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Quand l’Etat algérien s’érige en «clergé»

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  • #16


    La référence à l'islam peut se situer à différent niveau et revêtir des natures différents.

    Si l'islam en tant que culture et élément identitaire ne pose aucun problème; tel n'est pas le cas de l'islam politique - et là j'englobe l'ensemble des variantes de celle de sid-Ahmed Ghozali (premier ministre "éradicateur") à celle de Abass-belhadj -.

    L'islam politique a eu des manifestations diverses, allant de assimilationnisme à la nation française à l'assimilationnisme arabo-islamique. Dans tous les cas la question nationale n'a pas été son fort.

    D'ailleurs il faut bien voir que l'islam politique ne s'échine pas à se donner des racines dans le mouvement national.

    L'une des questions importantes aujourd'hui est de trouver les formulation justes qui rendent compte de la genèse de la Nation Algérienne.

    Nous nous opposons sur l'Islam, sur Tamazight, sur l'arabe, sur l'aire géopolitique de rattachement où nous devons nous inscrire. Ces exclusives multiples fragmentent l'algérianité et la fragilise. La formule consacrée d'Arabité-amazighité-islamité; partagé avec les autres nations d'Afrique-du-nord (Egypte, Libye-Tunisie-Algérie-Maroc-sahara occidental) , si elle a fait avancer la résolution de la question identitaire ne l'a pas solutionné de façon définitive. L'Algérianité peut-elle se concevoir sans le cratère républicain de l'Etat, sans le caractère social de notre république. la république démocratique et sociale est le ciment de L'Algérianité cette synthèse singulière des éléments identitaires cités. sont émergence s'est faite dans l'ouverture sur le monde, sur l'universel.

    L'islam politique à force d'anachronismes multiples tente d'usurper une légitimité nationale qu'il n'a pas. Qu'a-t-il de commun avec l'islam ancestral qui a galvanisé les za3atcha, les tribus de l'Oranie derrière le glorieux et émérite émir Abdelkader ou ceux de Kabylie derrière la charismatique lalla Fadhma n'Soumer? Avant les islamistes d'aujourd'hui ? Avant eux Ben badis en s'appuyant sur la Nahda a oublié la capacité de résistance de cet islam populaire et s'est employé à le combattre dans un élan de nouvelle islamisation. Son ralliement tardif et timoré à la démarche indépendantiste, et son passé assimilationniste ne l'élisent pas à être une référence de l'islam politique algérien qui se contente d'instrumentaliser en cheval de troi les référence à l'élément culturel et identitaire.

    Donc s'il y a consultation, ce n'est pas sur l'islam, ou sur Tamazight ou sur ce que nous sommes, sur notre être; mais sur l'instrumentalisation et la manipulation de ce qui nous fait. Posons la question au peuple algérien sur la légitimité de l'islamisme, Demandons lui s'il accepte de subir la question avant même la tombe!
    Si tu parles, tu meurs. Si tu te tais, tu meurs. Alors, dis et meurs

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    • #17
      Permettez moi de verser à la discussion cette partie de l'ouvrage de hadj-Nacer (La martingale algérienne).

      REMERCIEMENTS

      À aucun moment, Il ne m'a semblé affronter une page blanche. En filigrane y était imprimée l'empreinte de tant d'ancêtres qu'avant le point final, je voudrais évoquer. Ils me semblent qu'ils ont soutenu cette reconnaissance et fierté d'être qui nous sommes que j'ai voulu exprimer et partager. J'ai puisé en cette généalogie non seulement les matériaux de la mémoire, les repères de notre longue histoire mais aussi l'élan de mes croyances et espoirs en l'avenir, la possibilité de dire que nous avons été bons, le serons à nouveau, en dépit de la conjoncture présente et de la désespérance du court terme. Ils sont co-auteurs de ce texte, sans prétendre cependant que ma contribution soit équivalente à la leur, plus qu'inspiration, et l'âme des convictions qui le traversent. Aussi, vais-je les remercier et leur rendre hommage par cette brève évocation de notre ancestralité commune, en remontant le temps vers ce que, dès le départ, j'affirme en cet essai : Thamezgha, l'Algérie, est pour la première fois, depuis le néolithique, dans une situation humaine et géographique où elle peut influer sur son propre destin.

