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Histoire de Blida, la ville des Roses...

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  • #16
    Le Hakem qu’on nommait Kaïd Iâkoub, parce qu’il avait précédemment exercé cette fonction, était tombé en 1830 avec le régime turk, et les gens de la ville l’avaient remplacé par Kour-Mahammed, que les Bni-Salah, qui étaient devenus les arbitres tyranniques de la population blidienne depuis que les Turks avaient disparu de la scène politique, destituent brutalement, et sans avoir consulté les Blidiens.

    La pauvre Blida était entrée dans cette période que les Arabes nommaient « doulet el-hamla, » l’anarchie, période qui devait durer jusqu’en 1838, époque à laquelle nous nous sommes chargés de ses destinées. Le général Clauzel, qui avait été nommé au commandement en chef de l’Armée d’Occupation, en remplacement du maréchal de Bourmont, et qui était arrivé à Alger le 2 septembre 1830, avait voulu donner un Hakem à Blida, et il avait nommé à cette fonction le More El-Haffaf ; mais son règne n’avait pas été de longue durée ; au bout de quinze jours, les Bni-Salah le menacent de mort ; il ne croit pas devoir attendre la réalisation de cette menace, et se hâte d’aller se mettre sous la protection de l’autorité qui l’a nommé, c’est-à dire du Général en chef.

    Mais le général Clauzel avait résolu d’en finir avec Mosthafa-Bou-Mezrag, ce Bey de Tithri, qui, persuadé que nous ne pourrions l’atteindre derrière ses montagnes, bravait ouvertement notre autorité. Le Général en chef prononçait donc sa destitution par un arrêté du 15 novembre, et s’apprêtait à soutenir cette mesure par les armes. L’effectif du corps d’armée qui devait marcher sur Médéa était de 7,000 hommes ; le général Clauzel en prenait le commandement, et la colonne se mettait en mouvement le 17 novembre; elle bivouaquait à Bou-Farik le même jour, et arrivait à Blida le lendemain 18. Elle n’était plus qu’à une lieue environ de cette ville, lorsqu’elle aperçut, à une petite distance en avant d’elle, une troupe assez nombreuse de cavaliers arabes qui paraissait vouloir lui en barrer le chemin. Le Général en chef dépêchait vers cette troupe son interprète particulier, un jeune et brillant cavalier, qui, plus tard, devait s’illustrer dans nos rangs par ses remarquables services, et devenir le général Yusuf, et faisait arrêter la colonne.

    L’interprète revenait bientôt avec celui qui paraissait être le chef de cette troupe : c’était un cavalier de fière et haute mine, et au regard assuré. Le général Clauzel lui ayant fait connaître son intention d’aller coucher ce jour-là même à Blida, le chef arabe lui conseilla, avec beaucoup de hauteur, de n’en rien faire, et cela parce qu’il avait, lui, celle de s’y opposer. A cette réponse, le Commandant en chef ordonnait au parlementaire de se retirer, et remettait sur-le-champ la colonne en marche. Les cavaliers ennemis commencèrent aussitôt un feu assez nourri ; mais la brigade Achard, qui tenait la tête de la colonne, les poussa facilement devant elle, et quelques obus les eurent bientôt dispersés. Vers la chute du jour, le général Achard se présentait devant Blida, dont les portes étaient fermées, et il se préparait à les abattre à coups de canon, — ce qui n’eût pas été une besogne bien difficile, — lorsqu’elles furent ouvertes par un officier, aidé de quelques voltigeurs qui en avaient escaladé la muraille.

    La ville était presque déserte ; car la plus grande partie de la population avait fui dans la montagne. Pendant que la brigade Achard marchait sur Blida par la route, la brigade Munck-d’Uzer se jetait à droite pour y arriver à travers champs ; mais tout était fini quand elle atteignit l’ouad Sidi-El-Kbir. Quelques BniSalah continuèrent cependant à tirailler des hauteurs de la rive gauche, où ils s’étaient réfugiés. On y envoya La brigade Achard forma son bivouac en avant de la Porte furent refoulés dans la montagne par les bataillons du 20e et du 37e de ligne. Comme on se rappelait la surprise de la colonne Bourmont dans les rues de Blida, on fusillait tout Kabil pris en ville les armes à la main. Quelques familles de Blida s’étaient retirées, à notre approche, dans la gorge de l’ouad Sidi-El-Kbir. On leur envoya un parlementaire pour les rassurer et les faire rentrer en ville, ce qu’elles firent, non sans hésitation pourtant. Le corps d’armée se remettait en marche le 20 novembre, en longeant le pied des montagnes des Bni-Salah, et se dirigeait sur le Haouch-Mouzaïa. Le général Clauzel avait décidé, nous le répétons, qu’il serait laissé à Blida, jusqu’au retour de la colonne, une garnison composée de deux bataillons - l’un du 34e de ligne, et l’autre du 35e de même arme, — et de deux pièces de canon. Ce détachement était placé sous le commandement du colonel Rullière, officier très ferme et très capable. Mais le jour même — 26 novembre — que le général en chef quittait Médéa, avec les brigades Achard et Hurel, pour revenir sur Alger, la ville de Blida était le théâtre de scènes sanglantes qui mettaient sa garnison à deux doigts de sa perte. Pendant que la colonne était en marche sur d’Alger, sur l’emplacement de celui du général de Bourmont lors de sa reconnaissance sur Blida. On ne laissa que des postes dans la ville ; les 2e et 3e brigades campèrent en arrière de la Ire, mais à peu de distance des Portes Ez-Zaouya et Es-Sebt, au delà, bien entendu, de la zone des jardins d’orangers.

