dollars le baril.

Une flambée qui intervient avant le coup d’envoi, en mai, de la haute saison de consommation aux Etats-Unis. La même tendance a été relevée sur les marchés asiatiques où les cours ont battu de nouveaux records historiques. Un niveau jamais atteint depuis la création de contrats à terme sur le pétrole sur le marché Nymex en mars 1983. Un facteur qui n’a pas manqué depuis quelques semaines de doper les cours du brut. Une situation qui amènera, sans nul doute, les pays exportateurs de pétrole à procéder à une nouvelle augmentation de leur production. Cette dernière, estimée à 500.000 barils par jour, est la deuxième en moins d’un mois, après celle décidée le 16 mars dernier à Ispahan (Iran) où le cartel a été contraint, devant montée effrénée des cours, à augmenter son plafond de production de 500.000 bj, à 27,5 millions de barils par jour.

Après les déclarations, la semaine dernière du ministre algérien de l’Energie, écartant toute augmentation de la production du moins dans l’immédiat, le président de l’Opep vient d’affirmer tout à fait le contraire. En effet, Cheikh Ahmad al-Fahd al-Sabah, a fait savoir qu’il avait décidé d’engager des consultations téléphoniques avec les ministres des pays membres de l’organisation en vue d’une augmentation éventuelle des quotas de production à concurrence de 500.000 barils par jour supplémentaires pour calmer les marchés. Le ministre koweïtien de l’Energie explique, par ailleurs, que cette production supplémentaire serait mise sur le marché probablement fin avril ou début mai au plus tard. L’augmentation du plafond de production de l’Opep a été déjà proposée par son président, mais à partir du troisième trimestre. Cependant, c’est la crainte d’une baisse des stocks d’essence aux Etats-Unis, ajoutée à la publication d’une étude de Goldman Sachs prévoyant une période de "super-hausse" susceptible de conduire les prix du brut à 105 dollars, qui auraient dicté la décision du président de l’Opep. D’autant plus que d’après des experts au fait des marchés pétroliers, « les prix vont sans doute tester le seuil des 60 dollars dans les semaines à venir. C’est une grosse barre psychologique ».

Par ailleurs, le marché pétrolier a de tout temps été perturbé, en raison des comportements spéculatifs des pays hors Opep et même, à l’intérieur du Cartel, à l’image de l’Arabie Saoudite, dont les quantités de production mises sur le marché sont dans la plupart des cas, loin de la réalité. Pour revenir aux répercussions de cette embellie financière sur l’économie algérienne, il convient de noter que la majorité des entreprises algériennes se trouve exclue de la possibilité d’utiliser les réserves de change, pourtant largement disponibles. C’est justement,
ce nombre élevé d’entreprises non éligibles à la convertibilité commerciale du dinar qui est à l’origine de l’accumulation démesurée des réserves de change, indique AAI.

Toutefois, il est utile de préciser que l’utilisation à bon escient des fonds publics est le principe majeur sur lequel se basent les pouvoirs publics qui comptent faire de cette manne une garantie pour la relance de l’appareil économique algérien. Bien qu’il soit vrai que l’élaboration de la loi de finances sur la base du prix du baril de pétrole à 19 dollars, est loin de refléter l’embellie financière actuelle. La flambée des prix des produits de première nécessité (eau, gaz, électricité...) en est une illustration de cette situation paradoxale.

Par Arezki LOUNI, lexpressiondz.com