Le soir D'algérie
Actualités : A QUELQUES JOURS DU 25 ANNIVERSAIRE DES ÉVÈNEMENTS DU 20 AVRIL 1980
Le Printemps berbère, qui s’en souvient ?
Quelques jours seulement nous séparent du vingt-cinquième anniversaire du Printemps berbère. Le 20 avril 1980 restera effectivement une date marquante de l’histoire de l’Algérie indépendante avec cette retentissante explosion populaire revendicatrice d’essence démocratique.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Tout est parti de l’interdiction, en ce début avril 1980, d’une conférence que devait animer le défunt écrivain Mouloud Mammeri à l’université de Tizi-Ouzou. Cette interdiction provoquera l’indignation et suscitera un grand élan de solidarité de la communauté universitaire mais aussi de toute la population de Kabylie. A Tizi-Ouzou, théâtre principal des évènements, la répression est très sévère. Le régime d’alors met le paquet. Le 19 avril au soir, c’est une division de CNS qui prend d’assaut la cité universitaire de Oued-Aïssi à Tizi-Ouzou, foyer de la révolte. Les assaillants répriment sans discernement et arrêtent les 24 animateurs du Mouvement culturel berbère, le MCB. Il n’en fallait pas plus pour que la révolte se propage dans toute la Kabylie. Le lendemain, 20 avril, Tizi-Ouzou se transforme en un véritable champ de bataille pour un face-à-face entre la population et les forces de la répression. Du sang et des prisonniers sanctionneront ces douloureux évènements. Mais la contestation populaire, bien prise en charge par le MCB, portait des revendications qui provoqueront le bouleversement de la scène socio-politique en Algérie. Il s’agissait, en effet, de la reconnaissance de l’identité amazighe, la fin du parti unique, la consécration du multipartisme et du pluralisme associatif et syndical, etc. Pris de panique, le régime de Chadli emploie les gros moyens : outre la répression, la RTA et les deux journaux du parti unique se mettent de la partie. N’empêche, il y aura toujours l’avant et l’après 20 avril. Une halte historique qui entraînera les évènements de 1986 à Constantine puis le 5 octobre 1988. Et c’est pour cette raison que le 20 avril est devenu une sorte de fête nationale “officieuse”, depuis. Et son avènement constitue toujours un fort moment de mobilisation de l’ensemble des forces démocratiques. Un quart de siècle plus tard, le 20 avril est-il resté une date aussi sacrée ? Le fait est que, à son approche, personne n’en parle ! Et la Kabylie est réduite, à force de manipulation du pouvoir, à un vaste territoire “dépolitisé”. Les partis politiques, les associations, les syndicats et même le MCB, le pouvoir leur substitue des interlocuteurs qu’il s’est choisis lui-même. Une fraction de ce qui était le mouvement des arouch est érigée au rang de représentant unique de la région par Ahmed Ouyahia. Il faut dire que si les 24 détenus du mouvement du Printemps berbère de 1980 ont osé défier le procureur de la République en portant les revendications démocratiques à l’intérieur même du tribunal, les interlocuteurs d’Ouyahia n’ont pas, eux, hésité à se féliciter de ce que “la plate-forme d’El-Kseur soit contenue dans le programme électoral du président Abdelaziz Bouteflika, majoritairement plébiscité par le peuple le 8 avril 2004”. Un rendez-vous électoral qu’ils ont “officiellement” boycotté pourtant...
K. A.
Actualités : A QUELQUES JOURS DU 25 ANNIVERSAIRE DES ÉVÈNEMENTS DU 20 AVRIL 1980
Le Printemps berbère, qui s’en souvient ?
Quelques jours seulement nous séparent du vingt-cinquième anniversaire du Printemps berbère. Le 20 avril 1980 restera effectivement une date marquante de l’histoire de l’Algérie indépendante avec cette retentissante explosion populaire revendicatrice d’essence démocratique.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Tout est parti de l’interdiction, en ce début avril 1980, d’une conférence que devait animer le défunt écrivain Mouloud Mammeri à l’université de Tizi-Ouzou. Cette interdiction provoquera l’indignation et suscitera un grand élan de solidarité de la communauté universitaire mais aussi de toute la population de Kabylie. A Tizi-Ouzou, théâtre principal des évènements, la répression est très sévère. Le régime d’alors met le paquet. Le 19 avril au soir, c’est une division de CNS qui prend d’assaut la cité universitaire de Oued-Aïssi à Tizi-Ouzou, foyer de la révolte. Les assaillants répriment sans discernement et arrêtent les 24 animateurs du Mouvement culturel berbère, le MCB. Il n’en fallait pas plus pour que la révolte se propage dans toute la Kabylie. Le lendemain, 20 avril, Tizi-Ouzou se transforme en un véritable champ de bataille pour un face-à-face entre la population et les forces de la répression. Du sang et des prisonniers sanctionneront ces douloureux évènements. Mais la contestation populaire, bien prise en charge par le MCB, portait des revendications qui provoqueront le bouleversement de la scène socio-politique en Algérie. Il s’agissait, en effet, de la reconnaissance de l’identité amazighe, la fin du parti unique, la consécration du multipartisme et du pluralisme associatif et syndical, etc. Pris de panique, le régime de Chadli emploie les gros moyens : outre la répression, la RTA et les deux journaux du parti unique se mettent de la partie. N’empêche, il y aura toujours l’avant et l’après 20 avril. Une halte historique qui entraînera les évènements de 1986 à Constantine puis le 5 octobre 1988. Et c’est pour cette raison que le 20 avril est devenu une sorte de fête nationale “officieuse”, depuis. Et son avènement constitue toujours un fort moment de mobilisation de l’ensemble des forces démocratiques. Un quart de siècle plus tard, le 20 avril est-il resté une date aussi sacrée ? Le fait est que, à son approche, personne n’en parle ! Et la Kabylie est réduite, à force de manipulation du pouvoir, à un vaste territoire “dépolitisé”. Les partis politiques, les associations, les syndicats et même le MCB, le pouvoir leur substitue des interlocuteurs qu’il s’est choisis lui-même. Une fraction de ce qui était le mouvement des arouch est érigée au rang de représentant unique de la région par Ahmed Ouyahia. Il faut dire que si les 24 détenus du mouvement du Printemps berbère de 1980 ont osé défier le procureur de la République en portant les revendications démocratiques à l’intérieur même du tribunal, les interlocuteurs d’Ouyahia n’ont pas, eux, hésité à se féliciter de ce que “la plate-forme d’El-Kseur soit contenue dans le programme électoral du président Abdelaziz Bouteflika, majoritairement plébiscité par le peuple le 8 avril 2004”. Un rendez-vous électoral qu’ils ont “officiellement” boycotté pourtant...
K. A.
Commentaire