    La brigade Hurel n’arriva que fort tard à sa position ; il en fut de même des bagages, et du bataillon du 21e de ligne, qui marchait en queue pour les couvrir. Cette journée du 18 novembre ne nous coûta qu’une trentaine d’hommes mis hors de combat. L’armée séjourna à Blida le 19. Le Général en chef ayant résolu d’y laisser une garnison pendant qu’il se porterait en avant, cette journée fut employée aux préparatifs qu’y nécessitait son installation. On répara aussi à la hâte les conduites d’eau, que les Kabils avaient détruites sur plusieurs points de leur parcours. Le même jour, des cavaliers arabes se présentèrent, dans la plaine, devant le front de la brigade Achard ; les Kabils venaient, en même temps, tirailler sur son flanc gauche, en se tenant prudemment, toutefois, sur les pentes de la rive gauche de l’ouad Sidi-El-Kbir. Une charge de cavalerie dispersa les premiers ; les seconds Médéa, « une horde de Kabils, conduite par El-Haoucin-ben-Zamoum, fils du cheikh des Fliça, — lequel était malade en ce moment, — arrivait dans la Mtidja. Ayant appris l’occupation de Blida, El-Haoucin appela à lui les Khachna, les Bni-Mouça, les Bni-Misra, tribus qui passaient pour soumises, et marcha sur la ville : les fantassins en suivant le pied de l’Atlas, et les cavaliers en traversant la plaine, pour voir s’il n’y aurait pas, de ce côté, quelque bon coup à tenter. « Ces derniers rencontrèrent, près de Bou-Farik, un convoi de cent chevaux conduit par cinquante hommes d’artillerie, et commandé par deux officiers, qui allaient chercher des munitions à Alger pour la colonne de Médéa. Ils attaquèrent ce convoi, dont tous les conducteurs furent impitoyablement massacrés ; pas un seul homme n’échappa à ce sanglant sacrifice. El-Haoucin continua sa route sur Blida. Son avant-garde apparut, le 22 novembre, sur les hauteurs qui dominent cette ville.
    Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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    • #17
      Arrêtés attribuant au domaine de l’État les biens religieux musulmans de 1830 à 1851-

      Art. 4. Les muphti, cadis, ulémas et autres préposés jusqu’à présent à la gestion desdits biens, remettront dans le même délai [trois jours, à dater de la publication du présent arrêté], au directeur des domaines, les titres et actes des propriétés, les livres, registres et documents qui concernent leur gestion et l’état nominatif des locataires, sur lesquels ils indiqueront le montant du loyer annuel, et l’époque du dernier paiement.

      Art. 5. Ils adresseront en même temps, au directeur des domaines, un état motivé des dépenses que nécessitent l’entretien et le service des mosquées, les oeuvres de charité et autres frais auxquels ils sont dans l’usage de subvenir à l’aide des revenus des biens dont il s’agit. Les fonds reconnus nécessaires leur seront remis chaque mois d’avance, et à partir du premier janvier prochain, pour en être par eux disposé conformément au but des diverses affectations. ”

      En ce qui concerne la ville de Blida (Bélidah dans l'arrêté)

      3. Arrêté du Gouverneur général de l’Algérie qui met sous séquestre et réunit au domaine de l’État toutes les propriétés situées dans la ville de Bélidah…, 1er octobre 1840 (extrait) :
      “ Art. 1. Toutes les propriétés situés dans la ville de Bélidah et dans la zone de défense du territoire de cette place, qui n’auront pas été réclamées avant le 1er novembre prochain, seront séquestrées et réunies au domaine de l’État…
      Les propriétés appartenant aux mosquées et autres établissements religieux seront soumises aux règles d’administration prescrites pour les biens de même nature dans la province d’Alger. ”

      4. Arrêté du Gouverneur général de l’Algérie sur les mosquées de Blidah, 4 novembre 1840
      (extrait) :
      “ Art. 1er… Les mosquées connues à Blidah sous le nom de Djemaâ el Turk et Djemaâ ben Saadoun continueront à être affectées au culte musulman.
      Art. 2. Le revenu des mosquées El Kebir et Bab el Djezaïr et ceux des établissements pieux qui ont été détruits ou abandonnés, seront consacrés à l’entretien des mosquées réservées au culte musulman. Ces revenus seront administrés selon les règles prescrites dans notre arrêté du 1er octobre 1840. ”

