Mohamed Jaouad EL KANABI
mercredi 28 août 2024 - 13:00
Il y a des sorties médiatiques qui valent leur pesant d’or… ou de dinars, c’est selon… A l’approche de l’élection présidentielle algérienne, le président sortant, marionnette favorite de l’ANP semble s’être découvert un talent caché pour la fiction économique. Son dernier chef-d’œuvre, proclamé avec un sérieux déconcertant lors d’un rassemblement à Oran, place l’Algérie au rang de troisième économie mondiale.
Oui, vous avez bien lu, et pour vous le dire, tout cru, devant le Japon, l’Allemagne, et même les États-Unis, si l’on en croit l’esprit visionnaire du futur locataire du palais d’El Mouradia. Les Algériens, eux, oscillent entre consternation et rires nerveux face à cette déclaration qui, disons-le franchement, ferait passer les pires scénarios de science-fiction pour des documentaires réalistes.
Une réalité alternative où l’Algérie brille de mille feux
Il semble que dans l’univers parallèle où évolue le sénile du Muppets show made in Algeria, a tout pour rivaliser avec les géants économiques mondiaux. On imagine aisément les économistes du FMI et de la Banque mondiale se gratter la tête, perplexes, devant cette révélation aussi soudaine qu’improbable.
En un battement de cils présidentiels, l’Algérie, régulièrement décrite comme une économie en difficulté, s’est vue propulsée au sommet du podium économique. Pendant ce temps, dans la réalité, les Algériens continuent de faire face à des pénuries chroniques et à une inflation galopante. Mais, qu’importe les faits, le storytelling présidentiel, lui, préfère naviguer dans des eaux bien plus calmes, où les chiffres n’ont que peu à voir avec les réalités du terrain.
Réseaux sociaux en ébullition : la farce d’état au grand jour
Sans surprise, la sortie du président sortant et entrant a déclenché une véritable tempête sur les réseaux sociaux. Entre sarcasmes et critiques acerbes, les internautes algériens, mais également bien au-delà des frontières, n’ont pas manqué de se moquer de cette déclaration. Certains ont même suggéré de décerner au président le prix Nobel de l’humour involontaire.
D’autres, plus cinglants, se sont interrogés sur la santé mentale de l’homme fort d’Alger, se demandant si ses conseillers ne le maintiennent pas dans une bulle où l’Algérie serait devenue une utopie économique. Face à cette avalanche de railleries, le concerné a choisi la voie de la discrétion – ou plutôt de la fuite : ses comptes sur X (anciennement Twitter), Facebook, Instagram, et TikTok ont mystérieusement disparu, emportant avec eux ce que certains ont appelé « le plus grand canular présidentiel de l’histoire contemporaine ».
Et que dire des médias algériens, dont la docilité n’est plus à démontrer, tant que leurs caresses vont dans le sens du poil ? Selon des sources bien placées, la plupart des chaînes de télévision et des journaux, qu’ils soient publics ou privés, ont soigneusement évité de relayer cette déclaration embarrassante. Trop risqué, visiblement, de mettre en lumière l’ampleur du décalage entre le discours officiel et la réalité vécue par le peuple.
Economie de Fiction : quand le régime prend ses rêves pour des réalités
Mais, le silence des médias traditionnels n’a fait que renforcer la grogne populaire sur les plateformes numériques, où la question de la crédibilité des élites politiques algériennes fait désormais l’objet d’un consensus : il n’y en a plus. La déclaration du raïs en devenir pour une seconde fois, n’est qu’un symptôme d’un mal plus profond. Elle illustre parfaitement l’incapacité des élites algériennes à aborder les véritables enjeux auxquels est confronté le pays.
Plutôt que de s’attaquer aux problèmes économiques, justement et sociaux qui minent l’Algérie, le régime préfère inventer des succès imaginaires, gonfler des chiffres fictifs, et offrir des promesses sans lendemain. En d’autres termes, on continue de prendre les Algériens pour des enfants crédules à qui l’on peut faire avaler n’importe quelle fable.
L’Algérie, grande puissance… du discours vide
En fin de compte, cette sortie du sénile d’Alger est révélatrice de l’état de déliquescence du discours politique en Algérie. Plus que jamais, la rupture est consommée entre un régime qui se noie dans ses propres illusions et un peuple qui n’y croit plus depuis longtemps.
En plaçant l’Algérie au rang de troisième économie mondiale, la malheureuse marionnette ne fait que renforcer l’idée que, pour lui et ses semblables, la vérité n’a que peu d’importance face à l’impératif de maintenir le contrôle sur un pays où la réalité est devenue l’ennemi à abattre. La troisième économie mondiale ? Certainement pas. Mais, la première en matière de déni de réalité ? Là, il n’y a aucun doute.
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