Une lettre au président par Envoyé Spéciaux Algériens m'a poussé à me questionner sur les handicapés chez nous. J'ai vu qu'ils sont bien pris en charge lors des jeux olympiques. Je sais par ailleurs que le degré d'intégration des algériens en situation handicape est un indice sans équivoque sur la santé d'un état. Pourriez vous, si vous en savez un peu plus la dessus, Témoigner ou nous informer ?
En cherchant un peu sur le net j'ai trouvé cette lettre qui parle de logement handicape ...etc
14 familles crient leur détresse à Alger : Honte à vous Monsieur le Président !
source Envoyés Spéciaux Algériens, mardi 13 septembre 2011, 11:28 ·
Monsieur le Président,
Cela fait quelques jours déjà que je songe à écrire ce texte. Depuis le 23 septembre très exactement. Ce jour-là, toutes mes croyances, toute ma foi en mon pays, toute ma confiance en la justice humaine, la bonté, l’hospitalité algériennes et toutes ces bonnes choses avec lesquelles on nous berne depuis notre naissance se sont envolées. La raison ? La construction d’une mosquée. Malheur à moi diront certains. Je les invite à lire la suite.
Je suis un jeune citoyen algérien de 27 ans, marié et père d’une fille de 11 mois. Ma mère est (était) directrice d’une école pour sourds qui se trouve (trouvait) à Mohammadia (ex Lavigerie), sur le site même où sera érigée la future grande mosquée d’Alger. Depuis 2006, année du dernier mouvement des directeurs d’établissements spécialisés, nous avons atterri dans cette magnifique bâtisse qui fût jadis le fleuron des pères blancs. C’est d’ailleurs à cet endroit que débuta l’évangélisation de l’Afrique du temps de la colonisation française. C’est vous dire tout le poids historique de cette future ex chapelle qui servit pendant des années à l’éducation d’enfants handicapés. La beauté des lieux, les espaces verts ainsi que la proximité de la mer, servaient d’échappatoire à ces malheureux que la vie n’avait pas épargnés (la plupart d’entre eux étant défavorisés).
Après l’annonce du choix du site de la grande mosquée, tous les élèves, parents et personnels s’inquiétaient du devenir de l’école. La confirmation, l’année dernière, de sa destruction fut une triste nouvelle pour toutes les personnes qui ont déjà visité cet endroit magique, portant le poids de l’histoire, ainsi que les séquelles du dernier tremblement de terre (mai 2003). Après un clash et une grève du personnel, l’Etat a quand même réussi à faire taire les plus récalcitrants, en « débloquant » une école à Rouiba, restée fermée pendant… 5 longues années. Ne répondant pas aux normes, de longs travaux devaient y être entamés afin d’assurer la rentrée 2011-2012 sous les meilleurs auspices. Ce qui ne sera jamais le cas…
Mon histoire est étroitement liée à cette école, ou plutôt à sa destruction. A la veille du 23ème jour du mois de ramadhan, les sbires de la république sont venus nous notifier que nous allions être recasés le lendemain à 3h du matin. Il était 15. Aucune autre information ne nous a été fournie. Ce fut le grand sprint. Il fallait démonter les meubles, emballer les affaires et tâcher de ne rien oublier. Difficile tâche, mais remplie avec brio par les 14 familles concernées par ce recasement exceptionnel, de par la nature du projet, ainsi que la façon de faire. Les chichis ayant été mis de côté, tout le monde attendait l’arrivée des camions de la mairie. Miracle ! Avec une ponctualité déconcertante, des dizaines de poids lourds convergeaient vers les lieux. S’ensuivit ensuite un blackout total.
Malgré la présence des autorités sur les lieux (maire, représentants de la daïra…), aucune information n’a filtré sur le lieu de destination de tout ce beau monde. Stressés par une longue nuit d’attente, les habitants (tous enseignants ou employés administratifs) ont logiquement refusé d’embarquer leurs affaires vers une destination inconnue. Commença alors une longue série de provocations menée par le commissaire de police en personne, transformé le temps d’une journée en porte parole de l’administration, pendant que les concernés restaient muets. Quoi de plus normal diront certains rigolos, vu que nous nous trouvions dans une école pour sourds. L’humour n’avait hélas pas sa place ce jour-là, et les habitants craquant un par un ont fini par céder et à embarquer leurs affaires dans les camions, pour être finalement parqués dans des F2, sans tenir compte du fait que la plupart avaient des enfants.
