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Rapport 2003-2004 de l’OCDE sur l’Algérie

lundi 26 juillet 2004, par Hassiba

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans un document sur “Perspective économique en Afrique 2003-2004 étude par pays : Algérie”, publié le 7 juillet dernier, juge le bilan du Plan de soutien à la relance économique (PSRE) mitigé.

L’OCDE souligne qu’à la fin de l’année 1995, le gouvernement algérien a décidé de mettre en place un programme d’ajustement devant lui permettre de stabiliser l’économie et de retrouver des niveaux de croissance à même de réduire un chômage en forte augmentation et d’améliorer le niveau de vie de la population. “Cette politique, notamment dans sa composante de stabilisation, a permis à l’Algérie d’aborder ce nouveau siècle avec une configuration autre que celle des années 1980, comme en témoignent ses performances en matière d’équilibres macro-économiques et, dans une moindre mesure, de croissance”, note le document.

C’est certainement ce constat et la volonté de parfaire les réalisations dans ces domaines, précise le rapport, qui ont incité les autorités algériennes, encouragées par l’accroissement des revenus pétroliers et des avoirs nets extérieurs du pays et poussées par leur désir de contenir davantage les pressions sociopolitiques, à mettre en place sur la période 2001-2004 un Programme de soutien à la relance économique (PSRE), destiné à relancer la croissance à un rythme annuel de 5 à 6%, et à créer près de 850 000 emplois. “Son bilan à l’approche du terme reste très mitigé, notamment pour ce qui est de la durabilité de l’impact sur la croissance et l’emploi et des fragilités qu’il pourrait engendrer, particulièrement du côté de l’équilibre intérieur”, constate l’OCDE.
Si la croissance a été bonne en 2003 (6,4%) grâce à l’activité pétrolière, elle devrait redescendre à 4,1% en 2004 et 4,2% en 2005. L’Organisation de coopération et de développement économiques, qui regroupe une trentaine de pays dont l’Allemagne, la France, les État-Unis, le Japon et le Canada, reconnaît que l’Algérie a atteint depuis 2002 “un nouveau palier de croissance qui, tout en restant fortement lié aux performances du secteur des hydrocarbures, résulte aussi des efforts de réforme déployés, ces dernières années par le gouvernement algérien”.

En effet, des réformes ont été introduites dans des domaines aussi variés que la concurrence, la libéralisation du commerce extérieur et des paiements, la fiscalité, le secteur financier, la gestion des entreprises publiques ou la privatisation. Même si elles demeurent dans bien des cas relativement timides en termes de rythme et de niveau d’avancement, elles illustrent le souci des autorités d’améliorer l’environnement des affaires et de susciter une meilleure réactivité du secteur privé. Le document souligne que l’agriculture a vu son poids se consolider ces dernières années. Bien que ses résultats restent dépendants des aléas climatiques, ses performances tendent à s’améliorer grâce aux différentes actions engagées dans le cadre du Plan national de développement de l’agriculture (PNDA) soutenues financièrement par le Fonds national de développement et de régulation agricole (Fndra).
L’année 2003 a été marquée par une reprise de la croissance du secteur agricole estimée à 16% en termes réels, en raison de bonnes conditions climatiques.

La croissance devrait atteindre 6,6% en 2004, note le document. Concernant l’industrie, après une période de baisse, le secteur connaît à nouveau, depuis deux ans, un regain d’activité avec 2% de croissance de sa valeur ajoutée en 2001 et 2,9% en 2002. Ces résultats témoignent d’un certain dynamisme du secteur privé, “de nature à inciter le gouvernement à s’engager plus nettement dans l’ajustement structurel de l’économie et, de ce fait, en faveur d’un rééquilibrage des rôles entre les secteurs public et privé dans la stratégie de développement”. Toutefois, avertit le document : “Les résultats de ce secteur pourraient être handicapés, à défaut de réformes vigoureuses, par l’obsolescence et la faible productivité de l’outil de production et le niveau très bas de l’utilisation des capacités installées, du côté du secteur public”.

Pour les activités concurrentielles, c’est la contraction relative des débouchés sur le marché domestique, suite à une libéralisation accrue des importations qui risque de freiner la croissance. “La croissance réelle de ce secteur n’a été que de 1,9% en 2003, et est prévue à 2,4% en 2004”, note le rapport.

D’après ces évolutions sectorielles, l’économie algérienne semble désormais s’inscrire sur un sentier de croissance à rythme plus élevé qu’auparavant, mais qui reste fortement influencé par les performances du secteur primaire, à défaut d’une diversification de la base productive. À court et moyen terme, elle dépend du programme public de soutien à la relance. Le document de l’OCDE affirme que “tout au long de ces dernières années, les autorités algériennes ont mis en place un certain nombre de réformes dont l’objectif est d’améliorer l’environnement des affaires et de susciter une meilleure réactivité du secteur privé. Toutefois, ces réformes demeurent dans bien des cas timides en termes de rythme et de niveau d’avancement et le pays reste peu attractif pour l’investissement privé”. Le programme de privatisations avance lentement, note-t-on.
Malgré la volonté du gouvernement, début 2002, de privatiser en six mois environ 70 petites et moyennes entreprises publiques, aucune opération n’a pu être encore effectuée deux ans après.

Ce programme de privatisation fait face à de nombreuses difficultés tant sur le plan administratif, social (des licenciements importants ont été nécessaires) que structurel. La question foncière n’est pas réglée, les télécommunications restent inefficaces, de même que le système financier. Concernant la réforme bancaire, l’OCDE précise que son succès “dépend surtout de l’abolition de l’obligation qui est faite aux banques de financer des entreprises publiques incapables de faire face à leurs engagements de telle sorte que ces banques versent l’équivalent de quasisubventions aux entreprises publiques, évaluées par le FMI à 1% du PIB chaque année”. L’OCDE souligne, par ailleurs, que les deux plus importantes banques privées (comptant pour 6% du total des dépôts) ont fait faillite suite à des pratiques frauduleuses et au non-respect des règles prudentielles. Ces faillites coûteront l’équivalent de 2% du PIB au Trésor public.

Par Meziane Rabhi, Liberté