Peut-on concevoir un scrutin législatif sans la participation des poids lourds de la politique nationale, à savoir le FFS de Hocine Aït Ahmed et El Islah de Abdellah Djaballah.
Dans la plupart des pays du monde, un scrutin est fait pour sanctionner l’équipe au pouvoir, soit en lui renouvelant la confiance, soit en élisant de nouvelles têtes.
Or, ce que nous voyons aujourd’hui en Algérie, c’est que le jeu est verrouillé et qu’il n’y a pas d’enjeu en mesure de déranger l’establishment.
Le système veut se succéder à lui-même. Il a trois partis politiques qui forment la majorité au Parlement et qui constituent la coalition au pouvoir. L’entente qui les lie barre le chemin devant quiconque voudrait venir leur disputer ce leadership. Le schéma d’organisation qui a été imaginé aboutit à la mise en place d’un pouvoir tricolore, embrassant le spectre des pseudo-sensibilités nationales.
Ce qui fait qu’au lieu d’avoir une gauche, une droite et un centre, on a plutôt des idéologies somme toute conventionnelles, voire artificielles. Les idéologies sont représentées dans trois partis: ce sont le FLN (représentant l’aile nationaliste), le MSP, représentant l’aile islamiste, et le RND représentant ce qu’il est convenu d’appeler l’aile démocrate.
Mais au-delà de ces distinctions en fait, formelles, on ne voit pas une véritable lutte entre eux en termes de programmes et de nouvelles propositions politiques, économiques, sociales, culturelles. Sommes-nous déjà dans un système oligarchique qui ne veut pas dire son nom avec des partis politiques qui se présentent devant les électeurs sans programme de gouvernement?
Puisque les trois formations affirment qu’elles appliquent le programme du président de la République, élu au suffrage universel, et qu’elles n’entendent pas, au terme de ce scrutin, remettre en cause l’équilibre des forces en présence, selon un savant dosage politique consistant à saupoudrer l’humus politique national, de sorte à ne mécontenter aucune composante, elles n’apportent rien de nouveau ni rien de consistant.
Mais pour réussir un tel équilibrisme, il faut donner le change à l’opinion, pour qu’elle ait l’impression de participer à une véritable bataille électorale. D’où l’apparition de ces partitots ou particulets que Abassi Madani appelait en son temps sanafir (traduction de schtroumfs, voire de lilliputiens). Ces partis qui avaient reçu leur agrément au début des années 90, n’activent pas sur le terrain. Ils n’ont aucune assise sociale, et pour certains d’entre eux, n’ont pas même tenu un congrès de conformité.
Et pourtant ils sont là, et font leur réapparition pour donner du piment à la campagne électorale, sachant très bien qu’ils n’ont aucune chance d’être élus. Ont-ils au moins des candidats?
Ce qui vient fausser le jeu, c’est le fait que les autorités publiques ouvrent les médias publics à ces partis sans base électorale. Leur rôle est simplement de faire croire que le pouvoir tolère l’existence d’une opposition, alors que dans la réalité, l’opposition est bâillonnée: elle n’a pas accès aux médias publics et la loi électorale est faite de telle sorte que ces partis de l’opposition n’ont aucune chance d’obtenir un groupe parlementaire fort, voire d’arracher une majorité qui leur permettrait de former un gouvernement et de contrôler l’Exécutif.
Les électeurs vont aller voter, en sachant que les jeux sont faits à l’avance, et qu’il n’y a pas de véritable enjeu. Une politique des quotas, en fonction d’un clientélisme et d’un schéma préétabli, a déjà réglé la composante de la future assemblée comme du papier à musique. Les sanafir sont là pour faire croire que la bataille électorale sera rude, mais, apparemment, les électeurs ne sont pas dupes. Mise à part la participation annoncée du RCD, du PT et tout dernièrement de l’ANR -qui va intégrer des listes de l’UDR et du MDS, on ne voit aucune nouveauté à ce scrutin. Persuadés de n’avoir pas d’adversaire à leur taille, les partis de la coalition ne se donnent même pas la peine de faire des propositions alléchantes aux électeurs. Toute la bataille tourne autour des têtes de listes, comme si l’enjeu était là.
Pour ce qui est de l’alternance et du désir de changement de la majorité des électeurs, on repassera. Or, le changement ne concerne pas au premier degré les têtes, mais bien les programmes. Que proposent ces partis dans le domaine de l’emploi, de la santé, de l’éducation, de la construction des infrastructures de base?
Que proposent-ils dans le domaine des salaires, de la justice, de l’alimentation en eau potable, de l’aménagement du territoire, dans un pays où l’essentiel de la population est agrippée sur une maigre portion du littoral, malgré des espaces inoccupés considérables? Que proposent ces partis pour la protection de l’environnement et dans l’écriture de l’histoire, et pour faire aimer l’Algérie aux Algériens? Est-ce trop demander?
