pour les grands randonneurs..du plaisir a le lire..le texte est majestueux..c'est le meilleur romancier que je n'ai jamais lus..
LES NUITS BLANCHES (I)
Selon toute apparence, il était en chemin depuis longtemps. Il était fatigué et couvert de poussière. Il n'allait nulle part, il marchait le long de la forêt et des chemins, selon son bon plaisir et, parfois, se reposait sous un arbuste, à l'ombre d'un arbre, dans une grange ou au bord d'un marais. Il était frugal et se contentait de peu.
Quelquefois, il s'écartait du chemin et s'avançait à travers champs. Il se perdait dans la forêt et errait des jours entiers dans les broussailles et les fourrés avant de trouver un sentier ou un chemin. D'autres fois il s'arrêtait au bord d'un lac ou dans le coude d'une rivière et, s'il était seul, il chantait, et jouait du kannel en se parlant à lui-même à haute voix. Son regard poursuivait un oiseau, quelque insecte grimpant sur un brin d'herbe, ou un papillon, ce qui le faisait tressaillir avant de se remettre en marche. Il ne restait longtemps nulle part. Il était impatient et inquiet. Il semblait chercher quelque chose.
Parfois, il se retournait brusquement, sans raison et revenait sur ses pas. L'aboi d'un chien, le croassement subit d'une corneille pouvaient modifier tout à fait son état d'esprit. Tant qu'il avait du pain dans ses poches, il évitait les gens et contournait de loin les habitations. Quand quelqu'un venait
(1) Le phénomène des nuits blanches est particulier aux régions arctiques, mais s'observe assez loin au sud du cercle glacial. Pendant cri le période, le soleil ne se couche que quelques instants et reparaît presque immédiatement au-dessus de l'horizon. Note du Traducteur.
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