«Pour une répartition équitable de la rente pétrolière»
L’Association des anciens condamnés à mort (1954-1962), que préside le sénateur issu du tiers présidentiel et ex-syndicaliste des cheminots, Mustapha Boudina, suggère au président Bouteflika de mettre en place «des instruments, plus efficaces, de contrôle sur la répartition du revenu national, l’utilisation et la gestion des finances publiques et l’accord de plus de pouvoir au conseil national de lutte contre la corruption installé récemment».
Réuni en session extraordinaire le 13 février dernier au centre de la Mutuelle des matériaux de construction à Zéralda, le conseil national recommande également au Parlement et au Conseil de la nation d’organiser «un débat à huit clos avec le gouvernement pour débattre tous les problèmes du pays et les préoccupations des citoyens, notamment la jeunesse». Cette association nationale est la première organisation à interpeller directement le président Bouteflika depuis les émeutes de janvier et la marche de la CNCD du 12 février dernier.
Elle est aussi la première association d’envergure à dénoncer les «injustices, les abus d’autorité et de pouvoir que certains responsables font subir aux citoyens, les poussant jusqu’au désespoir». De même qu’elle condamne les «méthodes de piston, de favoritisme et de bakchich qui existent dans l’Administration». Mais elle ne situe pas le niveau de responsabilité. S’agit-il de walis, de ministres ou de responsables politiques placés à un haut niveau ?
L’Association des anciens condamnés à mort, qui estime que «l’Algérie vit toujours dans le prolongement de sa glorieuse Révolution de novembre 1954 et du sursaut populaire d’Octobre 1988», pointe du doigt, sans les citer, les anciens responsables qui ont assumé, dans le passé, des responsabilités supérieures dans les structures et institutions de l’Etat, leur demandant «de ne pas jeter de l’huile sur le feu par leurs déclarations et leur présence» à la tête des marches.
Selon cette association, ces personnes ne doivent pas «oublier qu’elles ont une grande part de responsabilité dans les problèmes qui font le mécontentement des citoyens». Pour cette organisation, les retards qui se sont accumulés durant 25 ans dans la réalisation de logements et la création d’emplois «datent de la période où ils étaient bien placés au pouvoir». Cette dernière pique s’adresse tout particulièrement à Abdelhak Brerehi, ministre de l’Enseignement supérieur durant les années 1980. Même le RCD en a eu pour son grade.
L’Association des anciens condamnés à mort qui se déclare solidaire avec la jeunesse qui présente, selon elle, des revendications légitimes, notamment le logement et l’emploi, appelle cette dernière catégorie à être d’une extrême vigilance et lui recommande de «rejeter toute forme de manipulation, d’exploitation et de caporalisation de son mouvement par certains politiciens à court de base populaire».
Enfin, l’association salue la victoire des révoltes populaires en Tunisie et en Egypte qui ont mis «un terme à des dizaines d’années de dictature».
Mahmoud Tadjer
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