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Mohammed VI passé au vitriol

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  • Mohammed VI passé au vitriol

    Un livre au vitriol sur les dix ans de règne de Mohammed VI, signé par le cofondateur du plus grand hebdo marocain. Savoureux menu… Encore un peu relevé par le refus du Journal Hebdomadaire d’en publier les bonnes feuilles.

    Les plumitifs du royaume enchanté qui se vouent aveuglément à la défense de Mohammed VI et du makhzen marocain ne pourront pas crier à l’ingérence étrangère. Cette fois, c’est un journaliste marocain qui s’attaque à la citadelle royale.

    Co-fondateur avec Aboubakr Jamaï du grand hebdo indépendant Le Journal Hebdomadaire, Ali Amar, 42 ans, publie ce mercredi chez Calmann-Lévy, Mohammed VI, le grand malentendu.

    Peu amène, cet ouvrage tire le médiocre bilan des dix premières années de règne du fils de Hassan II et passe en revue différentes affaires qui ont égayé les débuts du jeune souverain : les petits week-ends en amoureux de Nicolas et Carla Sarkozy chez un Mohammed VI qui a mis à leur disposition son « petit palais de Jnane Lakbir, niché dans la Palmeraie » de Marrakech, le renvoi de l’ancien ministre de l’Intérieur Driss Basri, l’assassinat du maître-chanteur Hicham Mandari, la pittoresque affaire de Talsint où le roi a cru que l’on avait trouvé du pétrole au royaume enchanté… Mais aussi des descriptions précises des dérives de l’entourage du monarque, sans oublier Lalla Selma, la rousse épouse de Mohammed VI.


    Bonnes feuilles / lundi 27 avril par Catherine Graciet



    Quelques extraits :
    Dernière modification par icosium, 09 juillet 2009, 16h41.
    "Les vérités qu'on aime le moins à apprendre sont celles que l'on a le plus d'intérêt à savoir" (Proverbe Chinois)

  • #2
    Très riche roi des pauvres

    D’emblée, Ali Amar dresse un portrait carabiné du roi Mohammed VI et de son penchant pour la fête avec les people.

    « Samedi 2 novembre 2002 à Marrakech. C’est le pic de saison pour La Mecque du tourisme marocain après les longs mois d’accalmie qui ont suivi le 11-septembre, mais les hôteliers et les restaurateurs font grise mine. Sur ordre des autorités, comme à l’accoutumée, tous les débits de boisson baissent leur rideau aux musulmans : dans quelques jours c’est ramadan. Un tunnel d’un mois qui grève leur chiffre d’affaires, surtout lorsque le calendrier de l’Hégire le fixe en automne.

    Vers 21 h 30, pourtant, à un jet de pierre du célèbre palace La Mamounia, dans la rue qui abrite Le Comptoir, un lounge-bar à la mode, l’ambiance n’est pas à la piété. De rutilantes limousines escortées de motards, tous gyrophares tournoyants, déversent dans un ballet incessant près de 300 convives aux portes de ce haut lieu de la vie nocturne marrakchie.

    Ce soir, la jet-set internationale est invitée par P. Diddy, la star du rap américain, qui a choisi le Maroc pour souffler ses 33 bougies. Sont arrivés à bord de deux avions spécialement affrétés de New York et de Paris par la Royal Air Maroc : Naomi Campbell, Ivana Trump, Tommy Lee Jones, Joey Starr ou encore Gérard Depardieu. De nombreux artistes de la scène musicale new-yorkaise dont les chanteurs Usher ou Billy Crawford ont également fait le déplacement pour trois jours et trois nuits de libations à l’orientale. Coût de l’anniversaire : un million de dollars, selon la très people « Page Six » du New York Post et le tabloïd anglais The Sun, qui affirmeront que la somme pour régler la note salée provenait de la cassette personnelle de Mohammed VI.

    L’information est relayée par toutes les gazettes mondaines de la planète et devient vite incommodante pour le jeune roi que l’on voit à la veille du mois sacré distribuer lui-même, à grand renfort de propagande, la soupe populaire aux nécessiteux du royaume. L’humoriste franco-marocain Jamel Debbouze, ordonnateur de ces soirées dignes des Mille et une nuits, est appelé à la rescousse.

    Il dira benoîtement qu’il a organisé lui-même ces festivités à travers Kissman Events, la société d’événementiel qu’il a créée au Maroc à cette occasion. Plus cocasse encore, son agent Jean-Pierre Domboy affirmera qu’en réalité l’opération n’a été possible que « grâce à une conjonction de partenaires comme l’office marocain du tourisme, la compagnie Royal Air Maroc, de grands palaces de Marrakech, ainsi que la chaîne de supermarchés Marjane ». Une bien fortuite conjonction de grandes entreprises publiques et de l’enseigne de grande distribution qui appartient à un holding royal.

