Après que la Ligue arabe eut classé vendredi dernier le Hezbollah «organisation terroriste», la question se pose de ce que fait encore l’Algérie dans cette institution dont la quasi-totalité des membres, excepté le Liban et l’Irak, obéit le doigt sur la couture du pantalon aux injonctions de l’Arabie Saoudite et ses alliés du Golfe.
En qualifiant le Hezbollah de terroriste alors qu’il est membre du gouvernement libanais et qu’il dispose d’élus à la Chambre des députés, la Ligue arabe, sous la pression de Riyad et de ses alliés, a pris une décision lourdement dangereuse pour la région. En effet, elle ne s’est pas seulement alignée sur la politique du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, elle va plus loin. D’abord, elle conforte Israël qui a de tout temps qualifié le Hezbollah de mouvement «terroriste». Ensuite, elle légitime a posteriori les guerres menées par Israël contre le Hezbollah avant et durant l’été 2006. Enfin, la décision de la Ligue arabe est une invitation à Israël d’agresser le Liban : en effet, Benyamin Netanyahu peut désormais s’en prévaloir pour justifier une nouvelle intervention militaire au Liban. C’est d’ailleurs au nom de cette logique «antiterroriste» que l’armée israélienne intervient de temps à autre en Syrie prétextant une présence de combattants chiites libanais à ses frontières. N’oublions pas également que c’est au nom de cette même logique «antiterroriste» qu’Israël occupe la Cisjordanie et poursuit la colonisation des territoires palestiniens.
Ajoutons que la décision de la Ligue arabe met de nombreuses parties libanaises dans une posture intenable : elles sont tout simplement sommées de se déterminer vis-à-vis du Hezbollah, voire à prendre des mesures contre ces « terroristes », y compris contre les ministres et les députés appartenant à cette composante de l’échiquier politique libanais. Comment s’y prendraient-elles au risque de provoquer un conflit généralisé quand on sait que le Liban a connu une guerre civile ayant fait plus de 200 000 morts entre 1975 et 90 ! Et dans ce cas, l’Otan sunnite (cette coalition militaire mise en place par Riyad, voir chronique de jeudi dernier) ira-t-il jusqu’à s’allier à Israël pour en finir avec le Hezbollah ? Et la Russie présente sur le terrain laissera-t-elle ses alliés se faire massacrer sans réagir ? En bref, comme on le voit, la Ligue arabe dont certains Etats membres, les pétromonarchies en l’occurrence, ont remis leur sécurité entre les mains des Etats-Unis, n’est pas à une stupidité près.
Face à cela, l’Algérie a exprimé une position s’inscrivant dans le cadre de la légalité internationale, dont Riyad et ses alliés se foutent comme de l’an mille, et selon laquelle les résolutions de l’ONU concernant les organisations terroristes «n'incluent pas les composantes politiques reconnues aux niveaux national et international et présentes sur la scène sociopolitique nationale». Ça se défend. Sans plus.
