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La croissance repart en Allemagne

jeudi 12 mai 2005, par nassim

Bonne nouvelle pour les europhiles : l’Allemagne sort du marasme économique et renoue avec la croissance, une note positive pour l’économie de la zone euro. L’Italie et les Pays Bas sont quant à eux entrés dans une zone de turbulences.

Les reformes de Gerhard Schröder ont permis à l’Allemagne de renouer avec la croissance économique.

L’agence statistique européenne Eurostat a annoncé que le PIB de la zone euro avait augmenté dans son ensemble de 0,5% sur les trois premiers mois de l’année, après un modeste 0,2% au dernier trimestre 2004. La Commission européenne a revu en baisse son objectif de croissance au deuxième trimestre. "La reprise de la zone euro paraît plutôt s’embourber", a commenté David Brown, économiste à Bear Stearns. L’Allemagne, qui représente un tiers du PIB des Douze, a enregistré une croissance de 1,0%, tirée par les exportations. Cette poussée a permis de compenser le recul de 0,5% du PIB italien et de 0,1% du PIB néerlandais. L’économie italienne s’était déjà contractée de 0,4% au dernier trimestre 2004, elle est donc techniquement entrée en récession (deux trimestres consécutifs de baisse) alors que celle des Pays-Bas, stagnante au quatrième trimestre 2004, a bien failli la rejoindre.

Les économistes s’efforcent d’évaluer les risques que le schéma actuel de "croissance molle" ne se transforme en un basculement à la baisse plus prononcé alors que le prix du pétrole demeure élevé, ce qui pèse sur la confiance des ménages et les marges de profit des entreprises. On craint notamment une détérioration de la situation depuis la fin mars, au vu de plusieurs enquêtes sur le sentiment des milieux d’affaires et des consommateurs.

Certaines données importantes manquent encore pour se faire une meilleure idée du premier trimestre, la France et l’Espagne ayant choisi de ne pas publier d’estimations similaires du PIB en raison d’un changement prévu de méthode de calcul.

PESSIMISME CROISSANT

La nette progression trimestrielle du PIB allemand est une bonne nouvelle pour une économie qui avait connu une légère récession au second semestre 2004. Sa croissance n’avait pas atteint 1% depuis le premier trimestre 2001. Mais le principal problème, la morosité des dépenses de consommation, perdure. L’Office fédéral de la statistique a précisé que la demande interne avait diminué et que la hausse du PIB au premier trimestre était due exclusivement aux exportations, ce qui montre combien l’Allemagne reste exposée aux fluctuations des changes, du pétrole et de la demande mondiale.

Le constructeur automobile de luxe BMW avait imputé aux prix élevés des matières premières et à l’appréciation de l’euro contre le dollar une grande part de la baisse de 4,6% de son bénéfice imposable au premier trimestre, publié le 3 mai. D’autres comme Siemens ont limité la progression des salaires pour réduire leurs coûts afin de maintenir leur compétitivité dans un environnement de changes moins favorable. Mais cette concurrence sur les prix a ses limites et les limitations de salaires sont en contradiction avec le besoin de relancer la consommation.

La Commission européenne a de son côté réduit sa prévision de croissance trimestrielle de la zone euro à une fourchette de 0,2-0,6% au deuxième trimestre (contre 0,3-0,7% annoncé le 14 avril). Elle prévoit également une croissance du PIB de 0,2-0,6% au troisième trimestre. Pour l’année 2005, la Commission a revu en baisse sa prévision de croissance à 1,6% contre 2% en avril, après une croissance de 2% en 2004.

De son côté, l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) a déclaré mercredi que ses derniers indicateurs avancés confirmaient un ralentissement de la croissance pour la zone OCDE avec un affaiblissement de la performance dans tous les pays du G7. En 2004, l’économie mondiale a progressé de 5,1%, son meilleur taux depuis plusieurs dizaines d’années. Le Fonds monétaire international table sur une croissance ralentie à 4,3% cette année, dont le principal moteur sera la Chine et le reste du monde en développement.

L’économie britannique a crû de 0,6% au premier trimestre, eu première estimation, contre 0,7% au précédent trimestre, son plus faible rythme depuis plus d’un an. La croissance des Etats-Unis a également ralenti à son plus faible rythme en deux ans, à un taux comparable à celui du Royaume-Uni. Le ministre suédois des Finances Per Nuder a confié mercredi que le pessimisme était plus répandu qu’il y a six mois parmi ses collègues de l’UE. Les ministres des Finances et banquiers centraux de l’UE se réunissent vendredi et samedi à Luxembourg.

Par Brian Love, reuters.fr