      De l'Homo Habilis, ce tailleur de pierre vieux de 2 millions d'années dont les traces ont été retrouvées à Aïn Hanech (Guelma) ; de l'Homo Erectus, homme de l'Atlas de Tighenif (Mascara) et du Tassili qui, il y a un million d'années vivait de chasse et de cueillette, je tirerai exemple pour commenter combien nous ignorons notre préhistoire, combien semble effrayer toute vie pré-islamique et m'attarder un peu plus sur trois puissants innovateurs préhistoriques apparus, respectivement, voilà cent mille, vingt-deux mille et huit mille ans. Le premier, l'Homo Sapiens du Sahel de Tipasa, de Bir El Atter et de Mostaganem, était en avance sur ses congénères européens, industrieux, fabricant d'outils domestiques utilisant le feu et doté de spiritualité et de croyances. Le second, l'Homme de Mechta Afalou, a laissé les marques d'une culture religieuse prononcée. Quant à l'Homme de Denys, il fut, il y a 8000 ans, le précurseur de la « Révolution néolithique », introduisant la pierre polie, la céramique, les objets en peau, l'arc, les flèches et au M'Zab, les gravures rupestres, avec deux mille ans d'avance sur le continent Nord.

      Des ancêtres que nous connaissons un peu mieux, je rappellerai d'abord ce commentaire d'Hérodote qui, il y a deux mille ans, relevait notre maitrise de l'art de la guerre et la qualité, l'exceptionnalité des chars alors utilisés. Je parlerai peu de Massinissa que j'ai évoqué et qui, de 200 à 148 avant JC, depuis une ville où, fait rare à l'époque, se parlaient au moins quatre langues : le grec, le latin, l'amazigh et le punique, régnait sur un territoire s'étendant de la Moulouya — un peu le Maroc actuel — au Golfe de Syrte. Je passe tout aussi rapidement, et pour la même raison sur Jugurtha, réunificateur du royaume, symbole de la résistance et mort en 105 avant JC dans la prison qui sera aussi celle du chef gaulois Vercingétorix. Il est encore ces noms que tout le monde connaît, les deux Juba, dont celui qui épousa la fille de Cléopâtre ; Tacfarinas, l'un de ces résistants que l'on retrouve en permanence dans notre histoire, tous capables de fédérer leurs contemporains pour ne pas se laisser absorber et vivre en étrangers dans des cultures imposées.

      J'évoquerai certains de nos intellectuels : Fronton de Cirta, en l'an 100 après JC, qui fut précepteur de l'empereur Marc Aurèle ; Apulée de Madame, né à M'Daourouch — Souk Ahras, auteur de « L'Âne d'or » connu aussi comme « Les Métamorphoses », et à ce titre, le premier romancier du monde ; Augustin de Thagaste (Tebessa), ce Saint Augustin qui a conceptualisé cette Trinité sur laquelle jusqu'à présent repose l'Église et dont on connaît les écrits : les Confessions, Cité de Dieu... Et auquel a fait face Donatus Magnus ou Donat le Grand, né à Tebessa, chef des circoncellions, ce qu'on appelle aujourd'hui les douars. En quête de la pureté de la religion, ce débat qui encore aujourd'hui se mène, Donat, évêque d'une région de Numidie, à la tête d'un schisme populaire, défendait face aux conceptions du pouvoir et de la Hiérarchie de Saint Augustin, une conception de la pureté de la religion qui prenait en compte une forme de la souveraineté populaire, ce qu'on appelle la djemaâ aujourd'hui. Je sauterai les siècles pour, de ces deux premiers siècles après JC, atterrir dans le douzième, en Andalousie musulmane et y évoquer Ibn Rochd, le dernier penseur libre que nous ayons produit dans nos contrées et qui a toujours su allier la foi et la raison.

      Et puis bien sûr, je ne peux taire les femmes, le rôle des femmes : Tin Hinan, ancêtre des Sanhadja ; Kahenna, en fait Dihiyya, poétesse, Zénète de Khenchela et qui s'imposa à la plus grande puissance de l’époque, sans oublier Lalla Fatma N'Soumer face aux envahisseurs français... Ces femmes qui viennent nous signifier qu'elles ont toujours été là, qu'elles prennent le flambeau quand leurs communautés ne parviennent pas à trouver l'Aguellid, qu'elles sont de plain-pied dans les parties qui se jouent.

      Je ne m'attarderai pas sur Abderrahmane Ibn Rostom, ni sur Bologguin lbn Ziri si connu et laisse place pour Hammad qui a créé cet endroit si merveilleux qu'est la Qalaa ; pour le roi Abdelmoumen, né à Honaine, près de Tlemcen, qui a été le Calife de la dynastie des Almohades et dont le premier geste en tant que chef religieux a été de prier pour un juif parce qu'il était seul lorsqu'on l'enterrait. Abdelmoumen, qui régna sur toute l'Afrique du Nord et à qui nous devons les plus belles mosquées existant à ce jour en Algérie. Place aussi pour Yaghmorasan, fondateur de la dynastie des Zayyanide à Tlemcen qui, alors que sur un mode dithyrambique, on lui construisait une généalogie, eut ces mots en amazigh « rabbi yessen » pour dire : « Dieu sait ». Pourquoi tricher. Un petit espace encore pour Ephraïm En Kaoua, rabbin de la communauté juive de Tlemcen, notre Maïmonide, le savant juif de Cordoue....

