Grève des Résidents: Ne pas assurer le service minimum, c’est inadmissible !
Des médecins généralistes en renfort
Depuis le 29 avril donc, les résidents, en grève depuis six mois, ont décidé de passer à une autre étape dans leur mouvement. L’annonce du boycott des gardes était accompagnée d’une inquiétude légitime des patients. Mais dix jours après, les graves dysfonctionnements redoutés ne semblent pas avoir eu lieu. C’est du moins l’avis du directeur général de l’établissement, Abdeslam Benana. « La décision des résidents de ne plus assurer les gardes n’a pas eu un impact significatif sur le fonctionnement des différents services », assure-t-il.
Des médecins généralistes ont donc été mobilisés pour renforcer les services sensibles, comme celui des urgences. Docteur Nouba est l’une d’eux. Elle travaille au centre de transfusion sanguine, mais avec la grève des résidents, elle est affectée au pavillon des urgences. Comme ses collègues, elle s’acquitte de sa nouvelle mission sans rechigner, mais elle espère que cela prenne fin au plus vite. Car si le service continue à fonctionner, cela demeure une situation exceptionnelle avec des insuffisances et surtout, une forte charge de travail.
« On est fatigués, on ne pourra pas tenir longtemps »
« Au niveau des urgences, on est en train de gérer, mais cela va durer combien de temps ? En plus des cas urgents, il y a des malades qui ont une consultation et ne trouvent pas leur médecin, qui est parfois un résident.
Un diabétique, un hypertendu ou un asthmatique ne peut pas se passer de son traitement. Ce qui fait que le service des urgences risque d’être débordé, surtout qu’il y a les faux malades, ceux qui ne relèvent pas réellement des urgences. On est des généralistes, on assure la continuité du service mais on ne peut pas tout gérer. Nous faisons des gardes de 24 heures au rythme de deux par semaine, c’est beaucoup. On est fatigués, on ne pourra pas tenir longtemps, mais on ne peut pas laisser les gens mourir. On essaie de faire de notre mieux, mais on espère vivement que tout cela prenne fin », nous dit-elle.
Au pavillon de chirurgie générale, l’ambiance est plutôt calme. Dr Benhadid, maître-assistant, explique comment lui et ses collègues s’y prennent pour faire face à la nouvelle situation. « On arrive à gérer avec ce qu’on a comme personnel médical titulaire. Avant, on faisait rentrer des résidents dans les blocs, parce que c’est un service qui enseigne, maintenant qu’ils sont en grève, on les a fait remplacer par des plus jeunes, des internes, et même des externes qui sont très contents d’aider. La différence, c’est qu’on met plus de temps à opérer qu’avant parce que ceux que nous avons appelés en renfort ne font qu’aider. Ils ne peuvent pas improviser, prendre des décisions dans l’urgence. Donc on doit tout gérer, ce qui fait que la durée de l’intervention est multipliée par deux ou parfois par trois. On ne met pas la vie du malade en danger, ça c’est sûr, on s’entoure de toutes les précautions », assure ce médecin à la longue expérience, avant de reconnaître que son service ne fonctionne pas comme avant la grève : « On a diminué ce qu’on appelle les opérations de chirurgie froide, c’est-à-dire celles qui ne sont pas vraiment urgentes, donc qui peuvent attendre. On privilégie les cas urgents, surtout les urgences vitales et les urgences par le biais de la pathologie, à savoir les cancers, pour lesquels on ne peut pas retarder l’intervention chirurgicale. »
« Ne pas assurer le service minimum, c’est inadmissible »
Mais que pensent tous ces médecins du mouvement et des revendications de ceux qu’ils ont remplacés au pied levé ?
Une certaine compréhension se dégage, mais aussi une condamnation unanime de la méthode.
« Ne pas assurer le service minimum, c’est inadmissible. On est des médecins, on est là pour le malade. Tout le monde doit prendre conscience de la situation. Les revendications sont peut-être légitimes, nous sommes nous-mêmes appelés à devenir un jour des résidents mais je ne suis pas d’accord avec la méthode », assène Dr Bouda.