      Source : CENTRE HISTORIQUE DES ARCHIVES NATIONALES, F19 10934 à 10935/B Culte musulman 1839-1905, Inventaire
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      • #18
        El-Haoucin continua sa route sur Blida. Son avant-garde apparut, le 22 novembre, sur les hauteurs qui dominent cette ville. Les Kabils voulurent s’approcher de l’enceinte ; mais quelques coups de mitraille les forcèrent à s’éloigner, et ce ne fut que le 26, après avoir réuni toutes leurs forces, évaluées à 6 ou 7,000 hommes, qu’ils se décidèrent à tenter l’attaque. » Nous empruntons encore une fois à l’excellente « Revue africaine » — 1876 — « Notes historiques sur la Grande Kabylie, » par notre sympathique camarade le commandant N. Robin, une partie des renseignements qui vont suivre. Le Hakem Mohammed-ben-Sakkal-Ali nous avait aussi fréquemment raconté cette importante affaire.

        Vers quatre heures du matin, les fantassins de Ben-Zamoum et les Bni-Salah commencent le feu dans les jardins d’orangers ; les postes y répondent aussitôt. Avec l’aide des habitants qui étaient rentrés dans la ville, et qui avaient fourni, sous la pression des Kabils, des outils et des travailleurs, des brèches furent faites facilement dans la mauvaise muraille en pisé que nous connaissons. Vers onze heures, toutes les brèches sont praticables, et les Kabils pénètrent tumultueusement dans la place en poussant des cris d’une sauvagerie terrifiante, surtout pour nos soldats qui n’y étaient point encore accoutumés, et se ruent sur les postes et sur les magasins où s’étaient groupés les Français pour résister plus efficacement à l’attaque, laquelle s’était produite plus particulièrement sur la face sud-ouest, celle qui regarde la montagne des Bni-Salah. Nos soldats se retirent en ordre, et par groupes, dans la direction de la Mosquée de la Porte d’Alger, où ils avaient été installés, et qu’ils avaient crénelée. Assaillis de tous côtés par cette nuée de furieux, ils font cependant bonne contenance et couchent un grand nombre d’ennemis sur le carreau. Les pertes sont néanmoins sensibles de notre côté ; mais elles sont considérables de celui des Kabils, dont les cadavres jonchent le sol dans les rues ayant servi de théâtre à la lutte. Nos soldats ont cependant réussi à gagner la Mosquée en défendant le terrain pied à pied ; mais ils sont acculés sous la voûte de la Porte d’Alger, et leur situation devient d’instant en instant plus critique, lorsque, au milieu des bruits de la fusillade et des clameurs des babils, une voix retentissante roulant dans les airs, comme celle de la foudre, au-dessus des têtes des combattants, se faisait entendre tout à coup, et glaçait d’effroi les assaillants, qui s’arrêtaient éperdus.

        Cette voix disait : « O Musulmans ! fuyez ! car l’armée des Chrétiens arrive !... elle est proche !... En effet, quelques instants après que cet avertissement — venu d’en haut — se fut fait entendre, des troupes françaises pénétraient dans Blida par les brèches qu’avaient pratiquées dans sa muraille les Kabils de Ben-Zamoum, et fondaient comme une trombe sur l’ennemi, qu’elles prenaient à revers, et qui se mit à fuir, pris de panique, dans le plus grand désordre, par les rues de la ville. Pareils à des lions blessés, nos soldats se ruent sur les Kabils la baïonnette aux reins, tuant tout ce qu’ils rencontrent dans la longueur de la terrible pointe de cette arme si éminemment française. Poussés par le désespoir et par la haine, quelques fanatiques se précipitent furieux, et en hurlant des injures et des malédictions, sur une pièce d’artillerie : ils sont reçus par une volée de mitraille qui disperse leurs débris sanglants — boue humaine — dans toutes les directions.. El-Haoucin-ben-Zamoum lui-même ne s’échappe qu’à la faveur du désordre inexprimable dans lequel s’effectue la retraite, la déroute de ses bandes. En un clin d’œil, la ville était balayée, nettoyée de ses ennemis, lesquels regagnaient leurs montagnes en toute hâte, et sans avoir pu relever leurs blessés et emporter leurs morts. Voici comment les choses s’étaient passées. Nous avons vu plus haut qu’il un moment donné, la situation de la petite garnison, surtout dans une place dont les murailles étaient hachées de brèches, était des plus critiques ; d’un autre côté, elle ne pouvait attendre de secours avant le lendemain, 27 novembre, au plus tôt, la colonne en retour de Médéa étant encore à deux marches de Blida. Le salut était donc inespéré ; pourtant, il était proche. Le Mouedden du Djamâ (mosquée) de la Porte d’Alger, où le colonel huilière avait cantonné sa troupe, était resté à son poste, et vivait en bonne intelligence avec nos soldats. C’était un ancien Mezouar de Blida, du nom de Mohammed-el-Bahari (La mosquée Djemaa el Turk fut surnommée mosquée Baba Mohamed, la garnison militaire s'y installa) Voyant le péril dans lequel se trouve la garnison, et, d’un autre côté, n’ayant qu’une médiocre sympathie pour les Babils, dont le joug tyrannique était impatiemment supporté par les gens de la ville, El-Bahari demande à âtre présenté au colonel commandant la garnison, et lui propose de le débarrasser des bandes d’El-Haoucin-ben-Mohammed-ben-Zamoum.
        Dernière modification par zwina, 03 janvier 2017, 09h48.
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        • #19
          De 1830 à 1855, la Blida indigène a été administrée par quatorze Hakem, dont nous allons donner la liste :

          1. KAÏD-IAKOUB. — Était Hakem de Blida à l’époque de la prise d’Alger. Destitué en juillet 1830 par les gens de Blida et les Bni-Salah.