    Toujours est-il qu’officiellement, le roi Mohammed VI n’a en aucun cas offert quoi que ce soit sinon, toujours selon l’agent de Jamel Debbouze, « l’utilisation d’une quinzaine de voitures avec chauffeurs, attachés au Palais ». L’intention de Jamel, « qui s’implique de plus en plus dans la promotion de l’image de son pays d’origine, était de faire découvrir à P. Diddy et à ses amis américains la beauté du Maroc, le sens de l’hospitalité et de la fête de ses habitants et surtout de leur montrer qu’un pays musulman pouvait être tout à fait fréquentable ».

    En réalité, le rétropédalage de Debbouze cache mal la gêne du Palais qui s’efforce depuis l’accession de Mohammed VI au trône en 1999, de façonner au souverain une image de « roi des pauvres » en rupture avec la magnificence médiévale de Hassan II. Des photos de paparazzi parues dans la presse, qui le montraient, alors prince héritier en jean et baskets, un paquet de Marlboro à la main, faisant ses emplettes dans les beaux quartiers de Paris, avaient déjà valu à sa garde rapprochée de sévères remontrances. Les débuts de son règne semblaient pourtant confirmer cette volonté du jeune roi de vivre au diapason de son peuple : plus modestement. »

    « le train de vie de sultan des temps modernes mené par Mohammed VI ne peut plus être tenu secret. Chaque année, le budget de l’État alloué à la monarchie s’élève à près de 300 millions d’euros. On y décompte les « listes civiles » qui comprennent notamment le salaire du chef de l’État (environ 36 000 euros par mois) ainsi que les indemnités que perçoit sa famille proche dont le détail reste confidentiel, atteignant 2,5 millions d’euros par an.

    Cependant, l’essentiel des dépenses du monarque provient d’à-côtés budgétaires pharaoniques destinés à entretenir sa cour et ses proches collaborateurs (un millier de salariés qui n’engloutit pas moins de 160 millions d’euros chaque année). Des rallonges qui sont prestement votées par consentement tacite des élus de la Nation au pouvoir bien limité.

    Le budget de fonctionnement de la maison royale – réparti en frais de personnel, frais de bouche, frais de déplacement, de téléphone, d’entretien des palais et de subventions diverses – représente plus de 2 % des dépenses totales de l’État. Il a augmenté de plus de 40 % depuis 2000. Il dépasse l’enveloppe allouée à la Justice, par exemple, et représente plus de vingt-cinq fois celle du Premier ministre et de son cabinet, réduit à la portion congrue et de facto à la figuration.

    Les dépenses somptuaires du Palais, décuplées par le grand apparat de son protocole, atteignent des sommets pour chacune des coquetteries voulues par le roi. Mohammed VI dilapide par exemple 40 millions d’euros par an en frais de voyages, 1 million pour la nourriture des animaux du Palais, 6 millions pour le renouvellement de son parc automobile, près de 2 millions en dépenses vestimentaires chez les grands couturiers comme Gianfranco Ferre ou des stylistes en vogue comme Holland and Sherry, qui a annoncé en 2008 sur le site stv.tv que le roi faisait partie des 18 personnalités à lui avoir commandé l’habit le plus cher au monde : un costume en laine de lama des Andes pour la coquette somme de 35 000 livres sterling. La marque qui habille les grandes stars comme George Clooney et Tom Cruise précisait que le vêtement de Mohammed VI nécessitait un travail de dix-huit mois pour sa confection.

    Des chiffres qui donnent évidemment le vertige dans un pays où le salaire minimum ne dépasse pas les 200 euros. »
    Dernière modification par icosium, 09 juillet 2009, 16h39.
    "Les vérités qu'on aime le moins à apprendre sont celles que l'on a le plus d'intérêt à savoir" (Proverbe Chinois)

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    • #3
      Les deux têtes de Janus

      Au menu de ce chapitre, la description des relations entre deux personnalités proches de Mohammed VI : les sieurs Fouad Ali el Himma et Mounir Majidi. Les deux hommes se livrent un combat de titans pour le pouvoir et l’oreille du souverain.

      « Depuis que Mohammed VI est roi, les parcours fulgurants des deux hommes résument à eux seuls la « nouvelle ère ». Deux personnalités, devenues en dix ans les plus influentes du Maroc, qui n’ont presque aucun point en commun, sinon celui de vouloir être au plus près de Sa Majesté. Ils personnalisent deux archétypes de cette « Génération M6 », mais surtout deux versants d’un même pouvoir, dont le roi a lui-même tracé les contours : El Himma à la politique et à la sécurité en tant que ministre délégué de l’Intérieur, Majidi au business et à la gestion de la fortune royale en tant que chef du secrétariat particulier du roi.