Dr Hamouche abonde dans le même sens : « Je ne suis pas une résidente, donc je ne suis pas au courant des détails de leurs revendications. On dit qu’ils veulent changer les conditions de travail, je suis pour, mais arrêter les gardes, c’est inacceptable. L’urgence reste une urgence, elle ne peut pas attendre. »
Quant à Dr Hadid, il rappelle qu’à une certaine époque, une telle situation était inconcevable. « La grève pour les soins normaux, je suis d’accord, mais pas pour les urgences. A notre époque, c’étaient les responsables de la grève qui nous disaient : ‘vous n’êtes pas concernés par la grève car vous avez des interventions et des cas urgents.’ C’était inconcevable pour nous de ne pas assurer les gardes et d’exposer de grands malades à des complications. C’est ce que je dis aujourd’hui à mes résidents. J’ai d’ailleurs réussi à convaincre un d’entre eux d’arrêter le boycott des gardes », dit-il.
Pour ce sexagénaire, c’est la qualité de la formation qui doit être en tête des revendications.
«Il faut écouter les médecins et les aider. Un médecin ne s’arrête pas de travailler, même une fois chez lui, il doit lire et étudier pour actualiser ses connaissances. Nous sommes des étudiants jusqu’à la mort. C’est vrai aussi que le salaire est insuffisant et avec la conjoncture, ce n’est pas facile de l’augmenter.
Pour le service civil, je pense qu’il peut y avoir une solution, ça existe même aux Etats-Unis, sous une autre forme. Mais je trouve que les résidents demandent trop de choses et l’Etat ne peut pas satisfaire toutes les demandes. Je leur dis souvent qu’il faut mettre en tête des revendications, la formation qui laisse beaucoup à désirer. Je leur ai dit qu’ils doivent d’abord définir des objectifs et ensuite demander à ce qu’ils soient formés et testés suivant ces objectifs », explique-t-il.
Toujours au chapitre des revendications, le Pr Belhadj, tout en soulignant que le ministère a répondu favorablement à de nombreux points soulevés, explique qu’il est incompréhensible que les résidents puissent demander la suppression du service civil grâce auquel des milliers de postes budgétaires sont obtenus chaque année. En fait, c’est comme scier la branche sur laquelle on est assis…
TSA
Des médecins généralistes en renfort
Depuis le 29 avril donc, les résidents, en grève depuis six mois, ont décidé de passer à une autre étape dans leur mouvement. L’annonce du boycott des gardes était accompagnée d’une inquiétude légitime des patients. Mais dix jours après, les graves dysfonctionnements redoutés ne semblent pas avoir eu lieu. C’est du moins l’avis du directeur général de l’établissement, Abdeslam Benana. « La décision des résidents de ne plus assurer les gardes n’a pas eu un impact significatif sur le fonctionnement des différents services », assure-t-il.
Des médecins généralistes ont donc été mobilisés pour renforcer les services sensibles, comme celui des urgences. Docteur Nouba est l’une d’eux. Elle travaille au centre de transfusion sanguine, mais avec la grève des résidents, elle est affectée au pavillon des urgences. Comme ses collègues, elle s’acquitte de sa nouvelle mission sans rechigner, mais elle espère que cela prenne fin au plus vite. Car si le service continue à fonctionner, cela demeure une situation exceptionnelle avec des insuffisances et surtout, une forte charge de travail.
« On est fatigués, on ne pourra pas tenir longtemps »
« Au niveau des urgences, on est en train de gérer, mais cela va durer combien de temps ? En plus des cas urgents, il y a des malades qui ont une consultation et ne trouvent pas leur médecin, qui est parfois un résident.
Un diabétique, un hypertendu ou un asthmatique ne peut pas se passer de son traitement. Ce qui fait que le service des urgences risque d’être débordé, surtout qu’il y a les faux malades, ceux qui ne relèvent pas réellement des urgences. On est des généralistes, on assure la continuité du service mais on ne peut pas tout gérer. Nous faisons des gardes de 24 heures au rythme de deux par semaine, c’est beaucoup. On est fatigués, on ne pourra pas tenir longtemps, mais on ne peut pas laisser les gens mourir. On essaie de faire de notre mieux, mais on espère vivement que tout cela prenne fin », nous dit-elle.