          2. KOUR-MAHAMMED. — Nommé par les gens de la ville en août 1830; destitué par les Bni-Salah un mois après.

          3. EL-HAFFAF. — Avait été nommé par l’autorité d’Alger à la fin de septembre 1830 ; renversé, quinze jours après, par les Kabils (Bni-Salah et autres), qui menaçaient de le tuer; échappe à ses ennemis en se réfugiant à Alger.

          4. AHMED-BEN-SIDI-AHMED-BEN-IOUCEF-ELMELIANI. — Nommé en décembre 1830 par l’autorité française. Ayant renoncé à l’occupation de Blida, le général Clauzel voulut cependant que cette ville eût un Hakem de sa main. Il éleva donc il ce poste le marabouth Ahmed-benSidi-Ahmed-ben-Ioucef, de l’illustre famille de l’auteur des « Dictons, » et lui donna, avec le titre de khalifa, le gouvernement de la ville et celui des tribus voisines. Mais des conflits s’étant bientôt élevés entre le nouveau khalifa et les cheikhs des tribus, et les gens de la ville étant d’ailleurs très mécontents de leur chef, ils l’expulsèrent de Blida en février 1831; ils écrivaient en même temps au général Clauzel de leur en donner un autre. Malgré l’irrégularité du procédé, le Général en chef leur donna pour Hakem :

          5. MOHAMMED-BEN-ECH-CHERGUI. — Qui resta en fonctions de février 1831 jusqu’en 1833. Il avait le sort de son prédécesseur : les gens de la ville et les Bni-Salah le destituaient dans les premiers mois de 1833.

          6. SID BEN-IOUCEF-ABOU-IZAR. — Nommé par les Bni-Salah en 1833. Sid Abou-Izar était des marabouths de l’illustre famille de Sidi Ahmed-el-Kbir. Les Kabils, qui l’avaient nommé, le renversent en 1835.

          7. SID-AHMED-OULID-SIDI-EL-DJILALI. — Des marabouths de la même famille que le précédent. Est nommé et renversé par les Bni-Salah en 1835.

          8. MEÇAOUD-BACH-SAÏS. — Nommé par les gens de la ville et les Kabils vers la fin de 1835. Refuse d’ouvrir les portes de Blida à la colonne du général Rapatel, qui les enfonce à coups de canon le 10 novembre 1836. Destitué par l’autorité française. Maintenu par les gens de la ville et les Bni-Salah,

          9. MOSTHAFA-BEN-ECH-CHERGUI. — Nommé par l’autorité française en 1837, en remplacement du précédent. Destitué par la même autorité dans le courant de la même année.

          10. ABD-EL-KADER-EL-GUERID. — Nommé et destitué par l’autorité française en 1837.

          11. MOHAMMED-BEN-AMAROUCH. — De la tribu des Bni-Salah (fraction des Sâouda). Nommé par l’autorité française en 1837, vers la fin de l’année ; est destitué par la même autorité en 1841.

          12. SID KADDOUR. — Remplace le précédent en 1841. Est tué malencontreusement, le 11 décembre même année, par une sentinelle française, en guidant une colonne expéditionnaire dans les montagnes des Bni-Salah.

          13. BABA-MAHAMMED-YOUREK. — Remplace Sid Kaddour fin décembre 1841. Baba-Yourek, très énergique et très vaillant soldat, n’a qu’un défaut : c’est celui d’avoir la main trop dure pour ses administré ; il est resté trop Turk. On lui en fait l’observation à plusieurs reprises ;mais il trouve qu’il est trop tard pour s’en corriger. C’est plus fort que lui. Aussi, préfère-t-il se retirer. Il donne sa démission en 1843, après nous avoir fidèlement servis.

          14 MOHAMMED-BEN-SAKKAL-ALI. — Remplace Baba-Yourek en 1843, et reste en fonctions jusqu’à la suppression de l’emploi en 1855. Admis à la retraite, après nous avoir fidèlement servis pendant douze ans.
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          • #20
            Beni Salah désigne les Ait Salah, une tribu qui vivaient sur le versant de l'Atlas blidéen dans la vallée de Blida.

