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L’Algérie se prépare au programme du million de logements

jeudi 21 juillet 2005, par Kahina

A l’approche du lancement en Algérie du vaste programme de construction d’un million de logements, le marché des matériaux de construction est en ébullition et l’on observe déjà une flambée des prix allant du simple au double.

La perspective du lancement en Algérie du programme de construction d’un million de logements fait flamber les prix des matériaux de construction.

Avant même que soit lancé le programme de réalisation de 1 million de logements en Algérie, le marché connaît des tensions à la fois sur l’offre et les prix. Outre la forte demande induite par les besoins du plan de relance, une autre difficulté vient se greffer. Il s’agit de la récente décision portant nouveau plan de circulation dans les grandes villes qui interdit le déplacement des camions durant la journée. Une telle situation a engendré aussitôt une pénurie qui a provoqué à son tour des perturbations sur le marché. Les vendeurs du lotissement Amara de Chéraga, l’un des marchés les plus fréquentés par les acheteurs à Alger, suivent de près l’évolution de la situation. Interrogé, aâmi Ahmed, un des commerçants activant dans ce marché, avoue que l’explication de cette hausse est toute simple.

Multiplication des intermédiaires : des bons de ciment achetés auprès de tierces personnes
Selon lui, la fermeture de la sablière de Baghlia dans la wilaya de Boumerdès en janvier dernier n’a pas été sans conséquences sur le marché des matériaux de construction. Auparavant, il achetait le camion semi-remorque de 18 m3 de sable à 1 800 DA et le vendait à 2 800 DA. En outre, la sablière de Tazmalt ne vend pas au grand public, mais essentiellement aux entreprises étrangères qui activent en Algérie. Le semi-remorque qui était acheté, il y a quelques mois à 15 000 DA, est affiché actuellement à 25 000 DA à partir de cette sablière. Pis, l’acheteur reste au moins 4 jours dans la chaîne. “De nos jours, le semi est estimé à 40 000 DA”, soit une hausse de plus de 100%, affirmera notre interlocuteur. Celui-ci vend le camion de 3 m3 à 6 000 DA. Pour l’achat du sable de la wilaya de Bou Saâda, le semi de 18 m3 était fixé à 1 000 DA.

Actuellement, aâmi Ahmed achète le même camion à 4 000 DA. Dans ces coûts, il ajoute 4 000 DA, frais du gasoil et les 1 500 DA du chauffeur. Le semi revient ainsi à 9 500 DA auquel on ajoute les 10 000 DA, frais de transport à partir de Bou Saâda. Selon notre source, le camion coûtera par conséquent 19 500 DA. Le semi de sable est vendu par ce commerçant à 22 000 DA. Le ciment n’échappe guère à cette règle du marché. Ce matériau est acheté par notre interlocuteur en 2e main de M’sila et de Chlef. Il achète en fait des bons auprès de personnes qui les ont achetés de l’usine, expliquera-t-il. Le prix du bon qui équivaut à 400 sacs de ciment de 50 kilogrammes, était arrêté à 80 400 DA, il y a deux mois. De nos jours, indiquera-t-il, les détenteurs de bons pratiquent leurs propres prix à leur guise.

Le marché du lotissement Amara à Chéraga sera supprimé
C’est ainsi que le tarif d’un bon est revu à la hausse pour atteindre 120 000 DA, soulignera notre interlocuteur soit une hausse de 50%. Le bon de l’usine d’ACC, c’est-à-dire simplement d’Orascom, relèvera notre source, est estimé à 130 500 DA. À l’usine de Chlef, (cimenterie publique) affirmera encore notre source, le prix du sac de 50 kg est de 330 DA. L’acheteur ajoute 30 DA de marge pour le vendre. Celui de l’usine de M’sila est fixé à 370 DA, dira-t-il. La semaine dernière, le sac de ciment a été vendu, selon lui, à 400 DA.

L’interdiction de la circulation des camions durant la journée a créé beaucoup de problèmes à ces commerçants. Circulant pendant la nuit, le chauffeur de camion a exigé le double de son salaire. Le déchargement de la marchandise, qui se faisait à 2 000 DA auparavant, ne peut être assuré actuellement au-dessous de 3 000 DA. Les ouvriers qui déchargent savent que le camion doit être libéré immédiatement pour un autre voyage durant la nuit. D’où leur exigence d’un tel prix. Un autre problème et non des moindres vient s’ajouter à cette liste. C’est que ces commerçants sont sommés de quitter les lieux. En effet, les autorités locales ont décidé de supprimer ce marché. Les revendeurs seront transférés vers une autre zone, probablement à Zéralda. Le même ton est usité par un des confrères de aâmi Ahmed. “Pour un pays qui ne produit pas, quels prix seront pratiqués ?” lancera tout de go Amar. Les prix des matériaux de construction sont comme ceux des monnaies en Bourse. Sans vouloir donner plus de détails, notre interlocuteur indiquera : “L’endroit où se situe le monopole est clair. La source du problème est au niveau du port. Le revendeur n’y est pour rien.”

Le sac de ciment vendu à 400 DA ! Le camion de sable à 50 000 DA
Notre source affirme que le nouveau plan de circulation oblige cette société de matériaux de construction à travailler jour et nuit. “Nous commandons un camion de sable, il ne peut arriver ici qu’à partir de 20 heures. Or, les ouvriers, à ce moment-là, sont absents”, relèvera Amar. Il indiquera que le prix du semi de 18 m3 pratiqué actuellement est de 50 000 DA, selon lui, depuis que les sablières ont été fermées. “La sablière est une véritable mine d’or”, schématise-t-il. Durant l’été, arguera-t-il, la demande dépasse l’offre. Le sac de ciment est acheté, selon lui, à 340 DA et vendu à 360 DA. “Tout en ajoutant 10 DA car, nous détenons pas de camions propres à nous, nous devons nous aligner sur les prix des autres commerçants”, précisera-t-il.

D’autres charges sont également supportées par ce commerçant, notamment la location du terrain de 1 600 m2 pour deux ans. Un autre revendeur avoue que le prix du camion semi de sable de mer de 18 m3 est affiché à 50 000 DA. Il le revend à 10 000 DA le camion de 3 m3. Le sable de l’oued qui est interdit, est acheté à 30 000 DA et vendu à 6 000 DA le camion de 3 m3. De nos jours, les gens, indiquera ce commerçant, se sont rabattus sur le sable du Sahara. Les prix pratiqués sont estimés à l’achat à 22 000 DA le semi de 18 m3. Le camion de 3 m3 est vendu à 3 000 DA.

Par Liberté Algérie