      Depuis qu’ils se sont hissés au pinacle du pouvoir, ces deux confidents de Mohammed VI font mine de respecter ce jeu de rôle, mais, à chaque faiblesse de l’un ou de l’autre, leur guerre d’usure laisse jaillir des étincelles. En coulisses, leur combat n’a pas repris : il ne s’est jamais interrompu. « Arrêter de surveiller l’autre serait déjà une erreur, cesser de s’en méfier, une faute », commente un habitué du sérail.

      Les quelques patrons invités à la cène d’Elalamy qui abordent ce sujet en discrets conciliabules ont des raisons de s’inquiéter : ils font partie du clan Majidi, formaté autour des holdings royaux et du patronat. Et Majidi est de nouveau au centre de plusieurs polémiques qui pourraient favoriser ceux d’en face, affidés à l’aile sécuritaire du Palais.

      Déjà en 2004, lorsque se préparait la relève au sein du patronat, El Himma avait saisi l’occasion d’avancer ses pions dans le pré carré des hommes d’affaires, soutenu en cela par le tour de vis sécuritaire donné au pays au lendemain des attentats sanglants du 16 mai 2003 à Casablanca, la capitale économique du royaume.

      El Himma avait profité de l’événement pour accuser publiquement les grands patrons de la ville de ne pas suffisamment investir afin de stimuler l’économie marocaine, de réduire le chômage et ce faisant d’éradiquer la misère des banlieues, terreau fertile de l’islamisme radical. Il empiète alors sur le domaine réservé de Majidi, qui lui aussi veut contrôler à sa manière le patronat en y plaçant ses fidèles alliés. Parce qu’il s’agit de menace terroriste, parce que la sécurité nationale est en jeu, l’incursion d’El Himma sera tolérée par Mohammed VI.

      Un geste qui sera très médiatisé et qui rappelle une vérité toute simple : dans la hiérarchie du pouvoir marocain, il n’y a pas de place pour deux vice-rois en période de crise. « Comment, dans ces conditions, parler d’attelage efficace destiné à secouer l’immobilisme du gouvernement ? », s’interroge la presse, qui critique cette polarisation du pouvoir autour du roi et qui ne crée que tensions et scandales à répétition.

      Cette fois, le fer est croisé au cœur du business de Mohammed VI. Une violente controverse vient d’éclater autour du débarquement précipité de Khalid Oudghiri, un ancien cadre de la BNP promu au poste de P-DG d’Attijariwafa Bank, la banque contrôlée par les holdings du roi. Yassine Mansouri, le patron de la DGED (Direction générale des études et de la documentation), le service de contre-espionnage marocain, est destinataire en décembre 2006 d’une missive confidentielle de ses homologues français. La France, première partenaire économique du royaume, s’inquiète de voir malmenés ses intérêts au Maroc.

      Mohammed VI est immédiatement informé. On ne saurait obscurcir le ciel dégagé des relations privilégiées avec Paris, alors que le soutien de l’Élysée et du Quai d’Orsay est si crucial sur le dossier du Sahara occidental. El Himma y voit une opportunité de porter l’estocade à son rival.

      Une réunion extraordinaire est organisée au ministère de l’Intérieur en janvier 2007, à laquelle sont convoqués Majidi et ses lieutenants : Hassan Bouhemou, le patron de Siger (anagramme de Regis, « roi » en latin), holding du souverain qui contrôle l’Omnium Nord-Africain (ONA) et Attijariwafa Bank, Saâd Bendidi, à l’époque P-DG de l’ONA, et Khalid Oudghiri, le P-DG d’Attijariwafa Bank.

      En face d’eux, El Himma aligne Chakib Benmoussa, le ministre de l’Intérieur, par ailleurs un ancien de l’ONA, et Yassine Mansouri, le chef des services secrets. La réunion est houleuse, mais au sein du clan Majidi, Oudghiri laisse entrevoir des positions opposées sur la stratégie de la banque vis-à-vis de l’ONA et de ses partenaires français, notamment AXA et Auchan avec qui la guerre est ouverte.

      Oudghiri sera invité à s’exprimer plus librement à huis clos lors d’une deuxième rencontre avec les « sécuritaires ». À cette occasion, il s’opposera à l’idée de mettre la banque qu’il dirige au seul service des intérêts du roi. L’hostilité à l’égard des intérêts économiques de la France est pour lui une hérésie.

