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Tourisme : Le retour de la destination Algérie

mercredi 30 mars 2005, par nassim

De plus en plus d’investisseurs et de voyagistes s’intéressent à l’Algérie, considérée comme une destination prometteuse, particulièrement après l’amélioration de son image à l’étranger et sa réintégration dans les marchés commerciaux spécialisés.

Les perspectives sont prometteuses. Mohamed Seghir Kara, ministre du Tourisme, a d’emblée affiché l’ambition première du gouvernement : réhabiliter le secteur touristique et en faire à moyen et long terme le deuxième pôle industriel après les hydrocarbures. L’Algérie est décidée aujourd’hui à faire du tourisme, longtemps sous-exploité, une industrie digne de ce nom.

L’année 2004 a connu des entrées appréciables. L’Algérie a accueilli 1 233 719 touristes, soit une augmentation de 5,78% par rapport à l’année 2003 où l’on a enregistré 1 166 287. Ce chiffre dénote d’un nouveau départ pour le tourisme algérien, surtout si on prend en compte qu’il dépasse le nombre enregistré en 1991 (1 193 210 touristes), année de référence qui a connu le plus grand taux de touristes. Signalons, en outre, que depuis 1996, il n’a été enregistré aucune baisse dans le nombre global de touristes. Le nombre de touristes étrangers a augmenté pour atteindre 368 562 touristes (croissance de 20,87%) par rapport à 2003. Par contre, le nombre d’Algériens établis à l’étranger connaît une relative stabilité (+0,44%) par rapport à l’année dernière.

SECTEUR POURVOYEUR EN DEVISES
Le grand rush a été constaté pendant la saison estivale où la communauté algérienne installée à l’étranger opte pour des vacances balnéaires, en plus d’une forte demande interne. Le départ massif en congé et l’absence d’une politique d’étalement des congés accentue cette demande. Le tourisme, pourvoyeur en devises et en emplois, veut sortir enfin des sentiers battus. Pour atteindre ce but, le ministre du Tourisme lui-même n’a cessé de véhiculer un message fort depuis la tenue du 6e Salon international du tourisme et des voyages (SITEV) : il ne suffit pas de disposer de soleil à gogo et de belles côtes pour mériter la vocation de pays touristique. Il faut introduire de manière ciblée et synchronisée une bonne dose de créativité et d’intelligence. Si l’intensification de la participation du secteur du tourisme aux salons spécialisés à l’étranger et l’appui aux manifestations promotionnelles organisées en Algérie sont nécessaires, il ne faut pas perdre de vue que l’essentiel est de changer les mentalités.

Notre participation aux salons étrangers est certes importantes, mais il semble que les Algériens y vont en rangs dispersés. La preuve : deux stands de l’Office national du tourisme (ONT) et de Gestour ont été consacrés à l’Algérie à la 30e édition du Salon mondial du tourisme (SMT) de Paris. Le pavillon algérien représenté par l’Office national du tourisme, dont le stand accueil de la compagnie nationale Air Algérie, des agences de voyages et des tours opérateurs et la Société de gestion des participations tourisme hôtellerie (Gestour) qui chapeaute, à cette occasion, une dizaine d’entreprises nationales de gestion touristique, alors que les autres nations se sont regroupées dans un seul stand, à l’exemple de Maison de France, un groupement d’intérêt économique dédié à la promotion de la France touristique.

INTÉRÊT ACCRU DES EUROPÉENS
Le nombre de touristes en provenance d’Europe a connu une augmentation de 26,18% par rapport à 2003. La France vient en tête avec 138 473 touristes (69,85% des touristes européens), avec un taux annuel de croissance estimé à 30,58%. Cette hausse s’explique, en partie, par le nouveau climat qui prévaut entre la France et l’Algérie depuis l’élection du président Bouteflika en 1999 et le renforcement de la coopération bilatérale dans plusieurs secteurs stratégiques pour le développement économique et social de l’Algérie. Seul ombre au tableau, le ministre des Affaires étrangères français « déconseille toujours les voyages dans ce pays, sauf pour raisons professionnelles impératives » et « les voyages touristiques individuels demeurent déconseillés en Algérie ». D’autre part, il faut dire que l’application du principe de la réciprocité en matière de visa par l’Algérie est un des freins au développement. D’après l’ambassadeur d’Algérie en France, il a été délivré 106 000 visas l’année dernière, alors qu’il n’a été octroyé que 10 000 en 1998. Les Européens ne comprennent pas que le gouvernement algérien les incite à venir et d’un autre côté ne veulent pas sauter ce verrou, alors que l’Algérie a beaucoup à gagner dans cette affaire.

Si notre pays s’ouvre au tourisme et la destination retrouve progressivement sa place dans les marchés internationaux, il y a un autre handicap qui défavorise l’essor du secteur : le transport aérien. Alors que le Maroc a décidé d’encourager les compagnies « charters » qui exploitent des lignes vers le Maroc et que la RAM a créée une nouvelle filiale de transport aérien touristique à bas prix (low cost), Atlas Blue, qui a entamé ses services en octobre 2004, Air Algérie augmente le prix du billet indéfiniment et sans avertir les clients. Concernant les autres nationalités qui ont visité l’Algérie, il s’agit des Tunisiens (103 593), des Libyens (7,47%), des Marocains (4,05%), des Syriens (3,27%) et des Egyptiens (2,45%). Le rapport souligne également que 1 416 861 Algériens ont voyagé en 2004 au-delà des frontières avec une augmentation de 13%. Beaucoup d’entre eux sont partis en Tunisie (673 246, soit 47,52%). Parmi les facteurs qui les incitent à voyager dans ce pays et aller sur le chemin bleu de Sidi Bousaïd et d’Ez Zitouna, citons l’absence de visas, les dépenses relativement raisonnables, la facilité des moyens de locomotion, en plus des liens qui unissent plusieurs familles des deux côtés de la frontière. En outre, 386 905 Algériens sont partis en France, notamment lors des congés annuels (août). 91 567 Algériens ont effectué le pèlerinage à La Mecque (janvier) et la omra (octobre et novembre).

L’annulation des procédures de visa par Rabat au profit des Algériens peut entraîner une augmentation de la fréquentation de ce pays. Le retour du Salon international du tourisme et des voyages (SITEV), dont la 7e édition est prévue du 16 au 20 mai prochain, contribuera à faire connaître et promouvoir les produits et sera un cadre propice de contact, de mise en relation d’affaires et de partenariat. Une opportunité aussi pour un positionnement stratégique des entreprises touristiques. Il semble y avoir une volonté des pouvoirs publics de faire du tourisme un secteur économique à part entière. L’Algérie ne veut plus se reposer uniquement sur le secteur pétrolier. Une stratégie de secteur a été mise en place avec des objectifs clairement établis qui sont de passer de 60 000 lits à 120 000 à l’horizon 2013. A cette date, le flux projeté est de plus de 3 millions de touristes qui devrait générer 1,5 milliard de recettes. L’Algérie possède 174 zones d’expansion touristique (ZET) dont une vingtaine sont d’ores et déjà aménagées. Il est envisagé dans les prochaines années la création de 20 000 lits supplémentaires. Ce qui permettra de créer plus de 35 000 emplois. L’Algérie a longtemps souffert d’un manque de visibilité et de clairvoyance. Aujourd’hui, il y a une certaine stratégie qui commence à se dessiner avec des chantiers ouverts.

Par Benelkadi K., elwatan.com