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Lebib : “Des centaines de ces véhicules sont volés en Europe”

dimanche 9 janvier 2005, par Hassiba

Invité du Forum de l’ENTV, le premier responsable des Douanes a reconnu par ailleurs que l’institution subit des pressions pour la dissuader d’assainir ses rangs.

L’importation de véhicules de moins de 3 ans a toujours été une source de problèmes pour les services des Douanes algériennes, a affirmé M. Sid-Ali Lebib qui a précisé que son institution soutenait la déclaration du président de la République suggérant l’abandon par l’Algérie de cette
formule.

Répondant à une question sur les possibles retombées négatives sur les rentrées douanières qu’engendrerait la suspension des importations de véhicules d’occasion, M. Lebib a noté que si les concessionnaires ne posent pas problème sur le marché du neuf, l’importation de véhicules de moins de trois ans a “toujours été entourée de fraudes, principalement l’usage de vrais faux documents”. “Des centaines de ces véhicules sont volés”, a accusé sans nuances M. Lebib mentionnant également les problèmes de pollution et de sécurité des citoyens, qui justifierait une telle mesure d’interdiction. “Nous avons saisi le ministère des Finances, il y a de cela quelques années, lui signifiant l’opportunité de mettre fin à ces importations. Sauf que, à chaque fois, nos amis du Parlement ont voté contre cette proposition”, a indiqué M. Sid-Ali Lebib, directeur général des Douanes hier au cours du débat organisé dans le cadre du Forum de l’ENTV. Il a déclaré : “Nous soutenons les orientations du président de la République et souhaitons que la prochaine loi des finances complémentaire répondra à nos attentes,” a-t-il poursuivi. Au cours de ce débat, où Sid-Ali Lebib a joué “la déclaration franche” et a voulu aller droit au but, il laissera entendre que les actions d’assainissement au sein de son institution se poursuivront même s’il reconnaît que des pressions existent et continuent de s’exercer sur elle.

Les ressources humaines, véritable scanner de la Douane
En acceptant cette “responsabilité au cours de la prise de nos fonctions, nous avons intégré cet élément (pression), mais nous sommes là pour faire face à tous les vents”. L’insinuation vise les pressions et autres “folklores” qui tentent de “freiner notre élan” et chaque fois que les “preuves sont établies en matière de fraude ou corruption, nous sanctionnerons”, martèle le conférencier.

Sur le volet sensible de la corruption, il affirme qu’un code de l’éthique de la profession a été élaboré récemment et sera intégré dans le règlement intérieur. Celui-ci n’a jamais “été élaboré auparavant et d’ajouter que la corruption est un fléau qui ronge toutes les douanes du monde”, et sur le plan national, “il ne faut pas non plus diaboliser notre institution car la corruption est présente dans plusieurs secteurs même s’il est vrai qu’elle se manifeste à des degrés différents”. Des questions ont également été posées sur les derniers limogeages de hauts cadres de l’administration douanière et auxquelles le premier responsable a répondu par la nécessité de réorganiser et d’assainir les rangs de cette administration dont les mouvements et autres mutations de cadres suscitent parfois, avoue-t-il, des suspicions. “Nous avons, chaque fois que les preuves étaient réunies, déposé plainte contre nos propres agents”, affirme-t-il en se déclarant engagé plus que jamais à promouvoir la “probité et la compétence aux différents postes de responsabilité qui seront d’ailleurs soumis à des concours internes”.

D’autant que l’administration douanière, ajoute-t-il, est engagée dans la réforme et des actions de modernisation où la ressource humaine est un élément-clé. “Il est temps que cesse l’archaïsme et, place désormais à une gestion managériale”, souligne-t-il, en indiquant que la formation est dans le cadre de la réorganisation “obligatoire dans son institution”. Évoquant le nouveau code des douanes finalisé, le directeur général souligne qu’il est en parfaite adéquation avec les règles de l’OMC. Quant aux nouveautés induites, le code des Douanes “a dû être corrigé car le premier, datant de 1998, comportait des dysfonctionnements avérés” et donc il faut s’attendre, selon le conférencier, à “une douane de proximité où les facilitations seront pleinement consacrées”. Il citera comme exemple, l’introduction de l’option de la transaction à titre de traitement des contentieux qui se débarrasse des recours systématiques aux tribunaux et préfère parler de partenariat avec les entreprises.

Il s’agit également de la réhabilitation des missions douanières sur les territoires maritimes tout en évoquant la nécessité d’acquérir des moyens aériens “afin de couvrir l’étendue des frontières”. “C’est une nécessité absolue pour lutter contre la contrebande” sans démentir l’information qui fait état de la possibilité d’acquisition d’hélicoptères.

Autre sujet évoqué par M. Lebib, le dossier des métaux qu’il situera dans le temps démontrant que celui-ci en fait était posé avant son arrivée et, chiffres à l’appui, il indiquera : “À mon arrivée en 2001, j’ai formé une commission qui a fini par lancer des dépôts de plaintes” alors que “2 043 opérations sur cette filière ont eu lieu entre 1994 et 1997 et 1 976 autres enregistrées entre 1997 et 2000”, et de conclure que l’essentiel de ces exportations de métaux ont eu lieu avant 2000. Autrement dit, ce phénomène est un héritage que l’actuelle direction est en train de gérer. D’ailleurs, cette gestion a été décentralisée et toute exportation du genre est soumise à une dure critériologie qui se base sur des contrôles rigoureux. “Nous avons contenu la fraude sur cette filière”, et de dénoncer le peu de collaboration de certaines douanes étrangères quant aux demandes d’authentification introduites et restées sans réponses.

Au regard des dernières nominations dans les différents échelons, force est de croire que l’institution que dirige M. Lebib s’est remise en cause, privilégiant la qualité dans ses rangs où l’on retrouve des équipes jeunes, constituées d’universitaires lancés à l’assaut des grandes échéances. C’est dans cette ressource que l’on peut puiser le vrai scanner et c’est grâce au “contenu” des effectifs que l’on peut contrôler l’autre contenu... celui que renferment les containers.

Par ABDELKRIM WAHIB, Liberté