Ma mère ayant déjà bénéficié d’un logement AADL (après 10 ans d’attente quand même…), n’ouvrait logiquement pas droit au recasement. Etant absente pour des raisons médicales, mon rôle était double : transférer mes affaires vers mon nouvel appartement (chaque famille possédant un livret de famille devait être relogée séparément), et demander aux concernés de patienter jusqu’au retour de ma mère prévu le jour-même à 13h, afin qu’elle puisse être présente pendant le déplacement de ses affaires. J’ai dû vite déchanter… Tout d’abord on m’annonce qu’habitant avec ma mère, je n’avais pas le droit à un logement (bizarre quand on sait qu’un de nos voisins ainsi que ses 7 enfants mariés et habitant sous le même toit que leur père, ont bénéficié chacun d’un appartement). Ensuite, et c’est là que le bât blesse, on me refuse toute tentative de faire patienter les camions en attendant que ma mère, convalescente, puisse assister au transfert de ses affaires. Un comble pour une femme qui a dédié 36 longues années de sa vie au service des enfants handicapés.
Ayant été obligés d’embarquer nos affaires de force, on nous annonce cette fois-ci que toutes nos affaires seront transférées à la nouvelle école de Rouiba, en plein chantier, dans un appartement de fonction réservé au surveillant général, et dépourvu d’eau et de gaz, tout cela sous une forte chaleur en plein mois de ramadhan.
Ceci n’est qu’un bref aperçu de ce qui nous a été réservé ce jour-là. L’humiliation ressentie ne pourrait être décrite, ni la déception qui en a découlé d’ailleurs. Ma mère a difficilement retenu ses nerfs, en découvrant ses meubles et ses effets personnels embarqués dans des camions. Nos affaires ont été jetées dans la cour d’école, au milieu de sable, de ciment et de briques, sans que personne ne se soucie de notre devenir. Notre éducation ne nous permettant pas de dépasser les limites fixées par les règles de bonne conduite, nous nous sommes résignés à dépasser cette nouvelle épreuve de la vie et à ne rien espérer d’une république qui prime les plus mauvais.
Monsieur le président, (j’en ai même oublié que je m’adressais à vous)
Loin de nous l’idée de quémander un toit, nous n’en avons que faire car la terre qui se trouve sous nos pieds nous comble largement. Mon grand-père a combattu l’ennemi pour que ses enfants puissent vivre dignement. Aujourd’hui il doit se retourner dans sa tombe en voyant le sort réservé à sa fille, son petit-fils et son arrière petite fille. Comment peut-on mettre à la rue une femme qui a tant donné pour ce pays ? Comment peut-on lui faire autant de mal, elle qui a eu le mérite cette année d’offrir à ce pays les premiers bacheliers sourds scolarisés dans une école ? Comment a-t-on pu gérer ce dossier comme un vulgaire torchon de cuisine ?
Aujourd’hui, j’en appelle à votre responsabilité en tant qu’initiateur de ce projet. Comment peut-on ériger une mosquée sans avoir un grain de Rahma, qui plus est en plein mois de ramadhan ? Quel président accepterait de mettre une femme malade à la rue, sans prendre en compte sa situation ? Je ne parle même pas de ma fille pour laquelle il n’était même pas possible de préparer un repas. Quelle honte pour un homme qui primait la fierté et l’hospitalité lors de sa première campagne présidentielle. Où sont passés ces principes ? « Arfa3 rassek ya ba » disiez-vous. Il serait temps aujourd’hui de relever la tête car votre pays se meurt.
Je me répète, nous n’avons que faire de vos briques et de votre ciment, je ne fais que crier ma douleur et celle de ma mère. Je veux que les gens lisent et comprennent que finalement, la bonté ne sert à rien dans ce pays. Je veux que les gens sachent que vous êtes entrain d’acheter la paix civile pendant que vos subordonnés se remplissent les poches. Je veux que mon pays se relève enfin et fasse le ménage au sein de ses enfants.