      El Himma boit du petit-lait et s’empresse de s’en ouvrir à Mohammed VI qui attend des explications. Mais l’omerta qui règne au Palais veut que rien ne filtre, l’affaire devra rester secrète. Elle sera tranchée par le limogeage d’Oudghiri sans autre forme d’explication, Majidi préférant sacrifier un pion sur l’échiquier pour que les querelles sur les affaires royales ne soient pas rendues publiques, surtout lorsqu’elles se télescopent avec des enjeux diplomatiques.

      Pire, alors que Oudghiri quitte le Maroc des mois plus tard pour prendre la direction d’une banque saoudienne, il sera accusé de malversations et de mauvaise gestion d’Attijariwafa Bank, au point qu’il fera appel pour sa défense à Me Vergès, le ténor du barreau parisien, pour se prémunir de la vengeance du clan Majidi qui ne lui a pas pardonné sa traîtrise. »
      "Les vérités qu'on aime le moins à apprendre sont celles que l'on a le plus d'intérêt à savoir" (Proverbe Chinois)

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      • #4
        Génération M6

        Tout au long de son livre, Ali Amar égrène plusieurs révélations sur l’histoire du Journal Hebdomadaire comme cet épisode concernant l’ancien Premier ministre Driss Jettou.

        « Dans sa villa du Val d’Anfa à Casablanca, Driss Jettou me reçoit avec le sourire, ce 25 juillet 2008. Je n’avais pas vu l’ancien Premier ministre depuis des années. Le sujet pour lequel je souhaitais le rencontrer devient presque secondaire lorsqu’il se met à égrener des souvenirs communs. « Tu ne sais pas à quel point je vous ai défendu lorsque j’étais aux affaires. Tout le monde voulait votre peau, des gens au Palais bien sûr, mais plus encore chez les socialistes. Parfois, le Conseil du gouvernement faisait de votre cas une obsession. Ça n’a pas été de tout repos, crois-moi. » Je veux bien le croire en effet.

        2 décembre 2000, Abderrahmane Youssoufi, Premier ministre socialiste à l’époque, entérine la mort du Journal. Je suis attablé avec Aboubakr Jamaï, Fadel Iraki et l’un des enfants de Mehdi Ben Barka à la terrasse d’un café du XVIe arrondissement à Paris lorsque nous apprenons la nouvelle. Nous décidons de rester en France encore quelques jours pour organiser notre contre-attaque, car cette fois-ci la bataille sera encore plus rude et nous savons que notre meilleure défense est notre exposition à l’opinion internationale.

        L’interdiction de l’hebdomadaire coïncide avec la tenue au Maroc du premier congrès de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) dans un pays non démocratique. Dans son communiqué de protestation, la FIDH fait remarquer à Youssoufi les contradictions de sa décision. Il prétend la prendre dans « sa conviction de renforcer les espaces de liberté », alors même qu’il a utilisé le fameux article 77 du code de la presse qui a servi pendant des décennies à censurer son propre parti lorsque celui-ci était dans l’opposition. Le satisfecit que voulait donner cette puissante organisation au royaume en organisant son congrès à Casablanca pour la transition vers un État de droit dans laquelle il semblait s’être engagé va tourner à la catastrophe médiatique.

        Driss El Yazami, l’ancien opposant du régime et cheville ouvrière de la FIDH, se sent floué par cette décision liberticide. À notre retour de Paris, il invite Aboubakr Jamaï à la tribune du Congrès. Face aux caméras du monde entier, après un discours percutant, le jeune patron du Journal annonce sa décision d’entamer sur-le-champ une grève de la faim illimitée afin d’obtenir l’autorisation de ressusciter sa publication.

        Les débats prévus sur les avancées en matière de droits de l’homme sous Mohammed VI paraissent dès lors désuets. Youssoufi, qui avait quitté la salle avant l’intervention de Jamaï, est décrédibilisé. Ce scénario inattendu au Palais va le contraindre à reconsidérer sa position, surtout qu’une campagne de presse à l’internationale se fait de plus en plus l’écho de la fin du « printemps marocain ».

        Fouad Ali El Himma, en retrait depuis le début de la crise, reprend langue avec Fadel Iraki, l’actionnaire principal du Journal. Le rendez-vous aura lieu à Marrakech, alors que Jamaï, cloîtré depuis presque une semaine dans son bureau où il a installé un lit de camp, reçoit sans interruption les médias et enchaîne les conférences de presse jusqu’à épuisement.

        La mobilisation est à son comble, alors que l’État et sa justice se confondent dans des explications juridiques surréalistes pour justifier leur refus d’autoriser Jamaï à lancer un nouveau titre. Le parquet de Casablanca, censé donner ce sésame sur simple présentation d’un dossier, conformément au code de la presse, joue la montre en arguant que des pièces administratives n’ont pas été produites, sans pour autant préciser lesquelles.