            Cette tribu, fuyant l'oppression turque, a essaimé une partie de sa composante dans la région de Bouira, avant de la quitter pour l'autre versant du Djurdjura. Pourchassés par les turcs puis par les français, des Ait Salah s'installent à Bouzeguène, Fort National, Djemaa Saharidj, Beni-Aïssi et Dra-El-Mizan. Ils forment aussi un clan dans l’extrême est algérien et habitent une chaine montagneuse, entre Taref et Souk Ahras qui porte le même nom. D'autres vivent dans le massif de Collo entre Tamalous, Kerkera, Beni Zid, Ain Kechera et Oum Toub et sur la rive gauche de l'oued Guebli, avec pour principaux villages: Ain Tabia, BouIghil (Bouyaghil) et Bin El Ouidene. On retrouve encore des Ait Salah entre Sidi Abdelaziz et Jijel où ils purent s'établirent pour échapper aux autorités coloniales. Une grande tribu berbère qui combattit toute colonisation.

            Boulifa
            Dernière modification par zwina, 04 janvier 2017, 10h16.
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            • #21
              marre de cette histoire qu'on fabrique en france, wikipedia ou les blogs suspects

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              • #22
                Platinum

                Si tu lisais mieux tu verrais un comparatif issu de livres. Boulifa n'est pas français, il n'a pas de blog et wiki en donne un résumé peu en adéquation avec les nombreuses recherches et ouvrages qu'il a écrit. Mais pour le savoir il va falloir te plier aux nouvelles réformes de l'éducation nationale pour lire correctement et analyser les informations
                Dernière modification par zwina, 04 janvier 2017, 13h47.
                Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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                • #23
                  مبروك علينا ويكيبيديا صارت مرجع لتاريخنا

                  Commentaire


                  • #24
                    Une histoire des Aït-Irguen qu'ils racontent en riant de bon cœur

                    L’agha Yahia de Blida insistait pour que les Irguen payassent quelque impôt, si peu que ce fût. Les Irguen lui envoient une députation chargée d’exprimer leurs regrets très sincères :

                    « comment se soumettre quand le saint marabout enterré dans notre montagne et dont l’esprit nous inspire ne le veut pas ? Que l’agha, s’il doute, charge un de ses lieutenants de venir en personne le vérifier »…

                    L’agha délègue un officier qui part avec une députation ; ils arrivent dans le Djurdjura. La tombe était au pied d’un rocher gigantesque ; un Kabyle à la voix puissante s’avance et crie :

                    « Saint marabout, à toi de décider si nous devons nous soumettre ou non !
                    — Non ! répond avec force l’écho fidèle.
                    — Tu l’entends, disent alors au Turc les Irguen sans sourciller ; va, répète à ton maître que, si nous ne consentons pas le tribut, c’est vraiment que l’âme de notre protecteur nous le défend. »

                    1866 N.B
                    Dernière modification par zwina, 04 janvier 2017, 14h16.
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                    • #25
                      Le maréchal de Bourmont avait commis la faute de confier à un More, à un négociant, la charge importante d’Ar’a des Arabes, laquelle, jusqu’à présent, avait toujours été exercée par un Turk. Nous avons vu que, sous la domination des Turks, la dignité d’Ar’a était toute militaire. Ce haut fonctionnaire, en effet, commandait la Milice en temps de paix, et l’armée quand elle entrait en campagne. Quoi qu’il en soit, Hamdan-bou-Rkaïb-benAmin-es-Sekka, dont les aptitudes n’étaient rien moins que guerrières, fut investi de cette haute situation. Après l’expédition de Médéa, voulant mettre un terme aux sarcasmes que lui valaient les nombreuses preuves de faiblesse qu’il avait données pendant la campagne, il avait demandé l’autorisation, pour se réhabiliter, d’aller courir le pays avec ses cavaliers. Il prétendait avoir échangé, dans cette excursion, quelques coups de fusil avec les bandes d’insurgés qui se montraient dans la plaine, et il envoya de Blida, au Général en chef, une tête qu’il prétendait être celle d’un Arabe qui avait pris une part active au massacre des cinquante canonniers.

                      Mais, — on ne le sut que plus tard, et alors que la charge de Hamdan était déjà supprimée — cette tête était celle de Mohammed-el Bahari, ce mouedden de Blida qui avait contribué, ainsi que nous l’avons raconté plus haut, dans la journée du 26 novembre, à la défaite des Kabils d’El-Haoucin-ben-Zamoum, et au salut de la garnison française, en donnant, du haut de son minaret, la fausse nouvelle de l’approche de la colonne expéditionnaire. Cet avis de Bel-Bahari devait tout naturellement le signaler à l’opinion publique comme un ami des Français, et ce fut certainement pour établir son autorité aux dépens de la nôtre, que Hamdan le sacrifia, et il consomma avec tant d’habileté, que l’autorité française fut persuadée qu’elle avait la tête d’un de ses ennemis les plus acharnés
                      Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent

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                      • #26
                        La charge d’Ar’a des Arabes, qui avait été rétablie par le général Berthezène, était confiée, en décembre 1831, à Sid El-Hadj-Mohy-ed-Din-Es-Sr’ir-ben-SidiAli-ben-Mbarek, de Koléa.