Au pavillon de chirurgie générale, l’ambiance est plutôt calme. Dr Benhadid, maître-assistant, explique comment lui et ses collègues s’y prennent pour faire face à la nouvelle situation. « On arrive à gérer avec ce qu’on a comme personnel médical titulaire. Avant, on faisait rentrer des résidents dans les blocs, parce que c’est un service qui enseigne, maintenant qu’ils sont en grève, on les a fait remplacer par des plus jeunes, des internes, et même des externes qui sont très contents d’aider. La différence, c’est qu’on met plus de temps à opérer qu’avant parce que ceux que nous avons appelés en renfort ne font qu’aider. Ils ne peuvent pas improviser, prendre des décisions dans l’urgence. Donc on doit tout gérer, ce qui fait que la durée de l’intervention est multipliée par deux ou parfois par trois. On ne met pas la vie du malade en danger, ça c’est sûr, on s’entoure de toutes les précautions », assure ce médecin à la longue expérience, avant de reconnaître que son service ne fonctionne pas comme avant la grève : « On a diminué ce qu’on appelle les opérations de chirurgie froide, c’est-à-dire celles qui ne sont pas vraiment urgentes, donc qui peuvent attendre. On privilégie les cas urgents, surtout les urgences vitales et les urgences par le biais de la pathologie, à savoir les cancers, pour lesquels on ne peut pas retarder l’intervention chirurgicale. »
« Ne pas assurer le service minimum, c’est inadmissible »
Mais que pensent tous ces médecins du mouvement et des revendications de ceux qu’ils ont remplacés au pied levé ?
Une certaine compréhension se dégage, mais aussi une condamnation unanime de la méthode.
« Ne pas assurer le service minimum, c’est inadmissible. On est des médecins, on est là pour le malade. Tout le monde doit prendre conscience de la situation. Les revendications sont peut-être légitimes, nous sommes nous-mêmes appelés à devenir un jour des résidents mais je ne suis pas d’accord avec la méthode », assène Dr Bouda.
Dr Hamouche abonde dans le même sens : « Je ne suis pas une résidente, donc je ne suis pas au courant des détails de leurs revendications. On dit qu’ils veulent changer les conditions de travail, je suis pour, mais arrêter les gardes, c’est inacceptable. L’urgence reste une urgence, elle ne peut pas attendre. »
Quant à Dr Hadid, il rappelle qu’à une certaine époque, une telle situation était inconcevable. « La grève pour les soins normaux, je suis d’accord, mais pas pour les urgences. A notre époque, c’étaient les responsables de la grève qui nous disaient : ‘vous n’êtes pas concernés par la grève car vous avez des interventions et des cas urgents.’ C’était inconcevable pour nous de ne pas assurer les gardes et d’exposer de grands malades à des complications. C’est ce que je dis aujourd’hui à mes résidents. J’ai d’ailleurs réussi à convaincre un d’entre eux d’arrêter le boycott des gardes », dit-il.
Pour ce sexagénaire, c’est la qualité de la formation qui doit être en tête des revendications.
«Il faut écouter les médecins et les aider. Un médecin ne s’arrête pas de travailler, même une fois chez lui, il doit lire et étudier pour actualiser ses connaissances. Nous sommes des étudiants jusqu’à la mort. C’est vrai aussi que le salaire est insuffisant et avec la conjoncture, ce n’est pas facile de l’augmenter.
Pour le service civil, je pense qu’il peut y avoir une solution, ça existe même aux Etats-Unis, sous une autre forme. Mais je trouve que les résidents demandent trop de choses et l’Etat ne peut pas satisfaire toutes les demandes. Je leur dis souvent qu’il faut mettre en tête des revendications, la formation qui laisse beaucoup à désirer. Je leur ai dit qu’ils doivent d’abord définir des objectifs et ensuite demander à ce qu’ils soient formés et testés suivant ces objectifs », explique-t-il.
Toujours au chapitre des revendications, le Pr Belhadj, tout en soulignant que le ministère a répondu favorablement à de nombreux points soulevés, explique qu’il est incompréhensible que les résidents puissent demander la suppression du service civil grâce auquel des milliers de postes budgétaires sont obtenus chaque année. En fait, c’est comme scier la branche sur laquelle on est assis…
TSA
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