        Alors en route pour Marrakech, Fadel Iraki reçoit un coup de téléphone de son ami Abderrahim Lahjouji, le patron de la CGEM, l’équivalent marocain du MEDEF, avec qui il s’était entretenu durant la journée. Il lui demande de faire demi-tour d’urgence et de le retrouver à son bureau privé de la rue d’Alger.

        Là, la surprise est de taille : Driss Jettou, alors conseiller du roi, l’y attend. Iraki m’appelle pour assister à la rencontre. L’échange est cordial, mais quelque peu tendu. Lahjouji y met beaucoup du sien, explique au conseiller les retombées néfastes de l’affaire et étale sous ses yeux les articles du Monde, du Figaro et de Libération qui parlent d’un retour aux années sombres. Jettou se tourne vers moi et me dit : « Écoute, je sais que tu es un garçon raisonnable. Le pays est lynché, demande à ton ami d’arrêter au moins sa grève de la faim et je te promets de solutionner le problème dans l’heure qui suit. Si vous faites ça, je vous invite tous les trois à dîner ce soir autour d’un tajine de poulet au citron. »

        Ce à quoi je réponds que, si Jamaï reçoit son autorisation avant la fin de la journée, nous serions honorés d’être invités à sa table. Au même moment, nous apprenons qu’ordre a été donné au procureur du tribunal de première instance de Casablanca de remettre en mains propres à un Jamaï triomphal son sésame.

        Jettou appelle alors El Himma de son portable et lui annonce avec satisfaction : « On a gagné ! » Nous dînerons alors le soir même autour du tajine promis au domicile de Lahjouji. Au dessert, Jettou aura cette phrase terrible : « Vous devez savoir qu’au Palais, on ne lit pas tous vos articles dans le détail. On s’arrête souvent sur un titre qui dérange, une formule, mais le sens général n’est pas souvent compris. Vous n’avez pas affaire à des intellectuels. »

        Pour garder la face, le procureur du roi sera dépêché sur le plateau de télévision de la chaîne 2M pour annoncer que Le Journal a finalement produit les pièces manquantes imaginaires. Le publicitaire Nourredine Ayouch, un proche du Palais, était passé opportunément à l’administration du Journal pour demander une copie du dossier initial, remis un mois plus tôt au procureur. Il ira le déposer au greffe du Tribunal, offrant ainsi à l’État le prétexte officiel pour céder à la pression médiatique. »

        Mohammed VI, Le grand malentendu. Dix ans de règne dans l’ombre de Hassan II. Par Ali Amar. Ed. Calmann-Lévy.

        Bakchich
        "Les vérités qu'on aime le moins à apprendre sont celles que l'on a le plus d'intérêt à savoir" (Proverbe Chinois)

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        • #5
          deja traité:

          http://www.algerie-dz.com/forums/bou...-ali-amar.html

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          • #6
            cet ouvrage tire le médiocre bilan des dix premières années de règne du fils de Hassan II et passe en revue différentes affaires qui ont égayé les débuts du jeune souverain : les petits week-ends en amoureux de Nicolas et Carla Sarkozy chez un Mohammed VI qui a mis à leur disposition son « petit palais de Jnane Lakbir, niché dans la Palmeraie » de Marrakech, le renvoi de l’ancien ministre de l’Intérieur Driss Basri, l’assassinat du maître-chanteur Hicham Mandari, la pittoresque affaire de Talsint où le roi a cru que l’on avait trouvé du pétrole au royaume enchanté… Mais aussi des descriptions précises des dérives de l’entourage du monarque, sans oublier Lalla Selma, la rousse épouse de Mohammed VI.
            no comment l'ami, si le bilan negatif ce resume au ptit week end en amoureux du premier couple francaais dans un ptit palait de M6 et ou le renvoie du ministre de l'interieur Basri, alors sa nous va tres tres bien.

            parceque de l'autre cote, il y a 98 pc de marocains qui ont l'electricite alors qu'ils n'etait que de 39 pc il y a 10 ans.

            le plus important pour nous c'est la connection de 25 million de marocain a un reseau autorotiere, et c'est aussi la modernisation des aeroports et train et l'audiovisuel.........

            et quand je lie ce que ce monsieur a ecris sur puff dady, je rigole parceque sur les magazines americain et mtv et vh1.... tous le monde a parle de ce voyage qui etait au top 10 des depense des celebrities americaine cette anne la, et le pauvre n'a depenser qu'un million de dollars pour son anniverssaire, et le plus important c'est la mediatisation au usa de cette evenement qui a donnee beacoup de pub pour le maroc comm une destination de luxe.

            amicalement.