                        Le lieutenant général duc de Rovigo venait prendre, le 25 décembre, le commandement de la Division d’Occupation que quittait le général Berthezène. Il se préparait, vers le mois de juillet 1832, un soulèvement général contre notre autorité : il était fomenté par le marabouth Sid Es-Sâdi, qui, déjà, avait figuré dans l’insurrection de l’année précédente, et par El-Hadj-Mohammed-ben-Zamoum, l’homme des Fliçat-ou-Mellil, que nous connaissons. L’insurrection vaincue, le général de Rovigo frappa d’une contribution de 1,100,000 francs les villes de Blida et de Koléa, pour les punir de la part qu’elles avaient pu prendre à la révolte, quoiqu’il fût reconnu que cette part avait été fort indirecte. Une somme de 1,400 francs fut versée, et seulement sous le général Voirol, par le Hakem de Blida. Ce versement fut plutôt un gage de ses bonnes dispositions qu’une conséquence de la contribution imposée à la ville.

                        Parmi les Arabes qui étaient en relation avec le duc de Rovigo, se trouvait un nommé Ahmed-benChenan, des Bni-Djaâd, qui, en 1830, s’était mis en communication avec les Français la veille de la bataille de Sthaouali. Le Général en chef, qui avait une excellente opinion de cet homme, avait eu, un instant, l’idée de le nommer Ar’a des Arabes. A l’époque dont nous parlons, il était établi à Blida, où il intriguait pour se faire nommer Hakem par les habitants. Mais ayant rencontré une assez forte opposition, et même couru quelque danger, il se réfugiait à Alger vers la fin d’octobre 1832. Le duc de Rovigo résolut alors de faire marcher quelques troupes sur Blida, projet qui, d’ailleurs, était depuis longtemps dans ses intentions. Cette nouvelle expédition, commandée par le général de Faudoas, et dont faisait partie le général Trézel, chef d’État-Major du Corps d’Occupation, se réunit sur l’ouad-El-Kerma le 20 novembre 1832, et se présente, le lendemain au soir, devant Blida, que la plupart de ses habitants avaient abandonnée. Les troupes saccagèrent la ville et y firent des dégâts considérables. Le lendemain 21, une partie du corps expéditionnaire, commandée par le général Trézel, se porta sur la dechera (village) de Sidi-Ahmed-el-Kbir, située dans la gorge de l’ouad de, ce nom, — fraction des Kerracha, — et l’abandonna également au pillage. Comme les gens de Blida avaient transporté sur ce point, et placé sous la protection du saint fondateur de la ville ce qu’ils avaient de plus précieux, le butin qu’on y fit fut considérable.
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                        • #27
                          Vers la fin de juin 1835, le général comte d’Erlon, qui avait toujours eu des vues sur Blida, songea à y placer, comme khalifa, sans doute, un homme qui fût à nous. Il fit choix, à cet effet, de Mosthafa-benEl-Hadj-Omar, un More intrigant qui nous avait créé de nombreuses difficultés lorsqu’il était, en qualité de Commissaire extraordinaire, à la tête de l’outhan des Bni-Khelil. Le lieutenant-colonel Marey, suivi d’une forte colonne, le conduisit à Blida dans les premiers jours de juillet; niais les habitants de cette ville ne voulurent pas recevoir un chef qu’ils n’avaient pas demandé. Or, ses instructions ne portant point qu’il dût le leur imposer par la force, le lieutenant-colonel Marey le ramena à Alger. Le maréchal Clauzel, nommé Gouverneur général des Possessions françaises dans le Nord de l’Afrique, arrivait à Alger le 10 août 1835, c’est-à-dire deux jours après le départ du comte d’Erlon, son prédécesseur. Le choléra éclata à Alger peu de jours après l’arrivée du Maréchal à Alger. Le fléau sévit plus particulièrement sur les Juifs. Les indigènes souffrirent de l’épidémie plus que les Européens. La ville de Blida fut surtout maltraitée. Les hostilités en furent un instant suspendues ; pendant deux mois, il y eut trêve de sang ; mais, dès que la maladie eut cessé ses ravages, la poudre reprit la parole. Les Bni-Salah renversent le Hakem Abou-Izar, qu’ils avaient nommé, et le remplacent, en 1835, par Sid Ahmed-oulid-Sidi-El-Djilali, des marabouths des Oulad-Sidi-Ahmed-el-Kbir ; mais les capricieux BniSalah le destituent, à son tour, dans les derniers mois de 1835, et lui donnent comme remplaçant, avec la coopération des gens de la ville, le nommé MeçâoudBach-Saïs. Au mois d’octobre, le maréchal Clauzel avait résolu de marcher contre El-Hadj-Es-Sr’ir, khalifa de Miliana pour l’Émir El-Hadj-Abd-el-Kader, — qui avait paru dans la plaine avec des forces qu’on disait considérables. Le 17 octobre, le Maréchal se rendit au camp de Bou-Farik, où il réunit environ 5,000 hommes. Le général Rapatel marcha avec la colonne, qui se dirigea, le 18, sur le pays des Hadjouth. A peu de distance du Camp, l’ennemi se présenta, mais en petit nombre. Quelques coups de canon l’eurent promptement éloigné. Battu successivement à El-Afroun et sur la route de Miliana, il fut définitivement rejeté dans les montagnes. Le 19, le Maréchal rentra dans la plaine, traversa tout le pays des Hadjouth en brûlant toutes les habitations qu’il rencontrait. Le 20, il ramena la colonne sur les bords de la Cheffa, où elle passa la nuit. Le 21, il se présenta devant Blida, qui fournit du pain à la troupe, et que le général Rapatel visitait. Il allait coucher à Bou-Farik le même jour, et rentrait à Alger le 22 octobre. Le principe de faire des prisonniers étant admis de part et d’autre, des échanges purent bientôt s’opérer. Le premier qui profita de cette mesure fut le marabouth Sid Yahïa-El-Habchi, dont la Zaouya était située chez les R’ellaï, tribu kabile contiguë à celle des Bni-Salah. Sid Yahïa se retira, avec sa famille à Miliana, et le premier usage qu’il fit de sa liberté fut d’embrasser la cause d’Abd-el-Kader.

