Notes pêle-mêle.
Je me dis que tout le monde, ceux qui aiment les livres, s'entend, devrait lire un ouvrage, ou le parcourir si cela n'a jamais été fait, d'un Prix Nobel après son décès. Pas seulement d'un Prix Nobel, mais de n'importe quel Prix prestigieux ou de n'importe quel grand penseur! Parmi ces derniers me vient à l'esprit l'exemple de Jean-François Revel sur lequel je n'ai rien écrit après sa disparition malgré qu'il fut pour moi un phare, un maître dont j’estimais l’intégrité, la précision de l’analyse et sa défense des droits de l’homme d’une façon pragmatique et inlassablement. Mais c’est tout. Ce qui est énorme. De lui, je recommande "Pourquoi des philosophes?", ou son résumé sur la philosophie occidentale, facile et excellent, et son livre avec son fils, Mathieu, qui est une discussion incontournable sur le bouddhisme dont il en secoue les idées dogmatiques et archaîques tout en étant respectueux, envers son fils et la spiritualité.
Mais cette intervention, pêle-mêle, hic et nunc, s'adresse encore davantage aux arabes lorsqu'il s'agit de Mahfouz. Je lis actuellement, Miroirs; des portraits qu'il brosse des gens qu'il a connus de la société égyptienne. Vraiment bon. Exemple:
Traduction libre que j'édite parce que je ne peux pas faire l'effort de l'écrire en entier, vous comprendrez et me pardonnerez. C'est donc un résumé.)
-L'hypocrisie consiste à dissimuler son incroyance et à déclarer sa foi. Mais lui est trop bête pour être incroyant, c'est pour cette raison que je ne mets pas sa foi en doute.
- Ne penses-tu pas, Hagg, (nom qu'on donne à celui qui a fait le pèlerinage à la Mecque et qui est respecté pour cela) que le marché noir que tu pratiques contredit ta piété?
- Notre monde a ses règles et l'au-delà a les siennes! répondit-il avec assurance.
- Dieu ne peut consentir qu'on affame les pauvres!
- Je m'absous par la prière, le jeune et l'aumône, dit-il avec tranquillité. Que veux-tu de plus?
- Cet homme commet le péché en connaissance de cause, et non par ignorance ou par hypocrisie! dis-je à mes amis après son départ.
-Il vole le pain des pauvres et continue son chemin, le visage rayonnant de foi et de sérénité!
Je me disais qu'il valait pas le coup de polémiquer avec Hagg spécialement, car il était toujours calme et sûr de lui, croyant dans le mal autant que le bien, se soumettant à Satan autant qu'à Dieu, balançant entre les deux extrêmes comme le ferait dans un marché libre un habile commerçant. Ces réflexions me conduisirent à trouver des excuses à des canailles (d'autres de ses connaissances) et même Aid Mansour, qui n'avaient pas d'attache sérieuse avec la religion et ne s'étaient jamais inspirés dans la vie que de leurs instincts et d'un pragmatisme primaire, dans un climat conflictuel violent et rude. Ces mêmes pensées m'ont plus d'une fois plongé dans une grave crise spirituelle qui faillit me faire rejeter l'humanité en bloc. Ce sujet faisait l'object de discussions interminables entre nous.
Desclée de Brouver, p. 94
Je me dis que tout le monde, ceux qui aiment les livres, s'entend, devrait lire un ouvrage, ou le parcourir si cela n'a jamais été fait, d'un Prix Nobel après son décès. Pas seulement d'un Prix Nobel, mais de n'importe quel Prix prestigieux ou de n'importe quel grand penseur! Parmi ces derniers me vient à l'esprit l'exemple de Jean-François Revel sur lequel je n'ai rien écrit après sa disparition malgré qu'il fut pour moi un phare, un maître dont j’estimais l’intégrité, la précision de l’analyse et sa défense des droits de l’homme d’une façon pragmatique et inlassablement. Mais c’est tout. Ce qui est énorme. De lui, je recommande "Pourquoi des philosophes?", ou son résumé sur la philosophie occidentale, facile et excellent, et son livre avec son fils, Mathieu, qui est une discussion incontournable sur le bouddhisme dont il en secoue les idées dogmatiques et archaîques tout en étant respectueux, envers son fils et la spiritualité.
Mais cette intervention, pêle-mêle, hic et nunc, s'adresse encore davantage aux arabes lorsqu'il s'agit de Mahfouz. Je lis actuellement, Miroirs; des portraits qu'il brosse des gens qu'il a connus de la société égyptienne. Vraiment bon. Exemple:
Traduction libre que j'édite parce que je ne peux pas faire l'effort de l'écrire en entier, vous comprendrez et me pardonnerez. C'est donc un résumé.)
-L'hypocrisie consiste à dissimuler son incroyance et à déclarer sa foi. Mais lui est trop bête pour être incroyant, c'est pour cette raison que je ne mets pas sa foi en doute.
- Ne penses-tu pas, Hagg, (nom qu'on donne à celui qui a fait le pèlerinage à la Mecque et qui est respecté pour cela) que le marché noir que tu pratiques contredit ta piété?
- Notre monde a ses règles et l'au-delà a les siennes! répondit-il avec assurance.
- Dieu ne peut consentir qu'on affame les pauvres!
- Je m'absous par la prière, le jeune et l'aumône, dit-il avec tranquillité. Que veux-tu de plus?
- Cet homme commet le péché en connaissance de cause, et non par ignorance ou par hypocrisie! dis-je à mes amis après son départ.
-Il vole le pain des pauvres et continue son chemin, le visage rayonnant de foi et de sérénité!
Je me disais qu'il valait pas le coup de polémiquer avec Hagg spécialement, car il était toujours calme et sûr de lui, croyant dans le mal autant que le bien, se soumettant à Satan autant qu'à Dieu, balançant entre les deux extrêmes comme le ferait dans un marché libre un habile commerçant. Ces réflexions me conduisirent à trouver des excuses à des canailles (d'autres de ses connaissances) et même Aid Mansour, qui n'avaient pas d'attache sérieuse avec la religion et ne s'étaient jamais inspirés dans la vie que de leurs instincts et d'un pragmatisme primaire, dans un climat conflictuel violent et rude. Ces mêmes pensées m'ont plus d'une fois plongé dans une grave crise spirituelle qui faillit me faire rejeter l'humanité en bloc. Ce sujet faisait l'object de discussions interminables entre nous.
Desclée de Brouver, p. 94
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