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            • #7
              MOULAY HICHAM, ALI AMAR, ETC.
              Grand malentendu et petites polémiques

              Ali Amar. (TNIOUNI)

              L’essai qui vient d’être publié en France par Ali Amar n’aura probablement pas de vie au Maroc. Il déclenche pourtant une intense polémique dans les milieux médiatico-politiques nationaux. Eclairage.


              Sorti le 29 avril en France et en Europe, le premier livre de Ali Amar (Le grand malentendu, Calmann-Lévy) a visiblement peu de chances d’être distribué au Maroc. “Mais attention, prévient d’emblée l’auteur, il ne s’agit pas de censure. Calmann-Lévy est une filiale du groupe Hachette
              qui dispose d’une société de distribution exclusive au Maroc. Cette dernière n’a pas jugé utile de commander le livre”, affirme Amar. Même son de cloche du côté de ce professionnel de l’édition qui rappelle un précédent du même genre. “Les Trois rois d’Ignace Dalle n’a jamais été distribué au Maroc pour les mêmes raisons. Le livre a pourtant fait de très bons scores en France et notamment dans les aéroports où plusieurs Marocains transitent tous les jours”. N’est-ce pas de la censure déguisée, du coup ? “Difficile de l’affirmer. Disons simplement que certains distributeurs préfèrent ne pas commander certains livres pour préserver leurs intérêts sur le marché marocain”, confie une source au sein de la société de distribution Hachette, qui n’a pas souhaité s’exprimer officiellement sur le sujet.

              Une chose reste cependant sûre : le livre de Amar dérange. D’abord, parce que c’est bien la première fois qu’un sujet de Sa Majesté ose s’attaquer à l’exercice (jusque-là périlleux) de l’essai journalistique. Ensuite, parce que l’auteur n’a tout simplement pas pris de gants pour la rédaction de son “brûlot”. Attaques frontales contre Mohammed VI, retour sur des affaires peu flatteuses pour le régime (Mandari, Talsint, etc.), et surtout une retranscription détaillée de certaines rencontres et déclarations censées rester secrètes. “Même en France, explique Ali Amar, le livre a été accueilli avec une certaine tiédeur qui m’a grandement étonné. Même si j’ai pu faire des matinales sur de grandes radios ou sur des écrans de télévision, nous avons eu très peu de retours dans la presse qui a préféré éviter le sujet ou y consacrer de petits formats”.

              Cachez-moi ce livre…
              Au Maroc, plusieurs personnes ont tenu à marquer leurs distances vis-à-vis de l’ouvrage dès la publication des premières bonnes feuilles dans la presse, à commencer par les anciens compagnons de Amar au Journal Hebdomadaire. Fadel Iraki, actionnaire majoritaire de la publication casablancaise, a par exemple demandé à déprogrammer un dossier sur le sujet à la dernière minute. “Ali nous avait promis l’exclusivité des bonnes feuilles, mais j’ai été étonné d’apprendre que plusieurs autres confrères s’apprêtaient à publier la même chose. J’ai alors décidé de temporiser, cela nous permettait en plus de prendre du recul par rapport à ce livre et à la polémique qu’il a déclenchée”, explique Iraki. L’homme ne cache pourtant pas une certaine amertume quant à la démarche adoptée par l’auteur du Grand malentendu. “Je n’en veux pas à Ali mais je regrette sincèrement que d’autres aient eu connaissance de l’existence ou du contenu du livre avant nous. Nous avons vécu des choses intenses pendant plus de dix ans, il n’y avait pratiquement pas de secrets entre nous”, conclut Iraki. D’autres personnes, comme Driss Jettou (ancien Premier ministre), ont préféré pour leur part contester des “informations erronées” contenues dans le livre de Amar. L’ancien Premier ministre nie par exemple avoir dit que “Au Palais, on ne lit pas tous vos articles dans le détail, (et) le sens général n’est pas souvent compris. Vous n’avez pas affaire à des intellectuels”. “Ce genre de démentis visent à décrédibiliser le livre de Ali Amar, de manière à en faire un non-événement et c’est ce qui est train de se passer”, constate notre professionnel de l’édition.