                          Le plan de conquête générale proposé par le maréchal Clauzel n’ayant point été adopté par le Gouvernement, et l’occupation prématurée de la Cheffa ayant été blâmée, il fut obligé de se résoudre à effectuer un mouvement rétrograde. En conséquence, le général de Brossard quitta les bords de l’ouad Ech-Cheffa le 14 septembre 1836, se présenta devant Blida, et s’établit en dehors de cette ville. Le 15, il poussa une reconnaissance dans les montagnes des Bni-Salah, qui le reçurent à coups de fusil. Ayant appris que plusieurs tribus montagnardes s’apprêtaient à le combattre, le général Brossard en informa le Maréchal, qui lui donna l’ordre de séjourner encore pendant quelque temps devant Blida, pour ne point paraître reculer devant les Arabes. Le 16, les Bni-Salah s’embusquèrent dans les jardins d’orangers de la ville, et ne cessèrent, pendant toute la journée, de tirailler sur le camp français. Quelques Hadjouth voulurent s’en mêler, et vinrent vider leurs armes sur le camp. Il en fut de même le 17. Une charge vigoureuse, remarquablement conduite par M. le lieutenant de Drée, culbuta les Hadjouth, et en débarrassa ainsi la colonne. Or, comme, depuis la veille, les Bni-Salah avaient détourné les eaux de l’ouad Sidi-El-Kbir, et qu’il n’en arrivait plus une goutte à la position occupée par les Français, le général de Brossard s’éloigna de Blida le 18 avant le jour, et alla poser son camp sur l’ouad ElAllaïg. Le 11 novembre, le général Rapatel se mettait à la recherche du neveu d’El-Hadj-Es-Sr’ir, qui venait d’incendier plusieurs fermes entre les blockhaus qui étaient en avant de Bou-Farik. Il s’avançait jusqu’à la Cheffa, et se dirigeait ensuite sur Blida. Il faisait charger les Hadjouth, qui étaient venus tirailler avec l’arrière-garde ; puis, continuant sa marche, il allait faire reposer ses troupes près de Blida. Le Hakem de cette ville, qui était alors Meçâoud-Bach-Saïs, ne s’étant pas présenté selon l’usage, le général la fit canonner un instant, puis il reprit le chemin de Bou-Farik. Les habitants de Blida et les Bni-Salah le suivirent pendant une demi-heure en tiraillant avec l’arrière-garde. Il va sans dire que ce Hakem fut destitué par l’autorité française ; nous ajouterons que les Blidiens et les Bni-Salah ne tinrent aucun compte, pour le moment du moins, de cette destitution.
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                          • #28
                            Fatiguée de ces réponses évasives des Blidiens, l’autorité française finit par prescrire aux habitants de s’organiser en milice urbaine, d’établir des postes de sûreté, et d’interdire l’entrée de leur ville aux gens suspects. Les habitants de Blida avaient à peine reçu cette communication, qu’ils envoyaient une députation à l’Émir pour se plaindre de la mesure ; peu de temps après, on recevait à Alger une lettre menaçante d’Abdel-Kader, qui engageait l’autorité française à cesser de s’occuper de gens qui, évidemment, ne voulaient pas des Chrétiens. En présence de cet intolérable état de choses, le maréchal Valée avait décidé l’occupation de Blida. Le 3 mai 1838, il était devant cette ville avec trois régiments d’infanterie, le 24e, le 47e et le 48e de ligne, et il en prenait immédiatement possession. Mais ce n’était que le 7 février suivant, c’est-à-dire en 1839, que nos troupes devaient y être installées. Le Hakem Mohammed-ben-Amarouch était maintenu provisoirement dans ses fonctions, lesquelles, nécessairement, avaient été très amoindries, et ne s’exerçaient plus sur les indigènes de la ville que sous la direction du Commandant supérieur de Blida et du Camp-Supérieur. Nous avons indiqué, dans le chapitre VI de ces Récits, les causes qui, en s’opposant à l’installation immédiate de nos troupes dans la ville, avaient déterminé la création des deux Camps (le Supérieur et l’Inférieur). Nous y renvoyons donc le lecteur. Du jour de la prise de possession de Blida, 3 mai 1838, au mois de juillet 1839, il y eut une sorte de trêve — assez incomplète pourtant — résultant du traité boiteux de la Thafna, trêve que vint faire cesser l’expédition des Biban (les Portes de Fer), dont le passage fut effectué le 28 octobre 1839, en donnant à l’Émir le prétexte qu’il cherchait d’amener la rupture de ce traité. Nous venions de le lui fournir par la violation d’un territoire qu’il regardait comme sien, et avec une sorte de raison ; car il était bien au delà du lopin que nous nous étions réservé, par ce traité, dans la Mtidja. Nous avons vu, d’ailleurs, dans la première partie de ces Récits, que la paix n’avait guère été que relative, et que les impatients Hadjouth n’avaient point cessé leur rébellion avec les tribus de la plaine, dès le 22 juillet 1839, ces écumeurs de la Mtidja avaient repris les hostilités. Nous avons raconté, dans les chapitres précédents, toutes les affaires de sang qui ont eu pour théâtre Blida et son territoire dans un rayon de dix kilomètres, terrain embrassant, au nord, l’outhan (district) des Bni-Khelil, et, au sud, les crêtes des montagnes des Bni-Salah; limité, à l’est, par l’ouad El-Harrach, et à l’ouest, par l’ouad Ech-Cheffa. Nous savons ce que nous coûtèrent les Édens que nous admirons aujourd’hui, et quelles luttes il nous a fallu soutenir pour arriver à dompter ces fortes races arabes et kabiles qui nous disputaient le sol africain.