      Les autres, tous les autres, il me reste juste l'espace d'égrener quelques noms, avec cependant la même reconnaissance et considération que pour ceux et celles qu'il m'a été possible de plus amplement remémorer et invoquer. Et pour tous ceux et celles que, sans doute, j'aurais méconnus ou oubliés.

      Bachus II, an 35 avant JC, roi de Mauritanie. Optat de Milev, né vers 320 à Mila. Ziri. Youcef lbn Tashfin. Ibn Tofail. Nacer de Béjaïa. Abû Zakariya, fondateur de la dynastie Hafside. Abu Hammou Moussa I et II. Ibn Khaldun Abderrahmane. Abû Zakaria Yahia Ibn Khaldun. Kheiredine Barberousse, Berlebey d'Alger. Ben El Cadi, roi de Koukou. Et tous ceux qui de l'emir Abdelkader à "Mohammed" Duval ont compris l'urgence d'institutionnaliser un État moderne.
      J'aurais aimé retrouver un autre texte qui vous fait sentir ALGERIEN en le lisant; c'est un texte de Daniel TIMSIT, où il parle de son enfance.
      Si tu parles, tu meurs. Si tu te tais, tu meurs. Alors, dis et meurs

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      • #18
        @Mob_Dz

        L'approche est bien plus subtile là, mais au final, j'en reviens à la position la plus simple : Il faudrait que le commun des algériens acceptent de dissocier leur références islamiques (qu'ils soient "politiques", "culturels" ou autres) de leur conception de la nation algérienne. En un mot, ton schémas semble reposer sur une existence séparée du sentiment national algérien et du sentiment religieux des algériens (ce qui est justement faux dès le départ) et qu'il s'agit juste de ramener chacun à sa case (avec préséance de l'un sur l'autre) pour que l'équilibre perdu soit restauré.

        Ceci ne colle pas vraiment avec les faits, car d'abord l'Islam (culture et religion) a précédé la nation algérienne dans l'existence, et il constitue lui-même un fondement de son existence. Le virer ainsi de la scène revient à demander aux algériens de se renier eux-mêmes, choses impensable pour tout humain sensé ou doué de sentiment.

        Voilà pourquoi l'islam politique ne se sent pas obligé de se référer à la nation algérienne dans son discours, parce que c'est l'islam (politique et culturel) qui a engendré le nationalisme algérien, et non le contraire. Le besoin n'est donc pas réciproque.
        "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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        • #19
          Envoyé par Harachi 78
          ton schémas semble reposer sur une existence séparée du sentiment national algérien et du sentiment religieux des algériens (ce qui est justement faux dès le départ)

          Désolé, mais si l'islam a été le ferment des résistances à la colonisation (Ahmed Bey, Mokrani, Aheded...); il ne se trouve pas pour autant au cœur de la naissance d'idée d'Algérie.
          Si tu parles, tu meurs. Si tu te tais, tu meurs. Alors, dis et meurs

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          • #20
            @Mob_Dz

            Et pourtant, c'est de "musulmans" d'Algérie qu'il s'agissait au départ, avant même que le mot "algérien" ne devienne le titre d'une nationalité. Tu faisais référence aux sources de l'ENA en haut non ? Il faudra peut-être y revenir !

            Enfin, c'est un sujet en soit, j'y reviendrais bien lorsque j'aurais un moment !
            "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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            • #21
              Harachi tu procèdes par un biais qui, j'espère qu'il n'est pas intentionnel, fausse totalement le raisonnement. Il consiste en une confusion entre l'islam, les musulmans et l'islamisme. Je ne pense pas qu'il faille un grand effort pour saisir la différence qu'il y a entre ces catégories!
              Si tu parles, tu meurs. Si tu te tais, tu meurs. Alors, dis et meurs

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              • #22
                @Mob_Dz

                J'avoue que j'aurais pu dire exactement la même chose en lisant plus d'un passage de tes postes, surtout entre "islamisme" et "islam" tout court.

                Mais bon, c'est justement pour éviter de trop nous engouffrer dans ce brouillard que j'ai préféré faire une pause, le temps de pouvoir mettre les choses plus au claire.

                En fait, je lisais l'autre jour un texte assez intéressant sur l'idée que semblaient avoir les "algériens" d'eux-mêmes et de leur condition dans les dernières décennies du 19e s., donc avant même qu'il y est des nationalistes et des islamistes dans ce pays. J'essayerais de le poster, on verra un peu ce que le mot Islam représentait pour ces gens.
                "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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