              “Profonde révulsion”
              Mais la charge la plus violente contre l’ouvrage de Amar est venue des Etats-Unis où réside Moulay Hicham, cousin germain du roi Mohammed VI et “grand ami” de Ali Amar. Dans un texte adressé à notre rédaction, Moulay Hicham exprime sa “profonde révulsion à l’égard du contenu et du style de cet ouvrage” avant de poursuivre : “Au lieu d’un bilan sérieux et objectif de ces dix années de règne, l’auteur nous donne un tissu de clichés malveillants sur la personne du roi, de son épouse, sur la famille royale, ainsi que sur de nombreuses personnalités politiques, des intellectuels, des artistes, des journalistes et des militants associatifs. L’objectif de M. Amar paraît des plus douteux. Non seulement il n’apporte rien, mais il en rajoute par l’usage d’un vocabulaire injurieux qui cache mal la vacuité du propos”. Le prince critique sévèrement l’ensemble des chapitres du Grand malentendu. Selon lui, aucun sujet n’a eu droit à un traitement équilibré et profond. Moulay Hicham va plus loin en affirmant qu’en somme, “tout se passe comme si l’on était en présence d’un combat singulier opposant le roi à Ali Amar. Le journaliste ayant perdu ainsi tout sens des proportions”.
              Pour comprendre les raisons de l’indignation du prince (en plus de sa frustration académique), il faut en fait aller à la dernière page du livre, celle des remerciements. On peut notamment y lire ceci : “…Bien que Marocain et issu de ce milieu, ma compréhension des arcanes du Makhzen ne serait pas ce qu’elle est sans le prince Moulay Hicham et son épouse Malika, qui ont eu l’amitié de me faire partager, pendant toutes ces années, leur connaissance du sujet et leurs souvenirs avec passion”, écrit Ali Amar. Pour Moulay Hicham, ces quelques phrases ne sont pas anodines. “Il (l’auteur) se permet de me citer sans vérifier mes propos. Plus encore, il me cite comme pour suggérer que je suis l’une de ses sources. Je refuse d’être instrumentalisé pour un objectif aussi peu louable”, affirme Moulay Hicham.

              “Je n’ai injurié personne”
              Des propos qui étonnent Ali Amar. Selon lui : “Les remerciements que comporte le livre sont de bonne foi. Je n’ai jamais dit que Moulay Hicham et son épouse étaient des sources. Je ne veux causer de problèmes à personne et je n’ai pas écrit ce livre pour des raisons revanchardes”. L’auteur dit d’ailleurs comprendre que certains, qui s’attendaient à un essai plus académique ou plus analytique, soient quelque peu déçus ou frustrés. “Mais tous ont le droit d’écrire. Nous avons suffisamment souffert du manque de témoignages sur l’histoire immédiate. Il faut banaliser ce genre de pratiques”, explique-t-il. L’auteur reste également serein quant aux éventuelles répercussions (notamment judiciaires) que pourrait entraîner la parution de son livre. “Je crois avoir fait attention au respect dû au roi en tant que personne et en tant que chef d’Etat. Je n’ai injurié personne”, répond Amar. Soit, mais n’a-t-il pas péché par précipitation ? En tout, il n’a consacré que quatre mois à la rédaction de son ouvrage. Trop peu, selon ses détracteurs, pour recouper toutes les informations et confirmer les principales citations contenues dans le livre. Cela expliquerait, toujours selon eux, la masse d’inexactitudes contenues dans Le grand malentendu. Là encore, Ali Amar tient à relativiser en affirmant qu’il n’a pas démarré la rédaction ex-nihilo. “Je me suis appuyé sur une documentation amassée au fil de plusieurs années. Tout était déjà sourcé et soigneusement conservé dans des notes écrites”. Reste une question : en écrivant ce livre, Amar met-il un terme à sa carrière journalistique ? “C’est la fin d’un cycle, celui du Journal Hebdomadaire, mais pas d’une carrière. Je crois que si d’autres journalistes s’essayaient à cet exercice, il y aurait moins d’exacerbation autour”. Avis aux intéressés ?


              Dixit. Le prince Moulay Hicham répond à Ali Amar

              “A la suite de la publication par Ali Amar du livre Mohammed VI. Le grand malentendu, chez Calmann-Lévy, je tiens à faire savoir que, contrairement à ce que visent à insinuer de bien curieux “remerciements”, ni moi-même ni mon épouse n’avons introduit de quelque manière que ce soit l’auteur dans les soi-disant “arcanes” du Palais. Je ne m’explique pas ces “remerciements” d’autant que j’ai cessé tout contact avec Ali Amar depuis deux ans, en raison de doutes sur son intégrité. Ceux qui me connaissent ou suivent mes prises de position savent que j’ai toujours agi à visage découvert, en prenant mes responsabilités sur la place publique. Ils connaissent aussi la valeur que j’attache à la liberté d’expression. Mais celle-ci comporte également des obligations : il appartient ainsi à Ali Amar d’assumer les atteintes à la vie privée et à la réputation de nombreuses personnes -de la famille royale aux militants de la société civile, en passant par ses confrères journalistes - qu’il juge expéditivement dans son livre, souvent au mépris des faits et sans jamais leur donner l’occasion de présenter leur part de vérité. De tels procédés se jugent d’eux-mêmes. Je fais confiance aux lecteurs pour les prendre comme ce qu’ils sont : les preuves d’un regrettable manque de professionnalisme”.

