Deux attentats meurtriers en quelques jours, la peur qui s'installe de nouveau, un pouvoir désemparé : l'Algérie semble ramenée aux heures les plus sombres de l'époque où le terrorisme ravageait le pays. Conséquence : le président Abdelaziz Bouteflika a suspendu sa tournée en province, qui devait marquer son retour sur la scène politique. « Tout est à revoir dans l'approche sécuritaire, cela ne sert à rien d'exposer maintenant le chef de l'Etat », explique-t-on au palais d'El Mouradia. C'est le premier contre-coup, mais pas le seul, de l'attentat qui a ciblé le président algérien à Batna le 6 septembre, et qui a fait 20 morts et 85 blessés, suivi deux jours plus tard de l'explosion d'un camion piégé dans une base militaire des gardes-côtes au port de Dellys, sur le littoral est d'Alger, au bilan terrifiant de 35 morts et 55 blessés. Les autorités algériennes sont en proie à un désarroi palpable devant cette offensive des kamikazes du GSPC, la survivance locale de la guérilla islamiste des années 90, devenue branche d'Al-Qaeda au Maghreb. Le 11 avril dernier, c'est le palais du gouvernement qui était endommagé par une camionnette bourrée d'explosifs. « Bouteflika voulait renouer avec le terrain qu'il a délaissé à cause de sa maladie, il est renvoyé aux abris », commentait un élu du Front des forces socialistes, parti de l'opposition. Les « marches populaires » contre le terrorisme ont vite été commuées en meetings clos. Avec un mot d'ordre : sauvegarder à tout prix le processus de la réconciliation nationale. Le pouvoir cherche une réponse à ce déchaînement de violence. Et a rituellement dénoncé la « main de l'étranger ». Une explication lancée par Bouteflika après l'attentat de Batna. « Il y a "irakisation" des méthodes du GSPC en Algérie, mais les kamikazes sont bien de chez nous, et l'organisation aussi », estime un bon observateur. Le kamikaze, âgé de 28 ans, qui attendait le cortège présidentiel à Batna, était vendeur à la sauvette à Oran. Et au volant du camion-kamikaze de Dellys se tenait un collégien de 15 ans. Le terrorisme islamique algérien est peut-être inspiré par Ben Laden, mais il recrute localement. Le champ de bataille s'est élargi.
LE POINT.FR
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