Ma mère a vécu sa vie, moi je suis entrain de construire la mienne, et ma fille sera témoin demain devant les conséquences de vos actes. Tout comme nous serons tous témoins devant le bon Dieu du mal qui nous a été fait. Construisez votre mosquée, vos autoroutes et vos tours, mais ne le faites pas en nous marchant sur les doigts. Nos cris pourraient éveiller les démons…
Par : Merouane Abed
En cherchant un peu sur le net j'ai trouvé cette lettre qui parle de logement handicape ...etc
14 familles crient leur détresse à Alger : Honte à vous Monsieur le Président !
source Envoyés Spéciaux Algériens, mardi 13 septembre 2011, 11:28 ·
Monsieur le Président,
Cela fait quelques jours déjà que je songe à écrire ce texte. Depuis le 23 septembre très exactement. Ce jour-là, toutes mes croyances, toute ma foi en mon pays, toute ma confiance en la justice humaine, la bonté, l’hospitalité algériennes et toutes ces bonnes choses avec lesquelles on nous berne depuis notre naissance se sont envolées. La raison ? La construction d’une mosquée. Malheur à moi diront certains. Je les invite à lire la suite.
Je suis un jeune citoyen algérien de 27 ans, marié et père d’une fille de 11 mois. Ma mère est (était) directrice d’une école pour sourds qui se trouve (trouvait) à Mohammadia (ex Lavigerie), sur le site même où sera érigée la future grande mosquée d’Alger. Depuis 2006, année du dernier mouvement des directeurs d’établissements spécialisés, nous avons atterri dans cette magnifique bâtisse qui fût jadis le fleuron des pères blancs. C’est d’ailleurs à cet endroit que débuta l’évangélisation de l’Afrique du temps de la colonisation française. C’est vous dire tout le poids historique de cette future ex chapelle qui servit pendant des années à l’éducation d’enfants handicapés. La beauté des lieux, les espaces verts ainsi que la proximité de la mer, servaient d’échappatoire à ces malheureux que la vie n’avait pas épargnés (la plupart d’entre eux étant défavorisés).
Après l’annonce du choix du site de la grande mosquée, tous les élèves, parents et personnels s’inquiétaient du devenir de l’école. La confirmation, l’année dernière, de sa destruction fut une triste nouvelle pour toutes les personnes qui ont déjà visité cet endroit magique, portant le poids de l’histoire, ainsi que les séquelles du dernier tremblement de terre (mai 2003). Après un clash et une grève du personnel, l’Etat a quand même réussi à faire taire les plus récalcitrants, en « débloquant » une école à Rouiba, restée fermée pendant… 5 longues années. Ne répondant pas aux normes, de longs travaux devaient y être entamés afin d’assurer la rentrée 2011-2012 sous les meilleurs auspices. Ce qui ne sera jamais le cas…
Mon histoire est étroitement liée à cette école, ou plutôt à sa destruction. A la veille du 23ème jour du mois de ramadhan, les sbires de la république sont venus nous notifier que nous allions être recasés le lendemain à 3h du matin. Il était 15. Aucune autre information ne nous a été fournie. Ce fut le grand sprint. Il fallait démonter les meubles, emballer les affaires et tâcher de ne rien oublier. Difficile tâche, mais remplie avec brio par les 14 familles concernées par ce recasement exceptionnel, de par la nature du projet, ainsi que la façon de faire. Les chichis ayant été mis de côté, tout le monde attendait l’arrivée des camions de la mairie. Miracle ! Avec une ponctualité déconcertante, des dizaines de poids lourds convergeaient vers les lieux. S’ensuivit ensuite un blackout total.
Malgré la présence des autorités sur les lieux (maire, représentants de la daïra…), aucune information n’a filtré sur le lieu de destination de tout ce beau monde. Stressés par une longue nuit d’attente, les habitants (tous enseignants ou employés administratifs) ont logiquement refusé d’embarquer leurs affaires vers une destination inconnue. Commença alors une longue série de provocations menée par le commissaire de police en personne, transformé le temps d’une journée en porte parole de l’administration, pendant que les concernés restaient muets. Quoi de plus normal diront certains rigolos, vu que nous nous trouvions dans une école pour sourds. L’humour n’avait hélas pas sa place ce jour-là, et les habitants craquant un par un ont fini par céder et à embarquer leurs affaires dans les camions, pour être finalement parqués dans des F2, sans tenir compte du fait que la plupart avaient des enfants.