              Hicham Ben Abdellah Alaoui

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              • #8
                le médiocre bilan des dix premières années
                Du petit patelin il y a 10 ans , au plus grand chantier économique et sociale du monde aujourd'hui , effectivement plus médiocre que ça il y a pas .

                Perso , tant qu'on a pas coloniser l'espace , le bilan de M6 resteras médiocre.

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                • #9
                  au plus grand chantier économique et sociale du monde aujourd'hui
                  apres le plusbo, le plusdémokratik, on a le pluséconomik et le plusocial...

                  Quel est le prochain plus au monde ?

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                  • #10
                    Chacun son avis sur M6. Moi je le vois comme un bon Roi. Mais il faudrait qu'il surveille son poids un peu question de rester un modèle de dynamisme. Même si bon les corticoïdes et le diabète n'aident pas à garder la ligne.
                    La guerre, c'est la guerre des hommes ; la paix, c'est la guerre des idées. V. Hugo

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                    • #11
                      L'essentiel est ce que nous voulons nous marocains, pas ce que veulent pour nous les Algeriens.
                      Médiocre ou pas, on a notre façon de changer les choses mais pour vous faire plaisir on restera toujours Royaume avec des hauts et des bas.
                      C'est notre société à nous marocains et on la deteste ou on l'aime malkoum vous jouez à la chegavara.
                      La haine aveugle

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                      • #12
                        Le contenu du livre de cet opposant de la 25ieme heure est battu en breche par le prince Moulay Hicham qui n'a jamais été tendre avec son oncle Hassan II et à un degré moindre avec son cousin M6.

                        Cela devrait suffire .


                        ..........................

                        (....)Je ne m’explique pas ces “remerciements” d’autant que j’ai cessé tout contact avec Ali Amar depuis deux ans, en raison de doutes sur son intégrité.
                        Ceux qui me connaissent ou suivent mes prises de position savent que j’ai toujours agi à visage découvert, en prenant mes responsabilités sur la place publique. Ils connaissent aussi la valeur que j’attache à la liberté d’expression. Mais celle-ci comporte également des obligations : il appartient ainsi à Ali Amar d’assumer les atteintes à la vie privée et à la réputation de nombreuses personnes -de la famille royale aux militants de la société civile, en passant par ses confrères journalistes - qu’il juge expéditivement dans son livre, souvent au mépris des faits et sans jamais leur donner l’occasion de présenter leur part de vérité. De tels procédés se jugent d’eux-mêmes.
                        Je fais confiance aux lecteurs pour les prendre comme ce qu’ils sont : les preuves d’un regrettable manque de professionnalisme”.


                        Hicham Ben Abdellah Alaoui

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                        • #13
                          Je jugerai le bilan de M6 sur sa manière de gerer la crise alimentaire et pétrolière de 2007-2008

                          une telle flambée des prix des produits alimentaires et des produits petroliers a été géré de manière à mon avis très audacieuse

                          oser multiplier par 10 le budget de la caisse de compensation et mettre en défi le gouvernement pour equilibrer les compte est quant même très sage

                          HII aurait fait exactement le contraire (comme en 1982)

                          et le resultat on le connait

                          M6 a fait l'économie d'une tension politique majeur en agissant de la sorte

                          Pour le reste, c'est du détail

                          payer un weekend gratis à un futur chef d'Etat!!
                          pour moi c'est être visionnaire et préparer ces futurs relais

                          cela semble malhonnête mais c'est comme cela que cela se passe

                          C'est comme inviter en 2002 Mme Clinton avec sa fille au dunes de Merzouga,
                          .
                          .
                          ''La pauvreté ne sera plus séditieuse, lorsque l'opulence ne sera plus oppressive''
                          Napoléon III

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                          • #14
                            Je partage tout à fait l'avis de Pihman. D'ailleurs il a toujours raison Pihman lol
                            La guerre, c'est la guerre des hommes ; la paix, c'est la guerre des idées. V. Hugo

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                            • #15
                              pihman mangeait des épinards tout petit... rires
                              Sans blagues, je partage également.

                              M6 est quelqu'un d'instruit, visionnaire, et il est à l'image de cette jeune génération émergente, bien formée, ouverte, consciente et qui bosse pour le pays.
                              Ça constitue le secret du Maroc actuel : le changement de génération (dixit moulay hfid alami, ex patron des patrons)
                              Dernière modification par alien, 09 juillet 2009, 21h43.

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