Les autorités algériennes veulent anéantir le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie et réclament la tête de son président, réfugié en France Ferhat Mehenni.
« Nous utiliserons tous les moyens pour qu’il paye cher. » Le 18 août, dans un discours télévisé, le président algérien Abdelmadjid Tebboune jetait à la vindicte Ferhat Mehenni. Le leader indépendantiste kabyle de 70 ans, en France depuis vingt ans, et son mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) sont la bête noire des autorités algériennes.
La Croix met en lumière la dimension spirituelle des hommes et des événements.
Le 26 août, Sid Ahmed Merrad, procureur général près la cour d’Alger, annonçait le lancement d’un mandat d’arrêt international contre Ferhat Mehenni accusé d’avoir planifié les incendies – qui ont fait 92 morts mi-août en Algérie – et commandité l’assassinat de Djamel Bensmail, le 11 août, afin de déstabiliser le pays. Officiellement le jeune activiste, pris pour un pyromane, a été lynché à mort par la foule.
Selon le procureur, 88 suspects, dont 24 membres du MAK, ont été arrêtés. « Mais il n’y a pas eu de lynchage ! », s’insurge Ferhat Mehenni qui réclame une enquête internationale sur cet assassinat et les incendies. « L’homme était déjà mort quand il a été jeté à terre devant la foule par les services de sécurité. Cela s’est passé devant un commissariat, et il n’y a même pas eu un tir de sommation », s’étrangle le militant. Selon lui, seuls deux des membres du MAK ont été arrêtés, à leur domicile, avant même l’assassinat.
Créé après le printemps noir kabyle
Le 25 août, Slimane Bouhafs, un militant du MAK, par ailleurs chrétien, a, lui, été arrêté dans des circonstances troubles à son domicile en Tunisie où il était réfugié, puis emmené en Algérie. « On ignore si ce sont des forces tunisiennes ou algériennes qui l’ont arrêté », précise Ferhat Mehenni. Depuis des mois, le militant se sentait menacé et sa famille se démenait pour qu’il puisse être accueilli en France.
Créé après le printemps noir kabyle de 2001 – la répression des manifestations fit alors 127 morts –, le MAK a d’abord revendiqué une autonomie régionale avant d’évoluer vers le droit à l’autodétermination, puis la revendication à l’indépendance. « Nous avons un projet de liberté, et n’avons jamais commis le moindre acte de violence », plaide Ferhat Mehenni. Les autorités algériennes ont pourtant classé le mouvement comme organisation terroriste en mai.
« Une opération de suspicion à l’encontre des Kabyles »
Ferhat Mehenni est de longue date une cible. L’assassinat de son fils Ameziane à Paris en 2004 n’a pas été élucidé. Lui y voit la main des services algériens. Depuis 2009, il n’a pu remettre le pied en Algérie. Il est officiellement réfugié en France depuis 2014. Et depuis le Hirak, ce mouvement de contestation qui mit fin à l’ère Bouteflika en 2019, l’étau s’est dangereusement resserré autour du mouvement : « Les autorités entretiennent la suspicion à l’encontre des Kabyles, qui ont participé en masse à la contestation. Elles surchauffent les esprits contre eux. »
Le drapeau amazigh avait été interdit dans les marches populaires. La présidente du congrès mondial amazigh, Kamira Aït Sid, a été arrêtée le 24 août près de Tizi-Ouzou. Les aides directes de la diaspora à la Kabylie contre le Covid ont été interdites, devant obligatoirement passer par la pharmacie centrale. « Les autorités ont annoncé le retrait de l’enseignement de l’amazigh à l’école », ajoute Ferhat Mehenni.
Le MAK, lui, fait l’objet d’une incessante campagne de diabolisation. Ses membres poursuivis par la justice « ne connaîtront pas la quiétude », a averti le procureur général. Face aux menaces, Ferhat Mehenni réplique : « On veut faire de moi un Dreyfus, je me ferai Zola »..