Dans le contexte régional actuel, caractérisé par une escalade des tensions entre l’Arabie Saoudite et l’Iran à propos de la Syrie et du Yémen, la Ligue arabe est de fait instrumentalisée à des fins qui n’ont rien à voir avec la préservation de la sécurité et de la paix régionale. Elle a déjà été instrumentalisée dans le cas libyen. C’est à la demande de la Ligue arabe que le Conseil de sécurité de l’ONU a donné son feu vert pour une intervention militaire en Libye. Et on voit ce que cela a donné. Dans ces conditions, le mieux pour l’Algérie est de se retirer d’une organisation qui est en train de se transformer en instrument de guerre, dominée par des Etats archaïques végétant dans un semblant de semi-modernité, une organisation qui n’a jamais servi le progrès social et la démocratie et où Alger n’a rien à gagner sinon des «emmerdes ». D’aucuns affirmeront qu’un retrait de l’Algérie provoquerait un tollé, voire des remous, dans un pays où les Saoudiens et les pétromonarchies comptent de nombreux soutiens, notamment parmi la mouvance salafiste qui fait passer l’intérêt des Saoudiens avant l’intérêt national. Mais ça, les Algériens le savent…
Par Hassane Zerrouky
le soir d'algerie
En qualifiant le Hezbollah de terroriste alors qu’il est membre du gouvernement libanais et qu’il dispose d’élus à la Chambre des députés, la Ligue arabe, sous la pression de Riyad et de ses alliés, a pris une décision lourdement dangereuse pour la région. En effet, elle ne s’est pas seulement alignée sur la politique du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, elle va plus loin. D’abord, elle conforte Israël qui a de tout temps qualifié le Hezbollah de mouvement «terroriste». Ensuite, elle légitime a posteriori les guerres menées par Israël contre le Hezbollah avant et durant l’été 2006. Enfin, la décision de la Ligue arabe est une invitation à Israël d’agresser le Liban : en effet, Benyamin Netanyahu peut désormais s’en prévaloir pour justifier une nouvelle intervention militaire au Liban. C’est d’ailleurs au nom de cette logique «antiterroriste» que l’armée israélienne intervient de temps à autre en Syrie prétextant une présence de combattants chiites libanais à ses frontières. N’oublions pas également que c’est au nom de cette même logique «antiterroriste» qu’Israël occupe la Cisjordanie et poursuit la colonisation des territoires palestiniens.
Ajoutons que la décision de la Ligue arabe met de nombreuses parties libanaises dans une posture intenable : elles sont tout simplement sommées de se déterminer vis-à-vis du Hezbollah, voire à prendre des mesures contre ces « terroristes », y compris contre les ministres et les députés appartenant à cette composante de l’échiquier politique libanais. Comment s’y prendraient-elles au risque de provoquer un conflit généralisé quand on sait que le Liban a connu une guerre civile ayant fait plus de 200 000 morts entre 1975 et 90 ! Et dans ce cas, l’Otan sunnite (cette coalition militaire mise en place par Riyad, voir chronique de jeudi dernier) ira-t-il jusqu’à s’allier à Israël pour en finir avec le Hezbollah ? Et la Russie présente sur le terrain laissera-t-elle ses alliés se faire massacrer sans réagir ? En bref, comme on le voit, la Ligue arabe dont certains Etats membres, les pétromonarchies en l’occurrence, ont remis leur sécurité entre les mains des Etats-Unis, n’est pas à une stupidité près.
Face à cela, l’Algérie a exprimé une position s’inscrivant dans le cadre de la légalité internationale, dont Riyad et ses alliés se foutent comme de l’an mille, et selon laquelle les résolutions de l’ONU concernant les organisations terroristes «n'incluent pas les composantes politiques reconnues aux niveaux national et international et présentes sur la scène sociopolitique nationale». Ça se défend. Sans plus.
Dans le contexte régional actuel, caractérisé par une escalade des tensions entre l’Arabie Saoudite et l’Iran à propos de la Syrie et du Yémen, la Ligue arabe est de fait instrumentalisée à des fins qui n’ont rien à voir avec la préservation de la sécurité et de la paix régionale. Elle a déjà été instrumentalisée dans le cas libyen. C’est à la demande de la Ligue arabe que le Conseil de sécurité de l’ONU a donné son feu vert pour une intervention militaire en Libye. Et on voit ce que cela a donné. Dans ces conditions, le mieux pour l’Algérie est de se retirer d’une organisation qui est en train de se transformer en instrument de guerre, dominée par des Etats archaïques végétant dans un semblant de semi-modernité, une organisation qui n’a jamais servi le progrès social et la démocratie et où Alger n’a rien à gagner sinon des «emmerdes ». D’aucuns affirmeront qu’un retrait de l’Algérie provoquerait un tollé, voire des remous, dans un pays où les Saoudiens et les pétromonarchies comptent de nombreux soutiens, notamment parmi la mouvance salafiste qui fait passer l’intérêt des Saoudiens avant l’intérêt national. Mais ça, les Algériens le savent…
Par Hassane Zerrouky
le soir d'algerie
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