Par L'Expression
Dans la plupart des pays du monde, un scrutin est fait pour sanctionner l’équipe au pouvoir, soit en lui renouvelant la confiance, soit en élisant de nouvelles têtes.
Or, ce que nous voyons aujourd’hui en Algérie, c’est que le jeu est verrouillé et qu’il n’y a pas d’enjeu en mesure de déranger l’establishment.
Le système veut se succéder à lui-même. Il a trois partis politiques qui forment la majorité au Parlement et qui constituent la coalition au pouvoir. L’entente qui les lie barre le chemin devant quiconque voudrait venir leur disputer ce leadership. Le schéma d’organisation qui a été imaginé aboutit à la mise en place d’un pouvoir tricolore, embrassant le spectre des pseudo-sensibilités nationales.
Ce qui fait qu’au lieu d’avoir une gauche, une droite et un centre, on a plutôt des idéologies somme toute conventionnelles, voire artificielles. Les idéologies sont représentées dans trois partis: ce sont le FLN (représentant l’aile nationaliste), le MSP, représentant l’aile islamiste, et le RND représentant ce qu’il est convenu d’appeler l’aile démocrate.
Mais au-delà de ces distinctions en fait, formelles, on ne voit pas une véritable lutte entre eux en termes de programmes et de nouvelles propositions politiques, économiques, sociales, culturelles. Sommes-nous déjà dans un système oligarchique qui ne veut pas dire son nom avec des partis politiques qui se présentent devant les électeurs sans programme de gouvernement?
Puisque les trois formations affirment qu’elles appliquent le programme du président de la République, élu au suffrage universel, et qu’elles n’entendent pas, au terme de ce scrutin, remettre en cause l’équilibre des forces en présence, selon un savant dosage politique consistant à saupoudrer l’humus politique national, de sorte à ne mécontenter aucune composante, elles n’apportent rien de nouveau ni rien de consistant.
Mais pour réussir un tel équilibrisme, il faut donner le change à l’opinion, pour qu’elle ait l’impression de participer à une véritable bataille électorale. D’où l’apparition de ces partitots ou particulets que Abassi Madani appelait en son temps sanafir (traduction de schtroumfs, voire de lilliputiens). Ces partis qui avaient reçu leur agrément au début des années 90, n’activent pas sur le terrain. Ils n’ont aucune assise sociale, et pour certains d’entre eux, n’ont pas même tenu un congrès de conformité.
Et pourtant ils sont là, et font leur réapparition pour donner du piment à la campagne électorale, sachant très bien qu’ils n’ont aucune chance d’être élus. Ont-ils au moins des candidats?
Ce qui vient fausser le jeu, c’est le fait que les autorités publiques ouvrent les médias publics à ces partis sans base électorale. Leur rôle est simplement de faire croire que le pouvoir tolère l’existence d’une opposition, alors que dans la réalité, l’opposition est bâillonnée: elle n’a pas accès aux médias publics et la loi électorale est faite de telle sorte que ces partis de l’opposition n’ont aucune chance d’obtenir un groupe parlementaire fort, voire d’arracher une majorité qui leur permettrait de former un gouvernement et de contrôler l’Exécutif.
Les électeurs vont aller voter, en sachant que les jeux sont faits à l’avance, et qu’il n’y a pas de véritable enjeu. Une politique des quotas, en fonction d’un clientélisme et d’un schéma préétabli, a déjà réglé la composante de la future assemblée comme du papier à musique. Les sanafir sont là pour faire croire que la bataille électorale sera rude, mais, apparemment, les électeurs ne sont pas dupes. Mise à part la participation annoncée du RCD, du PT et tout dernièrement de l’ANR -qui va intégrer des listes de l’UDR et du MDS, on ne voit aucune nouveauté à ce scrutin. Persuadés de n’avoir pas d’adversaire à leur taille, les partis de la coalition ne se donnent même pas la peine de faire des propositions alléchantes aux électeurs. Toute la bataille tourne autour des têtes de listes, comme si l’enjeu était là.
Pour ce qui est de l’alternance et du désir de changement de la majorité des électeurs, on repassera. Or, le changement ne concerne pas au premier degré les têtes, mais bien les programmes. Que proposent ces partis dans le domaine de l’emploi, de la santé, de l’éducation, de la construction des infrastructures de base?
Que proposent-ils dans le domaine des salaires, de la justice, de l’alimentation en eau potable, de l’aménagement du territoire, dans un pays où l’essentiel de la population est agrippée sur une maigre portion du littoral, malgré des espaces inoccupés considérables? Que proposent ces partis pour la protection de l’environnement et dans l’écriture de l’histoire, et pour faire aimer l’Algérie aux Algériens? Est-ce trop demander?
Par L'Expression
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