Ma mère ayant déjà bénéficié d’un logement AADL (après 10 ans d’attente quand même…), n’ouvrait logiquement pas droit au recasement. Etant absente pour des raisons médicales, mon rôle était double : transférer mes affaires vers mon nouvel appartement (chaque famille possédant un livret de famille devait être relogée séparément), et demander aux concernés de patienter jusqu’au retour de ma mère prévu le jour-même à 13h, afin qu’elle puisse être présente pendant le déplacement de ses affaires. J’ai dû vite déchanter… Tout d’abord on m’annonce qu’habitant avec ma mère, je n’avais pas le droit à un logement (bizarre quand on sait qu’un de nos voisins ainsi que ses 7 enfants mariés et habitant sous le même toit que leur père, ont bénéficié chacun d’un appartement). Ensuite, et c’est là que le bât blesse, on me refuse toute tentative de faire patienter les camions en attendant que ma mère, convalescente, puisse assister au transfert de ses affaires. Un comble pour une femme qui a dédié 36 longues années de sa vie au service des enfants handicapés.
Ayant été obligés d’embarquer nos affaires de force, on nous annonce cette fois-ci que toutes nos affaires seront transférées à la nouvelle école de Rouiba, en plein chantier, dans un appartement de fonction réservé au surveillant général, et dépourvu d’eau et de gaz, tout cela sous une forte chaleur en plein mois de ramadhan.
Ceci n’est qu’un bref aperçu de ce qui nous a été réservé ce jour-là. L’humiliation ressentie ne pourrait être décrite, ni la déception qui en a découlé d’ailleurs. Ma mère a difficilement retenu ses nerfs, en découvrant ses meubles et ses effets personnels embarqués dans des camions. Nos affaires ont été jetées dans la cour d’école, au milieu de sable, de ciment et de briques, sans que personne ne se soucie de notre devenir. Notre éducation ne nous permettant pas de dépasser les limites fixées par les règles de bonne conduite, nous nous sommes résignés à dépasser cette nouvelle épreuve de la vie et à ne rien espérer d’une république qui prime les plus mauvais.
Monsieur le président, (j’en ai même oublié que je m’adressais à vous)
Loin de nous l’idée de quémander un toit, nous n’en avons que faire car la terre qui se trouve sous nos pieds nous comble largement. Mon grand-père a combattu l’ennemi pour que ses enfants puissent vivre dignement. Aujourd’hui il doit se retourner dans sa tombe en voyant le sort réservé à sa fille, son petit-fils et son arrière petite fille. Comment peut-on mettre à la rue une femme qui a tant donné pour ce pays ? Comment peut-on lui faire autant de mal, elle qui a eu le mérite cette année d’offrir à ce pays les premiers bacheliers sourds scolarisés dans une école ? Comment a-t-on pu gérer ce dossier comme un vulgaire torchon de cuisine ?
Aujourd’hui, j’en appelle à votre responsabilité en tant qu’initiateur de ce projet. Comment peut-on ériger une mosquée sans avoir un grain de Rahma, qui plus est en plein mois de ramadhan ? Quel président accepterait de mettre une femme malade à la rue, sans prendre en compte sa situation ? Je ne parle même pas de ma fille pour laquelle il n’était même pas possible de préparer un repas. Quelle honte pour un homme qui primait la fierté et l’hospitalité lors de sa première campagne présidentielle. Où sont passés ces principes ? « Arfa3 rassek ya ba » disiez-vous. Il serait temps aujourd’hui de relever la tête car votre pays se meurt.
Je me répète, nous n’avons que faire de vos briques et de votre ciment, je ne fais que crier ma douleur et celle de ma mère. Je veux que les gens lisent et comprennent que finalement, la bonté ne sert à rien dans ce pays. Je veux que les gens sachent que vous êtes entrain d’acheter la paix civile pendant que vos subordonnés se remplissent les poches. Je veux que mon pays se relève enfin et fasse le ménage au sein de ses enfants.
Ma mère a vécu sa vie, moi je suis entrain de construire la mienne, et ma fille sera témoin demain devant les conséquences de vos actes. Tout comme nous serons tous témoins devant le bon Dieu du mal qui nous a été fait. Construisez votre mosquée, vos autoroutes et vos tours, mais ne le faites pas en nous marchant sur les doigts. Nos cris pourraient éveiller les démons…
Par : Merouane Abed
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