Source: La Croix
« Nous utiliserons tous les moyens pour qu’il paye cher. » Le 18 août, dans un discours télévisé, le président algérien Abdelmadjid Tebboune jetait à la vindicte Ferhat Mehenni. Le leader indépendantiste kabyle de 70 ans, en France depuis vingt ans, et son mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK) sont la bête noire des autorités algériennes.
La Croix met en lumière la dimension spirituelle des hommes et des événements.
Le 26 août, Sid Ahmed Merrad, procureur général près la cour d’Alger, annonçait le lancement d’un mandat d’arrêt international contre Ferhat Mehenni accusé d’avoir planifié les incendies – qui ont fait 92 morts mi-août en Algérie – et commandité l’assassinat de Djamel Bensmail, le 11 août, afin de déstabiliser le pays. Officiellement le jeune activiste, pris pour un pyromane, a été lynché à mort par la foule.
Selon le procureur, 88 suspects, dont 24 membres du MAK, ont été arrêtés. « Mais il n’y a pas eu de lynchage ! », s’insurge Ferhat Mehenni qui réclame une enquête internationale sur cet assassinat et les incendies. « L’homme était déjà mort quand il a été jeté à terre devant la foule par les services de sécurité. Cela s’est passé devant un commissariat, et il n’y a même pas eu un tir de sommation », s’étrangle le militant. Selon lui, seuls deux des membres du MAK ont été arrêtés, à leur domicile, avant même l’assassinat.
Créé après le printemps noir kabyle
Le 25 août, Slimane Bouhafs, un militant du MAK, par ailleurs chrétien, a, lui, été arrêté dans des circonstances troubles à son domicile en Tunisie où il était réfugié, puis emmené en Algérie. « On ignore si ce sont des forces tunisiennes ou algériennes qui l’ont arrêté », précise Ferhat Mehenni. Depuis des mois, le militant se sentait menacé et sa famille se démenait pour qu’il puisse être accueilli en France.
Créé après le printemps noir kabyle de 2001 – la répression des manifestations fit alors 127 morts –, le MAK a d’abord revendiqué une autonomie régionale avant d’évoluer vers le droit à l’autodétermination, puis la revendication à l’indépendance. « Nous avons un projet de liberté, et n’avons jamais commis le moindre acte de violence », plaide Ferhat Mehenni. Les autorités algériennes ont pourtant classé le mouvement comme organisation terroriste en mai.
« Une opération de suspicion à l’encontre des Kabyles »
Ferhat Mehenni est de longue date une cible. L’assassinat de son fils Ameziane à Paris en 2004 n’a pas été élucidé. Lui y voit la main des services algériens. Depuis 2009, il n’a pu remettre le pied en Algérie. Il est officiellement réfugié en France depuis 2014. Et depuis le Hirak, ce mouvement de contestation qui mit fin à l’ère Bouteflika en 2019, l’étau s’est dangereusement resserré autour du mouvement : « Les autorités entretiennent la suspicion à l’encontre des Kabyles, qui ont participé en masse à la contestation. Elles surchauffent les esprits contre eux. »
Le drapeau amazigh avait été interdit dans les marches populaires. La présidente du congrès mondial amazigh, Kamira Aït Sid, a été arrêtée le 24 août près de Tizi-Ouzou. Les aides directes de la diaspora à la Kabylie contre le Covid ont été interdites, devant obligatoirement passer par la pharmacie centrale. « Les autorités ont annoncé le retrait de l’enseignement de l’amazigh à l’école », ajoute Ferhat Mehenni.
Le MAK, lui, fait l’objet d’une incessante campagne de diabolisation. Ses membres poursuivis par la justice « ne connaîtront pas la quiétude », a averti le procureur général. Face aux menaces, Ferhat Mehenni réplique : « On veut faire de moi un Dreyfus, je me ferai Zola »..
Source: La Croix
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