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Neuf Cegetel vs. France Télécom

mercredi 11 mai 2005, par nassim

La fusion annoncée et confirmée des deux opérateurs télécoms, Neuf Telecom et Cegetel, donnera naissance au numéro deux français de la téléphonie fixe, derrière France Télécom dont le monopole se réduit.

Neuf Cegetel à l’assaut de France Télécom dans la téléphonie fixe.

Après l’acquisition début avril de Tiscali France par Telecom Italia, ce projet confirme également la consolidation du marché de l’internet, synonyme de trêve dans la guerre des prix et de menace pour les fournisseurs d’accès utilisant les réseaux des deux opérateurs, estiment des analystes. Le nouveau groupe prendra le nom de "Neuf Cegetel" et les deux marques seront conservées. Il comptera un peu moins de 4.000 salariés et prévoit un plan de départs volontaires dont l’ampleur n’a pas été communiquée. Si le projet aboutit, les deux actionnaires de référence de Neuf Cegetel, SFR (groupe Vivendi Universal et Vodafone) et Louis Dreyfus, recevront une participation de 28% chacun. Le solde de 44% sera détenu par les actionnaires actuels de Neuf Telecom. L’opération sera précédée par l’achat par Cegetel des 35% de son capital détenus par la SNCF.

"Notre objectif est de rentrer en bourse fin 2006, début 2007", a déclaré Jacques Veyrat, actuel P-DG de Neuf Telecom et futur président du nouvel ensemble, lors d’une conférence de presse. Il a ajouté que l’opération devrait être bouclée en juillet.

FREE CASH FLOW POSITIF EN 2006

Les deux opérateurs n’ont pas donné d’indication sur les valorisations retenues mais ils ont précisé que SFR recevrait, en complément de ses 28%, 380 millions d’euros d’obligations émises par Neuf Cegetel. En 2004, les deux groupes ont enregistré un excédent brut d’exploitation (Ebitda) de 229 millions d’euros et un résultat d’exploitation négatif de 130 millions d’euros pour un chiffre d’affaires cumulé de 2,6 milliards d’euros.

Les investissements (capex) cumulés se sont élevés à 480 millions d’euros, le free cash flow a été négatif de 152 millions et la dette combinée a été de 630 millions. Neuf Cegetel prévoit de réaliser un chiffre d’affaires de 2,8 milliards d’euros en 2005 et de 3,3 milliards en 2007. Il anticipe un ratio d’Ebitda sur chiffre d’affaires de 20% en 2007 et un Free Cash Flow positif en 2006. Les synergies annuelles devraient être de 160 millions d’euros à l’horizon 2007, plus 100 millions en capex en trois ans.

Le groupe a également un objectif à trois ans de croissance annuelle moyenne de 10% de son chiffre d’affaires et prévoit de ramener ses investissements (capex) à moins de 8% du chiffre d’affaires. Il anticipe également une réduction par deux de sa dette d’ici fin 2007.

OBJECTIF : PREMIER ALTERNATIF SUR TOUS LES MARCHES

Neuf Cegetel a pour ambition "d’être le numéro un des opérateurs alternatifs sur l’ensemble des marchés du fixe" en France. D’ici à la mi-2007, il vise 4 millions de clients en grand public, dont 2 millions en ADSL. Le groupe veut acquérir 20% du marché des entreprises et devenir le premier fournisseur alternatif sur le marché de gros (vers les autres opérateurs). Si le projet est approuvé, Neuf Cegetel deviendrait le deuxième opérateur alternatif des communications résidentielles, ex-aequo avec Tele2, le premier alternatif des communications pour entreprises et des services aux opérateurs, ainsi que le numéro trois de l’ADSL, derrière Wanadoo de France Télécom et Free du groupe Iliad avec 850.000 abonnés en propre fin mars.

"Ce rapprochement est plutôt bon pour le marché des opérateurs car cela va réduire la concurrence, en particulier sur l’ADSL et les services aux entreprises", a déclaré Matteo Novelli, analyste chez Exane BNP Paribas. "Certains considèrent cela comme un danger pour France Télécom et pour Iliad mais à notre avis c’est plutôt une bonne nouvelle pour eux car chacune des deux marques réalisait 10 à 12% d’acquisitions de nouveaux clients et je pense qu’ils feront moins du double à deux, ce qui laisse un petit espace à Free et Wanadoo", a-t-il ajouté.

L’opération devrait en revanche être moins favorable pour d’autres fournisseurs d’accès qui utilisent les réseaux de Neuf Telecom et de Cegetel et profitent de la concurrence actuelle pour obtenir des tarifs de gros moins élevés. "C’est plutôt mauvais pour AOL, Tele2 et Club Internet, car les réductions de prix par rapport à France Télécom seront moins importantes avec un seul acteur", a ajouté Matteo Novelli.

Source : reuters.fr