                            En mars 1841, les Bni-Salah qui habitaient la partie de leur montagne située entre Blida et Tala-Izid, ont abandonné ce massif depuis l’établissement d’un camp sur ce dernier point. Tous les gourbis ou maisons des douars des Sâouda et de Tizza avaient, d’ailleurs, été incendiés par nos détachements lors de la première reconnaissance qui avait été faite le 5 juillet 1840. Il était dangereux néanmoins de s’engager entre Blida et les postes de Tala-Izid et de Djamâ Ed-Draâ sans escorte. Le 29 novembre 1841, des détachements de ces postes faisaient une razia dans la montagne ; nos soldats revenaient chargés de viande, et poussant devant eux des agneaux, des moutons, des chèvres et des chevreaux. Le 11 décembre de la même année, une expédition était dirigée dans la montagne des Bni-Salah par le général Duvivier : on comptait surprendre, par une marche de nuit, un rassemblement assez nombreux qui s’était formé dans la fraction des Amchach, sur les sommets du massif salahien. Le Hakem Sid Kaddour, qui avait remplacé, depuis quelques jours seulement, Mohammed-benAmarouch, servait de guide à la colonne, qui venait de s’arrêter, et qui avait placé ses sentinelles. Sid Kaddour, qui s’était porté en avant pour reconnaître la route à suivre, rentrait à la colonne pour rendre compte de sa mission au commandant de l’expédition, lorsqu’une sentinelle du 33e de ligne, mal instruite de la consigne, mettait en joue le malheureux Hakem et le tuait. Nous perdions là un homme énergique et des plus dévoués à la cause française. Par suite de ce malheureux accident, l’expédition ne donna pas tous les résultats qu’on en attendait.

                            La Mtidja, cette « mère du pauvre, » cette « ennemie de la faim, » comme on la nommait avant nous, n’était plus qu’un infect et affreux makis de broussailles et de hautes herbes épaisses, enchevêtrées, inextricables, servant d’embuscades à la mort et à toutes les impuretés de la terre, et il est temps que le colon européen se charge de l’expurger, au risque de sa vie, et de lui rendre la santé. Ce sera une nouvelle guerre à entreprendre, guerre qui sera d’autant plus terrible, que, cette fois, ce sera contre un ennemi invisible qu’il lui faudra lutter. Quand nous avons pris possession de Blida, la ville était dans le plus affreux état de malpropreté ; elle n’était que ruine et infection. La plupart des maisons renversées par le tremblement de terre de 1825 n’avaient été ni relevées, ni déblayées; aussi, la ville, avec ses nombreux tumuli, semblait-elle une nécropole mixte dans laquelle morts et vivants séjournaient côte à côte. Ce que cet immense déblai nous coûta d’existences de soldats, nul ne saurait le dire aujourd’hui ; car, il en reste peu — s’il en reste — de ces vaillants nettoyeurs, qui succombaient obscurément, sans gloire, et avec cette note presque infamante pour un soldat : « décédé » en campagne. Un grand nombre de maisons et de jardins se trouvant dans un état d’abandon complet, soit par suite de mort ou d’émigration de leurs propriétaires indigènes, un arrêté du Gouverneur général, en date du 1er octobre 1840, y appelle quelques familles européennes, qui furent le noyau de la nouvelle population de Blida.
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