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Bricolages financiers autour de la Bourse de New York

mardi 26 avril 2005, par nassim

Rumeurs de rachat du New York Stock Exchange par Kenneth Langone, cofondateur du groupe Home Depot.

Mais que se passe-t-il donc à Wall Street ? En début de semaine dernière,

Le siège du New York Stock Exchange.

la Bourse new-yorkaise, le New York Stock Exchange (NYSE), a annoncé un accord de fusion avec la plate-forme électronique Archipelago, et son intention de se transformer en une entreprise privée et cotée en Bourse. Deux jours plus tard, c’était au Nasdaq, le rival électronique du NYSE, de faire une annonce similaire en concrétisant son rachat d’Instinet, une filiale de Reuters. Et hier toute la presse américaine faisait état des intentions de Kenneth Langone, le cofondateur du groupe Home Depot, géant américain du bricolage, de faire une offre d’achat sur le NYSE. Qui pourrait remettre en cause les plans de développement de la première place boursière au monde...

Ces grandes manoeuvres pour le moins surprenantes sont le résultat d’une révolution attendue depuis longtemps au NYSE. Si l’institution ­ qui a vu le jour à la fin du XVIIIe siècle ­ représente toujours plus de 12 000 milliards de dollars (9 200 milliards d’euros) de capitalisation boursière, elle est en effet sur le déclin depuis pas mal d’années. De plus en plus d’investisseurs préfèrent passer leurs offres auprès des places boursières automatisées comme Paris, Londres ou Francfort, plutôt que de travailler par l’intermédiaire des courtiers à la criée, cintrés de gilets verts et jaunes, qui assurent toujours bon nombre des transactions à New York.

Surtout, le NYSE a du faire face à une crise de gestion sans précédent depuis le début de l’année 2004. A l’époque, le conseil d’administration de la Bourse avait été critiqué pour avoir versé une indemnité de départ de 187 millions de dollars (plus de 140 millions d’euros) à son ex-PDG Richard Grasso. Dans la foulée, en 2005, la Bourse a du faire face à l’inculpation de quinze de ses courtiers à la criée, accusés de fraude boursière pour avoir traité « au détriment de leurs clients ». Dans ce contexte, le nouveau patron du NYSE, John Thain, avait promis des changements radicaux. Le rachat d’Archipelago, qui devrait se concrétiser d’ici à la fin de l’année, permet de facto à la Bourse new-yorkaise de concurrencer plus efficacement le Nasdaq, mais aussi ses rivales internationales. Son changement de statut, d’organisation non lucrative à société cotée, devrait aussi faciliter le financement de son futur développement. « Nous allons créer une entreprise forte et innovante, a assuré John Thain la semaine dernière. Cette transaction signifie que nous serons plus efficaces, plus diversifiés et plus transparents, capables de mieux répondre aux demandes des investisseurs. »

Dès lors, l’offre de rachat du NYSE par le financier Kenneth Langone intervient dans un climat des plus agité. Selon certains analystes, Langone, lui-même ancien directeur du New York Stock Exchange et très proche de Richard Grasso, n’aurait pas été satisfait des conditions de rachat d’Archipelago, et « voudrait profiter de ce moment charnière pour faire prévaloir sa propre stratégie » pour la Bourse new-yorkaise. « Pour l’instant, personne ne connaît les détails de cette offre, relevait hier un analyste à Wall Street, ce qui est sûr toutefois, c’est que Wall Street va bientôt ouvrir une nouveau chapitre de son histoire et que, d’ici quelques mois, le NYSE aura un tout autre visage. »

Par Fabrice ROUSSELOT, liberation.fr